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Equateur-Nicaragua : Différences entre un coup d'Etat et une insurrection populaire 

12 Octobre 2019, 17:05pm

Publié par Bolivar Infos

 

par Carlos Fonseca Terán

1.Au Nicaragua, la crise de 2018 a eu pour détonateur des réformes concernant la sécurité sociale opposées à celles que demandait le FMI, opposées aux intérêts des grands patrons et favorables aux intérêts du peuple travailleur.

 

En Equateur, la crise actuelle a eu pour détonateur l'application par le Gouvernement des politiques voulues par le FMI, préjudiciables au peuple et favorables aux intérêts des grands patrons.

 

2.Au Nicaragua, des groupes armés qui attaquaient les forces de police et les partisans du processus révolutionnaire participaient aux troubles. C'est pourquoi il y a eu des morts dans les 2 camps, mais il y en a eu plus parmi les sandinistes que parmi les opposants au sandinisme.

 

En Equateur, les protestations se déroulent sans que des armes à feu soient utilisées et il n'y a pas d'attaques violentes contre les partisans du Gouvernement qui ne sont pas allés manifester pour défendre les politiques d'un Gouvernement chancelant qui répond aux intérêts des élites, à la différence du Nicaragua, qui a un Gouvernement populaire et révolutionnaire que des centaines de milliers de citoyens ont défendu ainsi que son projet révolutionnaire.

 

3.Au Nicaragua, le Gouvernement a appelé au dialogue dès le premier jour de la crise et pour créer une ambiance propice à celui-ci, a abrogé provisoirement les réformes concernant la sécurité sociale.

 

En Equateur, la première chose qu'a faite le gouvernement a été de dire qu'il resterait ferme sur les mesures appliquées.

 

4.Au Nicaragua, pour montrer sa bonne volonté, le Gouvernement a cantonné la Police dans ses quartiers et celle-ci a été victime d'attaques de groupes armés violents et le nombre de morts par jour a augmenté pendant que la Police était cantonnée dans ses quartiers. Ces morts n'étaient le produit d’aucune répression.

 

En Equateur, les forces de police sont restées actives et ont réprimé les manifestants constamment.

 

5.Au Nicaragua, les groupes armés et violents, profitant du cantonnement de la police et de la volonté de dialogue du Front Sandiniste, complices du crime organisé, ont pris possession de villes entières, séquestrant leurs habitants, arrêtant des militants sandinistes, les torturant et les assassinant, ce qui fait qu'il y a une plus de morts dans les barrages de rues que dans les affrontements, dans l'offensive pour récupérer les villes et les autres endroits pris par les opposants armés et le démantèlement des barricades.

 

En Equateur, il n'y a pas de représailles de la part des manifestants contre les partisans du Gouvernement et il n'y a pas non plus de contrôle du territoire par les armes et la violence de la part des opposants.

 

6.Au Nicaragua, après l’abrogation des réformes concernant la sécurité sociale, l'opposition n'a présenté aucune revendication sociale étant donné que c'est le sandinisme qui a défendu ces revendications qui sont prises en compte par le Gouvernement grâce à ses politiques alors que quand les opposants actuels gouvernaient, ces revendications étaient ignorées par les Gouvernements néolibéraux de l'époque et que les droits du peuple étaient foulés aux pieds.

 

En Equateur, les manifestants défendent toute une série de revendications sociales mises en danger par les politiques néolibérales de l'actuel Gouvernement. Parmi celles-ci : 

 

les subventions sur le combustible, éliminées par le Gouvernement, dont la suppression a provoqué une forte hausse du prix de produits de première nécessité, 

 

l'application d'impôts et de droits de douane sur des articles qui ne font pas partie des produits de base, sur les véhicules et le matériel qui fait partie du capital fixe des grandes entreprises dont l’élimination a provoqué la perte de fortes sommes d'argent qui auraient pu être utilisées au bénéfice des secteurs les plus pauvres,

 

le maintien du salaire des travailleurs qui a été réduit de 20% pour les renouvellements de contrats et des 30 jours de vacances pour les employés publics. Par ailleurs, il a été établi que les employés publics donneraient à l'Etat une journée de salaire par mois.

 

7.Au Nicaragua, les actions de l’opposition ont été financées par des agences étrangères parmi lesquelles l'USAID et la NED, utilisées par les Etats-Unis pour déstabiliser les Gouvernement qui ne répondent pas à leurs intérêts et à celles-ci participaient la grande entreprise privée, les médias de droite, les politiques traditionnelles des partis vendus à l'étranger et l'Eglise Catholique.

 

En Equateur, les protestations ont été organisées par des organisations sociales, syndicales, indigènes et d'autres secteurs organisés de la société ainsi que par les militants politiques révolutionnaires qui s'identifient aux intérêts du peuple. Par contre, l'entreprise privée, les médias de droite, les politiciens de droite et leurs partis ainsi que l'Eglise Catholique ne soutiennent pas le Gouvernement et condamnent les manifestants.

 

8.Au Nicaragua, les actions de déstabilisation ont été possibles grâce, en grande partie, à la manipulation des médias et des réseaux sociaux avec de fausses informatisions et des montages.

