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Venezuela : Pourquoi Guaidó a quitté le Venezuela, analyse à chaud 

21 Janvier 2020, 18:10pm

Publié par Bolivar Infos

 

L'information

 

Dans la matinée du 19 janvier, on a appris que le député Juan Guaidó avait quitté le Venezuela à destination de la Colombie, violant ainsi à nouveau les ordres judiciaires qui lui interdisent de quitter le pays à cause d'une procédure engagée contre lui. 

 

La confirmation que Guaidó se trouvait déjà en Colombie est venue du président Iván Duque. Quelques minutes plus tard, le média financier Bloomberg a donné l'information au monde avec une telle rapidité qu'on peut penser que l'arrivée du « président » autoproclamé dans le pays voisin avait été coordonnée d'avance.

 

Juan Guaidó

@jguaido

Déjà en #Colombie, je remercie le Président @IvanDuque pour son soutien envers la lutte du peuple vénézuélien.

 

Nous créerons les conditions qui nous conduiront à la Liberté. Et je vous assure que le retour dans notre pays sera plein de bonnes nouvelles.

 

Iván Duque

@IvanDuque

#Bogotá Nous souhaitons la bienvenue au Président du Venezuela @jguaido en Colombie. Ce soir, nous aurons une réunion de travail. Et le Président @jguaido participera également, lundi, au Sommet Hémisphérique de Lutte contre le Terrorisme.

 

Patricia Laya

@PattyLaya

Guaidó envisage d'assister au Forum Economique Mondial à Davos et à l'Union Inter-parlementaire à Bruxelles après avoir rencontré Mike Pompeo en Colombie demain.

 

Une autre preuve de cela est la publication du journaliste Casto Ocando dans la soirée du 18 janvier, débouchant sur une première vague de rumeurs sur les réseaux sociaux concernant l'éventuel départ de Guaidó.

 

 

Casto Ocando

@cocando

Juan Guaidó aura des réunions ces prochains jours avec Duque, Bolsonaro et Mike Pence. Après, il viendra rencontrer Trump face à face.

 

Pour sa part, la publication de Bloomberg précise l'ordre du jour du député comme s'il avait été connu d'avance.

 

Le média annonce que la « tournée » comprendra une réunion avec Iván Duque, une avec le secrétaire d'Etat nord-américain Mike Pompeo dans le cadre d'un sommet hémisphérique contre le terrorisme qui aura lieu à Bogotá et qu'il se rendra ensuite et à l'Union Inter-parlementaire à Bruxelles et au Forum Economique Mondial de Davos. Au milieu de tout cela, une rencontre avec Trump est possible.

 

Intrigues et surprises sur le front de l'anti-chavisme

 

Logiquement, le départ de Guaidó nous amène à penser à son précédent immédiat : quand, au moment de l'opération du 23 février de l'année dernière dont l'objectif était de faire entrer illégalement de soi-disant chargements « d'aide humanitaire, » le groupe narco-paramilitaire Los Rastrojos avait coordonné avec le Palais de Nariño le passage de la frontière entre la Colombie et le Venezuela par Guaidó.

 

Misión Verdad

@Mision_Verdad

Guaidó s'est fait prendre en photo avec des membres de Los Rastrojos,en disant qu'il ne savait pas qui ils étaient.

 

Les moments inoubliables que nous laisse la fin de cette décennie

 

Duque a reçu Guaidó avec les honneurs dûs à un président, prouvant une fois de plus son haut degré de dépendance envers les positions de Washington qui amènent aussi à la destruction du peu d'institutionnalité qui reste à l'Etat colombien. Cela a été une honte pour les institutions sur toute la ligne.

 

Mais l'action de Guaidó a laissé une sensation de surprise et d'insécurité au groupe des partis anti-chavistes. Et rapidement, chaque secteur a commencé à tirer de son côté.

 

Les porte-parole médiatiques (PanAm Post) du secteur alt right représenté par María Corina Machado ont indiqué que cette décision avait provoqué un conflit avec Leopoldo López. Miner la crédibilité de « la tournée » avant qu'elle commence ? Il ne manquait pas non plus l'appel à une intervention militaire.

