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Bolivie : La “Force 10” de Sanandita a ouvert le feu à Senkata

29 Décembre 2020, 18:37pm

Publié par Bolivar Infos

Par Wilson García Mérida

 

Le massacre a été organisé par un ancien fonctionnaire de l'ambassade nord-américaine.

 

Erick Foronda, le secrétaire privé de la présidente de fait Jeanine Añez a dirigé un « cabinet de guerre » avec le ministre de l'Intérieur Arturo Murillo, le ministre de la Défense Fernando López Julio et la ministre de la communication Roxana Lizárraga pour décider de déplacer les forces spéciales de satineurs de l'Ecole des Condors de Sanandita, de la municipalité de Yacuiba à la ville d'El Alto où s'est produit la massacre de Senkata le 19 novembre de l'année dernière.

 

Un mois après le massacre, le 14 décembre 2019, lors d’une cérémonie de promotion des élèves diplômés de l'Ecole des Condors, le ministre López Julio a déclaré les troupes satineuses « héros » de Senkata et a fait l'éloge de l'efficacité de la “Force 10”, une unité d'élite qui aurait été chargée d'exécuter le massacre « anti-subversion. »

 

« Devant vous se trouve la “Force 10” que j'appelle « les héros de Senkata » qui ont pour mission d'organiser, de planifier, d'entraîner et d'exécuter des opérations d'action directe et des opérations spéciales pour maintenir l'ordre, » a dit López dans son discours.

 

A cette cérémonie révélatrice organisée par le ministre López dans la localité de Sanandita étaient présents, en plus de la présidente de fait Jeanine Añez, le minsitre de la Présidence Yerko Núñez et la ministre de la communication Roxana Lizárraga.

 

Massacre le lendemain de l'entrée en fonction du Haut Commandement

 

Selon une source militaire hautement fiable liée à Sol de Pando, c'est à partir de ce « cabinet de guerre » coordonné par Foronda qu'a été organisée l'opération armée contre les mouvements sociaux mécontents conformément à la ligne fasciste du régime, en remplaçant le haut commandement militaire la veille de la tuerie « par des généraux choisis par le père de Luis Fernando Camacho et par Fernando López Julio. »

 

« Le général Sergio Orellana Centellas a été nommé commandant en chef pour remplacer le général Kalimann après une réunion qu'ils ont eue dans le bureau de Fernando López avec Luis Fernando Camacho et son père, monsieur José Luis Camacho. A cette réunion, il y avait aussi le général Inchausti qui a été nommé commandant général de l'Armée, » soutient l'informateur.

 

Le haut commandement militaire fidèle à Jeanine Añez est entré en fonctions le 14 novembre 2019 et le lendemain, le 15 novembre, se produisit lepremier massacre du régime « de transition » dans la localité de Huayllani, municipalité de Sacaba, à Cochabamba. Le massacre de Senkata, à El Alto de La Paz, se produisit 5 jours plus tard, le 19 novembre.

 

« Ce qui a attiré notre attention, se souvient la source, c'est qu'à toutes les réunions organisées par le « cabinet de guerre, » même la réunion avec le père de Luis Fernando Camacho, monsieur Erick Foronda était présent en tant que représentant de la présidente Jeanine Añez. Quand les ministres Murillo et López intervenaient, ils le regardaient toujours, comme s'ils attendaient son approbation... »

 

Une main noire de la CIA au Palais Quemado

 

Foronda, ex conseiller en relations publiques de l'ambassade nord-américaine à La Paz, est l'agent de la CIA que le Gouvernement de Donald Trump a introduit dans le Gouvernement de transition après la démission et l'exil volontaire d' Evo Morales et de son groupe de députés pour étouffer la résistance du peuple qui s'opposait à la montée de l'extrême-droite issue de la vacance du pouvoir laissée par Morales.

 

En tant que secrétaire privé de la présidente Añez, Foronda se chargeait de « canaliser » les décisions prises par le Gouvernement bolivien vers le point de vue nord-américain.C'est lui qui a transmis, par l’intermédiaire de son compte Twitter, le 13 novembre 2019, les « félicitations » du Département d'Etat au régime entrant.

