Brésil : Privatiser PETROBRAS, c’est trahir le peuple
Par Vanessa Nicolav
Pour le 67e anniversaire de Petrobras a eu lieu un acte « en défense de la souveraineté nationale et du peuple brésilien » et des services publics sur les réseaux sociaux organisé par le comité de lutte contre les privatisations et le front populaire du Brésil, le front Gens sans peur, le forum des entités nationales de services publics fédéraux (FONASEFE) et la plate-forme ouvrière et paysanne pour l’eau et l’énergie. L’ex-président Luís Inácio Lula da Silva et l’ex-présidente Dilma Rousseff ainsi que des parlementaires, des dirigeants de mouvements sociaux comme João Pedro Stedile et Guilherme Boulos et des représentants de centrales syndicales ont participé à cet événement.
L’impact de l’ordre du jour de privatisation du Gouvernement fédéral sur l’augmentation du chômage, le prix des combustibles et des aliments, la dégradation de l’environnement et des droits sociaux ont été les thèmes principaux abordés par les participants.
Cet événement s’est déroulé 2 jours après le vote du Tribunal Suprême Fédéral (STF) qui a réaffirmé que le Gouvernement pouvait vendre les raffineries de PETROBRAS sans l’approbation du Congrès.
L’un des premiers à parler, l’ex-président Luís Inácio Lula da Silva, a souligné qu’il était important de lutter pour défendre PETROBRAS, l’entreprise d’Etat la plus importante du pays, qui a vendu plus 16,2% de ses actions depuis 2018.
« PETROBRAS est un symbole de la défense de la souveraineté parce que c’est une entreprise qui est née de la responsabilité du peuple brésilien qui a eu le courage de dire que le Brésil avait du pétrole. Et elle a fini par devenir une entreprise qui a une capacité technologique et des connaissances comme aucune autre au monde, » a dit Lula.
Lula a également souligné la soumission de l’actuel président du Brésil, Jair Bolsonaro, au Gouvernement des Etats-Unis : « Quand tu as un président de la République qui lèche les bottes du Gouvernement des Etats-Unis, qui est aussi barbare que le nôtre, nous voyons que le pays est en danger. »
Il a aussi souligné que la souveraineté, c’est aussi la possibilité de construire un pays qui prenne soin de sa population : « La souveraineté, c’est défendre nos frontières mais aussi prendre soin de nos bois, de notre eau, prendre soin de l’Indien, prendre soin du Noir. Et l’Etat doit être responsable du bien-être social de 110 000 000 de Brésiliens et ne permettre à aucun pays d’interférer dans ses affaires, » a conclu Lula.
La relation entre le démantèlement des entreprises d’Etat et la souveraineté alimentaire a été discutée par le représentant du Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST), João Pedro Stedile. Selon lui, l’augmentation des prix des aliments est un exemple explicite de l’impact qu’ont les politiques de privatisation du Gouvernement sur les conditions de vie des gens.
« L’augmentation des produits alimentaires que nous vivons aujourd’hui n’est pas due au manque de production et ce n’est pas parce que les agriculteurs gagnent plus mais parce qu’il n’y a pas de contrôle de l’Etat sur eux. Le Gouvernement ne contrôle pas les actions et alors, les entreprises spéculent et mettent le prix qu’elles veulent. Et le Gouvernement du capitaine génocide le fait parce qu’il fout en l’air la faim et le prix de la nourriture parce qu’il représente les intérêts des banques et des corporations, » a déclaré Stedile.
Des entreprises publiques comme l’entreprise d’approvisionnement (CONAB) et Caixa Econômica également menacées de privatisation influent aussi sur la capacité de production de l’agriculteur. Selon Stedile, ce sont des entreprises qui « soutiennent les agriculteurs et même dans le logement populaire. »
Atnágoras Lopes, le représentant de CSP Conlutas a rappelé la situation actuelle d’une importante entreprise nationale comme Correios et la lutte des travailleurs de l’Etat contre son démantèlement .
« Nous avons fini de vivre l’héroïque grève des postes de 35 jours pendant laquelle plus de 50 droits traditionnels de cette catégorie ont été éliminés, tout cela pour répondre aux objectifs du Gouvernement privatiseur. C’est pourquoi il est important de rappeler un jour destiné à renforcer l’unité des travailleurs, à affronter et même à chasser ce Gouvernement, » a déclaré Lopes.
La directrice du Mouvement Noir Unifié, Vania Vieira, a souligné l’impact du démantèlement de l’Etat en cours, défendu en particulier par le ministre de l’Economie Paulo Guedes, sur la vie de tous les Brésiliens, en particulier sur les femmes noires et sur celles qui vivent dans la périphérie.
« En tant que femme noire qui a lutté toute sa vie pour les droits des femmes, des jeunes et de la population noire en général, nous sommes celles qui avons le plus perdu avec la vente des richesses et la perte de souveraineté du pays. c’est pourquoi nous appelons tout le monde à faire partie de cette lutte contre la vente des entreprises nationales, » a-t-elle déclaré.
En concluant cet événement, l’ex-présidente Dilma Rousseff a dénoncé les politiques néo-libérales du Gouvernement de Bolsonaro et alerté sur ses mesures désastreuses qui sont le résultat de son incompétence mais représentent aussi une méthode et une action systématique.
« Ces politiques de privatisation montrent que, soumis au libéralisme et au service des intérêts des Etats-Unis, ce Gouvernement agit délibérément pour dénationaliser notre richesse. tout cela est une trahison envers le Brésil et notre population, » a dit Rousseff.
En concluant son discours, elle a souligné l’importance d’une mobilisation permanente du pays contre le gouvernement qui soit centrée sur la défense de PETROBRAS : « Il faut affronter les défenseurs de la privatisation et lutter avec force là où nous pouvons lutter contre eux parce que face à un Gouvernement qui produit tant de dévastation, il n’y a pas d’autre voie que lutter pour le chasser du pouvoir. L’avenir du Brésil sera tellement plus désastreux et il y aura plus d’impunité si Bolsonaro continue à agir contre PETROBRAS. »
source Brasil de Fato
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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