 

Jovel Álvarez

@Jovel_Alvarez

Leopoldo López furieux après le départ de Guaidó du Venezuela sans qu'il lui ait demandé la permission.

 

Pendant ce temps, un dirigeant historique du parti Action Démocratique, une formation d’opposition située à l'autre bout du spectre politique et idéologique a qualifié la décision de Guaidó « d'ordre du jour obscur » sans l'évoquer lui directement mais en rendant le message très évident.

 

Bernabé Gutiérrez

@adbernabe

En @Ademocratique, nous avons toujours agi avec transparence dans cette guerre héroïque que nous livrons pour sortir du régime oppresseur de Maduro. En ce moment, des ordres du jour obscurs ne font pas de bien à cette unité qui doit être blindée à l'épreuve des egos et des actions stériles. Sagesse. 

 

Après sa dernière proclamation en tant que président de l'Assemblée Nationale, Guaidó a renoncé à militer au parti Volonté Populaire pour soi-disant faire plus d'efforts pour le « changement » au Venezuela.

 

Mais cette action pourrait avoir un autre sens : isoler la guerre intestine des partis et même la guerre des factions à l'intérieur du Parlement, des nouvelles instructions de Washington au milieu de « la tournée. »

 

En résumé, la particratie craint de perdre le contrôle de la situation alors que la cannibalisation interne ne fait que s'aggraver.

 

Nous tirons la sonnette d'alarme

 

Le voyage de Guaidó ouvre un nouveau chapitre dans le conflit politique vénézuélien et pourrait bien marquer un nouveau point d'inflexion de la corrélation des forces.

 

Après le revers institutionnel du 5 janvier, quand un autre secteur de l’opposition s'est créé au Parement, c'est allé de mal en pis pour Guaidó dont le message a perdu de la force, qui a perdu sa capacité d'entraîner à ses manifestations et sa crédibilité. 

 

Cela a fait que Washington tire la sonnette l'alarme pour repenser le scénario, relancer une stratégie et freiner au moins pour quelques jours, la cycle de démoralisation, de fracture et de perte de confiance de l'anti-chavisme.

 

Parallèlement à la crise de l'image de Guaidó et à la crise générale dans la structure organique de l'anti-chavisme, les élections législatives approchent. La Table de Dialogue National entre le Gouvernement vénézuélien et un secteur de l'anti-chavisme opposé à Guaidó va créer de façon imminente les conditions institutionnelles pour qu'elles puissent se réaliser, comme par exemple l'élection d'un nouveau Conseil National Electoral.

 

Avec le départ du « président » autoproclamé, Washington donne de l'oxygène au faux intérim, renfloue son image au niveau international et en plus, envoie un message d'autorité et menace ceux qui, dans le front d'opposition, cherchent à participer aux prochaines élections et ont contesté l'autorité de Guaidó en lui arrachant la présidence du Parlement.

 

Daniel Blanco

@DanielBlancoPz

Luis Parra et José Brito sont sur la liste des sanctions du Département du Trésor des Etats-Unis. Avec eux, 5 autres députés de l'Assemblée Nationale.

 

Etant donné le déclin de Guaidó, il est urgent de revoir la stratégie en fonction des élections législatives qui marqueront l'année politique.

 

Un symptôme de cela est que, comme l'a dénoncé le chancelier Jorge Arreaza, le Gouvernement colombien a pris à son compte un document dans lequel Washington fait pression sur la communauté internationale pour qu'elle condamne les élections législatives.

 

Jorge Arreaza M

@jaarreaza

Sans scrupules : La chancellerie colombienne copie, décalque et publie comme s'il venait d'elle un document sur le Venezuela du Département d'Etat des Etats-Unis. Le même que nous dénoncions il y a 10 jours.quelle honte ! Ainsi, ils obéissent aux ordres de leur chef Trump. 

 

Ce document a été révélé par Arreaza il y a quelques jours et il a démontré comment le Gouvernement étasunien ajuste ses ressources de force au niveau diplomatique pour boycotter le processus électoral. Ainsi, la réunion entre Guaidó et Pompeo prend tout son sens.

 

Elections présidentielles et destitution de Trump

 

Pour les Etats-Unis, Guaidó est un esclave multi-usage.

