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Venezuela : La droite dévoile son plan à la veille des élections

30 Novembre 2020, 18:01pm

Publié par Bolivar Infos

Coup d’œil sur la semaine du 23 au 28 novembre 2020

 

Par Jesús A. Rondón

Nous sommes à moins d’une semaine du moment clef du 26ème processus électoral de ces 20 dernières années. Tout le système est installé et il ne reste plus qu’à attendre que se constituent les bureaux de vote destinés à recevoir les électeurs qui déciderons de la composition du Parlement pour le quinquennat  2021-2026. A la veille de ces élections, la droite vénézuélienne qui a décidé de ne pas y participer abat ses cartes et s’engage sur une voie destinée à provoquer un nouveau bras de fer politique avec le chavisme. Nous allons décrire ces tentatives et exposer les derniers détails  concernant ces élections, puis nous ferons le point sur l’évolution de la pandémie.

 

Un nouveau bras de fer politique ?

 

Ce qui représente le mieux la droite vénézuélienne, c’est l’image de l’archipel car son es divisions sont nombreuses. Il y a des différends insurmontables du point de vue du programme, de la stratégie et de la tactique.  Et ces élections législatives le prouvent, qui ont pu avoir lieu grâce à un processus de dialogue entre le chavisme et un secteur de l’opposition qui a compris que la voie des élections était la seule qui pouvait permettre d’avancer politiquement et qui l’assume. Les parties de l’opposition  qui ne participent pas aux élections continuent à demander un processus qui leur garantisse la victoire d’avance et continuent à réclamer un renforcement des mesures coercitives unilatérales pour affaiblir les bases sur lesquelles s’appuie le chavisme.

 

Les secteurs d’opposition au chavisme qui ne participent pas aux élections législatives se trouvent dans les partis d’extrême-droite Volonté Populaire et Primero Justicia  ainsi que dans les partis socio-démocrates Action Démocratique et Un Temps Nouveau qui forment ce qu’on appelle le G4. Ils s’expriment grâce à la personnalité de Juan Guaidó. Ces secteurs avaient fait profil bas pendant des semaines bien qu’ils aient annoncé l’organisation d’une consultation de la population et qu’ils observeraient une élection qu’ils ne reconnaissent pas.

 

La consultation organisée par le secteur qui reconnaît l’autorité de Guaidó concerne 3 questions : la première sur le départ de Nicolás Maduro et l’organisation de ce qu’ils appellent des « élections libres », ensuite, ils demandent : « Rejetez-vous l’événement du 6 décembre organisé par le régime de Nicolás Maduro et demandez-vous à la communauté internationale de ne pas le reconnaître ? » et enfin, ils interrogent la population pour savoir si elle « ordonne de faire les démarches nécessaires devant la communauté internationale pour activer la coopération, l’accompagnement et l’assistance qui permettraient de sauver notre démocratie, de s’occuper de la crise humanitaire et de protéger le peuple des crimes contre l’humanité. »

 

Au début, s’était constituée une commission qui devait organiser la consultation et 2 questions étaient prévues. L’une d’elles était : « Soutenez-vous tous les mécanismes de pression dans le pays et à l’étranger pour que soient organisées des élections présidentielles et législatives libres, qu’il soit mis fin à l’usurpation et que le peuple soit protégé de la crise humanitaire et des crimes contre l’humanité ? » Mais, comme on peut le voir, il s’agit clairement d’une allusion au soutien des mesures coercitives unilatérales contre les Vénézuéliens et cette question a été reformulée.

 

A partir des déclarations des secteurs de l’opposition qui organisent cette consultation, on estime que cela fait partie d’un jeu destiné à porter atteinte aux résultats des élections législatives. De sorte qu’il est très important pour eux qu’il y ait  plus de personnes qui participent à cette consultation  que de personnes qui iront voter. C’est pourquoi cette initiative débutera le jour même des élections et s’achèvera une semaine plus tard. La première partie de cette consultation se fera en ligne et le dernier jour physiquement. S’ils atteignent leur but, ils auront un nouvel argument sur lequel appuyer plusieurs de leurs affirmations parmi lesquelles que le chavisme est en crise et ne mobilise plus. Mais le message essentiel, à mon avis,  s’adresse à leurs patrons  auxquels ils veulent dire qu’ils n’ont pas tellement échoué.

 

Cette initiative cherche à instaurer un nouveau bras de fer politique mais avec certaines tares. L’une d’elle est qu’ils cherchent à comparer une consultation sorti de l’ombre dont eux seuls savent comment elle est organisée et des élections qui comprennent de nombreuses phases de contrôle et auxquelles participent des acteurs importants de la vie politique vénézuélienne.

