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Venezuela : Macri fait le sale boulot pour Donald Trump

20 Octobre 2019, 17:07pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Luis Bruschtein

Macri a fait démissionner Paula Bertol de l'OEA pour désigner un diplomate de carrière proche au PRO. Il s'agit de faire plaisir au président nord-américain, de compliquer les relations au futur Gouvernement et poursuivre l'agression contre le Venezuela.

 

« L'alliance entre l'Italie et les Etats-Unis remonte à l'empire romain, » a dit Donald Trump tandis qu'en Argentine, son ami Mauricio Macri, en campagne, ajoutait : « Qu'on l'entende dans tout Corrientes! » alors qu'il était dans la province de Chaco. Ils sont unis par un critère culturel de quatrième catégorie. Et c'est normal quand le pouvoir de l'argent est plus important que la connaissance. Au moins, tous 2 ont les mêmes difficultés avec l'histoire et la géographie et dans d'autres domaines comme le Venezuela.

 

Macri se met en quatre pour le flatter. 10 jours avant les élections auxquelles tout le monde pense qu'il ne sera pas réélu, qu'il sera rejeté par la majorité absolue des Argentins, qu'il n'y aura même pas de second tour, il a pris des décisions stratégiques qui bénéficient aux intérêts de Trump dans la région mais qui engagent la proposition plus démocratique et pacifique du futur Gouvernement. 

 

Face à sa défaite imminente, Macri a fait démissionner Paula Bertol en tant que représentante du pays à l'Organisation des Etats Américains (OEA) et a ordonné au chancelier Jorge Faurie de la remplacer par un fonctionnaire de carrière proche du PRO par l'intermédiaire du secrétaire aux Affaires Stratégiques de al chancellerie Fulvio Pompeo.

 

Bertol est un cadre détaché du PRO. Elle a été députée de la ville et députée nationale. Sa désignation répond à la décision de Washington de convertir l'OEA en outil principal de son offensive destinée à récupérer le pétrole du Venezuela, une priorité de la politique nord-américaine dans la région.

 

Felipe Solá, éventuel futur chancelier de Alberto Fernandez s'il gagne les élections, a dénoncé ces changements à la chancellerie comme « scandaleux et de mauvaise foi. » Et il a expliqué aux journalistes que « Bertol n'a pas respecté son mandat d'ambassadrice, elle a démissionné pour la campagne et ils ont nommé un ambassadeur de carrière qui pense comme à l'OEA où se discutent des choses sur lesquelles notre pensée est différente de celle du Gouvernement. »

 

Comme la désignation de Bertol a été une décision politique, elle aurait dû démissionner au changement de Gouvernement. Maintenant, le nouveau représentant devra être désigné par décret. Macri a fait démissionner Paula Bertol par avance sous le prétexte invraisemblable qu'il en a besoin pour une campagne qui est déjà dans sa phase finale. Avant de démissionner, la dirigeante a approuvé une convocation du TIAR demandée par les Etats-Unis pour étudier un plan conjoint d'agression du Venezuela.

 

Parmi les points que comprend cette décision, il est dit que l'une des mesures qui pourra être prise sera « d'identifier ou de désigner les personnes et les entités associées au régime de Nicolás Maduro impliquées dans des activités illégales de blanchiment d'argent, de trafic de drogues illégal, de terrorisme, de financement du terrorisme, et de relations avec des réseaux de délinquance transnationale organisée pour mettre en place toutes les mesures disponibles et geler leurs actifs sur le territoire des Etats membres du TIAR. »

 

Sous le Gouvernement de George Bush, les Etats-Unis ont enlevé, dans divers pays, des personnes accusées de terrorisme et les a fait disparaître dans des camps de concentration comme celui de Guantánamo. Le document que Bertol a signé à New York, avec l'assentiment de Macri permet « d'enquêter, de poursuivre, de capturer, d'extrader et de sanctionner. »

 

Pendant le débat électoral, Alberto Fernández a prévenu qu'il était possible que cette décision de politique étrangère prise par les partisans de Macri avec d'autres Gouvernements réactionnaires de al région soit utilisée pour légitimer une invasion du Venezuela.

 

« Pas un seul soldat argentin ne sera tué en territoire vénézuélien, » a déclaré Fernández, ce qui a été pris par beaucoup comme une exagération. Le candidat du Front de Tous n'a pas exagéré. Le TIAR a été créé en 1947 dans le cadre de la Guerre Froide et a été utilisé pour légitimer des interventions militaires au Guatemala en 1954, à Cuba en 1961, en République Dominicaine en 1965, à la Grenade en 1983 et au Panamá en 1989.

