Argentine : Le pays est à genoux devant l'Empire
Par Carlos Aznárez
En plus d'être depuis plusieurs années la secrétaire du CEMIDA (Centre de Militaires pour la Démocratie Argentine) le professeur Elsa Bruzzone est une chercheuse renommée dans le domaine de la géopolitique et de la défense. Dans cette interview, elle parle de ce point de vue des récentes visites de hauts fonctionnaires du Gouvernement de Joe Biden parmi lesquels le chef du tristement célèbre Commandement Sud.
-L'Amérique du sud subit-elle une nouvelle offensive des Etats-Unis ? lui demandai-je en évoquant les récentes visites du chef du Commandement Sud et d'autres hauts fonctionnaires nord-américains en Argentine et dans d'autres pays de la région.
Ces visites font partie de la lutte géopolitique des Gouvernements nord-américains contre la Chine et la Russie, comme cela a été démontré dans la stratégie de sécurité des Etats-Unis, aussi bien dans la stratégie de sécurité de décembre 2017 que dans la stratégie de défense de 2018 et dans les nouvelles orientations de la stratégie de défense et de sécurité de janvier 2021 révélées par le Gouvernement de Biden. Dans cette lutte, le récent voyage du chef du Commandement Sud dans notre pays a pour but d'essayer d'incorporer l'Argentine dans une coalition de pays de l'Atlantique Sud, du Pacifique, de l’Océan Indien, comprenant aussi l'Australie et certains pays d'Asie et de former ainsi une coalition contre la Chine si on en arrivait à un affrontement militaire. Il faut souligner que la Corée du Sud a fini par dire aux Etats-Unis qu'elle ne participerait d'aucune façon à une coalition contre la Chine.
-Une coalition qui a déjà un ennemi désigné
Oui, c'est cela. Cette coalition contre la Chine est pensée pour affronter la Russie parce qu'une partie du territoire russe nous est connu sous le nom d'Asie, une partie de la Sibérie est en Asie. Pour la partie continentale de la Russie, la partie européenne, l'OTAN a fait une avancée et maintenant, nous avons quelques 38 000 soldats de l'OTAN sur la frontière avec l'Ukraine mais ils sont aussi sur la frontière avec les Pays Baltes et menacent la Russie. D'une part, cela a fait que ces 2 pays ont eu une grande influence dans Notre Amérique à cause des traités commerciaux et d'amitié, des traites de toutes sortes qu'ils ont signés avec les pays et les Etats-Unis sentent qu'il s'agit d'une invasion de leur cour privée. « L'hémisphère occidental, comme ils disent, est à nous » et ils viennent déstabiliser, provoquer l'instabilité dans cette « arrière-cour », ils viennent piller les ressources naturelles, c'est à dire les minéraux, les hydrocarbures, la biodiversité, l'eau, la terre fertile, la pêche, ce sont des biens nord-américains pour les Etats-Unis. Ce voyage est destiné à essayer de former une alliance forte dans Notre Amérique pour continuer à déstabiliser le Gouvernement du président Nicolas Maduro Moros, contre qui ils n'écartent pas l'idée d'une intervention militaire. De plus, ils ont dit que le Venezuela, Cuba et le Nicaragua sont des «agents qui déstabilisent l'ordre intérieur et international » de toute la région. Dan s le cas de l'Argentine, les signaux d'alarme ont sonné quand Xi Jingping, le président de la Chine a offert à l'Argentine d’intégrer la route de la soie. Il faut faire tout son possible pour que cela n'arrive pas. D'autre part, Craig Faller est allé à Ushuaia et n'a pas été reçu par le gouverneur Gustavo Melella. Comme l'a dit ce gouverneur : « C'est l'ami de notre ennemi qui nous occupe aux Iles Malouines » et ils occupent avec la Grande Bretagne notre territoire à travers l'OTAN. Je ne les ai pas reçus, ils étaient là pour renifler ici, à Ushuaia quelles possibilités ils ont d'installer une base militaire qui leur a été offerte par le Gouvernement de Macri et qui a échoué à cause de la réaction du peuple dans toute la province de la Terre de Feu. Ce voyage a pour but essentiel de voir comment nous insérer dans la coalition pour combattre la Russie et la Chine quand le moment sera venu et de voir comment nous pouvons continuer à attaquer notre pays frère le Venezuela. C'est tout. En échange, certainement, d’une prébende dans les négociations avec le Fonds Monétaire International à propos d’une dette illégitime et anticonstitutionnelle parce qu'elle n'avait pas été approuvée par le Congrès argentin.