 

Curieusement, pendant les événements de Huayllani et de Senkata survenus le 15 et le 19 novembre, l'agent nord-américain a suspendu les activités de son réseau social et gardé le silence pendant une semaine, le laps de temps qu'a duré le conflit sanglant dans le pays.

 

Son dernier tweet, la veille du massacre de Huayllani était dirigé contre l'ex-ministre du Gouvernement Sacha Llorenti qui, à ce moment-là, était encore ambassadeur à l'ONU. « Tu n'as pas eu le courage de démissionner, alors, tu seras renvoyé... Et tu devras quitter les Etats-Unis en moins de 72 heures, » disait l'insolent agent de la CIA le 14 novembre.

 

Pendant les jours pendant lesquels se sont produits les massacres, Foronda a disparu des réseaux sociaux. Il est réapparu le 21 novembre, alors que le pays avait déjà été « pacifié » de cette façon tellement sanglante et il a proclamé : « Dieu a pris le contrôle. Allons, Bolivie. ».

 

Et comme si ça ne suffisait pas, le comportement de Fernando López Julio, le ministre de la Défense, un officier formé sous la narco-dictature de García Meza qui a fondé l'école des Condors en 1981 qui a été instructeur à Sanandita, est identique à celui de Foronda. Pendant les jours pendant lesquels les massacres se sont déroulés, il n'a eu aucune activité sur les réseaux sociaux et il a réactivé son compte Tweeter le 21 novembre avec un message clairement destiné à légitimer les massacres. 

 

Les experts de la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) qui se trouvent en Bolivie depuis 1 mois ont le devoir de convoquer Erick Foronda pour qu'il explique ses activités en tant que secrétaire privé de Jeanine Añez le 15 et le 19 novembre ainsi que les ministres Fernando López, Arturo Murillo et Roxana Lizárraga, oà propos des mouvements de militaires ordonnés par le Gouvernement.

 

En attendant la version du colonel Boyán Aguilera 

 

le commandant de l'Ecole des Condors Boliviens (Esconbol est le nom officiel de ce centre d'instruction en satinage militaire) le lieutenant colonel Fernando Boyán Aguilera, appartient à un groupe d'officiers fidèles à l'ex-ministre de la Présidence Juan Ramón Quintana, qui a conservé des relations privilégiées avec cette force spéciale sous le régime d'Evo Morales. Souvenons-nous que Quintana, comme López à Senkata, a utilisé les satineurs pendant le massacre de Porvenir, à Pando, en septembre 2008).

 

Le colonel Boyán devait avoir subi une forte pression pour amener ses troupes du Gran Chaco à El Alto. Aucune enquête fiable à ce sujet en peut préjuger de son témoignage.

 

Il existe dans les archives du ministère de la Défense et du haut commandement militaire une série de communications officielles, de memorandum et de circulaires qui doivent être décryptés pour établir clairement les flux et les routes de ces troupes, quand et par quel moyen elles se sont déplacées de Sanandita à l'altiplano paceño où elles ont été hébergées, quand, etc...

 

De même, selon notre hypothèse de travail, il ya des différences substantielles entre les massacres commis à Huayllani et à Senkata. Les événements de Sacaba se sont produits alors que le haut commandement militaire récemment nommé n'avait pas encore pris le contrôle de la situation. Sol de Pando soutient qu'à Huayllani, ce ne sont pas les satineurs de Sanandita qui ont agi mais des paramilitaires de ce qu'on appelle la « résistance Kochala » directement sous les ordres du ministre de l'Intérieur Arturo Murillo. Dans le cas d'Huayllani, par conséquent, une interprétation rigoureuse des expertises balistiques en charge du Ministère Public est vitale.

 

L'enquête commence.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/12/28/bolivia-la-fuerza-10-de-sanandita-abrio-fuego-en-senkata/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/12/bolivie-la-force-10-de-sanandita-a-ouvert-le-feu-a-senkata.html