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Venezuela : Le rôle du Venezuela dans la situation actuelle du pétrole

10 Avril 2021, 18:03pm

Publié par Bolivar Infos

Par Betzabeth Aldana Vivas

 

Au XXème siècle, William Burchfiel, un lieutenant de marine du Tennessee a décrit Caripito -état de Monagas- comme un détachement tropical des Etats-Unis.

 

Rodolfo Quintero, Anthropologie du petrole

 

En 1887, la General Asphalt, filiale de la fameuse compagnie pétrolière étasunienne New York and Bermúdez Company, exploitait le lac naturel d'asphalte de Guanoco dans l'est du pays. Ce pourrait être le point de départ le plus remarquable de ce que signifie « Venezuela » dans l'argot industriel capitaliste étasunien.

 

Sans vouloir plonger dans les profondeurs de l'histoire de l'industrie pétrolière au Venezuela, il faut mentionner la plainte du président du Venezuela de l'époque, Cipriano Castro, contre la General Asphalt pour des illégalités dans les indemnisations et la contre-attaque de cette entreprise.

 

La réponse de l'entreprise ne s'est pas faite attendre et en coulisses, elle a financé un groupe armé contre Castro en utilisant comme visage public le banquier Manuel Antonio Matos, un mélange de propriétaire terrien et de commerçant. Ce fait a été le hors-d'oeuvre des tactiques communes d'ingérence des grandes entreprises pétrolières étasuneinnes dans les processus politiques du pays. Le reste est de l'histoire.

 

Ensuite, sous le mandat de Juan Vicente Gómez, on a offert aux entreprises étrangères un festin de pétrole qui a conditionné les structures politiques, économiques et sociales du Venezuela pour les années à venir.

 

On rapporte ce fait parmi tous ceux qui existent pour montrer l'impact ou l'influence des grands monopoles étasuniens du secteur pétrolier qui tournent encore, dans une certaine mesure, autour des processus politiques du Venezuela car les entreprises pétrolières étasuniennes sont une composante importante de la politique étrangère des Etats-Unis.

 

Sur cette base, survient la donnée qui sera le fil conducteur de cette investigation : le Venezuela est la principale source de pétrole étranger pour les raffineries de la Côte du Golfe des Etats-Unis puisque l'industrie pétrolière vénézuélienne a été organisée par les grandes corporations venues des Etats-Unis pour faire prévaloir leurs intérêts.

 

Pour cette raison, dans les circonstances actuelles de siège de l'Empire contre le Venezuela, il est important de revoir les dynamiques d'importation du pétrole vénézuélien destiné au parc de raffineries étasuniennes pour e n détacher certains faits importants concernant l'attraction des Etats-Unis aussi latente que vive pour les ressources gisant dans le sous-sol vénézuélien.

 

Pour l'économiste Francisco Mieres, l'investissement étranger dans le pétrole est tellement attractif précisément parce que c'es tleplus lucratif de tous.

 

Les raffineries étasuniennes et le brut vénézuélien

 

En 2003, le cabinet de conseil étasunien Purvin & Gertz a publié une analyse du marché des Etats-Unis concernant les produits vénézuéliens raffinés et a révélé des données intéressantes :

 

Il souligne que les projets de la frange Pétrolifère de l'Orénoque destinés à extraire du brut lourd pouvant être traité dans des raffineries traditionnelles auraient un impact sur les importations de pétrole des Etats-Unis en augmentant la participation de PDVSA à ce marché.

 

Le cabinet de conseil conclut qu'à cause du haut degré de pénétration du marché par PDVSA, en étant réaliste, cette entreprise ne pourrait détourner de grosses quantités du pétrole brut qu'elle produit vers d'autres clients étrangers snas conséquences financières graves.

 

Bien que ce cabinet de conseil ne fasse pas mention des « sanctions, » on sait bien que dans une perspective géopolitique , la domination et le contrôle des ressources naturelles sont cruciaux et que si on touche à ce tableau, les conséquences aux allures de menaces sont constamment sur la table. 

 

D'autre part, le pétrole brut vénézuélien est qualifié, grosso modo, de lourd contenant du souffre. Pour traiter économiquement le brut lourd pour en faire des produits dérivés à plus forte valeur ajoutée, il faut le raffiner d'une façon très compliquée et ce sont les Etats-Unis, le Venezuela et les Caraïbes qui possèdent la plupart de la complexe capacité de raffinage de cette sorte de brut dans la Corne Atlantique.

 

Il est évident que du point de vue géographique, tout est organisé au niveau des infrastructures et du transport pour nourrir les Etats-Unis d'énergie. 

 

En particulier, aux Etats-Unis, les raffineries de la Côte du Golfe sont conçues pour traiter de grosses quantités de brut lourd contenant du souffre et pour produire de grosses quantités d'essence et de faibles quantités de fuel lourd.

 

C'est pourquoi cette donnée est le fil conducteur du récent rapport publié par le bureau de reddition de comptes du Gouvernement des Etats-Unis (GAO) qui montre les 5 points qui rendent le brut vénézuélien si important sur la marché étasunien.

 

Bien qu'on n'y trouve pas de preuve que les « sanctions » ont un impact significatif que le marché pétrolier étasunien en général, il ait possible qu'elles aient affecté de façon disproportionnée à certaines raffineries étasuniennes. 

 

Beaucoup de raffineries de la Côte du Golfe ont investi des sommes importantes pour pouvoir traiter ldes bruts plus lourds et plus et meilleur marché, comme le brut vénézuélien. Avec l'imposition des « sanctions » des Etats-Unis à PDVSA, les raffineries de la Côte du Golfe ont cherché des sources et des types de brut alternatifs en modifiant la façon de procéder.

