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Argentine : Les affaires des Macri ont fait perdre à l'Etat des centaines de millions de dollars

4 Mars 2020, 23:10pm

Publié par Bolivar Infos

 

Quel est le délit ? Si les parcs éoliens ont été une affaire entre une entreprise espagnole, ISOLUX et ses vieux partenaires du Groupe Macri et ensuite un géant chinois, Goldwind, n'est-ce pas plutôt une tricherie entre privés ? Quel est le préjudice pour l'Etat ? C'est ce que disait à propos de l'affaire des parcs éoliens. Pour la première fois, Página/12 révèle le mécanisme grâce auquel le Gouvernement Macri et le Groupe Macri ont fait perdre à l'Etat argentin des millions de dollars grâce aux moulins à vent.

 

Des experts en énergie renouvelable estiment que pendant les 20 années du contrat concernant 4 des 6 parcs éoliens que le Groupe Macri a acheté à ISOLUX qui a fait faillite, le Gouvernement de Macri – encore une fois des 2 côtés du comptoir – a fait perdre à l'Etat plus de 700 000 000 de dollars. ISOLUX la vieille associée des Macri, s'était adjugée 4 parcs en 2009 et quand Macri est arrivé au pouvoir en 2016, les Espagnols n'avaient rien construit, ils étaient en crise totale, dénoncés pour corruption. Non seulement cela devait leur enlever les concessions mais on aurait dû aussi leur donner des amendes pour ce qui n'avait pas été fait.

 

L'étape suivante devait être un nouvel appel d'offres mais avec les prix que l'Etat payait en 2016, 59 dollars le mégawatt. Mais le Gouvernement de Macri n'a fait aucun appel d'offres, le Groupe Macri a gardé les 4 parcs et l'Etat a acheté le mégawatt à plus de 71 dollars. Ces 12 dollars par mega/heure que l'Etat a payé en plus, en 20 ans, ont créé une différence de centaines de millions de dollars. Le piège a été les sur-prix mais il y a eu plus.

 

Bien qu'ISOLUX ait renoncé aux 4 premiers parcs et annoncé qu'elle quittait le pays, le Gouvernement de Macri lui a attribué 2 autres parcs - Loma Blanca VI et Miramar – qui sont aussi restés au Groupe Macri qui les a vendus immédiatement. Dans la proposition de vente, le Groupe Macri ne s'est pas caché : dans le titre de la proposition faite aux investisseurs – à laquelle Página/12 a eu accès en exclusivité – figure le logo de SOCMA, Sociétés Macri. 

 

Le piège

 

Les appels d'offres pour les parcs éoliens ne sont pas comme les autres : ils ne consistent pas en ce que l'Etat remette un bien et le particulier l'exploite. Dans le cas des moulins et de l'énergie solaire, les particuliers posent le moulin ou les panneaux solaires et proposent de vendre l'énergie à l'Etat à un prix fixé. On suppose que celui qui remporte l'appel d'offres - l'Etat l'accepte – est celui qui offre le meilleur prix.

 

En 2009, sous le Gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner et avec Julio De Vido comme ministre, s'est faite la première tentative destinée à ce que le pays ait une énergie propre et renouvelable. Le plan s’intitulait GENREN (Génération de Renouvelables): des parcs éoliens et des arcs d'énergie solaire ont été attribués. Dans cet appel d'offres, ISOLUX-CORSAN le vieil allié du Groupe Macri, avait remporté 4 parcs éoliens à Chubut: Loma Blanca I, II, III y IV.

 

Evidemment, il y a eu des accusations contre De Vido disant qu'il payait trop le mégawatt et l'un de ses accusateurs était, précisément, Macri. Les spécialistes étaient d'accord sur le fait que ce prix était élevé mais n'affirmaient pas qu'il y avait sur-prix parce que les valeurs ont été baissées de façon abrupte, de plus ou moins 20% par an, dans le monde entier. Le même moulin qui, en 2009 produisait 1,5 mégawatts (mw) par heure, aujourd'hui produit plus de 5 mégawatts. La technologie a avancé de façon importante parce que l'énergie renouvelable s'est répandue dans le monde entier comme pour le téléphone portable. Il y a un dicton sympathique dans le monde de l'énergie : « Les profits s'envolent au vent » qui paraphrase la chanson de Bob Dylan: « Les bénéfices s'envolent au vent. » 

 

Quand Macri est arrivé au pouvoir, les prix ont également baissé année après année : dans le plan Renovar I, on a payé en moyenne, 58 dollars le mégawatt et dans le plan Renovar II, le prix a baissé à 40 dollars. Un an à peine s'était écoulé entre le 1° et le 2° plan. 

 

Associés

 

Quand Mauricio Macri est arrivé au pouvoir, en décembre 2015, ISOLUX n'avait rien fait sur 3 des 4 parcs éoliens et n'en avait mis en marche qu'un, Loma Blanca IV. L'entreprise était virtuellement en faillite, accusée de corruption en Espagne et avait des dettes de toutes sortes en Argentine. Et le comble, c'était l'engagement de lui acheter les mégawatts au prix le plus haut fixé en 2009 par le programme GENREN. 

