Venezuela : Toujours une menace « inhabituelle » pour les Etats-Unis
Coup d'oeil sur la semaine du 1er au 8 mars 2021
2ème année article N° 33
Par Jesús A. Rondón
Joe Biden dévoile de manière éclatante ses positions par rapport au Venezuela et choisit de rester sur la ligne de ses prédécesseurs Obama et Trump et de l'Union Européenne qui parle faussement de dialogue. On peut conclure de cette information qu'il restera dans la voie de l'ingérence et de la coercition pour forcer un changement de corrélation entre les forces politiques au Venezuela. Pendant ce temps, dans la région, on continue à voir un traitement différent du déplacement des Vénézuéliens qui migrent à cause de la dégradation de leurs conditions de vie suite à la mise en place des mesures coercitives unilatérales contre le Venezuela. Sur le plan intérieur, la vaccination avance et on a annoncé le début de l'utilisation du vaccin chinois SinoPharm. On espère aussi que les restrictions seront mieux respectées suite à la détection de la variante brésilienne. Enfin, nous évoquerons rapidement la préparation des prochaines élections.
Toujours une menace « inhabituelle » pour les Etats-Unis
Le nouveau Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique a pris son temps à cause de la situation intérieure complexe du pays. En d'autres termes, il donne la priorité à l'ordre intérieur et s'occupera plus tard des sujets non prioritaires de son ordre du jour à l'étranger. Après des semaines de spéculations, Joe Biden a rendu publique sa position sur le Venezuela qui, dans son essence, reste la même que celle de ses prédécesseurs. Cette semaine, il a prorogé d'un an l'ordre exécutif 13692 émis par Obama et ratifié par Trump. Selon Biden, notre pays « ne s'est pas amélioré » et « continue à représenter une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des Etats-Unis. »
La signature de cet ordre exécutif a eu lieu après une semaine de réunions entre un groupe d'opposants au chavisme de 25 partis et plusieurs instances du Gouvernement étasunien dont le bureau des affaires de l’hémisphère occidental du Département d'Etat, le bureau de la démocratie, des droits de l'homme et du travail du Département d'Etat, l'agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID) et l'équipe de sécurité nationale de la Maison Blanche. L'hôte de ces rencontres était Jame Story, ambassadeur des Etats-Unis pour le Venezuela dont le bureau se trouve à Bogotá. Selon ce qu'il dit, de là, il cherche comment pouvoir invoquer la doctrine de la “responsabilité de protéger” pour justifier une ligne dure contre le chavisme sous prétexte de protection humanitaire.
Les réactions du Venezuela ne se sont pas faites attendre : le gouvernement Bolivarien et les Chavistes ont qualifié cet ordre exécutif « d'illégal » et ont dénoncé une fois de plus le fait que celui-ci permettra une augmentation des mesures coercitives unilatérales qui rendront encore plus rapide la détérioration des conditions de vie des Vénézuéliens.
Le Gouvernement étasunien a pris cette mesure la semaine même où la représentante de l'Union Européenne a quitté discrètement le Venezuela après avoir été déclarée persona non grata suite à une mesure prise par l'UE contre 19 personnalités politiques vénézuéliennes ou fonctionnaires de l'Etat chavistes ou d'opposition. Le Groupe de contact international pour le Venezuela, soutenu par l'Union Européenne , a exprimé son rejet de cette mesure et considéré qu'elle est contraire au dialogue. On pourrait se demander, à ce sujet, si prendre des mesures contre des personnalités politiques vénézuéliennes contribue au dialogue. Le Gouvernement du Royaume d'Espagne a convoqué le chargé d'affaires du Venezuela à Madrid, Mauricio Rodríguez Gelferstein, pour lui faire part de la « déception » de l'Espagne suite à l'expulsion de la représentante de l'Union Européenne au Venezuela et aux déclarations du président Nicolás Maduro qui a remis en question le traitement accordé par la ministre des affaires étrangères Arancha González Laya au problème de la migration vénézuélienne lors de sa visite en Colombie et a ordonné la révision de toutes les relations avec l'Espagne.
Vers les élections des gouverneurs et des maires
L'une des étapes clefs de ce processus est la nomination d'un nouveau Conseil National Electoral. 114 candidats se sont présentés devant la commission parlementaire formée à cet effet par l'Assemblée Nationale.
