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Amérique Latine : Une bouffée d'air frais 

17 Mars 2021, 18:20pm

Publié par Bolivar Infos

Par Mario Wainfeld

 

Les charges contre lex-président du Brésil Lula da Silva ont été annulées, il est libre et il a commencé à récupérer le terrain. Les péripéties judiciaires se poursuivront, les systèmes juridiques sont kafkaïens. Le tremblement de terre politique devient système avec les réalités d'autres pays frères d'Amérique du Sud et du nôtre. Il y a des variations, des couleurs locales importantes mais les grandes ressemblances démentent ceux qui refusent de voir l'offensive contre les présidents populaires de la région.

 

Lula a été persécuté par Sergio Moro, un « juge partial et totalement incompétent. Il l'a fait juger et condamner par une juridiction illicite. Avec le temps, il a été révélé que Moro avait conspiré pour exclure Lula dela compétition politique. Ils l'ont mis en prison et interdit. Moro a été récompensé par le président actuel Jair Bolsonaro qui l'a nommé ministre. Ensuite, une querelle de ménage interne les a séparés. L'alliance avait déjà porté ses fruits.

 

La Bolivie

 

L'ex-président Evo Morales a été renversé par un coup d'Etat sanglant. Ils voulaient l'emprisonner et probablement attenter à sa vie. La solidarité active d'Alberto Fernández et du président mexicain Andrés Manuel López Obrador a empêché que cela ne se concrétise. La dictatrice Janine Áñez a proscrit Evo mais il y a eu des élections et le MAS s'est imposé avec son candidat Luis Arce.

 

L'Equateur

 

Contre l'ex-président Ecuador Rafael Correa, ils ont monté des affaires judiciaires, l'ont proscrit. Son parti s'est présenté aux élections avec Andrès Arauz comme candidat. Il est en tête du premier tour et on attend le second.

 

Quand il a achevé son mandat, Correa avait gagné des élections propres mais son parti a été chassé du pouvoir par la trahison du président Lenin Moreno, un sinistre individu digne d'une pièce de Shakespeare.

 

L'Argentine

 

Le péronisme a été battu lors d'élections propres par l'ex-président Mauricio Macri. La persécution judiciaire contre la vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner organisée par la coalition du PRO, du radicalisme et de la Coalition Civique s'est aggravée et ne cesse pas. Le désir de la proscrire a augmenté à partir de 2017 et est soutenu par des membres de la Cour Suprême, des juges et des procureurs fédéraux et par les médias dominants. Ils n'ont pas réussi à briser la volonté de CFK: le péronisme uni est revenu à la Maison Rose en 2019.

 

Le retour de Lula, Evo, Cristina est la manifestation d'un reflux dont on ne peut pas encore prendre la mesure. En tout cas, un contre-coup salutaire pour la politique, la résilience des dirigeants, les militants, la défense obstinée devant les tribunaux en jouant sur un terrain boueux. Les désastres produits par les gouvernants de droite ont beaucoup et involontairement coopéré. Áñez et Lenin Moreno ont reçu une raclée dans les urnes.

 

Non à la ZELA, dehors, le FMI

 

Il ya un peu moins de 15 ans, au Sommet de Mar del Plata, Lula da Silva et le défunt président Néstor Kirchner étaient à la tête du Non à la ZELA avec leur homologue vénézuélien Hugo Chávez. Leurs collègues de l'Uruguay et du Paraguay les ont suivis. Le Mercosur s'exprimait pleinement.

 

Très peu de temps après, Lula et Kirchner ont libéré leurs pays respectifs de leur dette envers le Fonds Monétaire International (FMI). A ce propos, on adiscuté pour savoir s'ils avaient décidé de le faire ensemble ou s'ils avaient fait dans cet ordre à cause du poids particulier du Brésil. J'ai entendu les 2 versions à ce moment-là mais ce osnt des détails qui perdent de leur importance après-coup. Les deux présidents l'ont fait. Un formidable signal pour gagner l'autonomie politique.

 

Macri a fait sombrer l'Argentine

 

Pour réparer, on a le temps : il fallait donner une main à Macri, un allié régional. Ca s'est orchestré en violant les règles du Fonds en même temps que les lois argentines. La dette intérieure qu'on essayait soi-disant de payer n'a pas été renégociée et il a ouvert encore plus les portes à la fuite de devises.

 

Hors caméras, un fonctionnaire international plaisante mais pas tant que ça : « Connaissez-vous Nicolás Dujovne (alors ministre de l'Economie) ? C'est un brave type mais monteriez-vous dans un taxi conduit par Nico? » Le Gouvernement Macri lui a confié une flotte pharaonique de camions de coffres-forts pleins de dollars.

 

Alberto Fernández et le ministre de l'Economie Martín Guzmán veulent payer la dette mais pas au prix de l'avenir des Argentins. D'abord, il doit y avoir une croissance du PIB, une augmentation de la consommation qui la dynamise, une amélioration relative des revenus des travailleurs et non des bénéfices des entreprises. 

 

Guzmán se rend à Washington avant la fin du mois. Les autorités du FMI l'attendent : certainement des fonctionnaires du Trésor étasunien. Une tâche essentielle, c'est pourquoi il s'est fait vacciner. La présence continue à peser en politique, le voyage du pape François en Irak le confirme.

 

Les rumeurs sur la date de signature de ce traité grossissent l'ordre du jour des médias. Rapidement, cet hiver, après les élections ? A Olivos, on relativise ces données. « Quand nous avons fait un bras de fer avec les privés, ils ont fait pression sur nous en disant que si nous ne signions pas en mars, c'était la fin du monde, après, ils ont parlé d'avril, de mai... »

 

L'accord doit avoir des caractéristiques communes avec ceci : un long délai sans rien débourser pour calmer l'économie (la phrase emblématique de Guzmán). Et, nous ajoutons « acheter » la gouvernabilité.

