Cuba : Premiers bilans de la réorganisation
Faisant le point, à Cienfuegos, sur le cycle de réunions amorcé le 18 janvier dernier entre les dirigeants du pays et les principaux cadres des provinces, le président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez, a souligné que ces entretiens ont permis d'aborder des questions d'une grande complexité et de procéder à une analyse approfondie du contexte national
Auteur: Julio Martínez Molina | internet@granma.cu5 février 2021 11:02:57
Un peu plus d'un mois de l’entrée en vigueur de la Tâche de réorganisation, plus de 50 % des pesos convertibles (CUC) en circulation ont été collectés. Photo: Studios Revolution
CIENFUEGOS.— Faisant le point, à Cienfuegos, sur le cycle de réunions amorcé le 18 janvier dernier, entre les dirigeants du pays et les principaux cadres des provinces, le président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez, a souligné que ces entretiens ont permis d'aborder des questions d'une grande complexité et de procéder à une analyse approfondie du contexte national.
En outre, a-t-il signalé, ces rencontres ont servi à « corroborer une série d’observations que nous jugeons importantes sur divers aspects et à en approfondir d'autres. Tout cela a donné lieu à une proposition d'ajustements, de rectifications et de propositions de nouvelles questions que nous devons aborder avec une autre approche dans les semaines à venir ; et de construire un consensus entre toutes les structures de travail du Parti, du gouvernement, des organisations de masse et du système productif, afin de définir le rôle qui correspond à chacun, et pour travailler plus efficacement, avec plus de cohérence sur toutes ces questions ».
Le président a estimé que dans la Tâche de la réorganisation « nous avons été confrontés à plusieurs types de problèmes : l'un concerne la préparation insuffisante de certains cadres - en particulier dans le secteur des entreprises -, ce qui a entraîné une mauvaise interprétation des règles et, par conséquent, une application incorrecte de certaines directives ».
Et d’ajouter qu' « un deuxième groupe de difficultés a trait au fait d’associer certains vieux problèmes à la Tâche de la réorganisation. Ceux-ci ont une autre solution, un autre traitement, et ce n'est pas précisément dans le cadre de la réorganisation qu'ils peuvent être résolus ».
Un troisième groupe de problèmes est lié aux « arguments très discutables et peu convaincants que certains services administratifs ont fourni à leurs travailleurs, sans une explication adéquate, ce qui a généré des insatisfactions, de l'incertitude et des malentendus. Dans la mesure où des explications et des informations ont été fournies, le problème a été résolu. »
Il y a également eu des revendications qui vont à l'encontre de l'essence de la réorganisation, ce qui est inacceptable, car ce qui nuit au pays ne peut pas être considéré comme une option, a-t-il précisé.
Cette tâche vise à dynamiser la nation, à organiser l'économie, à la rendre plus transparente, à surmonter la mentalité d'importation et à promouvoir la mentalité d'exportation, à rechercher l'efficacité, à mieux distribuer, conformément au principe socialiste : celui qui contribue le plus et travaille le plus, celui qui le fait le plus efficacement, gagne davantage. Elle préserve le principe de justice sociale de la Révolution, mais sans égalitarisme. Nous ne subventionnons pas des produits pour tout le monde ; nous subventionnons et accordons un traitement différencié aux personnes vulnérables. Et, bien sûr, la première chose à garantir est que chaque Cubain et chaque Cubaine puissent avoir un emploi et, grâce à leur contribution, percevoir un salaire qui leur permette de vivre dans des conditions décentes, a souligné le président.
Au terme du cycle de réunions nationales, le président a signalé : « à présent, nous devons évaluer le mois de février, un mois au cours duquel il faudra assurer un suivi efficace et rigoureux afin d'améliorer cette démarche, car ce sera le premier mois où les gens recevront leur salaire entier, parce que le règlement des vacances n’y figure pas, et les ajustements ont déjà été faits, les prix seront plus ou moins fixés, et tout le monde fait ses calculs. Et, bien sûr, le système des entreprises a beaucoup à faire, à repenser et à reconstruire, surtout en termes d'efficacité, ce qui a été, à notre avis, l'approche qui a fait défaut en tant que généralité dans le système des entreprises. Les gens parlent séparément des prix, des coûts et des salaires, mais ils voient mal la relation entre ces éléments sur la base d'une analyse économique rigoureuse basée sur l'efficacité ».
