Venezuela : Violence sur la frontière et « semaine sainte » en quarantaine
Coup d'oeil sur la semaine du 22 au 28 mars 2021
2ème année article N° 36
Par Jesús A. Rondón
Le Venezuela va vivre une autre « semaine sainte » en quarantaine radicale, ce qui implique la suspension de toutes les cérémonies religieuses physiques ainsi que des déplacements habituels pendant ces jours fériés tandis que l'Etat se bat ocntre les violences récentes sur la frontière avec la Colombie qui ont fait 2 morts et provoqué de multiples arrestations et le déplacement de centaines de personnes. Nous allons commenter ces 2 faits et nous aborderons les autres sujets brièvement.
La violence sur la frontière avec la Colombie
Il y a un peu plus d'une semaine, des affrontements ont eu lieu entre membres de la Force Armée Nationale Bolivarienne et membres de groupes illégaux colombiens sur la frontière, au sud de l'état d'Apure. Ces affrontements ont fait plusieurs morts parmi les militaires, des personnes ont été arrêtées et seront traduites devant des tribunaux militaires, il y a eu des blessés et des centaines de personnes se sont déplacées par crainte de nouveaux affrontements.
Les responsables de ces actions violentes sont entrés sur le territoire vénézuélien venant de Colombie et ont été identifiés comme une faction dissidente des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC-EP) qui ont décidé de na pas intégrer leprocessus de paix. Ces groupes ont attaqué des locaux gouvernementaux civils, une partie du système électrique du pays et des travailleurs vénézuéliens.
Le président Maduro a dénoncé le fait que ces groupes opèrent en Colombie sans quele Gouvernement agisse et que ses actions sont influencées par les services de renseignement étasuniens et colombiens pour soutenir la stratégie de déstabilisation du Venezuela. En réponse, le Gouvernement vénézuélien a activé l'opération intitulée « Bouclier Bolivarien » grâce à la Force Armée Nationale Bolivarienne à laquelle il a incorporé des groupes tactiques de la Police Nationale Bolivarienne.
L'opposition vénézuélienne, les médias et les entreprises de communication qui leur sont associées ont profité de cette action pour produire un récit destiné à rapporter des violations des droits de l'homme dans les actions d e l'Etat destinées à rétablir la sécurité dans cette zone. On a gonflé les déplacements des habitants de la zone vers la frontière colombienne, un phénomène très habituel en Colombie qu'il s'agit à présent d'implanter au Venezuela.
Mon collègue sociologue Leopoldo Puchi alertait depuis des semaines sur le fait que face à l'échec évident de la stratégie des Etats-Unis, le scénario prévu par leurs alliés dans la région et les secteurs d'opposition qui ne se sont pas intégrés à la dynamique démocratique est destiné à organiser des événements qui fassent voir le Venezuela comme un menace pour la région. On peut comprendre ainsi les tensions avec la République Coopérative du Guyana, Trinidad et Tobago et maintenant à nouveau la Colombie.
« Semaine sainte » en quarantaine radicale
Le Gouvernement bolivarien maintient la quarantaine stricte pendant les 15 jours qui englobent les jours fériés de la « semaine sainte.» concrètement, les concentrations pour les célébrations rleigieuses ne sont pas autorisées (celles-ci se feront en ligne) et les déplacements entre villes est limitée aux activités considérées comme essentielles. Dans son bilan hebdomadaire, le président Maduro a annoncé qu'il est en train d'envisager de changer les périodes d'assouplissement, ce qui impliquerait une augmentation des jours avec restrictions à 14 et que les activités non essentielles ne seraient autorisées que pendant 7 jours.
Le réseau social Facebook a fait savoir q'il avait bloqué la page du président Maduro pour avoir, selon lui, violé ses politiques d’information sur le coronavirus en faisant la promotion d'un médicament dont il n'est pas prouvé qu'il soigne la maladie. Le président Maduro avait annoncé que le Gouvernement vénézuélien distribuait gratuitement un médicament du nom de Carvativir qui est un dérivé du thym dont les effets, selon ses mots, sont « miraculeux » car il neutralise le virus sans avoir d'effets secondaires. Les autorités sanitaires vénézuéliennes ont fait savoir qu'il y avait des recherches dans des centres gouvernementaux qui rendent compte de la qualité de ce médicament et qu'on les a transmises à l'Organisation Mondiale de la Santé et à l’Organisation Panaméricaine de la Santé.
La vice-présidente exécutive de la République Bolivarienne du Venezuela, Delcy Rodríguez, a eu une réunion en ligne avec le directeur général de l'Organisation Mondiale de la Santé Tedros Adhanom et avec la directrice de l’Organisation Panaméricaine de la Santé Clarissa Etienne. Lors de cette rencontre, on a évoqué les possibilités pour le Venezuela d'accéder aux vaccins contre le coronavirus grâce au mécanisme COVAX. Rappelons que cela provoque des tensions car l'opposition vénézuélienne a volé des fonds de la République et a refusé de les libérer pour payer les vaccins et que d'autre part, le Gouvernement bolivarien refuse d'autoriser le vaccin du laboratoire Astra-Zeneca à cause des incidents causés récemment par son utilisation.