 

Sur ordre du président de l'époque Juan Perón, le chancelier Juan Atilio Bramuglia avait livré une dure bataille contre la création du TIAR mais finalement, l'Argentine avait dû se plier pour ne pas être isolée du reste de ses voisins. En 2012, Hugo Chávez a retiré le Venezuela de cet organisme et le Nicaragua, l'Equateur et la Bolivie l'ont suivi.

 

« Il est douloureux que des pays qui ont été envahis par les troupes étasuniennes et dont les peuples ont été massacrés grâce à l'application du TIAR donnent aujourd'hui leur aval à un tel crime contre un pays frère, lors d'une session du Conseil Permanent de l'OEA de toute évidence nulle et non avenue, » a déclaré le ministre des Relations Extérieures du Venezuela dans un communiqué. « Ce sera l'Histoire et les peuples de la Grande Patrie qui se chargeront de juger cette attitude indigne. »

 

Le communiqué rappelle que pendant la guerre des Malouines, l'Argentine a invoqué le TIAR mais que les Etats-Unis ont ignoré l'obligation d'aide face à une agression extérieure contenu dans ce Traité. Par contre, ils se sont comportés comme des alliés de la Grande Bretagne à l'OTAN, l'ennemi de l'Argentine qui, aujourd'hui, se joint aux Etats-Unis pour attaquer le Venezuela.

 

Le développement du conflit avec le Venezuela a mis en évidence le rôle hégémonique des Etats-Unis à l'OEA parce que c'est la délégation vénézuélienne composée par un groupe d'opposition qui a exigé l’intervention du TIAR.

 

Juan Guaidó a été reconnu comme président du Venezuela par une minorité de pays influencés par Washington. Au lieu de chercher une solution pacifique, le Gouvernement de Macri a été l'un des plus enthousiastes pour accompagner l'escalade d'agressions de Donald Trump.

 

Dans un geste purement symbolique, Macri a reconnu il y a quelques jours la représentante de Juan Guaidó, Elisa Trotta, comme seule ambassadrice du Venezuela en Argentine et il a laissé entendre qu'il en renouvellerait pas les visas des vrais diplomates vénézuéliens.

Si Macri avait gagné les élections, ce processus aurait provoqué une escalade qui serait passée par l'expulsion des diplomates qui représentent le véritable Gouvernement du Venezuela qui, à son tour, aurait dû expulser le chargé d'affaires argentin dans le pays.

 

Mais Macri a été le grand vaincu et le seul but de ces décisions a été de créer des problèmes à son successeur, surtout dans les relations avec Donald Trump qui devra être nécessairement un interlocuteur important dans la négociation de la dette. De sorte que Macri fait le sale boulot pour Washington.

 

Ils l'ont déjà fait auparavant. « Sale boulot » a été l'expression utilisée par l'ex-ministre de l'Economie Alfonso Prat Gay 6 mois après l'arrivée au pouvoir de Macri quand il a expliqué à New York qu'ils avaient dollarisé les tarifs et éliminé les obstacles pour payer les fonds vautours et faire une dette.

 

La chute de Macri laisse de nombreux exemples de sale boulot. Le Cronista Comercial a confirmé le départ du pays du président local de la HSBC, Gabriel Martino. En 2015, on a découvert 4 000 comptes d'Argentine non déclarés contenant plus de 3500 000 000 de dollars dans la succursale suisse de la banque. Il a été évident que cette fuite de capitaux – qui s'est développée à une vitesse record ces derniers mois - avait été encouragée par la banque grâce à de petites tricheries dans les opérations. Il y a eu des amendes et des dénonciations judiciaires contre la direction de cette banque et la Banque Centrale était même sur le point de demander qu'on l'expulse.

 

Mais Martino s'est sauvé parce que quand Macri a gagné, il a usé de son influence ils ont arrêté toutes les procédures judiciaires contre lui. L'homme est devenu l'un de ses conseillers les plus influents avec ses entrées à la Quinta de Olivos et il est même intervenu dans plusieurs tranches d'émission de la dette.

 

C'est María Eugenia Talerica qui l'a défendu dans ce scandale de fuite de capitaux et de blanchiment de 3500 000 000 de dollars. Comme un grand symbole du discours pervers et mensonger de son Gouvernement, quand Macri est arrivé au pouvoir, il l'a nommée vice-présidente de l'Unité d'Information financière (UIF), l'organisme qui devrait combattre la fuite de capitaux et le blanchiment d'argent, un délit pour lequel elle avait défendu Martino.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2019/10/19/argentina-decisiones-estrategicas-sobre-venezuelade-salida-macri-hace-el-trabajo-sucio-para-donald-trump/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/10/venezuela-macri-fait-le-sale-boulot-pour-donald-trump.html