Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bolivie : La majorité des 2/3 contre « l’Indien »

30 Octobre 2020, 17:35pm

Publié par Bolivar Infos

Par Juan Carlos Zambrana Marchetti

 

10 jours après l’élection d’octobre en Bolivie, les autorités élues ont reçu leurs lettres de créance. Cela implique que la volonté du peuple exprimée dans les urnes pour la formation du pouvoir politique qui gouvernera la Bolivie a déjà des noms et des prénoms. Mais il y a encore des gens qui ne savent pas se tenir et ne comprennent rien à la démocratie en tant que volonté du peuple exprimée par le vote. Ils la comprennent comme une guerre permanente, par tous les moyens, aussi aberrants qu’ils soient.

 

Il s’agit, évidemment, des mêmes que d’habitude : les « civiques » de Santa Cruz, des jeunes évangéliques et une plate-forme citoyenne. D’abord, ils ont fait une réunion destinée à rejeter l’élection, lors de laquelle ils ont crié à la « fraude » et déclaré une grève civique qui n’a été suivie ni par les  institutions ni par la population. Ensuite, ils ont fait une « veille » devant le siège de la huitième division de l’armée pour essayer de faire se soulever les forces armées comme ils l’ont fait en 2019 pour renverser  Evo Morales. Ensuite, le président du comité Pro Santa Cruz a déposé un recours constitutionnel pour empêcher l’investiture prévue le 8 novembre. Mais cela aussi a échoué, ils ont développé la première opération destinée à renverser  Luís Arce et David Choquehuanca. La première action de ce plan à moyen terme a été de protester contre le changement fait par l’Assemblée Législative dans son règlement des débats qui permet d’approuver certaines lois à la majorité simple au lieu de la majorité des 2/3 que la droite avait imposée au Gouvernement d’Evo Morales.

 

De n’importe quel point de vue, ce changement est légal puisque les 2 chambres l’ont fait en toute compétence et avec les votes requis. L’objectif de ce changement est de rendre au Gouvernement entrant la possibilité d’approuver sur les promotions des militaires et des policiers à la majorité simple. Il faut rappeler que pendant le renversement d’Evo Morales, les forces de police et l’armée ont cerné le palais législatif pour empêcher que le MAS puisse se réorganiser et former un Gouvernement. Après les massacres de Senkata et de Sacaba, le Gouvernement d’Añez a voulu que le sénat approuve les promotions des militaires pour récompenser les forces de répression. le sénat, contrôlé par le MAS a refusé et le général Orellana, en uniforme de campagne et entouré d’autres militaires, a envahi l’enceinte du sénat pour intimider le présidente  Eva Copa en tant « qu’indienne. » Mais ils n’ont pas réussi à l’intimider. La présidente du sénat n’a pas plié et en réponse, les forces armées, dans un autre acte de désobéissance, ont décidé de changer leur règlement intérieur pour être promues « de fait » sans l’approbation du sénat comme l’exige la Constitution.

 

Ce que cherche à présent l’extrême-droite de Santa Cruz, putschiste et irresponsable, c’est à condamner dès le premier jour le président Luis Arce et le vice-président David Choquehuanca à gouverner en tant « qu’indiens, » c’est-à-dire soumis à l’ordre établi par les blancs  et cernés par les mêmes hauts gradés de l’armée et de la police qui ont renversé l’autre « indien. » C’est inacceptable, irrespectueux, anticonstitutionnel et évidemment subversif. Les troupes et les officiers peu gradés ont obéi aux ordres de leurs supérieurs dans les événements sanglants de l’année dernière, c’est vrai, mais les hauts gradés doivent être remplacés comme c’est l’habitude, plus encore dans le cas particulier de la Bolivie.

 

Une autre chose qui peut à nouveau être décidée à la majorité simple, c’est la nomination des ambassadeurs, ce qui signifie qu’en fin de compte, c’est la possibilité de gouverner qui est en jeu. La sécurité intérieure du Gouvernement et aussi sa politique étrangère. Tous les présidents du monde ont cette prérogative. La majorité simple est normale pour approuver ces lois et la majorité des 2/3, en Bolivie, est née de la haine raciale irrationnelle contre Morales dès son premier jour de gouvernement, quand il ne contrôlait pas encore le sénat et que la droite a bloqué environ 800 lois. Pour créer des problèmes à « l’Indien » bien qu’il ait la majorité absolue au Congrès, ils ont imposé  la majorité extraordinaire des 2/3 et en effet, isl l’ont empêché de gouverner jusqu’à ce que le peuple lui accorde ces 2/3 et le Congrès a fonctionné ainsi jusqu’à présent. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que ce groupe parlementaire indigène avec le pouvoir extraordinaire des 2/3 est sur le point d’achever son mandat. A son successeur, il manquera 3 sièges pour pouvoir continuer à fonctionner à. la majorité des 2/3 et il a décidé, avant de s’en aller, de remettre les choses en ordre et comme elles doivent être. C’est un acte de légitime défense face au danger latent et manifeste de la subversion.  La majorité simple est ce qui est normal pour approuver ces lois. C’est l’extrême-droite qui a imposé la majorité des 2/3 pour empêcher « l’Indien » de gouverner. Les temps changent et cette humiliation nepeut plus durer.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/10/29/bolivia-los-2-3-contra-el-indio/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/10/bolivie-la-majorite-des-2/3-contre-l-indien.html