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Bolivie : L'OEA à l'avant-garde du coup d'Etat

25 Octobre 2019, 17:42pm

Publié par Bolivar Infos

 

L'action de l’Organisation des Etats Américains (OEA) dans le conflit bolivien ne semble être aucunement improvisé. L'institution régionale a pris comme principe la « fraude » dénoncée par l'opposition locale et s'est tournée vers une prérogative électorale impossible à réaliser.

 

Certains pays ont convoqué une session extraordinaire du Conseil Permanent de l'OEA qui a eu lieu le mercredi 23 octobre et dans laquelle certains ont défendu les motions sur la « fraude » alors que d'autres ont ms en cause la légitimité des dénonciations concernant le récent processus électoral.

 

Sur le rapport préliminaire

 

Lors de cette réunion extraordinaire, le rapport préliminaire de la Mission d'Observation Electorale de l'OEA, réalisé par l'ex-chancelier costaricien Antonio González, a été présenté. Les conclusions de ce rapport reprennent les plaintes de l'opposition concernant tout le processus qui a précédé les élections et « l’absence de confiance dans l'organe électoral. »

 

Les aspects techniques du retard de la transmission des résultats préliminaires par le Tribunal Suprême Electoral (TSE) ont servi de base à l'OEA pour confirmer les dénonciations, ce qui n'est pas une preuve suffisante de fraude. Mais le rapport présente ce motif comme le mobile de l'augmentation des « tensions dans la rue » et non la convocation des partisans de Carlos Mesa et d'autres organisations qui ont appelé à la déstabilisation en territoire bolivien.

 

Pour la Mission d'Observation Electorale, si les résultats ne reflètent pas les données de mesure qu'elle a en mains et les dénonciations avancées par l'opposition bolivienne, le mieux est « d'organiser un second tour. »

 

« Les résultats d'une élection doivent être crédibles et acceptables par toute la population, pas seulement par un secteur. En ce moment, sur 96,78% des bulletins dépouillés, le décompte définitif donne un écart de 9,48% entre les candidats les mieux placés, ce qui si c'est confirmé, signifierait qu'il faut un second tour. Dans le cas où, le décompte achevé, l'écart serait supérieur à 10%, statistiquement, il est raisonnable de conclure que ce sera de très peu. Etant donné le contexte et les 5 problématiques mises en évidence dans ce processus électoral, organiser un second tour continuerait à être la meilleure solution. »

 

L'OEA met sur le tapis ce rapport préliminaire avant que les résultats définitifs ne soient publiés pour essayer de renforcer au niveau de l'hémisphère la ligne de récit qui met en doute la victoire d' Evo Morales avant toute annonce officielle du TSE. De cette façon, la courroie d'influence politique, institutionnelle et médiatique des Etats-Unis dans la région tourne son attention vers la Bolivie pendant qu'on impose une information fabriquée.

 

Sur le Conseil Permanent 

 

A Washington, siège de l'OEA et de la réunion extraordinaire, il y a eu des réactions diverses à ce rapport préliminaire.

 

L'ambassadeur des Etats-Unis, Carlos Trujillo, a dit que son Gouvernement soutient le rapport présenté et qu'il est important de surveiller de près le déroulement des événements. Il a déclaré que la soi-disant suspension du décompte des voix a été provoquée par le fait que la parti du président Morales n'allait pas gagner.

 

La représentante du Nicaragua, Ruth Tapia, a dit catégoriquement qu'il « n'est pas de la compétence de l'OEA d'intervenir dans les affaires intérieures des pays souverains. » Son pays s'oppose à n'importe quelle sorte d’ingérence.

 

L’ambassadrice du Mexique, Luz Elena Baños, a dit que le rapport aurait dû attendre le décompte complet des bulletins, elle a critiqué la déclaration de l'OEA et rappelé que cette isntitution est un organisme impartial. Elle a prévenu qu'il fallait être plus prudent parce que cette sorte de choses affaiblit et fracture l'organisation.