 

Le délai maximum de 10 ans pour ces accords de facilités étendues est court par rapport aux possibilités de l'Argentine. Changer cette règle dans ce cas particulier semble impossible. Qu'on recalcule de façon générale en tenant compte de l'urgence sanitaire mondiale est une petite lueur d'espoir. Nous soulignons le diminutif. 

 

Les partenaires du Fonds, les plus riches à leur tête, décideront. La position du président étasunien Joe Biden, sers cruciale. Au parti au pouvoir, on n'est pas optimiste, on ne fait qu'un diagnostic simple : « Ça ne sera pas pire que Trump. » Fernández continuera à discuter avec ses homologues du monde en essayant d'obtenir un consensus global. Guzmán se rendra probablement dans d'autres pays importants.

 

Les délais n'asphyxient pas mais compressent un peu. En 2021, certaines dettes envers le FMI et le Club de Paris arrivent à échéance. Toucher aux réserves mettrait en difficultés l'Argentine juste au moment où elle commence à se rétablir.

 

Pour l'instant, il faut négocier discrètement. Quand on marchande, il est déconseillé de montrer toutes ses cartes, de céder beaucoup lors des premières visites.

 

Tout sur la table mais en silence.

 

La plainte contre les ex-membres du Gouvernement Macri, avec Mauricio à sa tête rend le menu plus complexes sans en être le plat principal. Un argument viendra s'ajouter pendant le bras de fer. Le Fonds a brisé ses règles pour en faire profiter Macri. Il pourrait et devrait les modifier de la même façon pour que l'Argentine paie sans en mourir.

 

La mauvaise pratique et les délits : Dans son message au Congrès, Alberto Fernández a prévenu que les fonctionnaires concernés par l'accord souscrit par Macri seraient l'objet d'une plainte pénale. Le choeur de droite lève les bras au ciel : « C'est une décision politique, pas susceptible d’être portée devant al justice. » Le retour de bâton envers ceux qui ont tout porté devant la justice serait positif, s'il existait.

 

« N'est-ce pas identique à l'affaire pénale pour le dollar futur ? » Ils innovent, ils chicanent, ils affichent le fait qu'ils ne s'informent pas. On peut ne pas l'être. La mauvaise pratique en gestion n'est pas un délit , au-delà des dommages qu'elle cause. Mais si les fonctionnaires ont violé les lois du pays et les lois internationales pour réaliser leur action, ça peut être un délit.

 

Dans ce cas, ils ont violé les lois du pays. Macri a décidé tout seul sans passer par le Congrès ni avant ni après le cadeau. En plus, le pays partenaire du FMI a falsifié un règlement qui brisait les règles de l'organisme international. La note publiée hier dans ce journel et signée par Alfredo Zaiat ajoute des abus et des violations commis.

 

La plainte du bureau anti-corruption (OA) ajoute à ces faits avérés une éventuelle collusion d'intérêts avec des particuliers qui s'en sont mis plein les poches avec la fuite de capitaux. Textuellement, cette plainte réclame de « savoir s'il existait des liens entre les fonctionnaires et les acheteurs (de devises pour les faire fuir à l'étranger) et si ceux-ci pouvaient se prévaloir d'informations privilégiées – et qui les leur a fournies – pour s'assurer ces bénéfices. » trafic d'influence, pactes sales peuvent être des délits si on en trouve des preuves formelles. Le travail revtombera sur les procureurs ou sur les juges de Comodoro Py. 

 

Survivre dans cette ambiance médiatique viciée et dans un système judiciaire vicieux implique des précision peut-être redondantes. Les délits ne se présument pas, ils doivent être prouvés. Pour tout suspect ou tout accusé, il y a la présomption d'innocence. Laprison préventive snas condamnation est une exception extrême et jamais la règle. .. une prérogative utilisée ces dernières années avec le consentement d'enseignants, de formateurs d'opinion et de dirigeants d'opposition. Suspect, oui. Jouissant de toutes les garanties constitutionnelles qu'ils ont refusées à leurs adversaires.

 

Inégalités et air frais

 

La pandémie a accentué les inégalités dans le monde et en Argentine. Les magnats de la planète et de ce pays concentrent de plsu en plus la richesse. Les pays le plus puissants accaparent les vaccins. Un poignée de ceux-ci peut décider du sort de l'Argentine au FMI. 

 

Les catastrophes sanitaires au Brésil et au Paraguay menacent l'Argentine. D'éventuelles contagions pourraient avoir un impact sur sa croissance future. Les restrictiosn de transport sont une précaution raisonnable mais peut-être inefficace quand les frontières sont très longues. 

 

Dans une situation inquiétante et dans une large mesure imprévisible, il faut souligner que Macri, Añez et Bolsonaro sont des alliés, ils sont l'expression de projets similaires.

 

Le Gouvernement argentin les meilleures mesures possibles envers Lula et Evo.

 

Les luttes politiques continuent, l'air frais qui est arrivé d' Argentine, du Brésil, de la Bolivie et de l'Equateur à partir de 2019 peut se vicier. De toute façon, la réapparition de Lula, le tourneur d'humble naissance qui est arrivé à être président réélu d'une puissance régionale est événement heureux. Digne d'être célébré dans un monde qui ne lui est pas propice, en général.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/03/14/nuestramerica-una-oleada-de-aire-fresco-en-el-vecindario/

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