Brésil : La confession du putschiste Michel Temer
Par Eric Nepomuceno
Michel Temer, le vice-président de Dilma Rousseff qui l’a remplacée après un coup d’Etat institutionnel réalisé sans pudeur au Congrès en mai 2016, a préparé un livre de mémoires. En réalité, il s’agit d’une série d’interviews réalisées par Denis Rosenfield tout au long de sa présidence (2016-2018). Homme de droite convaincu, le journaliste est une personne de confiance pour Temer et a été choisi pour occuper le ministère de la défense. Il a fini par être réduit à être le confident du président.
Ce livre, comme c’était prévisible, fait l’éloge de son auteur. Temer fait un bilan de sa présidence en essayant d’éluder les scandales qui lui ont presque coûté son poste et vend son image d’individu modéré et sensé. Il souligne l’importance des réformes qu’il a mises en place en oubliant que la législation du travail a souffert d’amputations drastiques. Il rejette l’accusation d‘être ce qu’il a été, c’est-à-dire un putschiste.
Mais le plus important de ce livre au titre gigantesque : « Le choix : comment un président a réussi à surmonter la grave crise et à présenter un ordre du jour pour le Brésil », c’est la révélation d’une chose qui explique le retournement des forces armées et leur immersion dans le Gouvernement de Jair Bolsonaro.
Temer raconte que déjà en 2015, quand le coup d’Etat contre Dilma Rousseff a été mis en marche, il a rencontré secrètement au moins 2 hauts commandants militaires, le général Eduardo Villas Boas, le plus haut commandant de l’armée à l’époque, et le général Sergio Etchegoyen, chef de l’Etat Major et ensuite ministre dans le nouveau Gouvernement.
Villas Boas est celui qui a menacé le Tribunal Suprême Fédéral, déjà sous le Gouvernement putschiste, au cas où Lula da Silva obtiendrait un habeas corpus qui le libérerait de la prison à laquelle il avait été condamné dans un procès clairement manipulé. Etchegoyen, quant à lui, est considéré comme l’un des dirigeants de la ligne la plus dure des forces armées.
Tous 2 ont soutenu les étapes du coup d’Etat à cause de l’irrémédiable mal-être provoqué par la mise en place par Dilma, une ancienne militante sous la dictature (2964-1985), de la Commission de la Vérité.
Le Brésil est le seul pays d’Amérique Latine à n’avoir puni aucun tortionnaire grâc eà une loi d’amnistie héritée des militaires. Bien qu’il n’aient couru aucun risque d’être punis, le malaise parmi les militaires a été immense lorsque les actes de barbarie ont fait l’objet de plaintes et ont été révélés publiquement et isl ont pensé que c’était le moment d’en finir avec la gauche au pouvoir.
Tous, actuellement, soutiennent Bolsonaro, un héraut de la défense de la dictature qui a prononcé cette phrase historique : Le régime qui a existé entre 1964 et 1985 a commis des erreurs comme la torture. Le plus logique aurait été, au lieu de les torturer, d’en tuer environ 30 000. »
source : Página 12
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
source en espagnol :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/11/04/brasil-la-confesion-del-golpista-michel-temer/
URL de cet article :
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