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Pétition « Non au coup d'Etat en Bolivie, non à la militarisation de la Bolivie ! »

3 Février 2020, 16:57pm

Publié par Bolivar Infos

Le gouvernement de facto en Bolivie et ses crimes contre l'humanité

 

Depuis les élections du 20 octobre 2019, la Bolivie traverse la pire crise politique de son histoire. Le Tribunal électoral a confirmé la victoire d'Evo Morales avec 47,08% des voix avec un écart de plus de 10% (648'180 voix) sur le candidat Carlos Mesa, ce qui a suffi pour remporter les élections au premier tour.

 

La première allégation de fraude émise par l'OEA a déclenché la violence des groupes de choc de l'opposition qui ont incendié les tribunaux électoraux départementaux et du siège du parti Mouvement Vers le Socialisme MAS-IPSP. De nombreuses autorités comme la maire de Vinto à Cochabamba Patricia Arce, l'ancien vice-ministre des affaires interculturelles Feliciano Vegamonte, le président de la chambre des députés Victor Borda, le ministre de l'industrie minière Cesar Navarro et leurs familles ont été séquestrés et brutalement attaqués, les obligeant à démissionner de leurs postes.

 

La mutinerie des forces de police dans tout le pays et les forces armées cantonnées dans leurs casernes ont laissé libre cours à une campagne de terreur contre le "masismo" (mouvement en faveur du MAS), dont les membres ont été menacés, kidnappés, torturés, leurs maisons incendiées dans une atmosphère de totale impunité, les obligeant à démissionner si ces derniers étaient des autorités comme la maire de Vinto à Cochabamba.

 

Le 10 novembre, le commandant des forces armées a suggéré au président Evo Morales de démissionner, ce qui l’a obligé a renoncer à son poste en argumentant que cette décision mettrait fin à la violence de l'opposition et de ses groupes de choc et paramilitaires (motoqueros).

 

Aussitôt le coup d'Etat conclu avec la démission d'Evo Morales, la répression des groupes paramilitaires soutenus par la police et les forces armées s'est déclenchée, qualifiant les manifestants qui défendaient le gouvernement de " bandes ", de " vandales ", de " radicaux " ou de " délinquants ". Les réseaux sociaux et la presse privée majoritaire et presque hégémonique ont maintenu une campagne de propagande en faveur du coup d'État.

 

Le président du Comité civique de Santa Cruz, Fernando Camacho, le principal chef des bandes paramilitaires, a menacé les "masistas", les autorités gouvernementales et les hommes d'affaires de Santa Cruz sympathisants du gouvernement d'Evo Morales, d'avoir une liste de traîtres prêts à être éliminés à la manière de Pablo Escobar en Colombie.

 

L'opposition au gouvernement du président Evo Morales, a formé des milices armées qui avaient le soutien ouvert de la police bolivienne. Des groupes tels que l'Union juvénile de Santa Cruz, qualifiée par la Fédération internationale pour les droits humains de "groupe fasciste paramilitaire", ont été les principaux exécutants de la répression.

 

Les médias d'organisations paysannes comme la CSUTCB ( Confédération Syndicale Unique des Travailleurs Paysans de Bolivie), dont le directeur, José Aramayo, a été attaché à un arbre et torturé, ainsi que ceux d'organisations sociales de base comme les radios communautaires (RPO), ou BTv, la chaîne de télévision publique, ont été attaqués et détruits. Les journalistes et les travailleurs des médias du service public qui étaient désignés comme des partisans du gouvernement ont été attaqués, humiliés et empêchés de travailler.

 

Une liste des lieux à bloquer a été diffusée sur les réseaux sociaux, parmi lesquels les sièges de ministères et d'autres institutions de l'État, les résidences de membres du gouvernement et les missions diplomatiques de Cuba et du Venezuela. Sous le couvert de fausses accusations, des groupes violents ont commencé à harceler en permanence ces ambassades et à persécuter constamment leur personnel diplomatique, jusqu'à ce qu'ils soient contraints de

 

quitter le pays. Ces actions violentes violent le droit international, la Convention de Vienne et d'autres traités internationaux.

 

Comme l'ont vérifié les organismes de défense des droits humains venus dans le pays, le 15 novembre, une marche de paysans des six fédérations du tropique de Cochabamba a été arrosée de balles à Sacaba, faisant neuf morts et des dizaines de blessés. L'utilisation d'armes de guerre a été mise en évidence par des vidéos enregistrées par les paysans eux- mêmes. Les forces armées ont agi ce jour-là sous le couvert du décret présidentiel DS n°

4’078, qui leur permettait d'utiliser des armes de guerre en toute impunité.