 

Dans toute l'industrie de l'énergie renouvelable, on était sûr que Macri annulerait les adjudications et referait un appel d'offres pour les parcs éoliens d'ISOLUX qui, à ce niveau, méritait non seulement qu'on lui enlève les parcs mais qu'on lui impose des punitions pour ne pas avoir concrétisé ses obligations. De plus, l'ex-président, discours après discours, annonçait que maintenant, avec lui à la Maison rose, les appels d'offres allaient être transparents, pas comme pour le plan GENREN.

 

La manœuvre essentielle consistait à ce que Macri n'enlève pas les parcs à ISOLUX mais les laisse à son groupe d'entreprises. La première chose qu'il a faite a été de confirmer le GENREN qu'il avait tant critiqué. Il l'a fait à travers une résolution, la résolution N° 202, qu'il a signée lui-même. Le prix du mégawatt a été fixé à 71 dollars, un prix très élevé comparé aux prix appliqués aux appels d'offres pour les nouveaux parcs cette année-là, 59 dollars.

 

Une fois le GENREN validé, il a été mis en marche pour que plusieurs entreprises associées au Groupe Macri achètent les parcs à ISOLUX, une manœuvre très bien décrite par la journaliste de Perfil Emilia Delfino. Le comptable habituel du Groupe, Mario Payaslian, a mis en activité des sociétés - Sideli, Sidsel, Usir et d'autres – qui en octobre 2016, ont gardé les parcs d' ISOLUX, en échange de 25 800 000 dollars. Carlos Tévez en a mis une partie, 17 000 000, et Guillermo Barros Schelloto, 800 000 dollars.

 

Selon Perfil, Payaslian a reconnu que le Groupe Macri a 12% des sociétés acheteuses mais apparaît avec la majorité de la société USIR, qu'on a toutes les raisons de suspecter d'être aussi membre du Groupe Macri. Une preuve en est qu'USIR a prêté 5 000 000 de dollars à Gianfranco Macri, sans aucune explication et apparaît dans le fonds d'une société au Luxembourg, un paradis fiscal, intitulée Rainbow Finances.

 

Encore plus grotesque est le fait qu'un mois après qu'ISOLUX ait annoncé qu'elle vendait ses 4 parcs éoliens et qu'elle quittait le pays, Gouvernement de Macri lui ait attribué 2 autres parcs, Loma Blanca VI et Miramar.

 

En résumé, le Groupe Macri est resté, sans aucun appel d'offres et en échange de 25 800 000 dollars, avec 6 parcs éoliens dans 4 desquels l'Etat payait un sur-prix très important par mégawatt, c’est pourquoi il s'agit d'un grave préjudice pour le trésor public.

 

Affaires sales

 

Mais le Groupe Macri ne veut ni vendre de l'énergie ni investir. Il ne veut que réaliser un tout de passe-passe et d'énormes bénéfices. De la même façon qu'il a pris les parcs éoliens et les a abandonnés, il les a vendus en moins d'un an. Il avait un atour en sa faveur : l'Etat le payait plus que la normale.

 

Les acheteurs ont été une entreprise chinoise, Goldwind, qui est partie avec 5 parcs, et Genneia, une entreprise dirigée par Jorge Brito de la Banque Macro, qui a eu le parc restant. Au total, dans cette vente, le groupe d'entreprises du Président a ramassé 95 000 000 de dollars et fait un bénéfice de 69 200 000 dollars.En 1 an, le Groupe Macri a gagné presque 70 000 000 pratiquement sans rien faire.

 

Affaires sales II

 

Mais, en même temps, le Groupe Macri a transféré la perte sur l'Etat. Il a transféré les 4 parcs d'origine Loma Blanca I,II,III et IV, auxquels l'Etat achetait l'énergie à 71 dollars le mw/heure au lieu des 59 de 2016 ou même des 40 dollars de l'appel d'offres de 2017.

 

Des spécialistes consultés par Página/12 ont calculé que ce sur-prix que le Gouvernement Macri a maintenu en n'annulant pas l'attribution à ISOLUX représente une dépense de 9 000 000 de dollars de plus par an pour chaque parc. Si on considère que les contrats sont valables 20 ans, la différence payée par l'Etat est astronomique : 180 000 000 pour chaque parc et 720 000 0 00 de plus pour les 4 parcs. C'est ce qui explique pourquoi le Groupe Macri a trouvé des acheteurs aussi facilement. 

 

Le scandale des parcs éoliens a provoqué une plainte des députés Rodolfo Tailhade et Martín Doñate, du Front de Tous mais le juge Marcelo Martínez de Giorgi avait un problème : le préjudice de l'Etat n'était pas évident parce qu'apparemment, il s'agissait de manœuvres entre privés : ISOLUX, les Macri et les entreprises acheteuses. Evidemment, la société mise en place au Luxembourg apparaissait et il y avait de fortes suspicions de blanchiment d'argent et d'évasion d'impôts mais pas d'escroquerie envers l'Etat.

 

L'enquête de ce journal démontre que les mauvais tours n'ont été neutres en rien : ils ont fait perdre à l'Etat des centaines de millions de dollars et un délit plus grave est sur la table : manœuvre frauduleuse au préjudice de l'Etat.

 

(Extrait de Página 12)

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.cubadebate.cu/noticias/2020/03/01/parques-eolicos-el-negocio-de-los-macri-perjudico-al-estado-argentino-en-cientos-de-millones-de-dolares/#.Xly5Ti17R_8

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/03/argentine-les-affaires-des-macri-ont-fait-perdre-a-l-etat-des-centaines-de-millions-de-dollars.html