 

Et si l'urgence se trouve sur la scène vénézuélienne, les choses ne vont pas bien non plus à la maison : officiellement, le premier acte du procès politique de Trump a commencé au milieu d'une campagne électorale au ton élevé et dans laquelle les règles du jeu se dissolvent.

 

Dans ce cadre, Guaidó est une ressource pour la propagande qui peut faire du bien à un Gouvernement Trump assiégé des ' côtés, obligé de recourir à des options géopolitiques de plus en plus démentes et dangereuses (par exemple, l'assassinat du général iranien Qasem Soleimani) à cause du tirage entre faucons et républicains dont il dépend pour ne pas être destitué.

 

Comme opération électorale, Washington promènera Guaidó dans diverses instances pour donner l'idée que sa politique de sanctions et de guerre économique contre le Venezuela est efficace pour « prévenir la menace du socialisme, » un objectif largement partagé par l'élite du Parti Démocrate.

 

C'est pourquoi aucune action ne peut être écartée bien qu'il semble plus logique que Washington opte pour des manœuvres destinées à faire de l'effet (et non moins dangereuses) qui puissent rendre Guaidó utilisable pour le bénéfice électoral de Trump.

 

Reconduire le dossier pour l’attaque et des spéculations 

 

Il y a un sens de l'opportunité dans le départ du « président par intérim » et il faut voir que son voyage coïncide avec un sommet contre le terrorisme, à Bogotá.

 

A mesure que la « lutte » de Guaidó perd sa substance, c'est à dire qu'elle ne provoque plus ni émotion ni surprise ni attentes, il devient obligatoire pour Washington d'élever le problème vénézuélien au rang de « crise de l’hémisphère. »

 

Il faut en appeler aux effets de manches et à la grandiloquence et justement, l'événement qui se déroule à Bogotá fournit ce cadre. Parce que donner l'idée (sans preuves, comme toujours) que le Venezuela est un « Etat terroriste » qui protège des groupes comme l'ELN ou le parti politique et militaire chiite libanais Hezbolá convient parfaitement au climat d'opinion provoqué par l'assassinat du général Soleimani: les Etats-Unis défenseurs du monde occidental face aux menaces du « terrorisme islamique. »

 

Carlos Paparoni

@CarlosPaparoni

· 23h

A Bogotá, avec le Président (E) @jguaido, nous sommes réunis avec les Etats-Unis, la Bolivie, le Brésil, le Canada, le Chili, le Costa Rica, le Guatemala, le Guyana, le Honduras, le Panamá, le Paraguay, le Pérou, Sainte Lucie, le Salvador et l'Equateur.- #19Ene

 

Carlos Paparoni

@CarlosPaparoni

nous allons discuter de la menace que représente l'action de groupes terroristes comme le Hezbollah au Venezuela et dans le reste de la région.- #19Ene 

 

Profitant de cela, les Etats-Unis reconduisent e dossier de l'attaque contre le Venezuela, déplace e centre d'attention vers « l'anti-terrorisme » et introduit dans ses plans de renversement du Gouvernement vénézuélien des urgences « civilisatrices : » « Ce n'est pas seulement pour Guaidó et pour le retour de la démocratie au Venezuela, c'est aussi pour éviter que le continent et nos démocraties soient menacés par des terroristes fanatiques du Hezbollah soutenus par Maduro, » dit la catéchisme néoconservateur de dernière minute.

 

Ce récit de laboratoire profitera du degré absolu d'inutilité et d'insignifiance de Guaidó .

 

Bien qu'il soit risqué de donner un pronostic, il n'en est pas moins certain que le départ de Guaidó du Venezuela est destiné à réordonner la stratégie : très certainement, on gardera le principe de bloquer la voie de la négociation politique mais en y incorporant une image de relance qui justifie une escalade en code TIAR et un durcissement des sanctions et même un autre cycle de violence criminelle. 

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://misionverdad.com/La-Guerra-En-Venezuela/guaido-salio-de-venezuela

URL de cet article : 

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/01/venezuela-pourquoi-guaido-a-quitte-le-venezuela-analyse-a-chaud.html