Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Venezuela : Les Etats-Unis, une nouvelle fois au secours de Guaidó

13 Janvier 2020, 18:24pm

Publié par Bolivar Infos

Le 5 janvier dernier a été élue au Venezuela la nouvelle direction de l'assemblée Nationale (AN), le Parlement du pays. Lors de cette session a été élu le député Luis Parra qui faisait autrefois partie du groupe d'opposition Primero Justicia.

 

Comme on le sait, les événements du 5 janvier ont suscité la polémique étant donné que le député et président sortant du Parlement, Juan Guaidó, de lui-même, n'est pas entré pour ensuite, tenter de pénétrer dans l’hémicycle en sautant par-dessus une barrière, une image qui a fait le tour du monde et donnait l'idée d'un soi-disant boycott de sa réélection.

 

Cette journée s'est achevée avec la prestation de serment de Juan Guaidó sans quorum et face à un groupe de députés, ses acolytes, au siège du journal El Nacional. Cet événement a débouché sur une véritable opération de communication devenue ensuite une référence politique. Pour le Gouvernement étasunien ainsi que pour d'autres pays de la région, en particulier ceux qui font partie du Groupe de Lima, la «vérité » des médias s'est imposée. 

 

Plusieurs pays, engagés dans le même récit que le Gouvernement étasunien, ont refusé de reconnaître l'élection de Parra et ont souscrit au soi-disant empêchement de l'élection de Guaidó.

 

Mais un autre fait, encore plus inhabituel, a eu lieu mardi 7 janvier. A la fin d'une session ordinaire du Parlement présidée par Luis Parra, Juan Guaidó a violemment fait irruption dans l'hémicycle accompagné de députés qui le soutenaient.

 

Ensuite, il est monté sur le podium flanqué de ses acolytes et s'est fait prêter serment à lui-même à nouveau en tant que président de l'Assemblée Nationale et, en conséquence, de « président en charge » du Venezuela. Il faut le dire, sans plus d'assistants que quelques dizaines de députés qui le suivaient et beaucoup de médias. Toute cette mise en scène était évidemment un montage dans lequel les parlementaires ont simulé une session au cours de laquelle Guaidó aurait été à nouveau proclamé président.

 

Cet événement, comme il a été planifié, signifie autre chose. Pour plusieurs médias et pour plusieurs acteurs politiques, Guaidó s'est présenté dans l’hémicycle triomphalement, sauvait la « légalité » « la « légitimité » des pouvoirs dont il est « investi. »

 

Bien que Guaidó n'ait aucun pouvoir réel dans la politique intérieure du Venezuela et que sa position soit actuellement nulle dans le domaine des institutions, pour la presse, le Gouvernement des Etats-Unis et ses alliés, Juan Guaidó est le responsable des 2 pouvoirs publics les plus importants de l'Etat vénézuélien bien qu'une telle chose ne soit absolument pas prévue dans la Constitution vénézuélienne.

 

La collusion de 2 Parlements comme élément de la sape des institutions

 

La chaîne d'information Telesur rapporte que le ministre des Relations Extérieures du Venezuela, Jorge Arreaza, s'est adressé aux médias pour qu'ils diffusent le contenu d'une « note diplomatique » envoyée par le Gouvernement étasunien à différents pays. Le document a été intitulé « Le Gouvernement des Etats-Unis demande du soutien pour un communiqué sur les élections justes de l'Assemblée Nationale vénézuélienne. »

 

Pour le ministre, un tel document montre l'intention du Gouvernement étasunien de s'immiscer dans les élections de la direction du Parlement. C'est la seule explication qui rendrait claires les actions insolites et sans précédent de Guaidó lors de ces événements.

 

Comme l'ont fait savoir les porte-parole du Gouvernement étasunien, le « président » continue d'être Guaidó. Et en effet, il est prévu que le député Luis Parra entre dans la liste des fonctionnaires vénézuéliens sanctionnés par les Etats-Unis et l'Union Européenne. Il est donc évident que le Gouvernement étasunien parie sur la continuité de Guaidó sur l'échiquier politique bien qu'il ait été jeté par la fenêtre par la majorité des députés, aujourd'hui composée par des opposants dissidents et des Chavistes.

 

La gravité de ces événements réside dans le fait qu'ils aggravent la crise des institutions vénézuéliennes et que les Etasuniens en semblent parfaitement conscients. L'intention  semble être de mettre en place un mécanisme multifonctionnel de pression et de discrédit aussi bien du Président Nicolás Maduro que du nouveau président du Parlement tout en soutenant la « présidence » artificielle de Guaidó.

