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Venezuela : Le mythe de la corruption chaviste

22 Mai 2021, 16:44pm

Publié par Bolivar Infos

Par Heathcliff Cedeño

 

Chaque fois qu'on découvre un fait de corruption et surtout quand il s'agit de fonctionnaires du Gouvernement ou de l'Armée, on qualifie le Gouvernement Bolivarien d'entreprise qui encourage le crime même quand celui qui signale le fait et l'amène devant la Justice est l'Etat lui-même.

 

Ce geste automatique de ceux qui se frottent les mains en espérant que « tombe » un chaviste corrompu est classique de ceux qui prétendent que l'adminsitration d'un pays doit être aux mains d'une classe de professionnels bien éduqués et « formés » pour ces tâches.

 

La semaine dernière, le Ministère Public a révélé un réseau de corruption qui impliquait les directeurs de Lácteos Los Andes, une entreprise stratégique pour le pays car elle produit des aliments de grande valeur pour la population vénézuélienne. Après un travail de renseignement des organismes de sécurité, des syndicats et sur ordre du président Maduro, on a pu arrêter le colonel Luis Augusto Piligra Jiménez, président de l'entreprise depuis août 2019.

 

Après l'annonce de cette nouvelle, la corruption, mot qui étymologiquement signifie « action de corrompre (pervertir, gâter) a été mise sur le tapis. Certains l'ont traitée comme un problème individuel et d'autres comme une logique du chavisme comme si la corruption était une politique d'Etat.

 

Ce qui est spur, c'est que le cas du président de Lácteos Los Andes correspond plus à une logique d'accumulation de délits de la bourgeoisie locale qui était déjà installée dans le pays avant l'arrivée du chavisme et qui constitue le capitalisme rentier.

 

Les délits imputés au colonel et à sa femme Amelys Aracely Cabrera Gómez sont, entre autres : détournement d'argent volontaire par fonctionnaire public, association de fonctionnaire avec un sous-traitant, absence de procédures d'autorisation présumés, avoir une marque propre d'un produit laitier et utiliser la matière première de l'entreprise publique pour son élaboration. Ces délits ont certainement été commis pendant tout le XX ème siècle quand a émergé la culture parasite du patronat vénézuélien.

 

Il faut dire que Piligra possède à Apure une ferme d'élevage qui porte le même nom que la parque de produits laitiers : Villa La Estancia, une entreprise agroalimentaire qui installée dans sa ferme d'élevage du nom de MALUGA, C.A. et un café-restaurant dans l'état de Miranda du nom de La Esquinita Gourmet. Construire un empire sur la corruption et chercher à se placer dans une zone de l'est de Caracas correspond plus aux aspirations bourgeoises qu'à celles du chavisme.

 

Et a propos du mythe disant que ce pays doit être gouverné par la classe « convenable et préparée » qui n'est pas corrompue parce qu'elle n'a pas besoin de « voler, » il faut rappeler que les patrons vénézuéliens ont amassé leurs grosses fortunes avec la complicité de la classe politique qui gouvernait le Venezuela avant l'arrivée de la Révolution Bolivarienne et que cette alliance a conduit le pays à un niveau de pauvreté qui a été à l'origine de l'irruption du chavisme.

 

Il suffit de rappeler que la famille Mendoza, de Empresas Polar, a joué le rôle de grande sous-traitante pour les partis Action Démocratique et COPEI et que cela lui a permis d'amasser le gros capital de base qui lui a permis de créer son grand conglomérat d'entreprises dont le patrimoine représente actuellement 767 000 000 000 de $.

 

Un autre cas qui remonte à l'époque de la Quatrième République est celui des « 12 apôtres, » un groupe de patrons vénézuéliens proches du président Carlos Andrés Pérez qui, après l'avoir soutenu aux élections de 73, sont apparus sur les contrats les plus lucratifs concédés pendant son mandat dont celui concernant le barrage de Guri, le projet pétrochimique PENTACOM, la construction du complexe urbain Parc Central (le complexe commercial et de bureaux le plus important d'Amérique du Sud à l'époque), entre autres.