 

Cinq jours plus tard, le même scénario s'est produit à Senkata, El Alto, causant la mort d'au moins dix personnes et des dizaines de blessés. Les forces de répression composées de la police et des forces armées ont indiqué qu'elles agissaient contre des " terroristes " qui voulaient provoquer une explosion à l'usine de gaz. Les mouvements sociaux, les anciens membres du gouvernement, les paysans et les indigènes qui manifestaient contre le coup d'État sont assassinés, avec un total de 35 morts et plus de 800 blessés.

 

Le 25 novembre, des membres des forces paramilitaires du gouvernement de facto ont occupé le siège de la Fédération des travailleurs paysans de Santa Cruz pour brûler leur matériel et leurs documents. Ces opérations se poursuivent encore aujourd'hui. Le vendredi

17 janvier, il a été rapporté que les antennes de la société ENTEL, fournisseur d'accès aux

services de communication cellulaire et radio, ont été éliminées dans plusieurs provinces rurales.

 

Le 6 décembre, le gouvernement de facto a approuvé le décret présidentiel DS n° 4100, qui avait pour but d'indemniser les familles des 35 morts et des centaines de blessés de la répression policière et militaire, à condition qu'elles renoncent à leur droit de porter l'affaire devant les Nations unies ou d'autres organismes de défense des droits humains.

 

À cet égard, la CIDH (Commission interaméricaine des droits humains) a exprimé sa préoccupation vis-à-vis du décret, compte tenu de l'inclusion d'une clause qui rendrait impossible pour les victimes de faire appel aux organismes internationaux pour dénoncer les crimes dont elles ont été victimes, ce qui constitue une violation de traités internationaux tels que le traité de Rome, qui prévoit le principe de non-application de la prescription en cas de crimes contre l'humanité. La mission d'observation de la CIDH, qui a recueilli de nombreux témoignages sur les massacres de Sacaba et Senkata, a dénoncé qu'en Bolivie il n'y a "aucune garantie d'indépendance du pouvoir judiciaire".

 

Les persécutions, les arrestations arbitraires et les menaces de mort contre les anciennes autorités du gouvernement Evo Morales, ainsi que contre les dirigeants des organisations sociales et du MAS sont quotidiennes. La judiciarisation de la contestation sociale et de la liberté d'expression est évidente (incendies de maisons, lynchages, attaques racistes, etc.).

 

Les bureaux des Médiateurs de Bolivie ont également été victimes de harcèlement, principalement dans la ville de Cochabamba, tant au siège de cette institution qu'au domicile de ses représentants et de leurs familles.

 

D'autre part, le harcèlement permanent à l'ambassade et à la résidence du Mexique, viole toutes les conventions et accords internationaux qui protègent les représentations diplomatiques des différents pays. Le refus de délivrer un laisser-passer aux personnes ayant demandé l'asile politique, qui a par ailleurs été accordé par ledit pays, constitue une violati on flagrante des droits humains et politiques des personnes.

 

Il faut relever la persécution de hauts fonctionnaires du gouvernement Morales qui sont réfugiés à l'ambassade du Mexique à La Paz et à qui l'on refuse un laisser -passer pour quitter le pays, comme le ministre de la présidence, Juan Ramon Quintana ; l'ancien ministre Hugo Moldiz ; la ministre de la Culture Wilma Alanoca ; le gouverneur d'Oruro Victor Hugo Vazquez

; le directeur de l'Agence digitale du gouvernement Nicolas Laguna ; le ministre de l a Défense Javier Zavaleta ; le ministre de la Justice Hector Arce, le ministre des Mines Cesar Navarro et d'autres.

 

Il est clair que les accusations portées contre les anciennes autorités font partie d'une stratégie de persécution politico-judiciaire, connue sous le terme de "Lawfare", qui vise à annuler la participation politique du MAS-IPSP aux prochaines élections prévues pour le 3 mai.

 

Le ministre du gouvernement de facto, Arturo Murillo, a déclaré qu'il se lancerait dans une "chasse" contre les membres du gouvernement démis et du MAS. Il a rendu publique son intention de traduire Evo Morales devant la Cour pénale internationale de La Haye "pour crimes contre l'humanité", lui reprochant les 35 morts, même après sa démission et son exil du pays. Les massacres de Senkata, Sacaba, Huayllani, Ovejuyo, etc., ont été documentés par différentes organisations internationales des droits humains et par des pays amis. Les informations de première main recueillies par ces organisations témoignent de la brutalité du coup d'État en Bolivie.