 

Cette initiative est destinée à capitaliser au moins 2 situations : la première, mobiliser les Vénézuéliens à l’étranger par internet et convoquer la base de l’opposition dure dans le pays pendant la phase physique. En outre, elle ne manquera pas d’exploiter la disposition des entreprises de communication mondiales auxquelles ils apporteront des contenus pour leur schéma de discrédit du Venezuela et ils pourront compter sur les Gouvernements du Groupe de Lima, très occupé, sur ceux qui font partie de l’Union Européenne et évidemment sur le sempiternel Gouvernement étasunien qui les patronne, au milieu d’une transition présidentielle, ainsi que sur l’Organisation des Etats Américains.

 

Ce nouvel élément ajoute une pression sur les organisations politiques qui participent aux élections, en particulier sur le chavisme, car il exige non seulement qu’il mobilise sa base dure mais qu’il fasse un effort pour aider ceux qui ne se sont pas encore décidés en plus de ceux qui ont décidé de ne pas se rendre aux urnes. En tout cas, l’ennemi commun pour les organisations politiques qui participent aux élections, c’est l’abstention. Comme nous l’avions dit dans un autre article, ce ne sera pas les 25 % de 2010, où l’opposition en bloc avait décidé de ne pas participer aux élections mais ce ne sera pas non plus les 75 % de 2015, l’année où le chavisme a perdu le contrôle de l’Assemblée Nationale.

 

Dans ce cadre, ceux qui ont le plus de capacité de mobilisation pour conjurer ce nouveau jeu de la droite, c’est le Grand Pôle Patriotique, avec le Parti Socialiste Uni du Venezuela à sa tête qui est une organisation nationale et a les ressources de ceux qui ont des responsabilités dans l’Etat. Dans le mêm secteur chaviste, l’alternative Populaire Révolutionnaire fait des efforts pour inviter à voter ceux qui critiquent la politique du Gouvernement. Les opposants au chavisme qui participent aux élections et sont organisés dans les partis politiques ont redoublé d’activité dans cette phase finale de la campagne qui s’achève le 3 décembre mais ils n’ont pas la vie facile car le secteur qui ne participe asa aux élections est celui qui a le système de communication en sa faveur.

 

Quelques notes sur cette étape du processus d’élections

 

Jeudi 26 s’est achevée la période pendant laquelle on pouvait remplacer des candidats et le 28 s’est achevé le processus destiné à ce que les organisations politiques demandent l’accréditation de leurs témoins dans les bureaux de vote.

 

Les contrôles prévus au calendrier électoral se poursuivent. Cette semaine, ce sont les infrastructures technologiques qui ont été contrôlées. Comme nous l’avons déjà dit plusieurs fois, les organisations participantes ont désigné leurs représentants et à ce jour, aucune anomalie n’a été détectée.

 

La Force Armée Nationale Bolivarienne est chargée de surveiller les installations et sont déjà à la disposition du Conseil National Electoral pour ce faire.

 

Enfin, les Assemblées Electorales Régionales disposent déjà du matériel et dans le courant de la semaine, il arrivera aux bureaux de vote dans chaque communauté du pays.

 

Le début de décembre sans quarantaine

 

Cette semaine s’achève le schéma 7 par 7  qui fixait la quarantaine une semaine sur 2. Le président Maduro a fait savoir que début janvier, les quarantaines reprendront. Pour l’instant, 53 activités économiques sont autorisées à opérer mais en respectant les mesures de biosécurité et les restrictions sur le nombre de personnes. On reprend, en particulier, les déplacements par voie terrestre et aérienne dans le pays mais les vols internationaux restent limités à quelques destinations.

 

Cette semaine, plus de 100 000 diagnostics ont été faits et au 29 novembre, on en a comptabilisé 102 040, dont 4 216 sont des cas actifs, il y a eu 894 morts et, pendant les dernières semaines, la moyenne des cas diagnostiqués s’est située en-dessous  de 400.

 

Brèves:

 

La vice-présidente du Venezuela a fait savoir qu’il y aurait des commissions supplémentaires sur  les opérations en dollars réalisées dans le système bancaire vénézuélien et que les limites appliquées aux opérations en bolivars ont augmenté ou ont été supprimées pour, selon elle, permettre l’utilisation dus bolivars dans les transactions commerciales.

 

 Concernant le problème des migrations, le gouvernement vénézuélien et celui de Trinidad et Tobago ont pris contact suite à un incident avec des Vénézuéliens qui ont été déportés après avoir voulu pénétrer sur l’île sans les papiers nécessaires. Le chancelier Arreaza a aussi rencontré des représentants de l’OIM et de l’ACNUR au Venezuela pour demander du soutien pour les opérations de rapatriement des migrants vénézuéliens menées à bien grâce au programme Retour dans la Patrie.

 

Si vous souhaitez commenter ce texte, demander qu’on approfondisse un sujet ou poser tout autre question en rapport avec ce texte, vous pouvez écrire à l’auteur : jesusalbertorondon@gmail.com

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

Source en espagnol :

Jesús A. Rondón

URL de cet article:

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/11/venezuela-la-droite-devoile-son-plan-a-la-veille-des-elections.html