 

En Equateur, les actions du mouvement populaire en rébellion contre les politiques néolibérales ne sont pas nées de la réalité virtuelle mais de la véritable réalité que le peuple équatorien affronte avec la hausse brutale du coût de la vie parmi d'autres calamités sociales.

 

9.Au Nicaragua, la situation ne justifiait pas l'anticipation des élections car le Gouvernement était toujours engagé dans le dialogue qui a été suspendu plusieurs fois par l'opposition et la Constitution de notre pays ne comprend pas cette figure politique.

 

En Equateur, a Constitution prévoit l'anticipation des élections dans des situations de troubles nationaux et fixe les procédures correspondantes.

 

10.Au Nicaragua, les puissances impérialistes, avec à leur tête les Etats-Unis et leurs instruments internationaux colle l'OEA, ont soutenu publiquement l'opposition dans sa tentative de renversement du Gouvernement sandiniste.

 

En Equateur, c'est le contraire : les forces réactionnaires des puissants du monde soutiennent le Gouvernement néolibéral et condamnent les actions des secteurs populaires qui revendiquent leurs droits face aux politiques du Gouvernement actuel.

 

En conclusion, une brève réflexion. Comme nous l’avons vu, les différences sont abyssales entre une tentative de renversement d'un Gouvernement légitime qui défend les intérêts du peuple et de la nation face aux prétentions de l'impérialisme qui cherche à imposer sa volonté et à intervenir dans les affaires intérieures de pays souverains et une rébellion populaire non armée qui réclame des droits qu'un Gouvernement qui défend les intérêts de l'oligarchie et répons aux diktats de l'impérialisme en obéissant à des organismes comme le FMI a bafoués.

 

Presque tous les Gouvernements de gauche qui sont nés en Amérique Latine et dans les Caraïbes depuis 1999 et le triomphe de la Révolution Bolivarienne au Venezuela sont nés de la lutte du peuple plus que de processus électoraux car ceux-ci ont bien plus été la fin de ces luttes, un produit de celles-ci qui, dans certains pays, avaient même renversé des Gouvernements néolibéraux (3 présidents en 1 semaine en Argentine ainsi que divers Gouvernements de ce type en Bolivie, en Equateur et au Brésil). Dans le cas du Venezuela, il y avait eu une rébellion armée patriotique des forces militaires engagées dans les idéaux de Simón Bolívar, peu de temps après le soulèvement populaire massacré par le très démocratique Gouvernement de Carlos Andrés Pérez, qui était un grand ami des opposants de par là.

 

La conquête du pouvoir par le peuple et la mise en marche d'un processus révolutionnaire n'est possible que grâce à la lutte du peuple indépendamment des expressions politiques de type électoral qui, dans les conditions politiques du monde actuel, sont également nécessaires. Dans notre cas, par exemple, jamais il n'y aurait eu de retour du sandinisme au pouvoir sans l'accumulation des luttes populaires livrées contre le néolibéralisme pendant les 17 ans pendant lesquels la droite a « dé-gouverné » notre pays bien que, dans ce cas particulier et à cause de nos conditions politiques propres, le sandinisme ne se soit jamais proposé de renverser aucun de ces Gouvernements pantins de l'impérialisme comme l'a été auparavant Somoza, mais dans ce cas-là, les conditions ne permettaient pas une issue pacifique et électorale. Quand les forces populaires, dans les années 90, se sont levées contre les politiques néolibérales, on avait atteint une certaine corrélation des forces, on négociait pour obtenir au moins partiellement la satisfaction des revendications du peuple qui motivaient ces protestations et les forces populaires se mobilisaient temporairement par leur propre volonté et par discipline politique. Le contraire de ce qui s'est passé avec les forces putschistes de l'année dernière dont le seul but était de renverser le Gouvernement sandiniste.

 

Maintenant est né un très beau slogan, inspiré de celui de la lutte de al guérilla au Salvador, qui disait : « Si le Nicaragua a vaincu, le Salvador vaincra. » Maintenant, on dit : «  Si le Nicaragua a vaincu les forces ténébreuses dirigées par l'impérialisme nord-américain et a réussi à empêcher que celles-ci renversent notre Gouvernement révolutionnaire, l'Equateur vaincra ces mêmes forces mais qui, dans son cas, sont dans le Gouvernement, comme nous l'avons fait nous-mêmes, grâce à la lutte du peuple organisé et dirigée par une avant-garde politique révolutionnaire brandissant un programme politique orienté vers les transformations sociales qui garantissent l'amélioration de le vie du peuple grâce à une juste répartition des richesses et à l'exercice du droit politique et économique par les forces du peuple organisé sous l'orientation d 'une force politique à la hauteur du peuple à laquelle elle appartient et qui a fait sienne la lutte pour conquérir la victoire du peuple. Les protégés de l'impérialisme et les traîtres qui gouvernent en Equateur n'ont rien pu, ne pourront rien face à ce peuple héroïque, mobilisé dans la lutte populaire permanente et victorieuse. Jusqu'à la victoire, toujours ! Toujours plus loin, la Patrie libre ou la mort.

 

Revista de Frente

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2019/10/11/ecuador-diferencias-entre-un-golpe-de-estado-y-una-insurreccion-civica-popular/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/10/equateur-nicaragua-differences-entre-un-coup-d-etat-et-une-insurrection-populaire.html