Chili : Piñera doit s'expliquer sur sa participation au concert de Cúcuta organisé par Los Rastrojos
Le 22 février dernier, dans la ville colombienne de Cúcuta un concert musical sous prétexte de faire entrer de « l'aide humanitaire » au Venezuela a été organisé. Même si ce spectacle, organisé par le multimillionnaire Richard Branson a été un échec et n'a pas atteint ses objectifs, il a eu de nouvelles répercussions ces dernières semaines : la révélation de photos montrant que le député Juan Guaidó qui s'était autoproclamé « président par interim » a passé la frontière de la Colombie grâce à des chemins de traverse illégaux sans surveillance appelés « trochas » à un endroit contrôlé par un cartel de trafiquants de drogues nommé Los Rastrojos, responsable des délits de trafic de drogues, assassinats commandités, contrebande, homicide et enlèvement, entre autres.
Les photos qui sont sorties au grand jour le 13 septembre sur lesquelles on peut voir Guaidó avec John Jairo Durán Contreras, surnommé Menor, et Alberto Lobo Quintero, alias Brother – des chefs de cette bande criminelle – dont un armé, ont montré que le représentant de l'opposition vénézuélienne a passé illégalement la frontière de la Colombie avec l'aide d'un groupe de paramilitaires qui exercent un contrôle relatif sur cette zone des 2 côtés de la frontière. C'est à dire que ce groupe criminel a été fortement impliqué dans l’organisation de «Venezuela Aid Live» en assurant la présence de Juan Guaidó sur la scène. Mais cela n'en est pas resté là car ce 19 septembre, de nouvelles photos ont été révélées, cette fois avec Argenis Vaca ou «Vaquita» et Jhonathan Zambrano García, connu comme « el Patrón pobre», le chef des cellules chargées des enlèvements dans l'état de Táchira, frontalier avec la Colombie.
De plus, ce dernier a été identifié comme l'homme qui conduisait la camionnette dans laquelle voyageait Guaidó. Avec un chauffeur trafiquant de drogues, il est allé jusqu'à un endroit où il a été reçu par le maire de Puerto Santander, Henry Manuel Valero Peinado appartenant au parti au pouvoir – condamné quelques jours plus tard, le 1°mars, à 5 ans de prison pour corruption - , qui l'a transféré dans un lieu où il a attendu un hélicoptère fourni par le président de la Colombie, Iván Duque, qui l'a amené sur la scène du concert où il a été reçu par les autorités colombiennes.
L’utilisation du groupe de trafiquants de drogues pour déstabiliser un Gouvernement semble être une triste répétition de la stratégie utilisée par « l'émissaire spécial » des Etats-Unis pour le Venezuela, Elliott Abrams, l'homme clef de Reagan dans les atrocités commises dans les années 80 en Amérique Centrale, responsable dans une grande mesure de l'affaire de Irán-Contras et du financement de groupes paramilitaires de droite destinés à combattre le Gouvernement sandiniste du Nicaragua grâce à la vente de drogues du Cartel de Medellín et du Cartel de Guadalajara par l'intermédiaire de Pablo Escobar, Gonzalo Rodríguez Gacha, Rafael Caro Quintero, Miguel Ángel Félix Gallardo et de Juan Matta-Ballesteros dans une infrastructure installée au Yucatán pour introduire plus facilement la cocaïne aux Etats-Unis en échange de leur soutien financier aux Contras, selon des documents rendus publics par le Gouvernement étasunien lui-même. Abrams a été condamné pour tous ces délits mais il a été gracié par le président George H.W. Bush.
En ce qui nous concerne, le président de la République, Sebastián Piñera, se' st aligné dès le début sur les actions des Gouvernements des Etats-Unis et de la Colombie, non seulement en reconnaissant l'auto-proclamation de Juan Guaidó mais aussi en venant en personne à ce spectacle à Cúcuta en compagnie du président Duque. Par conséquent, nous devons exiger de la plus haute autorité de l'Etat qu'elle se prononce et s'explique car elle a participé activement à un spectacle dans l’organisation duquel était directement impliquée une organisation paramilitaire dans ce qui s'apparente à une coopération directe du Gouvernement colombien et de l'opposition vénézuélienne car tandis que Guaidó passait illégalement la frontière, la bande criminelle a instauré un « couvre-feu » dans les communautés par où il passait, selon les habitants, pour assurer son transfert et qu'il soit remis aux autorités politiques colombiennes et le faire monter dans un hélicoptère fourni par Iván Duque pour qu'il participe au spectacle coordonné par le Gouvernement colombien (sans considérer comment le faire rentrer au Venezuela).
Cette action de Sebastián Piñera, qui s'ajoute à la reconnaissance par Ricardo Lagos de l'éphémère Carmona après le coup d'Etat contre Chávez en 2002, est l'erreur la plus grossière du Chili en politique étrangère après la dictature. Même si les actions comme l'attentat qui a coûté la vie à Orlando Letelier à Washington ou le voyage raté en Polynésie et aux Philippines, l'un des scandales imputables à Pinochet, ne sont pas comparables, on peut comparer les actions de Lagos et maintenant de Piñera, une trahison de toute l'histoire diplomatique du Chili, au soutien de la dictature à l'agression militaire d'une puissance coloniale étrangère contre un pays latino-américain, dans l'affaire des Malouines. Piñera fait aujourd'hui la même chose contre le Venezuela.
Même si les liens du trafic de drogues avec des Etats et des hommes politiques n'est en rien nouveau en Amérique Latine, on ne doit les accepter ou les justifier sous aucun prétexte, d'où qu'ils viennent. Au Chili, nous devons garder comme standard de ne pas permettre ni fomenter la narco-politique. Etant donné toutes les preuves qui ont été montrées, le président Sebastián Piñera ne peut garder le silence et doit donner des explications à tous les Chiliens et leur dire s'il était au courant de la participation de Los Rastrojos au concert «Venezuela Aid Live» auquel il a participé et cela doit avoir des conséquences étant donné la gravité des faits et au cas où il n'aurait pas eu connaissance de ce plan, il doit le condamner publiquement aussi bien au niveau du pays qu'au niveau international. C'est son devoir en tant que chef d'Etat.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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