Salvador : 7 points pour comprendre la crise du pouvoir
Le Salvador vit des moments de tension entre 2 pouvoirs de l'Etat. Le président Bukele a menacé l’Assemblée Législative et a même appelé à l'insurrection si les députés n'approuvaient pas dimanche un prêt destiné à son plan de sécurité. Le Président a invoqué la Constitution pour obliger l’Assemblée à siéger, une décision qualifiée de viciée par les experts en constitutionnalité. Comme mesure d'intimidation, le Gouvernement a fait entrer l'Armée à l’Assemblée et retiré la sécurité avec les policiers à laquelle les députés avaient droit selon la loi.
1.Le Gouvernement cherche à forcer l’Assemblée Législative à approuver un prêt 109 000 000 de dollars destiné à financer un plan de Contrôle du Territoire grâce auquel il dit avoir réussi à contenir les homicides dans le pays. La demande est arrivée à l’Assemblée en novembre 2019 mais les pressions du Gouvernement ont commencé mercredi dernier, 5 février.
2.Ils veulent utiliser ainsi les 109 000 000 de dollars : 64 200 000 pour acheter du matériel comme des voitures de police, des hélicoptères et même un bateau.
25 800 000 pour des caméras et du matériel de vidéo-surveillance, un sujet qui a provoqué les hésitations des députés après la révélation du paiement du voyage du directeur du Centre Pénitentiaire au Mexique par une entreprise de ce secteur.
Le reste est destiné à l’administration, aux imprévus et aux commissions.
3.Le Conseil des Ministres a convoqué les députés à une session plénière, dimanche 9 février à 15 heures. C'est une décision inédite dans l'historie récente du pays et même viciée, selon l'analyse des experts en Droit Constitutionnel Le Gouvernement s'est abrité sous l'article 167 de la Constitution de la République pour appeler les députés à faire des heures supplémentaires mais plusieurs organisations ont prévenu que cet appel était illégal.
4.Après cette convocation, le président et plusieurs fonctionnaires ont commencé à intimider l’Assemblée Législative en appelant la population à se concentrer aux abords de l’Assemblée, dimanche. Le président a même lancé un appel explicite à l'insurrection (article 87 de la Constitution) comme menace envers les députés s'ils décident de ne pas se présenter à la convocation qui leur a été faite pour dimanche. Les pressions ont augmenté vendredi soir quand le Gouvernement a ordonné d'ôter les policiers qui escortaient les députés, ignorant ainsi la Loi de Protection des Personnes Sujettes à une Sécurité Particulière.
5.L'Armée a cerné les locaux de l’Assemblée Législative, samedi. Le Gouvernement a utilisé des véhicules avec des plaques du pays pour installer une tribune. Des employés de diverses institutions comme le Ministère du Travail ont été convoqués à se présenter dimanche au centre du Gouvernement. En outre, des fonctionnaires envoient des messages sur les réseaux sociaux pour inciter au soulèvement.
6.Au départ, l'Assemblée a rejeté la convocation mais suite à l'intimidation exercée par le président, des voix ont commencé à s'élever pour demander de répondre à l'appel. Des députés sont venus ce samedi se réunir au siège de l’Assemblée. Ce serait le second prêt que les députés approuveraient pour le Gouvernement : en décembre dernier, ils ont autorisé la négociation d'un crédit de 91 000 000 également avec la Banque Centraméricaine d'Intégration Economique (BCIE).
7.Le procureur général de la République, Raúl Melara, s'est déjà prononcé sur cette situation : « je reste vigilant sur le respect de l'Etat de Droit et que le fait que personne ne transgresse les limites établies. » La Cour Constitutionnelle, le plus haut organe de veille et d'interprétation de la Constitution ne s'est pas prononcée parce qu'elle n'a reçu aucun recours contre l'action du président, selon des sources internes à ce tribunal.
Nayib Bukele ✔ @nayibbukele
L'ordre constitutionnel n'a pas encore été brisé, la convocation est en vigueur et la session plénière doit avoir lieu dimanche à 15 heures.
Si les députés ne s'y présentaient pas, ils rompraient l'ordre constitutionnel et le peuple aurait la possibilité d’appliquer l'article 87 de la Constitution. 8.928 16:48 – 7 feb. 2020
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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