 

Selon certains experts du secteur, en perdant le brut vénézuélien, ces raffineries ont dû utiliser d'autres sources de brut, ce qui a réduit leurs bénéfices.

 

Ces raffineries ont changé de sources de brut plus léger pour conserver leur capacité de raffinage et cela a réduit la rentabilité des raffineries parce que le brut léger est habituellement plus cher.

 

Etant donné que la disponibilité relative des bruts légers et lourds a changé depuis 2011, le différentiel des prix moyens entre les bruts légers et les bruts lourds s'est réduit : pour le GAO, imposition de « sanctions » par le Département du Trésor à PDVSA en 2019 a fait monter le prix du brut lourd à cause de la diminution de l'offre.

 

A l'origine, les raffineries de la Côte du Golfe faisaient les plus gros bénéfices du monde car elles recevaient plus de 95% des exportations de brut vénézuélien snas compter les facteurs temps et coût du brut lourd en provenance du Venezuela.

 

Selon le graphique élaboré par le GAO, de 2018 à 2019 les entrées annuelles de pétrole brut sur la Côte du Golfe ont diminué de 2,3%, ce qui équivaut à 204 000 barils par jour. En 2018, ces raffineries avaient importé 498 000 barils de pétrole vénézuélien par jour. Sans les « sanctions, » en 2007, les Etats-Unis importaient en moyenne 1 100 000 barils de pétrole vénézuélien par jour. 

 

De plus, si les raffineries étasuniennes remplacent le pétrole vénézuélien, le plus probable est que le brut arrive aux Etats-Unis de beaucoup plus loin et, finalement, coûte plus cher. Cela, à son tour, ferait augmenter le prix du diésel pour les consommateurs étasuniens et aussi celui des aliments, du matériel médical et d'autres produits.

 

En exceptant le fait que les Etats-Unis sont actuellement le plus gros exportateur de pétrole du monde grâce au boom de l'extraction du gaz de schiste par fracturation, on peut penser que leurs plans sont prévus sur le long terme et plus encore quand il s'agit d'énergie. Evidemment, des scénarios ont été envisagés avec des données qui ont déjà été plus que prises en compte :

 

L'épuisement des principaux champs de pétrole est de notoriété publique etil est vertigineux à cause de la technique d'extraction employée : on doit forer continuellement pour que l'extraction puisse se faire. 

 

Selon l’Administration d'Information sur l'Energie des Etats-Unis (EIA), de mars 2020 à mai 2020, plus de 3 000 puits ont fermé en Dakota du Nord pendant 1 mois entier ou plus. Ajouté à cela, le rapport Perspective Energétique Annuel 2021 de l'EIA estime que la production pourrait être rétablie en 2023, en conservant la quantité de 13 000 000 à 14 000 000 de barils par jour jusqu'en 2050.

 

Il n'est pas étonnant que la vice-présidente Kamala Harris ait déclaré que les nouvelles guerres se feront pour l'eau mais ça a toujours été le cas : pour exploiter lepétrole, on a besoin d'énormes quantités d'eau, ils ont pris cet élément en considération depuis des temps immémoriaux. Le contrôle et la domination sont pour ces 2 ressources.

 

Il faut aussi souligner l'investigation du professeur émérite des Etudes Internationales sur l'Energie de l'Université Erasme de Róterdam, Peter Odell. Basée sur le fait que les dépôts de brut légers conventionnels diminuent et que les bruts lourds les remplacent, Odell estime qu'en 2100, l'industrie pétrolière sera plus importante qu'en 2000 mais qu'elle dépendra à 90% des bruts à fort contenu acide, des bruts lourds, du bitume et du sable bitumineux. Au Venezuela, nous avons le pétrole qui possède ces caractéristiques.

 

Après avoir élargi ce panorama technique et commercial, le brut lourd pourra continuer à être attractif pour les marchés de l'avenir. Certainement, dans leurs plans d'indépendance et de domination énergétique, les Etats-Unis envisageront des scénarios dans lesquels leurs seules raffineries sont habilitées à le traiter et disponibles obligatoirement. S'ils accaparent les vaccins en pleine pandémie, le pétrole ne restera pas en arrière.

 

Alors, bon, dans le cadre de la politique réelle, fin mars, Bloomberg a publié que les Etats-Unis, privés de l'accè au brut vénézuélien en arriveront à recourir au pétrole russe pour combler ce vide. Selon cet article, les importations étasuniennes de Russie ont atteint 

538 000 barils par jour en moyenne en 2020 tandis que certains acteurs politiques étasuniens faisaient pression sur l'Europé pour empêcher la construction du Nord Stream 2, un projet de gazoduc russe.

 

Cette interruption dans la fourniture de pétrole brut illustre la façon dont les mesures coercitives unilatérales (MCU) contre le Venezuela n'affecte pas sa population que dans la sphère économique et sociale mais aussi à court terme et qu'à un coin de rue, on peut sentir leur impact aux Etats-Unis même.

 

Pour le bien ou pour le mal, d'une certaine manière et pour un certain temps, ils ont besoin du brut vénézuélien. Face à cette situation, les opérations de changement de régime par des moyens non démocratiques au Venezuela pourraient s'accélérer sur différents fronts. 

 

Ainsi, ils continuent à opérer de la même façon que quand 'ils ont financé des groupes armés à l'époque de Castro. Ce n'est pas un hasard si actuellement, l'Etat vénézuélien affronte balles biologiques du Brésil et les balles des narco-paramilitaires de la Colombie, 2 pays capables de pousser les avancées de la guerre hybride sur le territoire dans le but que nous connaissons.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/04/09/pensamiento-critico-el-rol-de-venezuela-en-el-escenario-petrolero-actual/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/04/venezuela-le-role-du-venezuela-dans-la-situation-actuelle-du-petrole.html