Brésil : comprendre les élections municipales de dimanche
Par Carlos A. Moreno
Quelques 38 300 000 électeurs brésiliens retourneront aux urnes dimanche pour élire au second tour les maires de 57 grandes villes dont Sao Paulo et Río de Janeiro dans lesquelles aucun candidat n’a obtenu plus de la moitié des voix au premier tour, le 15 novembre.
La loi électorale brésilienne prévoit un second tour dans les 95 villes de plus de 200 000 électeurs dans lesquelles le vainqueur n’a pas obtenu la majorité absolue et cette année, ce second tour sera nécessaire dans 57 municipalités (60 %).
Ont été élus au premier tour les maires et les conseillers municipaux des 5 512 autres municipalités du pays à l’exception de Brasilia qui a un gouverneur et de Macapá où les élections ont été ajournées à cause d’une panne qui a duré 22 jours.
- ¼ du corps électoral pour 1% des municipalités
Au second tour sont convoqués 38 300 000 électeurs, ¼ (25,9 %) des 148 000 000 d’électeurs du pays bien qu’on ne doive élire la maire que de 57 villes, ce qui correspond à 1% des 5 569 municipalités du Brésil. Une telle disproportion se justifie par le fait que le second tour est nécessaire dans 18 des 27 capitales régionales du pays comprenant 3 des 6 collèges électoraux les plus importants du pays : Sao Paulo (8 900 000 électeurs), Río de Janeiro (4 800 000) et Fortaleza (1 800 000).
Belo Horizonte (1 900 000) et Salvador (1 800 000), les quatrième et cinquième collèges les plus important du pays ont élu leur maire au premier tour.
Brasilia (2 000 000), le troisième plus important collège du pays n’élit pas de maire étant donné que le District Fédéral a un gouverneur.
- L’attention centrée sur Sao Paulo et Río de Janeiro
Parce que ce sont les 2 villes les plus importantes du pays, l’attention est centrée sur les résultats du second tour à Sao Paulo et Río de Janeiro.
La mairie de Sao Paulo, la plus grande ville d’Aérique du Sud, sera disputée entre l’actuel maire, le centriste Bruno Covas, qui a obtenu 32,85 % des voix et le dirigeant de gauche, ancien candidat à la présidence Guilherme Boulos, second avec 20,24 % des suffrages. Les sondages sur le second tour donnent 48 % à Covas et 40 % à Boulos.
La mairie de Río de Janeiro sera disputée entre l’actuel maire, le pasteur évangélique Marcelo Crivella, arrivé second avec 21,90 %, qui est soutenu par le président Jair Bolsonaro et l’ancien maire Eduardo Paes (37,01 %), du parti Démocrate (DEM) de centre droite. Les sondages donnent la victoire à Paes, avec 53 % des voix contre 23 % à Crivella.
- 2 candidats soutenus par Bolsonaro au second tour
Le second tour sera une nouvelle opportunité pour 2 candidats soutenus par le président Jair Bolsonaro puisque, sur les 13 candidats auxquels le dirigeant d’extrême-droite a donné son soutien public, 9 ont été vaincus et seulement 2 ont été élus dans des villes peu importantes. Les sondages prévoient la défaite des 2 bolsonaristes, dimanche.
En plus de Crivella, l’autre candidat soutenu par le président qui se présentera au second tour est Wagner Sousa Gomes, de droite, qui affrontera pour la mairie de Fortaleza, le travailliste José Sarto.
- Peut-être un peu d’air pour le parti de Lula
Ce ballottage donne aussi la possibilité au Parti des Travailleurs (PT) de récupérer une partie du terrain perdu au premier tour puisque la formation dirigée par l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva a reçu un nouveau coup de bâton.
Le PT était arrivé à conquérir 630 mairies en 2012 mais ce chiffre était tombé à 254 en 2016 et à 179 au premier tour de cette année. La formation progressiste qui n’a obtenu aucune capitale ni aucune ville importante au premier tour aura des candidats dans 15 des 57 villes encore en jeu : c’est la formation qui a le plus de candidats au second tour.
Les candidats du PT disputeront le second tour dans 2 capitales régionales : Vitoria et Recife et les sondages écartent une victoire à Vitoria mais la pensent possible à Recife.
A Recife Marilia Arraes, la candidate du PT, seconde au premier tour, (27,95 %), disputera la mairie à son cousin Joao Campos (29,17 %), du Parti Socialiste Brésilien (PSB). Dans les derniers sondages, elle est créditée de 45 % des intentions de vote contre 39 % pour son cousin.
- Le centre-droite renforcera son hégémonie au second tour
Les partis de centre-droite qui rejettent l’actuelle polarisation du pays et prennent leurs distances avec les extrêmes représentés par Bolsonaro et Lula, seraient, selon les sondages, les principaux vainqueurs du second tour après avoir obtenu le plus grand nombre de pairies au premier tour.
Les partis Démocrates (DEM), Social Démocrate Brésilien (PSDB) et le Mouvement Démocratique Brésilien (MDB), qui ont déjà conquis 5 capitales au premier tour, pourraient en obtenir 7 autres dont Sao Paulo et Río, et, avec 12 des 27 capitales, se renforcer en tant qu’option de centre pour les présidentielles de 2022.
- Moins de fausses informations sur les réseaux sociaux
L’accord obtenu par le Tribunal Supérieur Electoral (TSE) avec les plates-formes des principaux réseaux sociaux pour combattre les fausses informations a permis de réduire fortement le nombre de profils qui diffusent des rumeurs et des diffamations sur les candidats, un phénomène qui avait affecté de façon importante les élections présidentielles et législatives de 2018.
Seulement Whatsapp a éliminé 1 004 profils utilisés pour diffuser massivement des messages contenant de fausses informations après que le TSE ait reçu 4 759 plaintes sur leur utilisation indue.
- Un vote obligatoire et électronique
Au Brésil, le vote est obligatoire pour les électeurs alphabétisés qui ont entre 18 et 70 ans. Il y a 20 ans, le pays a adopté un système de vote et de dépouillement électronique qui assouplit le décompte des voix. Selon le TSE, les urnes électroniques sont sûres, fiables et faciles d’utilisation et jusqu’à présent, on n’a enregistré aucune plainte pour fraude depuis qu’on a commencé à les utiliser en 1996.
- Un électorat plus scolarisé
S’agissant des villes les plus importantes du pays, l’électorat du second tour est plus scolarisé, plus informé et a plus de revenus. 29,84 % des électeurs qui voteront à nouveau ont un niveau d’études secondaire complet et dans certaines villes comme Vitoria, le pourcentage d’universitaires atteint 31 %, 54% des électeurs sont des femmes, 56,2 % des électeurs sont célibataires et 11,1% ont entre 35 et 39 ans.
- Protocole sanitaire
Les élections municipales devaient avoir lieu en septembre mais ont été reportées en novembre par crainte d’une aggravation de la pandémie de COVID-19 au Brésil, le second pays pour le nombre de morts et le troisième pour le nombre de cas de coronavirus.
Même avec cet ajournement, les électeurs doivent suivre un protocole sanitaire strict lors du vote : obligation de porter un masque et de se passer sur les mains du gel hydro alcoolique avant et après avoir voté.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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