 

Gerardo de Icaza, directeur du Département de l'OEA pour la Coopération et l’Observation Electorale, a déclaré que l'écart de points entre Morales et Mesa, ainsi que la récente démission du vice-président du TSE, « affaiblit la conformité aux institutions et met en doute la légitimité des élections. » Pour l'OEA, la différence de pourcentage est « faible » bien que le décompte donne plus de 10% entre les 2 candidats au moment où cet article est écrit.

 

En outre, le Conseil Permanent a donné la parole à Carlos Mesa par l'intermédiaire de l'envoyé de Juan Guaidó à l'OEA, Gustavo Tarre Briceño, qui a lu un communiqué de celui-ci dans lequel il indique sa position dans le conflit bolivien :

 

« Ces actions du TSE créent un état de convulsion dans mon pays parce que le citoyen perçoit une manœuvre de fraude destinée à éviter la réalisation d'un second tour en empêchant d'élire le prochain président de la Bolivie.

 

Ainsi, Tarre Briceño a «représenté» à l'OEA 2 présidents qui n'existent pas : un qui s'est autoproclamé au Venezuela et un autre en Bolivia qui cherche à le devenir avec le soutien de Washington. 

 

Sur le coup d'Etat en cours

 

Dans la matinée de ce 24 octobre, la victoire définitive d'Evo Morales au premier tour a été confirmée officiellement, la tendance est irréversible.

 

Ce matin, le président réélu a fait des déclarations devant ses partisans pour célébrer les résultats et il a à nouveau dénoncé un « coup d'Etat interne et externe. »

 

La stratégie du Gouvernement bolivien à l'extérieur est basée sut le fait d'appeler l'OEA à s'impliquer dans le décompte définitif des voix, un audit dont l'institution régionale exige qu'il soit « contraignant. »

 

Bien que l'audit ait été fait et que ses conclusions aient été qu'Evo Morales était réélu, aussi bien l'opposition bolivienne que l'OEA ont crée un climat de tension autour de l'exigence d'un second tour qui annonce une éventuelle aggravation du conflit en Bolivie.

 

Carlos Mesa et 11 politiciens d'opposition ont créé la Coordination de Défense de la Démocratie en tant qu'espèce de bloc de pression face aux institutions boliviennes avec l'augmentation des dénonciations de «fraude» sans preuves mais en mobilisant certains comités civils et des partis politiques rassemblés dans cette Coordination.

 

Cette Coordination de Défense de la Démocratie s'appuie sur le rapport préliminaire de l'OEA:  le « second tour » est un « devoir » du TSE.

 

Mesa a dit ensuite de se réunir avec d'autres opposants pour former cette plateforme : « Monsieur Morales, dans son message à la nation, a commencé à parler d'un coup d'Etat et nous a clairement montrés du doigt, moi, en particulier, en tant que responsable. Ma première réponse claire et catégorique à cette accusation incroyable est que s'il y a quelqu'un qui a brisé et rompt systématiquement l'ordre constitutionnel de la Bolivie, il s'appelle Evo Morales».

 

Sous sa direction, l'irruption de l'OEA (le « coup d'Etat externe ») ouvre la voie au renforcement du « coup d'Etat interne » et à ce qu'il s'achemine vers le discours d criminalisation de ce que fait ou non le Gouvernement d' Evo Morales. Cette manœuvre sémantique déplace la responsabilité de toute interruption du fil constitutionnel vers le Gouvernement bolivien parce qu'il « ne s'occupe pas de la volonté des citoyens » comme dit la rapport préliminaire.

 

Avec ces consignes comme cadre, l'OEA est à l'avant-garde de la déstabilisation de la Bolivie avec un agenda qui fait irruption sur la scène des élections et met en scène la « fraude » dont on nous rebat tellement les oreilles comme prétexte pour faire le coup d'Etat.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2019/10/24/bolivia-la-oea-a-la-vanguardia-del-golpe-en-curso/

URL de cet article : 

http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/10/bolivie-l-oea-a-l-avant-garde-du-coup-d-etat.html