Venezuela : De la fin de l'usurpation à un accord avec le Gouvernement
Par Nazareth Balbás
Après avoir perdu son siège de député et la reconnaissance des Etats-Unis comme « président par intérim, » le politicien lutte pour garder son emprise sur une opposition affaiblie.
Les actions de Juan Guaidó sont en baisse. Mardi, le politicien d'opposition a envoyé un message qui a déconcerté ses adetes parce qu'elle contredisait la ligne dure de son discours contre le chavisme et, de plus, parce qu'il envisageait un « accord » qui comprendrait même la levée des sanctions des Etats-Unis.
Ce pacte, selon Guaidó, prévoit « la mise en place d'un calendrier pour des élections libres et justes, » la recherche de solutions « réalistes et viables » à la crise vénézuélienne et l'établissement de garanties pour toutes les parties dans une négociation à laquelle participeraient des organismes internationaux et les « puissances mondiales. »
L'apparition de cette proposition n'est ni un hasard ni improvisée. Les signaux d'une négociation souterraine entre le Gouvernement et les agents de l'opposition, au-delà de Guaidó, sont évidents et donnent des résultats. L'un des signes les plus représentatifs de ce rapprochement est la récente désignation d'une nouvelle direction du Conseil National Electoral (CNE) à laquelle participent des figures importantes de l'anti-chavisme comme Enrique Márquez, du parti UNT, et Roberto Picón, qui qui était en prison en 2017 pour rébellion, trahison envers la Patrie et vol d'objets militaires.
Ces mêmes agents, sans trop de bruit, ont obtenu des réussi que Guaidó ne pouvait imaginer comme siennes. De plus, depuis janvier l'ex-député n'a rien fait de plus qu'accumuler les revers comme la perte de son siège au Parlement et le retrait de la reconnaissance de l'Union Européenne (UE) comme « président par intérim. » Face à cette situation, la dernière carte de « l'intérimaire » pour se maintenir à flot est de jouer avec les nouvelles règles du locataire de la Maison Blanche.
Négociations à 2 vitesses
Si en 2019, un Guaidó inconnu et autoproclamé promettait « la fin de l'usurpation, un Gouvernement de transition et des élections libres, » l'ex-député demande maintenant « un accord pour sauver le Venezuela » qui inclurait la levée des sanctions des Etats-Unis, le mécanisme de « pression maximale » que l'opposition radicale défendait pour provoquer le départ de Maduro.
Pour certains analystes consultés par ce média, au Venezuela, une négociation à 2 vitesses peut s'ouvrir : une lente, avec Guaidó et une autre rapide, avec des figures d'opposition qui n'appartiennent pas au G-4 (les partis Action Démocratique, Primero Justicia, volonté Populaire et Un Temps Nouveau).
D'un côté, Guaidó pourrait utiliser le soutien de Washington qui lui reste pour essayer de négocier un « accord intégral » avec le Gouvernement et arracher ainsi la prééminence aux secteurs d'opposition qui ont ouvert des canaux de dialogue.
D'autre part, l'opposition, mécontente à cause de l'échec de la politique de Guaidó serait à la tête des « dialogues partiels » avec le Gouvernement de Maduro, destinés à assurer les conditions qu'ils considèrent comme nécessaires pour participer aux prochaines élections régionales et municipales. Les principaux négociateurs de ce secteur seraient l'ex-candidat à la présidence Henrique Capriles et l'ex-vice-président du Parlement, Stalin González.
C'est que les élections, qui sont déjà confirmées pour cette année, sont un point clef. Le grand nombre de charges suscite l'appétit d'une opposition qui, pendant ces 2 dernières années, n'a rien fait d'autre que de céder du terrain au chavisme dans la représentation à cause de l'abstentionnisme de Guaidó qui pariait qur le « tout ou rien. » Et Guaidó le sait.
C'est pourquoi, dans son message de jeudi, il a affirmé qu'il comprenait la lutte pour obtenir de « nouvelles conditions » électorales mais qu'il ne reconnaissait aucun effort qui serait fait sans lui. Plus encore, il accusait les agents qui négocient actuellement de « conspirer avec la dictature » pour s'ériger en « opposition loyale envers cette tyrannie. »
Sortir de cette partie « catastrophique »
Les appels au dialogue au Venezuela sont presque aussi fréquents que leurs échecs. C'est pourquoi, à cette occasion, l'hermétisme sur les négociations semble prévaloir. De plus, les accords, dans la politique nationale volatile, exigent le plus grande prudence de la part des interlocuteurs.
Mais ce qui est clair, c'est la disposition des agents en lice à sortir de cette partie « catastrophique, » c'est à dire de ce scénario dans lequel l'opposition contrôle le mécanisme d'asphyxie économique du pays grâce au blocus mais sans exercer de pouvoir politique et le chavisme conserve son hégémonie dans l'Etat mais n'a pas de marge de manœuvre internationale. Dans ce différend, les Vénézuéliens ordinaires sont ceux qui conduisent la pire partie, avec un pays sévèrement affecté par les sanctions et des institutions fragiles.
La voie sur laquelle le Gouvernement et une bonne partie des secteurs les plus représentatifs de l'opposition semblent être d'accord, c'est la re-institutionnalisation du pays et le premier pas a déjà éta fait avec le nomination du nouveau CNE. Les prochaines élections seraient une nouvelle marche mais pendant le trajet, tout peut arriver.
Guaidó, qui porte le fardeau des défaites des insurrections et de « l'effet dévastateur » des sanctions qu'il a encouragées, essaie de faire un contrôle des dégâts dans un pays qui, à cause de ces mêmes mesures coercitives, a eu des difficultés pour payer des vaccins contre le coronavirus, pour acheter des aliments, du matériel médical et vendre son principal produit d'exportation : le pétrole. Dans sa tentative pour ne pas rester indéfiniment hors jeu, maintenant, il plaide pour le « sérieux » et « l'empathie » pour érsouf-dre la crise.
« Tout ce que nous avons sacrifié nous a conduits jusqu'ici, » a-t-il dit mardi soir et Maduro a immédiatement répondu. Il a affirmé que cette idée n'était pas une nouvelle car il existe déjà un dialogue avancé entre « l’opposition et le bolivarisme, » un processus qu'il l'avait invité à intégrer.
« Maintenant, il va, désespéré (…) Il vient aujourd'hui dire qu'il veut le dialogue parce qu'il est resté en-dehors de tout, isolé et vaincu (…) La seule chose qu'il peut faire, c'est d'intégrer le dialogue qui existe déjà, pas croire qu'il va diriger le pays ni ne le reconnaît même pas, » a déclaré Maduro.
Mais le dernier mot pourrait revenir à la Maison Blanche. Jusqu'à présent, le Gouvernement de Biden a eu une position pragmatique concernant le Venezuela en reconnaissant le peu d'efficacité des sanctions qui avaient été défendues avec tant d'insistance par le Gouvernement de Trump et en défendant à présent une issue politique, pas par la force. Un changement de rythme qui ne laisse pas indifférente l’opposition vénézuélienne qui danse au son qui convient à Washington.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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