Salvador : L'Armée et la Police entrent de force à l'Assemblée Législative à la demande du Président Bukele
Des militaires et des membres de la Police Civile Nationale (PNC) sont entrés dimanche au siège de l'Assemblée Législative du Salvador où le président Nayib Bukele avait convoqué une session extraordinaire pour l'approbation d'un prêt de 109 000 000 de dollars destiné à financer un plan de sécurité pour le pays.
Les pressions exercées par le président Nayib Bukele sur le Parlement ont augmenté avec l'entrée de force de membres de la Police et de l'Armée à l'Assemblée Législative qui avait déjà fixé une nouvelle session plénière lundi pour analyser ce problème puisque « certains partis veulent voter, » selon le président de l’organe législatif, Mario Ponce.
Mais les mesures prises par le président Bukele sont conformes à son appel à « l'insurrection » destiné à forcer le Parlement à approuver un prêt de 109 000 000 de dollars destiné à mettre en place la phase III du Plan de Contrôle du Territoire, une initiative destinée à améliorer la sécurité contre les bandes.
Une « concentration citoyenne » a été organisée ce dimanche par le président Bukele qui a invoqué l'article 87 de la Constitution relatif à « l'insurrection » pour faire pression sur les députés.
Cet article stipule que le peuple a le droit de se soulever pour rétablir l'ordre constitutionnel altéré par la transgression des normes relatives à la façon de gouverner ou au système politique établis ou pour de graves violations des Droits consacrés par la Constitution.
Depuis samedi matin, plusieurs éléments de la Force Armée du Salvador (FAES) ont été déployés aux abords de l'Assemblée Législative.
Des employés du Ministère de la Défense Nationale ont aussi installé une tribune devant l'Assemblée Législative.
Ces députés ont critiqué cette décision du Gouvernement dont la députée du FMLN, Elizabeth Gómez, qui l'a qualifiée de « transgression » de la démocratie.
Le prêt sollicité par Bukele a été refusé par l'Assemblée Législative car il était demandé grâce à une procédure d'urgence qualifiée par les députés d'irrecevable car elle devait avoir l'approbation de la Commission des Finances dans laquelle le président n'a pas les soutiens nécessaires.
La commission assure que le Gouvernement n'a pas expliqué en détails à quoi servirait l'argent.
Le refus de l'Assemblée était également dû aux accusations de corruption présumée portées contre des membres du cabinet de Bukele.
En réponse au refus de l'Assemblée Législative, le Conseil des Ministres du cabinet de Bukele a pris une résolution grâce à laquelle, en invoquant l'article 167, ord. 7° de la Constitution, il a convoqué une session extraordinaire de l'Assemblée Législative pour discuter de l'approbation d'un prêt destiné à financer des actions en matière de sécurité publique.
La demande de Bukele a été critiquée par plusieurs secteurs politiques parce qu'elle viole la Constitution et représente une violation de l'indépendance des organes de l'Etat les uns par rapport aux autres.
Nous condamnons catégoriquement les actions hautement dangereuses pour le pays entreprises par le président de la République @nayibbukele qui brisent l'ordre constitutionnel et l’indépendance des pouvoirs.
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Oscar Ortiz (@oscarortizsv) February 8, 2020
L'Institut Ibéro-américain de Droit Constitutionnel, section Salvador, a dit hier dans un communiqué que dans la convocation du Conseil des Ministres, « il y a un vice intrinsèque » qui « rendrait anticonstitutionnelle » cette session plénière et que ce qui serait approuvé serait déclaré « nul et non avenu » par l'Organe Judiciaire parce qu'il n'y a pas de circonstances « exceptionnels » qui justifient ce processus.
« L'état d'exception, c'est quand l'ordre public est troublé, pas quand il y a de simples divergences d'opinion entre le président de la République et un autre fonctionnaire de l'Assemblée et de la Cour Suprême de Justice, » a souligné l'avocat constitutionnaliste René Hernández Valiente.
Le procureur général du Salvador Raúl Melara a affirmé qu'il reste vigilant face aux actions des 2 parties et qu'il veille au respect de l'Etat de Droit dans le pays.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
https://www.telesurtv.net/news/asamblea-salvadorena-enfrenta-presiones-bukele-20200209-0002.html
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