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Bolivie : Zones rouges d'hier et d'aujourd'hui

20 Avril 2020, 16:54pm

Publié par Bolivar Infos

Par Camilo Katari

Le Gouvernement de Víctor Paz Estenssoro, dans les années 60 du siècle dernier, a cherché à minimiser le pouvoir de la jeune COB, et en particulier celui du prolétariat minier.

 

La « relocalisation » de 1985 doit être analysée dans ce contexte. 

 

Mais c'est René Barrientos qui a renforcé le répression des « communistes et des anarcho-syndicalistes. » Les centres miniers sont devenus des « zones rouges. » Aujourd'hui, plus d'un demi-siècle plus tard, un territoire du pays est à nouveau stigmatisé en tant que « zone rouge. » 

 

Le Chapare, un centre de résistance permanente aux politiques de contrôle impérialiste à travers ce qu'on appelle la « fausse guerre » contre les drogues, a remplace les centres miniers en tant que bastions de la conscience de la Patrie souveraine et digne.

 

La formation sociale du Tropique de Cochabamba est en relation avec les migrations, en particulier dans les vallées des Andes et dans de nombreux centres miniers « relocalisés. » La première fois que je suis allé dans le Chapare, j'y avais été invité par un ancien mineur qui remplissait des fonctions de dirigeant dans la localité de Ivirgarzama.

 

La conscience de classe du prolétariat minier a commencé à se compléter avec l'identité culturelle et le territoire : c'est la feuille de coca qui a réussi cette fusion en brisant les schémas théoriques des manuels et l'application mécanique des théories marxistes.

 

Cette nouvelle force idéologique renforce l'idée de « l'Instrument Politique » qui s'est constitué à une certaine époque et qui, plus tard, s'exprimera dans la convocation de l'Assemblée Constituante.

 

Nous, les Boliviens, devons beaucoup de conquêtes sociales au prolétariat minier mais la première tentative sérieuse de transformations structurelles a son origine dans cette longue résistance du Chapare aux politiques d'éradication de la feuille de coca. 

 

Le pouvoir colonial ne peut accepter de disputes d'hégémonie, c'est pourquoi Barrientos a laissé à la rue 6 000 mineurs (première relocalisation) et puni les « rouges » qui soutenaient la guérilla du Che et ordonné le massacre de San Juan.

 

C'est le comportement traditionnel de l'oligarchie coloniale : la force et le démantèlement du peuple organisé.

 

Nous ne pouvons attendre un autre comportement de ceux qui ont la nostalgie de Barrientos, de Banzer (qui a donné l'ordre de tuer les « rouges » à Cochabamba) ou de García Meza. Les réseaux sociaux sont pleins de demandes de « fermeture du Congrès, » de « mettre une balle, » de punir ces « janiwas, » une anthologie d'adjectifs fascistes et racistes exaltée par les caricatures d'un certain Abecor, une plume destinée à distiller le racisme fait image pour les délices de cerveaux colonisés.

 

Peu importe que ce soient des trolls payés, ce qui est intéresse, c'est de placer des idées racistes pour justifier les éventuelles scènes de violence.

 

Les politiques coloniales, depuis leur installation hégémonique, ont été basées sur la peur, la violence, la trahison et la mort. Pourquoi devrions-nous penser que ce sera différent aujourd'hui ?

 

A nouveau, le pays a été hypothéqué dans le dos su peuple, on offre des millions de dollars à des patrons d'hôtels au lieu de protéger correctement la vie des travailleurs du système de santé. L'accumulation de la richesse est le moteur et la raison du colonialisme et de sa prépondérance dans le système capitaliste.

 

Le monde ne changera pas naturellement, comme ils veulent nous le faire croire mais grâce à l'action d'hommes et de femmes décidés à renverser la logique de guerre que le capitalisme a développée et dans laquelle le coronavirus est une arme de plus qu'il utilise pour prolonger son existence.

 

*Camilo Katari, écrivain et historien de Potosi

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol : 

https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/04/18/bolivia-zonas-rojas-de-ayer-y-de-hoy/

URL de cette article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/04/bolivie-zones-rouges-d-hier-et-d-aujourd-hui.html