Argentine : Communiqué d'Alberto Fernández sur sa réunion avec le FMI
Aujourd'hui, j'ai eu une réunion, à mon bureau, avec le directeur du Département de l’Hémisphère Occidental du Fonds Monétaire International, monsieur Alejandro Werner. Cette rencontre avait été demandée par les représentants de cet organisme en Argentine pour échanger des points de vue sur la situation économique et connaître mes idées en la matière en tant que candidat à la Présidence du Pays.
Cette réunion a eu lieu dans un cadre de respect absolu.
Ainsi, j'ai pu apprendre de la bouche de monsieur Werner les raisons qui ont amené le FMI à approuver les crédits qu'il a accordés au Gouvernement de Mauricio Macri et à donner son aval à sa politique monétaire et à sa politique concernant le change.
Je lui ai fait savoir qu'au-delà de ma condition de candidat à la Présidence du Pays pour le Front de Tous, je suis un avocat élevé dans une famille dont le père était juge, que pendant plus de 30 ans, il a enseigné le droit et m'a inculqué le culte du respect des règles.
Dans cet ordre d'idée et sachant, de plus, que l'Argentine fait partie du Fonds Monétaire International, j'ai exprimé ma profonde préoccupation pour le fait que, concernant les crédits accordés au Gouvernement National, cet organisme ait agi et continue à agir en violant ouvertement l'article VI de l'Acte de Constitution du FMI dont le premier paragraphe stipule « qu'aucun membre ne pourra utiliser les ressources générales du Fonds pour faire face à une sortie importante ou continuelle de capital. »
Le prêt accordé par le FMI atteint la somme de 57 000 000 000 $ étasuniens. Cette somme représente plus de 65 % de son portefeuille de prêts et constitue ainsi un fait inhabituel non seulement dans l'histoire du FMI mais du monde.
Pendant le temps qui s'est écoulé entre la signature de l'accord original (juin 2018) et le 30 mai 2019, l'Argentine a reçu du FMI 39 000 000 000 $ étasuniens, 23 160 000 000 $ étasuniens sont sortis du système financier pour la Formation d'Actifs Etrangers de libre disponibilité et 6 920 000 000 $ étasuniens sont sortis suite à des investissements spéculatifs étrangers, ce qui représente au total une fuite de capitaux nette qui dépasse les 30 000 000 000 $ étasuniens.
Cette réalité, qui ne bénéfice plus à l'Argentine et ouvre la voie à un jeu pervers qui permet à une valeur artificielle du dollar de se constituer, est clairement en contradiction avec ce qui est établi dans l’article cité auparavant.
Il est alarmant que cette pratique qui semble illégale par rapport aux propres règles établies par le FMI – et acceptées par tous – continue à être permise, plus encore si on prend en considération le fait que l'actuel Gouvernement doit encore recevoir pendant son mandat 11 000 000 000 $ étasuniens de plus qui peuvent avoir la même destination que les sommes perçues antérieurement.
Parmi mes inquiétudes, il faut aussi noter que les objectifs qui ont été fixés au moment d'accorder le prêt ont été totalement déformés. En effet, l'accord Stand By approuvé pour l'Argentine avait pour but de financer un programme macro-économique destiné à réduire la dette publique et l'inflation en rétablissant la croissance et générant des emplois pour combattre a pauvreté.
Aucun de ces buts, qui sont partagés, n'ont été atteints. La dette publique a augmenté autant que l'inflation, le chômage et la pauvreté alors que le PIB a baissé de 5,8 % à la fin du premier trimestre de cette année. Il est plus qu'évident que l'Argentine est loin de commencer à avoir de la croissance si on continue dans cette voie.
J'ai transmis à monsieur Werner notre énorme inquiétude concernant la situation créée par les politiques et l'inefficacité du Gouvernement de Mauricio Macri et j'ai mis en relief le fait que la complaisance du FMI face à des résultats si négatifs attire beaucoup mon attention.
J'ai aussi exprimé mon énorme inquiétude pour la façon dont la qualité des institution s'est détériorée en Argentine.
L'absence de participation du Parlement à la décision de contracter une dette de cette importance ajouté à l'arbitraire qui a même conduit à mettre à la tête de la Banque Centrale des fonctionnaires « détachés » qui n'ont pas l'accord du Sénat sont seulement la preuve des dommages aux institutions qui se sont exprimés ces jours-ci également dans la proposition d'éviter des élections primaires et dans « l'achat » virtuel d'un parti politique par le parti au Gouvernement pour interdire à des adversaires de se présenter aux élections démocratiques.
Le programme économique en vigueur n'est pas notre programme. Il engage notre pays très au-delà de ses propres possibilités. L'Argentine vit depuis quelques temps en défaut de paiement secret qui n'apparaît pas uniquement à cause de « l'assistance » du FMI en faveur de la continuité de politiques très nocives pour le développement de l'Argentine.
A notre avis, l'endettement et son sur-paiement doivent toujours garder une corrélation logique avec la croissance, fruit de la production et de l'emploi. C'est, sans aucun doute, notre principal objectif. Nous cherchons à stabiliser l'économie pour pouvoir avoir de la croissance, une condition nécessaire au paiement de nos dettes.
La situation dans laquelle la politique économique du Gouvernement de Mauricio Macri nous a mis est grave.
Les Gouvernements qui succèderont à Macri devront faire face à l'arrivée à échéance de plus de 150 000 000 000 de dollars dans des conditions financières d'extrême faiblesse. L’administration qui débute le 10 décembre arrivera avec les réserves disponibles dans un état critique, sans accès au marché international du crédit volontaire à cause du surendettement contracté par ce Gouvernement, avec 95 % des crédits du FMI déjà dépensés et avec une dette presque fiscale (émission de titres LELIQ) à court terme équivalente à plus de 26 000 000 000 de dollars à l'un des taux d'intérêt les plus hauts du monde.
Enfin, j'ai dit à monsieur Werner que nous étions prêts à continuer à discuter pour renégocier les accords en vigueur pour mettre fin à la crise économique que nous vivons et trouver une bonne façon de surmonter cette réalité sans exiger de nouveaux et de plus gros efforts des secteurs les plus faibles de notre société.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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