Colombie : L’intérêt d’Uribe est de perpétuer la guerre
L’ex-procureur général Eduardo Montealegre et l’ex-vice procureur général Jorge Perdomo ont affirmé mardi que l’ex-président colombien Álvaro Uribe est responsable du massacre d’ El Aro y La Granja à Ituango, dans le département d’Antioquia et lui attribuent « ces violations, à titre d’auteur, commises par omission. »
Dans une interview accordée à la revue colombienne Semana, aussi bien Montealegre que Perdomo ont déclaré que « bien qu’Álvaro Uribe ait su que ces villages couraient le risque d’être attaqués, il n’a pas pris les mesures nécessaires et efficaces pour éviter les atrocités qui ont eu lieu, » c’est pourquoi on dépose une plainte pour les délits de « crimes contre l’humanité et crimes de guerre. »
« Le grand intérêt d’Álvaro Uribe est de perpétuer la guerre. Le seul drapeau qu’il a eu dans sa vie est la sécurité. Il invente toujours des ennemis, » a déclaré Montealegre.
L’ex-procureur Montealegre a indiqué à ce sujet qu’aujourd’hui, nous rendons publique la plainte contre Uribe parce que « nous devions éclaircir la cadre théorique de l’accusation d’Uribe car nous avons senti que l’enquête du bureau du procureur allait dans la mauvaise direction car elle cherchait à établir un lien actif entre l’ex-président et les autodéfenses et nous pensons que c’est un mauvais point de vue. »
Montealegre a poursuivi dans cette voie : « On n’arrivait à rien, c’est pourquoi nous parions sur une omission parce que l’ex-président et l’ex-gouverneur étaient les garants de la protection de la population civile et que dans le cas de ces massacres de la part de paramilitaires, ils ne les ont pas évités et tous les faits leur sont imputables. »
L’ex-procureur colombien a réaffirmé que le défenseur des Droits de l’Homme Jesús María Valle avait averti Uribe du risque et d’une attaque paramilitaire imminente dans la zone d’Ituango « et lui avait demandé une protection en urgence. » Mais il n’a rien fait, c’est pourquoi sa responsabilité « découle de sa connaissance préalable du risque. »
Selon l’ex-vice procureur général Jorge Perdomo, l’ex-président Uribe avait dans son domaine de compétence la protection du peuple et « n’a pas agi, n’a pas protégé la population civile. »
Perdomo a noté que dans ce cas, « la plainte que nous apportons possède des preuves indiscutables car l’ex-président avait un devoir spécial à cause de sa position de garant, de la Constitution et des lois, il avait ce devoir et il l’a enfreint, parce qu’ils l’ont avisé à temps. »
Et il ajoute : « Cela prouve le dol car on sait que la population était en danger et Uribe avait la possibilité de l’arrêter et c’était de sa responsabilité mais pendant qu’ils massacraient, l’armée se chargeait d’empêcher la Croix Rouge d’atteindre ce territoire et même c’est l’armée qui a remis les renseignements et les coordonnées aux paramilitaires pour le massacre. »
Stratégie uribiste contre la justice
Aussi bien Montealegre que Perdomo ont affirmé qu’Álvaro Uribe Vélez, qui est actuellement en prison préventive pour fraude dans une procédure et manipulation de témoins a cherché « dès qu’il a été président à causer des dommages à la compétence des hautes cours pour briser leur indépendance. »
A ce sujet, Perdomo a déclaré : « Nous avons fini par être victimes de l’ambiance de délinquance parce que nous avons été qualifiés de comploteurs. »
« Nous avons averti de l’absence de légitimité de la justice pendant ces 20 dernières années car aujourd’hui, la même attaque survient et ils nous impliquent dans une situation de complot alors que ce sont les seuls qui doivent donner des réponses pour leur comportement illégal, » a déclaré Perdomo.
Pour sa part, L’ex-procureur général Eduardo Montealegre a averti que c’est la tactique de la défense de l’ex-président colombien car « les avocats d’Uribe ne donnent pas d’arguments, ne donnent pas de raisons, ils n’ont recours qu’à la stigmatisation et au discrédit, de vieilles tactiques de l’extrême-droite. »
Alors il prévient qu’en plus, ils assassinent ceux qui dénoncent la connivence entre le para-militarisme, la police, la force publique et « ils les assassinent parce qu’Uribe allume l’allumette, celui qui dénonce le para-militarisme, il l’assassine. »
Montealegre a aussi révélé que le père d’Uribe était lié au cartel de Medellín : « Ils ont vendu la propriété Guacharacas à une personne liée au para-militarisme. Sa famille y était très liée, il est né dans le trafic de drogues mais il a eu le cynisme de dire que la cour était liée au trafic de drogues. »
Pourquoi une plainte ?
Selon les ex-magistrats, c’est à partir de 2011 que le sénateur Iván Cepeda a présenté des preuves pour que l’enquête contre Uribe sur les massacres soit rouverte et elle a débuté 2 mois avant que Montealegre devienne procureur général. C’est pourquoi il ne s’agit pas d’un complot.
« Nous l’avons déposée (la plainte) par conviction, parce que quand nous étions procureurs, nous avons vu le pays passer sous nos yeux, le conflit, les aberrations de la guerre et nous nous sommes rendus compté de tout ce qui s’était passé et que tous les Colombiens, nous regardions ailleurs, » a déclaré Perdomo.
Et il a ajouté : « Je ne veux pas décevoir ces victimes du conflit. » Par conséquent, Perdomo a affirmé qu’actuellement, 25 ans après ces massacres, le pays continue de subir des massacres : « Ces massacres ont lieu quand le parti Centre Démocratique gouverne le pays. »
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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