 

Une autre des conséquences de cette « Assemblée Nationale » parallèle que dirige Guaidó, c'est qu'elle ferme toute possibilité d'une détente politique entre le chavisme et l'opposition et que cela pourrait retomber sur la direction du Chavisme et sur les agents de l'opposition qui, bien qu'ils aient pris leurs distances avec Guaidó, continuent à avoir une position ouvertement anti-chaviste.

 

La possibilité que le Parlement vénézuélien reconnaisse les autres pouvoirs politiques et qu'en conséquence, le Venezuela surmonte l'enlisement politique qu'il subit depuis qu'en 2016 l'AN a décidé d'entrer dans l'illégalité par rapport au reste du corps de l'Etat dépend de ces acteurs.

 

Une autre possibilité serait le renouvellement du Pouvoir Electoral grâce à la nomination de nouveaux directeurs : une chose qui n'a pas été possible parce qu'elle est l'objet de négociations intermittentes entre e chavisme et l’opposition et à cause du refus du dialogue par l'aile radicale en 2019 sous la direction de Guaidó et sur ordre des Etats-Unis.

 

Le dénouement de ces événements pourrait être la stagnation de l’exercice de la politique au Venezuela, en particulier en cette année 2020, qui est une année d'élections législatives. Sans accord politique, sans nouveau Conseil National Electoral et sans une détente minimale, les élections législatives de cette année seraient en danger qu'elles s oient boycottées par différents partis d’opposition et même si elles se déroulaient avec la participation de larges secteurs du pays, chavistes et d’opposition, elles pourraient ne pas être reconnues par le Gouvernement des Etats-Unis et ses pays satellites.

 

Un tel dénouement impliquerait que le Venezuela continue à être sujet aux pressions étasuniennes qui impliquent un blocus économique, diplomatique et une ingérence politique agrémentée par des menaces d’intervention militaire et la promotion de la sédition intérieure.

 

Les Étasuniens ne veulent pas d'une solution politique entre Vénézuéliens et ont pour principal objectif le démantèlement du chavisme au Gouvernement. L'existence de 2 directions de l'Assemblée Nationale, une reconnue à l'intérieur du Venezuela et l'autre reconnue par les Etats-Unis et leurs alliés, suppose une discordance entre les institutions évidemment utile pour renforcer une panne au Venezuela, un maillon essentiel du renforcement d'un coup d'Etat.

 

D'autre part, la présence clairement perturbatrice de Guaidó, soutenu artificiellement, est évidemment un instrument pour amener un flux de ressources à des secteurs particuliers de l’opposition.

 

Fin 2019, Namita Biggins, porte-parole du Département d'Etat des Etats-Unis déclarait qu'en 2019, « le Gouvernement des Etats-Unis a donné plus de 650 000 000 de dollars pour l'aide humanitaire, non seulement au Venezuela mais aussi pour soutenir 16 pays voisins. » Elle a signalé qu'ils souhaitaient continuer à renforcer le soutien à Guaidó cette année, ce qui implique plus de ressources.

 

Soutenir Guaidó suppose aussi de poursuivre la stratégie des Etats-Unis contre le Venezuela. Reconnaître un autre député comme « président en charge » serait très difficile pour la diplomatie du Gouvernement Trump car cela signifierait déclarer que la « stratégie Guaidó » dont on espérait qu'elle chasserait Maduro en quelques mois seulement, a été un échec.

 

Dans sa récente présentation à la presse, le chancelier vénézuélien Jorge Arreaza a indiqué, à propos de la note diplomatique étasunienne que ce pays montre son intérêt à former un « Gouvernement de transition au Venezuela. A son avis, ils affirment leur intention de maintenir les mesures coercitives unilatérales contre le pays pour forcer le président légitime Nicolás Maduro à partir.

 

Tout semble indiquer que, dans le cadre d'une année électorale pour Donald Trump, sa position sur le Venezuela sera de soutenir la « stratégie Guaidó » malgré ses résultats catastrophiques en 2019. Mais en plus, tout semble indiquer une augmentation des pressions économiques et politiques sur le Venezuela pour faire valoir la « position de force » des Etats-Unis et présenter l'ordre du jour de politique étrangère de Trump comme un « modèle qui a réussi » des relations institutionnelles pour la région. 

 

Dans le complot pour destituer le Président vénézuélien, les Etasuniens ne mettent pas les formes et leur stratégie est clairement celle du « garrot. »

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

source en espagnol :

http://misionverdad.com/la-guerra-en-venezuela/dos-directivas-documento-eeuu

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/01/venezuela-les-etats-unis-une-nouvelle-fois-au-secours-de-guaido.html