Alors que tous les mouvements politiques, aussi bien le chavisme que l'opposition, souhaitent que les élections des gouverneurs des provinces et des maires aient lieu cette année, le président Maduro qui préside le Parti Socialiste Uni du Venezuela a demandé qu'on mette en place un mécanisme interne pour désigner les candidats de cette organisation. Pendant ce temps, du côté de l'opposition, les dirigeants politiques ont des conversations pour obtenir des pactes qui profitent aux parties. Ce qui est nouveau, c'est que ces organisations qui soutiennent Juan Guaido et qui, l'année dernière, ont refusé de participer aux élections législatives, sont prêtes à participer à ces élections et avaluent leurs possibilités.
Vaccins chinois et premiers cas de la variante brésilienne
Les autorités vénézuéliennes ont annoncé l'arrivée de 500 000 doses du vaccin mis au point par Sinopharm en République Populaire de Chine et de l'arrivée de la seconde dose des 100 000 vaccins Spoutnik V. Le président Maduro a affirmé que les premières commenceront à être inoculées cette semaine et qu'en ce qui concerne les secondes, presque 700 000 doses ont déjà été inoculées au personnel de santé et du Gouvernement considéré comme particulièrement important parmi lesquels le président Maduro. Les maîtres du système d'éducation national devraient être vaccinés rapidement. Le mécanisme COVAX n'envisage pas pour l'instant d'envoyer le vaccin créé par AstraZeneca qui n'a pas été autorisé par les autorités sanitaires du pays et qui doit être payé d'avance. Cela fait partie d'un dialogue avec des représentants de Juan Guaido, qui gère illégalement les fonds de la République à l'étranger.
Le président Maduro a annoncé qu'on a diagnostiqué des cas de la variante brésilienne du COVID-19 qui, comme on l'a constaté, est plus agressive, dans plusieurs régions. C'est pourquoi on a ordonné une très forte surveillance des mesures de restriction prévues pour la semaine en cours et la suspension de toutes les activités de masse prévues pour la commémoration de la Journée de la Femme. Si cette variante continue de se propager, le reprise des classes pourrait être compromise.
Le 7 mars, la vice-présidente Delcy Rodríguez a fait savoir qu'il y a 6 560 cas actifs (6 % des 142 338 cas rapportés). La moitié des cas actifs se trouvent dans la capitale et dans la localité voisine de La Guaira. C'est pourquoi on s'attend à la mise en place d'un plan spécial pour cette région.
Le déplacement des Vénézuéliens dans la région
Le président colombien Ivan Duque a signé le décret fondateur du « statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens » qui leur permet de « circuler » en Colombie et leur donne « 10 ans pour acquérir un visa de résident. » Cette mesure prétend porter assistance, selon les estimation de Migración Colombia, à presque 1 500 000 Vénézuéliens qui se trouvent dans le pays ou qui y sont en transit.
Par contre, le Gouvernement de Trinidad et Tobago a annoncé que les Vénézuéliens qui entrent sur son territoire devront avoir un visa. Les autorités de ce pays estiment que sur leur territoire, se trouvent 60 000 Vénézuéliens pour lesquels elles ont ouvert un registre pour commencer à les régulariser.
Le Gouvernement du Venezuela poursuit et élargit son programme Retour dans la Patrie qui porte assistance aux citoyens en situation de vulnérabilité à l'étranger qui souhaitent rentrer au pays. Ils doivent faire les démarches dans les consulats et les ambassades. L'impact de la pandémie dans les pays qui reçoivent les migrants vénézuéliens dans la région diminué les possibilités d'insertion dans la travail, ce qui les met en situation de précarité et de pauvreté et l'Etat ne se préoccupe pas beaucoup d'eux parce que ce sont des migrants illégaux.
Brèves:
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Alex Saab, reconnu par le Venezuela comme envoyé spécial pour une mission humanitaire en Iran, a déclaré à l'agence de presse espagnole EFE que s'il est extradé aux Etats-Unis, il « ne collaborera pas » et a affirmé : « Je n'ai commis aucun délit. »
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3 Vénézuéliens ont reconnu devant la Justice colombienne le rôle qu'ils ont joué avec l'individu engagé par l'opposition vénézuélienne Jordan Goudreau dans l’organisation d'un groupe paramilitaire composé de déserteurs vénézuéliens destiné à réaliser des actes de violence en territoire vénézuélien pour renverser le président Maduro.
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La chancellerie vénézuélienne a réfuté les accusations du Gouvernement du Guyana concernant l'incursion présumée dans son espace aérien d'un avion militaire vénézuélien. Le Venezuela affirme que les patrouilles sont légales sur les frontières et sont strictement circonscrites au territoire vénézuélien.
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Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
Jesús A. Rondón
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