Brésil : Elections municipales 2020, un second tour décisif pour la gauche
Aux élections atypiques de 2020, dès que le premier tour a été fini, le temps politique du pays s’est accéléré de nouveau à cause du bref intervalle jusqu’au second tour dans 55 villes. En tenant compte du fait qu’il s’agit de certaines des principales villes du Brésil, toute estimation du résultat des élections en ce moment est nécessairement incomplète et provisoire.
En conséquence, cet éditorial se propose uniquement d’indiquer certains éléments d’estimation généraux pour le premier tour en ce centrant sur la défense d’une politique pour le second tour. C’est pourquoi il faut signaler que même dans le cadre de la situation réactionnaire caractérisée par une offensive bourgeoise, il existe des éléments qui indiquent des changements par rapport aux résultats des élections de 2016 et de 2018.
Réorganisation des forces à droite
En forte opposition avec les élections de 2018, il est évident que l’avalanche bolsonariste ne s’est pas maintenue. Sur les 55 candidats à des postes de maires oud e conseillers explicitement soutenus par Bolsonaro, seuls 13 ont été élus, ce qui permet de parler d’une défaite électorale du président dont les conséquences politiques deviendront plus évidentes pendant la prochaine période. Sans aucun doute, les éléments récents concernant la situation internationale (USA, Bolivie, Chili), son point de vue génocide de la pandémie de Covid-19, sa perte de popularité croissante dans les grandes villes et l’absence d’un parti organique du bolsonarisme qui a provoqué la dispersion de ses candidats ont pesé lourd.
Une partie importante de l’espace perdu par l’extrême-droite a été occupé par les partis de droite plus traditionnels (PSDB, MDB et DEM) qui ont récupéré une partie de ce qu’ils avaient perdu en 2016 et 2018 et ont même pu renforcer leurs forces puisqu’ils sotn en compétition au second tour dans 9 capitales (São Paulo, Río de Janeiro, Porto Alegre, Teresina, Porto Velho, Cuiabá, Boa Vista, Goiânia et Maceió). Une autre partie a été occupée par des partis opportunistes (Républicains, PP, PSD, PTB et Cidadania), qui ont hissé leur drapeau sur de petites et moyennes municipalités principalement.
Mais il faut signaler que cette nouvelle composition de la droite est loin d’être définitive puisque Bolsonaro continue à avoir un important électorat qui lui est fidèle et doit redoubler d’efforts pour créer son parti néo-fasciste pur sang, l’Alliance pour le Brésil. De plus, une estimation plus précise de l’importance de ces résultats dépend d’une estimation de la mesure dans laquelle les partis qui ont avancé l’ont fait à partir d’un déplacement encore plus à droite.
Le PSOL avance
aux élections de 2016, organisées suite au coup d’Etat qui a renversé le présidente Dilma Rousseff, la gauche avait subi une amère défaite, le PT ne gagnant qu’une seule capitale, à Río Branco. Cette année, il y a un rétablissement relatif de la gauche dna sles grands centres urbains. La profondeur de ce rétablissement dépend encore des résultats du second tour dans lequel es forces de gauche sont en compétition dans 5 capitales et 13 autres grandes et moyennes villes du pays, avec une présence plus importante du PT. Grâce à cela s’arrête le développement du bloc de centre-gauche (PDT-PSB) qui se présentait comme une alternative directe au PT et dont les résultats ont considérablement baissé par rapport aux élections de 2016.
