Chili : La rébellion vient effectivement de l'étranger : de Chicago, Washington et Langley
Une information de l'AFP indique que les Etats-Unis ont accusé, jeudi, la Russie d'utiliser des agitateurs sur les réseaux sociaux pour « exacerber la division » au Chili où une vague de protestations contre le Gouvernement a déjà fait 20 morts.
La Maison Blanche a fait allusion à un agent étranger dans un communiqué émis dans la matinée, après que le président étasunien Donald Trump ait appelé son homologue chilien Sebastián Piñera pour lui exprimer son soutien.
« Nous avons des indices d'activités russes destinées à donner un cours négatif au débat au Chili, » a dit à la presse un fonctionnaire du Département d'Etat qui a demandé à garder l'anonymat.
Le diplomate a indiqué qu'il y a des signes évidents que des gens « profitent du débat » pour « exacerber la division et fomenter le conflit » dans le pays, en particulier « grâce à l’utilisation et à l'abus des réseaux sociaux et des agitateurs. »
Les protestations qui ont débuté au Chili il y a presque 2 semaines contre la hausse du prix du ticket de métro se sont transformées en un mouvement plus large d’indignation contre le Gouvernement et plusieurs institutions.
Dans le cadre de ces protestations, le Gouvernement – qui quelques jours après a abrogé la hausse du prix du ticket de métro – a décrété l'état d'urgence et pendant plusieurs jours, imposé un couvre-feu.
Cette crise a obligé Piñera à annuler la rencontre des dirigeants du forum APEC – auquel Trump devait assister – et du sommet sur le climat des Nations Unies COP25 qui devait avoir lieu quelques semaines plus tard à Santiago.
A propos des dénonciations de violations des Droits de l'Homme lors de la répression au Chili faites par plusieurs organisations, le fonctionnaire a dit qu'il n'a pas « assez de détails. »
La Maison Blanche a informé jeudi que Trump a appelé son homologue chilien pour lui exprimer son soutien et a dénoncé « des efforts étrangers pour miner les institutions » dans le pays.
Le diplomate étasunien a dit que la Russie a augmenté son influence en Amérique Latine.
« Il semble qu'ils préfèrent une région divisée et que le débat démocratique ait pénétré dans le conflit, ce qui est regrettable, » a-t-il dit à propos des Russes.
Le secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains, Luis Almagro, a dénoncé la semaine dernière un « patron » de déstabilisation en provenance du Venezuela et de Cuba – orienté d'abord vers la Colombie et l'Equateur et ensuite vers le Chili – et attribué à ces pays la responsabilité des mobilisations massives contre les Gouvernements dans la région.
Après la crise, Piñera a fait des changements dans son cabinet pour calmer les protestations contre les bas salaires et les maigres pensions et surtout contre les inégalités dans un pays qui a un haut PIB per capita mais une fracture marquée entre les riches et les pauvres.
Les protestations pointent également la Constitution imposée par la dictature militaire qui a régné dans le pays de 1973 jusqu'au début des années 90 et qui a affaibli la démocratie chilienne pendant 3 décennies.
Le coup d'Etat d'Augusto Pinochet contre le gouvernement populaire dirigé par le Président Salvador Allende a été organisé et soutenu par l'Agence Centrale de Renseignement sur ordres de la Maison Blanche.
Son principal objectif était d'en finir avec le processus de gauche au Chili et d'imposer en mettant le pays à feu et à sang un féroce programme néolibéral sous la conduite d'économistes chiliens formés à l'Ecole de Chicago, qu'on appelle les "Chicago Boys."
Monsieur Trump et son Département d'Etat ont parfaitement raison de déclarer que les protestations sociales croissantes au Chili sont protégées de l'étranger mais ce n'est ni de Moscou, ni de Caracas, ni de La Havane. C'est plutôt de Langley, Washington et Chicago.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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