-Ne pensez-vous pas que le Gouvernement d'Alberto Fernández a été très faible à propos de ces visites qui, même s'ils les déguisent, sont des actes d'ingérence dans notre pays ?
-Oui, après est venu Juan Gonzáles qui a eu un déjeuner privé avec le président de la chambre des députés Sergio Masa et nous ne savons pas de quoi ils ont parlé ni les sujets qu'ils ont traités. Ils ont été reçus comme de grands amis, tous contents et se faisant des politesses : « Oui, monsieur, Oui, monsieur. » Cette attitude prouve que le pays est à genoux. Qu'ils ne viennent pas dire qu'ils sont des Gouvernements nationaux et du peuple, qu'ils ne viennent pas nous parler de liberté, d'indépendance et de souveraineté alors qu'en pratique, nous n'avons ni indépendance ni liberté ni souveraineté. Dans la pratique, nous sommes une colonie soumise aux intérêts des corporations transnationales, des organismes économiques et financiers internationaux et de l'empire de service que sont les Etats-Unis.
D'autre part, vous mentionnez le problème du Venezuela, nous continuons à ne pas avoir de relations ni d'ambassadeur de part et d'autre. Comme nous avons ouvert les portes aux Etats-Unis, le refus d'avoir des relations avec ceux qui nous ont toujours aidé comme l'a fait Hugo Chávez et continue de la faire Nicolás Maduro, dans une situation plus dure, perdure.
Oui, c'est comme ça, une honte. J'ai honte, je vis en demandant pardon au Venezuela et aussi à l'Iran pour le problème de l'AMIA et de l'ambassade d'Israël. Je demande pardon à l' Hezbolá pour l'attitude de nos Gouvernements successifs qui restent la même en racontant les contes du Mossad et de la CIA. Avec le Venezuela, c'est une très grande douleur, nous avons un chargé d'affaires, là-bas, au Venezuela, dont nous avons hérité du Gouvernement de Macri. Les déclarations de notre chancelier sont nocives, il n'a pas honte de continuer à fourrer son nez dans les affaires intérieures du Venezuela en parlant de démocratie, de droits de l'homme, de liberté ou de discuter avec l'opposition. Solá, qu'il s'occupe des problèmes que nous avons en Argentine, qui sont assez sérieux et très graves dans tous les sens et qu'il cesse de fourrer son nez dans d'autres pays et de chercher à intervenir chez d'autres peuples. Chaque peuple, chaque pays résout ses problèmes à sa façon, comme il le sent lui-même. Ils n'ont pas besoin que d'autres leur disent ce qu'ils ont à faire. Oui, on a besoin de solidarité face aux attaques des traîtres de l'intérieur alliés à ceux de l'étrange. Dans ce cas, c'est l'Empire, les Etats-Unis. Alors, au lieu de leur donner l'accolade, de leur donner de la solidarité, d'être présents et de dire « Nous sommes là, camarades, compatriotes, nous sommes là, comptez sur nous ! » non, nous jouons le jeu de l'Empire parce que nous sommes à genoux devant l'Empire et nous sommes une colonie.
-Le silence de la vice-présidente à ce sujet est de notoriété publique
Oui, ça donne à penser. Tenez compte aussi du fait que dans notre pays, les vice-présidents sont des personnages décoratifs, ils n'ont pas grande importance sauf dans le fait de présider le Sénat. Ils ne osnt pas des vice-présidents exécutifs comme dans d'autres pays. Son silence attire l'attention, des signaux d'alarme s'allument parce que j'ai compris en écoutant la radio qu'elle a rencontré pendant plus de 4 heures Massa dans le nord du Gran Buenos Aires en mangeant avec je ne sais qui, certainement un intendant et je ne sais pas quelles choses cela a concerné. Mais évidemment, ce Front de Tous est un énorme panier de crabes unis pour vaincre le macrisme aux élections mais qui n'ont pas de plan de gouvernement dans le sens de plan de gouvernement national et populaire qui tient compte des intérêts de la Patrie et du peuple. Ils ont le même plan de gouvernement depuis le 24 mars 1976.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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