A ce propos, l'organisation patronale FEDECÁMARAS (Fédération des Chambres et des Associations de Commerce et de Production du Venezuela) a présenté au Gouvernement une proposition de programme de vaccination pour les travailleurs et les membres des familles de travailleurs de ce secteur. Si ce programme est approuvé, elle pense importer , stocker et distribuer 6 000 000 de doses de vaccins grâce à un réseau de 100 centres de santé privés et offrirait 20% des vaccins aux secteurs définis par le Gouvernement. Cette organisation a participé récemment aux dialogues réalisés par l'Assemblée Nationale mais a également développé une ligne d'opposition dure. Grâce à cette proposition, elle cherche à privatiser la distribution des vaccins mais elle n'explique pas d'où viennent les ressources destinées à leur achat.
Le Venezuela et les batailles diplomatiques récurrentes
Le terrain diplomatique est l'une des scènes sur lesquelles on voit le plus d'activité concernant le Venezuela car on cherche constamment à minimiser la position de souveraineté, de promotion de la paix et de multilatéralisme du Gouvernement bolivarien ainsi que ses dénonciations constantes des agressions contre le pays et à leur porter atteinte. Nous allons commenter brièvement quelques événementsà ce sujet.
La secrétaire d'Etat espagnole pour les affaires étrangères, pour l'Amérique Latine et les Caraïbes Cristina Gallach a prolongé sa tournée dans l'hémisphère et est venue à Caracas pour rencontrer des représentants du Gouvernement bolivarien et de l'opposition pour, selon le Royaume d'Espagne, soutenir le dialogue destiné à résoudre la crise.
Le Gouvernement de la République Bolivarienne du Venezuela a porté plainte devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour l'imposition de mesures coercitives unilatérales qui ne respectent pas les règles internationales du commerce. Cette initiative diplomatique du Venezuela a suscité un événement peu habituel qui a obligé à suspendre la session de cet organisme, ce qui a affecté tout l'ordre du jour prévu.
Le Conseil des Droits de l'Homme de l'Organisation des Nations Unies a approuvé une résolution sur l'impact négatif des mesures unilatérales, arbitraires et illégales imposées par le Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique au Venezuela qui comprennent un blocus économique, commercial et financier qui affecte la capacité du Gouvernement vénézuélien à assurer la jouissance de ses droits par la population vénézuélienne. Cette résolution, présentée par le Venezuela, a été approuvée par 38 vix pour, 15 contre et 2 abstentions dont celle des Etats-Unis du Mexique.
La chancellerie du Gouvernement de la République Argentine dirigé par Alberto Fernández a fait savoir que celui-ci quittait ce u'on appelle le Groupe de Lima, une coalition de Gouvernements qui cherche à forcer un changement anticonstitutionnel de Gouvernement au Venezuela sous les auspices de l'Organisation des Etats Américains. Le communiqué dit que « les sanctions ont porté atteinte à la jouissance des droits de l'homme de la population vénézuélienne, selon le rapport de la rapporteuse spéciale » mais le chancelier argentin nuance sa position en ajoutant : « Nous faisons savoir au Département d'Etat ( des Etats-Unis ) qu'il n'y a pas eu de changements dans les relations avec le Venezuela. » Que l'Argentine ait quitté le Groupe de Lima porte atteinte à la stratégie contre le Venezuela dans la région mais il faudra attende la suite pour conna$itre plus clairement l'orientation de l'Argentine envers le Venezuela.
Le Gouvernement brésilien a ordonné à une trentaine de diplomates vénézuéliens qui ont organisé la coordination avec les gouverneurs des régions et les autorités locales pour amener de l'oxygèle au système de santé public de quitter le pays. Cette mesure n'a pas pu se concrétiser puisque les députés brésiliens ont porté plainte devant les instances judiciaires. La chancellerie vénézuélienne a affirmé être prête à poursuivre la coopération dans ce domaine alors que le président Bolsonaro a refusé de mettre en palce des mesures destinées à contrôler la pandémie.
Brèves:
Le président Maduro a évoqué jeudi dernier la disparition de Carlos Lanz, un militant révolutionnaire dont on n'a plus de nouvelles depuis 2 mois. Il a déclaré : « Nous ne nous arrêterons pas avant d'avoir retrouvé notre cher Carlos Lanz, sois béni, nous continuerons l'enquête sur cette affaire tellement étrange de la disparition de notre grand camarade et et frère. Tout notre soutien et notre solidarité à ses enfants, à sa famille et à ses amis. »
Le Venezuela et la Russie mettent en place des vols directs entre les 2 capitales, ce qui aura une répercussion importante et positive sur notre pays car on estime que ce pourrait être un moyen supplémentaire de relier certaines capitales du nord de l'Europe.
L'Assemblée Nationale, conformément à ce qu'elle a annoncé, n'a réalisé physiquement que les sessions ordinaires et les autres activités ont été réalisées enligne. On a appris que le 27 avril devrait avoir lieu une session plénière pour désigner les nouveaux membres du Conseil National Electoral, une étape importante pour les élections des gouverneurs et des maires qui devraient avoir lieu cette année.
Si vous souhaitez commenter ce texte, demander qu’on approfondisse un sujet ou poser tout autre question en rapport avec ce texte, vous pouvez écrire à l’auteur : jesusalbertorondon@gmail.com
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
Jesús A. Rondón
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