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Amérique Latine : L'uribismo contra Cuba, Venezuela et la Russie

24 Janvier 2021, 17:41pm

Publié par Bolivar Infos

Par María Fernanda Barreto

 

L'oligarchie la plus violente du continent a besoin d'un puissant ennemi pour imposer la peur. Après la signature des accords de paix avec les FARC-EP en 2016, le gouvernement colombien, enivré par sa victoire, a commencé à parler d'une après-guerre et a intégré l'OTAN en 2018. Il pensait, après cette signature, réussir à en finir avec toute forme de résistance populaire sans avoir besoin de réparer les injustices qui sont la racine du conflit social armé. Ce triomphe ferait de la soi-disant «  après-guerre » le meilleur moment pour la spoliation qui s'était vue limitée par la guerre et conduirait les forces militaires à devenir des agents de la guerre impérialiste dans le monde.

 

Comme toujours, l'histoire surprend par sa complexité et rien n'a été aussi simple qu'ils ne l'avaient pensé. Premièrement parce que l'annonce de la fin du principal « ennemi intérieur » rendait plus difficile de justifier le terrorisme d'Etat sans lequel ils ne savent pas gouverner. Deuxièmement parce que le peuple, ses dirigeants sociaux ne se sont pas rendus malgré le génocide et l'acharnement avec lequel on les a exécutés.

 

Ils ont décidé alors de revenir à d'autres pratiques terroristes comme les massacres qu'ils ont exécutés même en plain cœur de Bogotá. Ils jugent indifféremment ceux qui protestent, mettent économiquement le peuple travailleur aux abois, laissent courir librement la pandémie, renforcent le monopole des entreprises de communication pour montrer un pays qui n'existe pas mais même ainsi, les luttes du peuple colombien frappées et endolories par l'épanchement de sang, continuent courageusement.

 

Et pour comble, comme Trump aux Etats-Unis, Uribe a renforcé la polarisation de la droite colombienne qui se trouve à présent franchement divisée entre uribistes et non uribistes et ce différend a atteint même l'armée et, évidemment, les bases du parti.

 

Le drame de ne pas avoir une politique étrangère souveraine

 

Pour se rapprocher si peu que ce soit de la réalité, on a changé le terme «  après-guerre » en « post-accord » mais le défi était toujours de continuer à justifier la violence intérieure, l’utilisation de plus en plus publique de la Colombie comme base militaire étasunienne, comme tête de pont destinée à agresser politiquement, économiquement et même militairement le Venezuela, comme agent de réactivation de la Doctrine Monroe dans la région et comme armée transnationale.

 

La réponse se trouve dans les titres de la presse corporative colombienne, selon lesquels la Colombie affronte rien moins que la Russie, Cuba et le Venezuela qui, selon eux, conspirent pour intervenir dans ses affaires intérieures, la déstabiliser et placer à la présidence un acdre utile à leurs intér^pets aux élections del 2022. Ce montage spectaculaire avec de soi-disant documents émanant des services de renseignement qui ne sautent jamais aux yeux, serait risible s'il ne pouvait avoir de terribles conséquences.

 

Au début, la soumission de la politique étrangère colombienne aux desseins étasuniens l'a non seulement conduite à rompre les relations avec des pays de la région et des pays alliés mais l'implique dans un conflit entre puissances. A la différence de ses homologues alliés Piñera et Bolsonaro, Duque a engagé des conflits diplomatiques avec lepuissant Gouvernement de Vladimir Poutine, accusant des fonctionnaires de l'ambassade de Russie d'espionnage et les expulsant du pays.

 

A l'utilisation du phantasme éculé du «castro chavisme» s'ajouté à présent le fait d'accuser Cuba d'avoir violé les protocoles qu'elle a signés avec le même Etat colombien pour accueillir la table de dialogue avec l'ELN, ce qui signifie que le Gouvernement de Duque apporte de l'eau au moulin des Etats-Unis pour aggraver le blocus criminel de l'île et le complot dont l'accuse le Venezuela. En rendant le Gouvernement bolivarien responsable de toutes les protestations populaires qui ont eu lieu dans la région pendant ces 2 dernières années, il a conduit les pouvoirs du Gouvernement bolivarien à prendre des dimensions fantastiques.

 

Le Gouvernement uribiste est en train de faire du pays l'éperon des Etats-Unis contre le monde malgré ce que cela a déjà coûté et peut encore lui coûter au peuple colombien qu'il cherche à condamner éternellement à la guerre à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières.

 

Les élections présidentielles de 2022

 

Depuis qu'Álvaro Uribe Vélez est devenu président de la République de Colombie, en août 2002, lui-même et ses candidats n'ont plus quitté le Palais de Nariño. Il a réussi tout d'abord à rendre légal le fait qu’il puisse être immédiatement réélu avec ses méthodes habituelles, l'achat de voix grâce auquel il a réussi ensuite à se faire réélire en 2006. En 2010, il a nommé son ministre de la défense, Juan Manuel Santos, comme son successeur. Celui-ci a été élu pour 2 mandats consécutifs au milieu desquels il y a eu une importante rupture entre eux et les intérêts économiques qu'ils incarnent, différents mais pas contradictoires. 

