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Colombie : Y a-t-il un plan derrière l'assassinat de dirigeants sociaux ?

6 Mai 2021, 17:34pm

Publié par Bolivar Infos

Par Natalia Prieto C

 

Depuis la signature de l'accord de paix, le 24 novembre 2016, les assassinats de dirigeants sociaux et d'anciens combattants, contrairement à ce à quoi on s'attendait, ont augmenté de façon exponentielle. Entre le 1er novembre 2016 et le 30 juin 2020, 944 homicides de dirigeants sociaux et d'anciens combattants des FARC-EP ont été enregistrés dans 29 des 32 départements du pays et la plupart ont beaucoup en commun. Ce rapport, présenté par 9 organisations sociales, révèle que les 944 morts violentes n'ont pas été accidentelles et montre qu'il existe un modèle de comportement criminel.

 

Les régions du nord du Cauca, Urabá Antioqueño et Bajo Atrato Chocoano, du sud de Córdoba, du nord-est et du bas Cauca Antioqueños sont traditionnellement les plus touchées. Les plus de 255 assassinats qui se sont produits dans ces régions ont en commun d'avoir eu lieu dans des zones hautement touchées parle conflit armé à ce moment-là et si ça ne suffisait pas, actuellement la pauvreté, l'absence de l'Etat et la présence d'économies illégales les guette.

 

Le modèle identifié par ce rapport dans l'assassinat de dirigeants sociaux dans ces régions est que les personnes assassinées appartenaient à plusieurs secteurs de défense des droits de l'homme. Par exemple, un dirigeant fait partie d'une Assemblée d'Action Communale et à un parti ou à un mouvement politique et à une organisation paysanne. Cela les rend plus vulnérables.

 

La plupart des personnes assassinées sont mortes en soutenant ou en défendant l'Accord Définitif de Paix, surtout les points concernant la réforme agraire intégrale, les victimes et la substitution volontaire des cultures à utilisation illégale, la participation à la politique et les victimes. Elles soutenaient ou participaient aussi à des processus de restitution de terres et de défense des droits environnementaux et territoriaux. Dans 80% des municipalités dans lesquelles ces assassinats ont eu lieu se trouvaient des cultures de coca dans les années 2016, 2017, 2018 ou 2019, un problème toujours sans solution.

 

Impunité

 

Le plus grave, assure le rapport de Coljuristas, est que le ministère de la Justice ne donne aucune information qui permette de connaître l'orientation des investigations ni leur avancée dans la capture ou la reconnaissance des organisations criminelles qui seraient derrière ces crimes.

 

En 2019, Néstor Humberto Martínez, le procureur de l'époque, a reconnu avant de démissionner en mai de cette année que les assassinats de dirigeants sociaux sont systématiques.

 

Le rapport a identifié des pratiques du ministère de la Justice dans le traitement et la présentation des chiffres contenus dans les enquêtes concernant ces homicides qui ne respectent pas les paramètres établis par la Commission Inter-américaine des Droits de l'Homme et qui seraient bien inférieurs aux chiffres réels car il semblerait que l'institution refuserait de reconnaître publiquement ceux que lui remettent la défense du Peuple, les organisations sociales reconnues et les ONG qui défendent les Droits de l'Homme concernant les assassinats de défenseurs des Droits de l'Homme et de dirigeants sociaux.

 

« Le ministère de la Justice, en accord avec le Gouvernement, publie seulement les chiffres qu'il reçoit du Haut commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme (OACNUDH) en Colombie qui, jusqu'en décembre 2020, a été la source qui a donné les chiffres les plus bas. Il n'y a aucune explication à cette attitude et on peut en déduire une intention politique de manipuler l'information qui oublie même l'avertissement lancé pat l' OACNUDH à plusieurs occasions à propos de la partialité de ses enregistrements ett de la nécessité de les compléter avec d'autres sources, » assure la rapport.

 

De plus, le rapport affirme que le ministère de la Justice donnerait des informations publiques erronées sur le traitement judiciaire des acteurs présumés de ces assassinats car l'infirmation qu'il diffuse au public ne coïncide pas avec l'activité judiciaire réellement réalisée. « Par exemple, dans le cas des dirigeants Aquileito Mecheche, José Leandro Chavarría et Norberto Alonso Gutiérrez, aucun des individus capturés pour l'assassinat présumé de ces dirigeants n'a été traduit en justice pour le homicide mais pour d'autres délit comme association de malfaiteurs ou port illégal d'armes, ce qui crée la fausse sensation que les responsables d eces crimes sont réellement jugés alors qu'en réalité, on les juge pour trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs ou port illégal d'armes à feu, » précise le rapport.

 

Face à l'ampleur des chiffres et à la nature de ces crimes, le rapport lance un appel urgent à l'Etat concernant son obligation d'enquêter, de juger et de sanctionner, de prévenir de nouveaux assassinats et de garantir la non répétition de ces crimes et d'autres violations des Droits de l'Homme dans le pays, une tâche qui reste immense. 

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/04/12/colombia-hay-un-plan-detras-del-asesinato-de-los-lideres-sociales/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/05/colombie-y-a-t-il-un-plan-derriere-l-assassinat-de-dirigeants-sociaux.html