 

L'utilisation d'adjectifs offensants et dénigrants en raison de leur contenu discriminatoire est fréquente de la part du gouvernement de facto, notamment les termes "sauvages", "narcoterroristes", "vandales", "criminels", etc., employés à l'encontre des membres du gouvernement d'Evo Morales et des organisations sociales qui le soutiennent, ainsi que des missions internationales d'observation des droits humains, du Bureau du médiateur et même des journalistes, qu'ils qualifient de "guerriers du numérique" ou de "terroristes informatiques".

 

Murillo célèbre et se vante de la peur semée au sein de la population au nom de la "pacification" au moyen de la brutalité policière et militaire contre la subversion des "hordes indigènes et masistas". Ils "s'entretuent", "nous ne tolérerons pas les terroristes ou les séditieux, nous les surveillons", déclare-t-il

 

Le gouvernement de facto imposé par la violence des groupes paramilitaires et policiers, ainsi que par les forces armées, a éliminé les droits fondamentaux de manifester et le droit de vote qui n'a pas été reconnu par les élites qui désormais gouvernent le pays comme elles l'avaient fait pendant les 180 ans de la République coloniale et excluante.El gobierno de facto ha militarizado el país y reprimido cualquier tipo de protesta haciendo demostraciones de fuerza con militares y armas de guerra en las calles de las principales ciudades de Bolivia .

 

L'argument et le recours à la menace terroriste, la dénonciation de l'existence de noyaux subversifs ou de groupes masistas séditieux et armés justifient la nécessité de créer des unités spéciales de police pour la lutte contre le terrorisme conseillées par le gouvernement d'Israël, comme l'affirme le ministre de facto Murillo. C'est la justification de plus de violence et de brutalité répressive de la part de l'État.

 

L'existence d'activités séditieuses et terroristes est assurée pour justifier la répre ssion, l'impunité est accordée aux forces militaires pour massacrer les populations indigènes, le pays est militarisé et des démonstrations de force avec des armes de guerre sont effectuées.

 

La violation systématique des droits de l'homme, des libertés publiques et des droits et garanties individuels est le résultat évident de l'existence d'un régime dictatorial imposé par un coup d'État civique, policier et militaire.

 

L'élimination de toutes les sources d'information indépendantes fait partie de la strat égie de

mise en œuvre d'un siège médiatique.

 

Les organismes de défense des droits humains du monde entier doivent faire pression pour mettre fin à la persécution politique et à la répression menées par les bandes paramilitaires protégées par la police et l'armée.

 

Pour les raisons précitées :

 

Nous condamnons le coup d'État exécuté et financé par les forces antidémocratiques de la droite bolivienne et d'autres forces étrangères qui visent à reprendre le contrôle des importantes ressources naturelles du pays telles que le lithium et le gaz.

 

Nous condamnons fermement les messages de haine et de racisme, ainsi que l'extrême violence perpétrée par les partisans de la droite radicale antidémocratique contre les peuples indigènes et les paysans.

 

Nous condamnons fermement le "Lawfare" déployé par le gouvernement de facto en mettant en place un mécanisme pervers de persécution politique par le biais de lynchages médiatiques continus, de fabrication de dossiers judiciaires et de violation permanente de conventions, de normes internationales et de la Constitution de la Bolivie.

 

Nous exigeons des forces armées et de la police nationale bolivienne qu'elles veillent et protègent, avant tout, la vie et la dignité de toute personne se trouvant sur le territoire bolivien, quelles que soient ses affinités politiques ou sa nationalité, ainsi que de respecter l'immunité des représentations diplomatiques et de protéger leurs fonctionnaires, les demandeurs d'asile et leurs installations.

 

Nous appelons toutes les forces démocratiques à condamner ce coup d'État violent, ainsi que les violations quotidiennes de toutes les libertés individuelles, sociales, juridiques, culturelles et politiques de la grande majorité.

 

Nous demandons à la Commission des droits humains des Nations unies, sur la base des rapports, enquêtes et témoignages de la CIDH, du Bureau du médiateur bolivien et d'autres organisations de défense des droits humains, de condamner sans équivoque la violation systématique des droits des citoyens, la répression brutale, les meurtres et tous les autres abus perpétrés par le gouvernement de facto, et d'élaborer d'urgence un rapport sur la situation des droits humains en Bolivie.

 

Nous vous demandons également de continuer à dénoncer ce coup d'État auprès de toutes les instances internationales, de la presse et des autorités de tous les États du

monde.

 

NON AU COUP D'ÉTAT EN BOLIVIE ! NON A LA MILITARISATION EN BOLIVIE !

Suisse, le 19 janvier 2020

 

Pour signer :

mailto:alba.petition@bluewin.ch

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/02/petition-non-au-coup-d-etat-en-bolivie-non-a-la-militarisation-de-la-bolivie.html