 

Cela lui ayant servi de leçon, pour la période suivante, 2018-2022, Uribe choisit quelqu'un qui avait moins de capacités pour le défier que Santos, et porta sur ses épaules même la présidence d'Iván Duque, pratiquement un inconnu jusqu'alors et dont le principal talent avait été de se soumettre à l'ex-président colombien jusqu'à devenir la personnalité la plus falote à avoir occupé la présidence. En 2 mots : pendant les 20 dernières années, Uribe n'a pas seulement occupé ou désigné celui qui occuperait le Palais de Nariño grâce à des pressions et à des illégalités mais ses politiques sont devenues une doctrine pour un secteur de la droite particulièrement proche du trafic de drogues et du para-militarisme. Mais ce serait une grave erreur de nier qu'il a eu aussi de grands moments de popularité.

 

Après la victoire de l'uribisme aux élections présidentielles de 2018, nous avons dit qu'une étape d'uribisme sans Uribe débutait et nous avons prévenu que s'il ne savait pas rester à leurs côtés, les Etats-Unis finiraient par le rejeter comme il l'a déjà fait avec Noriega, par exemple. Mais l'égo du président qui se croit éternel l'en a empêché et l'uribisme se trouve à son pire moment, il a perdu sa popularité et sa légitimité est grandement remise en cause aux Etats-Unis, surtout parce que ses liens avec le trafic de drogues et ses violations des droits de l'homme sont de plus en plus difficiles à cacher sous le tapis malgré les lobbys que sa famille a payés très cher dans les sphères politiques du nord. Le parti du Gouvernement, le Centre Démocratique, serre les rangs et avec Donald Trump, l'a mis dans la pire position envers le nouveau président et même si cela ne brise pas les consensus essentiels qu'ils ont sur la Colombie, cela pourrait pousser la Maison Blanche à soutenir celui qui ne se présentera pas pour le parti uribiste.

 

La Colombie est un pas dans lequel les pouvoirs de fait comme le trafic de drogues ne laissent au Pouvoir Exécutif qu'une petite parcelle de pouvoir réel mais convoitée. S'il n'y a pas un changement radical, ce qui estprévisible pour les élections présidentielles à venir, c'est que finalement, l'uribisme perdra mais fera de nouveau en sorte que l'establishment reste sain et sauf.

 

Cela a été palpable le 27 octobre 2019 quand les postes de gouverneurs, les mairies, les assemblées départementales, les conseils municipaux et les assemblées administratives locales ont été en jeu et le grand vaincu fut le Centre Démocratique mais les coalitions qui ont gagné ont été pour la plupart des alliances dirigées par le parti de l'ex-président Santos, un parti de la U, Changement Radical, le Parti Conservateur et Libéral, c'est à dire, ceux de toujours.

 

Ils ont tellement peur de permettre au peuple de se rapprocher su peu que ce soit du pouvoir que même un centriste comme Gustavo Petro leur fait peur, ils fourbissent contre lui toutes leurs armes et ils ont même commencé à assassiner les dirigeants territoriaux de son organisation politique.

 

Le lobby colombien aux Etats-Unis se centrera certainement à présent sur le fait de procurer le soutien du Gouvernement actuel à une coalition du centre, du centre-droite et de droite non uribiste qu'il puisse placer au pouvoir, par exemple, quelqu'un de proche de l'ex-président Santos comme le Sénateur Roy Barreras. 

 

Mais l'uribisme est toujours à alprésidence et concentre, en putre, tous les pouvoirs de l'Etat dans des institutions dirigées par ses acolytes. D'où le fait que le Gouvernement ait décidé de rivaliser avec Trump en commençant à justifier, plus de 2 ans avant, la défaite à présent évidente qu'il subira aux présidentielles de 2022 avec des titres de presse sensationnalistes qui accusent Cuba et le Venezuela d’interférer dans ce processus avec des arguments sans fondement et des récits fabuleux dans lesquels on mentionne même le PSUV et le Front Francisco de Miranda comme agents.

 

Par cette nouvelle opération de guerre médiatique et psychologique, non seulement ils continuent à essayer de justifier leur rôle dans la défense des intérêts impérialistes dans la région et dans le monde entier mais en outre, ils sous-estiment et de nouveau criminalisent le peuple colombien et son ferme désir de construire la véritable Paix. 

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/01/23/pensamiento-critico-el-uribismo-contra-cuba-venezuela-y-rusia/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/01/amerique-latine-l-uribismo-contra-cuba-venezuela-et-la-russie.html