Grâce à la volonté que nous avons constatée, à la manière dont, après les premiers impacts de la démarche, les institutions ont réagi, le processus s'est clarifié, et je suis convaincu que la réorganisation était nécessaire et que nous ne pouvions pas attendre plus longtemps pour l'appliquer. Le fait qu'il existe déjà un autre type de discussion autour des problèmes de l'économie, que nous voyons les choses différemment, qu'il y a des gens qui cherchent du travail, que des institutions tentent de remodeler leurs processus, est un aspect très positif appelé à multiplier les résultats à l'avenir, a-t-il indiqué.
Diaz-Canel a salué le fait qu'un peu plus d'un mois après l’entrée en vigueur de la Tâche de réorganisation, plus de 50 % des pesos convertibles (CUC) en circulation ont été collectés.
Lors de la réunion -conduite par le Premier ministre Manuel Marrero Cruz-, le membre du Bureau politique du Parti et responsable de la Commission de mise en œuvre des Orientations, Marino Murillo Jorge, a souligné que le premier mois de la réorganisation a permis de tirer les leçons des erreurs, tout en générant des impacts positifs visibles dans l'économie.
Le vice-Premier ministre et ministre de l'Économie et de la Planification, Alejandro Gil Fernandez, a signalé quant à lui que « maintenant que le train a démarré, nous devons encourager l'emploi dans le secteur productif, et aussi veiller à la productivité. Nous devons augmenter l'emploi afin de générer une plus grande offre de biens et de services, et pour donner aux Cubains la possibilité de vivre dignement, sur la base de leur salaire ».
Gil Fernandez a confirmé que, durant le mois de janvier, plus de 40 000 personnes ont trouvé un emploi dans l'économie cubaine.
Selon le rapport présenté par le gouverneur de Cienfuegos, Alexandre Corona Quintero, 2 812 personnes ont cherché un emploi dans la province, et 1.450 l'ont accepté.
Concernant la COVID-19-19 (un autre des points abordés lors des 16 réunions tenues dans le cadres des visites gouvernementales dans l’ensemble du pays), le président de la République de Cuba a déclaré : « Nous savons ce que nous avons à faire. Avec les ajustements apportés à l'entrée des visiteurs étrangers, et tout ce que nous avons examiné, je pense que nous pouvons surmonter cette situation dans un délai relativement court. »
Il a précisé qu'il est important de tenir compte du fait que la baisse de la perception du risque et l’excès de confiance tant au niveau institutionnel qu'au niveau de la population sont venus compliquer la situation, de même que la réouverture du pays aux visiteurs étrangers, a déclaré le chef de l'État à Cienfuegos, l’une des provinces où l'incidence est la plus faible au niveau national.
À propos de la production alimentaire, Diaz-Canel a mis l'accent sur l'application des sciences, de la recherche d'innovation, d’incitations pour le développement des production locales, de l'application de bioproduits et de l’aménagement de davantage de surfaces pour atténuer la baisse des rendements due aux conditions actuelles marquées par une diminution des engrais.
La pire des choses à faire, c'est de rester les bras croisés faute d’engrais ou de tout autre produit ou intrant. Si nous sommes capables de produire davantage dans ces circonstances, nous serons plus forts, de sorte que, lorsque nous aurons plus de marge, nous pourrons produire davantage et plus efficacement. À d'autres époques, nous avons eu des engrais, mais aussi de faibles rendements, parce qu'ils étaient gaspillés ou mal utilisés. Il est temps de se débarrasser de l'inefficacité, et la tâche de réorganisation contribuera à rendre toutes ces dynamiques transparentes, a-t-il souligné.
Manuel Marrero Cruz a appelé à utiliser des méthodes plus efficaces dans la lutte contre la corruption et les illégalités, des phénomènes qui persistent, car certaines personnes sans scrupules essaient toujours de profiter de la situation et des structures de l'État.
Dans le cas de Cienfuegos, des actions ont été menées contre 929 « coleros » (personnes qui prennent le contrôle des files d’attente), 200 revendeurs, 190 accapareurs et 16 transporteurs, et 209 autres citoyens responsables de comportements indisciplinés. Les autorités ont démantelé 17 entrepôts et 33 points de vente illégaux. Le Bureau du procureur provincial a donné suite à 150 plaintes.
Le Premier ministre a également insisté sur le renforcement de la communication avec la population afin d'identifier les problèmes dès qu’ils apparaissent.
http://fr.granma.cu/cuba/2021-02-05/les-premiers-bilans-de-la-tache-de-reorganisation