Il faut dire que le PSOL a élargi son espace à gauche car c’est l’alternative la plus connue à la prééminence du PT et dans l’ensemble de la scène politique du pays. 88 conseillers de ce parti ont été élus (50% de plus ) concentrés dans les capitales et les grandes villes. A ce groupe participent les secteurs opprimés de la classe ouvrière : presque 40% sont des femmes, presque la moitié est noire, 4 mandats sont dirigés par des femmes transsexuelles et 9 sont des mandats collectifs. Alors que seuls 8% des élus sont noirs, au PSOL, le pourcentage est de 36%. Le parti a aussi eu Érika Hilton, une femme noire transsexuelle, qui a été le parlementaire qui a obtenu le plus de voix à São Paulo, où le PSOL a aussi eu la première parlementaire intersexuelle du pays (Carolina Iara, du Caucus Féministe). 53 de ses élus l’ont été dans des capitales u des villes de plus de 200 000 habitants.
La capitale qui a élu le plus de conseillers PSOL est Río de Janeiro, avec 7. A Porto Alegre, c’est au Conseil Municipal que le parti a eu le plus d’élus avec 2 jeunes qui sont le candidat qui eu le plus de voix dans la ville (Karen Santos) et le cinquième (Matheus Gomes). A Belo Horizonte, la conseillère du PSOL qui a eu le plus de voix est une jeune travailleuse noire, Iza Lourença. A Juiz de Fora, une ville importante du Minas Gerais, le parti a pour la première fois une conseillère élue : Tallia Sobral, une institutrice publique qui, en tant que militante bisexuelle a aussi ajouté le thème LGBT au premier plan de sa campagne.
Un second tour qui peut changer la qualité du cadre électoral
Il y aura un second tour dans 55 grandes et moyennes villes. La principale bataille aura lieu à São Paulo, où Guilherme Boulos (PSOL) affronte Bruno Covas (PSDB). L’arrivée au second tour du dirigeant des sans toit, organisateur d’importantes mobilisatiosn de rue et de luttes sociales pendant ces 10 dernières années en ville et dans les champs est sans doute la grande surprise et le principal phénomène progressiste de ces élections.
La gauche sera aussi en compétition à de Belém, où Edmilson Rodrigues (PSOL) affrontera un candidat à une bourse. A Porto Alegre, Manuela D’Ávila (PCdoB) se battra en duel avec le candidat du MDB. A Recife, Marília Arraes (PT) affrontera le candidat de la RSP, João Campos. Et à Vitória, João Coser (PT) sera en compétition avec un camarade.
Tous les partis de gauche (PT, PSOL, PCdoB, PSTU, UP, PCO, PCB), les mouvements sociaux et les syndicats doivent serrer les rangs autour de Boulos, Edmilson, Manuela, Marília et Coser. Il faut aussi voter pour les candidats du PT qui seront au second tour dans 13 autres villes importantes.
C’est aussi la situation à Fortaleza où le candidat du PT (Sarto) est en compétition avec le capitaine Wagner, soutenu par Bolsonaro. Il n’y a aucun doute, la gauche doit s’unir et appeler à voter à Sarto contre le candidat d’extrême-droite. A Río de Janeiro, la situation est plus compliquée puisque l’opposant à Crivella est Eduardo Paes, de la droite néo-libérale. Mais même à Río, le vote soit être déterminé par la lutte contre les bolsonaristes. Le principal, en ce moment, est de vaincre Crivella. Dans les villes où le second tour opposera des représentants de la droite traditionnelle, ce qu’il faut, c’est demander de voter blanc.
Les socialistes savent que les élections font changer les positions de force entre les partis et les directions politiques et influent sur la dispute des consciences du peuple. Par conséquent nous ne somme spas indifférents aux élections. Mais nous savons aussi que la principale lutte aura lieu dans la rue avec l’organisation de la classe ouvrière et opprimée. La gauche doit utiliser les positions gagnées à ces élections pour créer les conditions d’un renversement de Bolsonaro dans la rue avant les élections présidentielles de 2022. Il est très important que les mouvements sociaux et les partis liés à la classe ouvrière agissent de façon décisive dans cette situation en créant les conditions pour les mobilisations de masse contre le bolsonarisme et l’offensive bourgeoise. Luttons aux élections et bien au-delà !
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
URL de cet article :