 

Ce qu'il faut retenir de tout cela, c'est que la corruption au Venezuela a une composante privée sous-jacente dans le métabolisme propre du capitalisme et dans son désir d'accumuler de la richesse. Le mythe du patron sans tache et a la morale indiscutable avant ce siècle est ne peut être soutenu historiquement. 

 

Et je ne cherche pas à dire que la corruption de là-bas est pire que celle d'ici parce qu'en fait, il n'existe qu'une corruption et elle correspond à la même chose. Il est naturel que nous ressentions un petit frisson quand la justice tombe sur quelqu'un qui a mal géré une entreprise, un ministère ou n'importe quel organisme dont le but est de profiter à beaucoup de gens, surtout à un moment où le pays est assiégé par un blocus criminel et des menaces de toutes sortes.

 

De tels moments sont utilisés pour chanter en choeur : « Les militaires dans leurs casernes ! » parce que leur première fonction est la défense et qu'ils ne peuvent remplir d'autres tâches, ce qui répond à la logique antérieure à l'arrivée de la Révolution Bolivarienne qui refusait toute autre forme d’organisation. Que des fonctionnaires de différents rangs ou de divers secteurs de l’administration publique soient traduits en justice fait partie de la lutte contre ce fléau à l’intérieur de l'Etat.

 

La corruption est un terme complexe et a de nombreux sens. Dans beaucoup de cas, elle est utilisée comme vecteur d'intervention par ceux qui pensent avoir une autorité morale pour juger. C'est le cas des Etats-Unis dont le drapeau brandi pour attaquer le Venezuela est d'en finir avec la corruption du chavisme alors même qu'ils soutenaient le fuax Gouvernement de Juan Guaidó et le pire réseau de corruption après qu'il nous ait dépouillés de nos actifs à l'étranger.

 

D'autres grands crimes de corruption sont commis par les transnationales mais parce qu'ils sont invisibles, ils ne sont pas jugés et ces faits sont même dissimulés par des institutions mondiales comme le Fonds Monétaire International (FMI) qui impose les règles et le discours dominant en matière de finances. Ce qui est naturel, c'est que les multinationales pillent les pays et les Etats portent le poids de la dette dans les dépenses publiques et les conséquences qui découlent des dettes sociales en matière de revendications. Dans ce cas, il est plus facile de juger un individu qu'une entreprise qui peut disparaître d'un pays à tout moment.

 

Mais l'opération des multinationales peut être plus cynique encore si on tient compte du fait qu'avant leur arrivée dans le pays, elles génèrent les conditions favorables à l'exploitation des ressources matérielles et humaines avec la complicité des organismes chargés d'approuver les gros crédits. Il est évident qu'il y a des corrompus locaux qui se prêtent à ce jeu mais leurs bénéfices sont minimes si on les compra à l'extraction de ressources d'une nation entière et les grands corrompus en seront jamais jugés.

 

Sans vouloir justifier aucune sorte de corruption, certains soutiennent que si les conditions sont réunies pour un acte illégal, il aura lieu. Comme conséquence de ce système, il est inévitable que là où quelqu'un peut utiliser son pouvoir pour générer des ressources pour lui-même ou pour ceux de son entourage, c'est inévitable. Dans quel pays où le système capitaliste prédomine, n'y a-t-il pas de corruption ?

 

Ils surviendront dans une plus grande ou dans une plus petite mesure parce que ce délit fait partie intégrante du capitalisme (le pure des crimes contre le monde) et,par conséquent, il imprègne tous les secteurs et toutes les couches de la société, surtout le secteur privé dont on ne peut pas soutenir qu'au Venezuela, étant dépendant du pétro-Etat, il utilise « ses propres ressources » et agit « avec son argent. »

 

C'est un bon exercice de se demander s'il y a plus de corrompus maintenant qu'avant ou si on le remarque plus parce qu'il y a moins de ressources et que le peu qu'il y a, de plus, est disputé dans une barbarie provoquée par la guerre. Des cas comme celui du colonel Piligra Jiménez continueront à sortir au grand jour parce que la Révolution est composée d'individus et que tout le monde est susceptible d'être corrompu et de trahir ses fragiles principes. De plus, l'histoire est pleine de traîtres et de corrompus qui, à un moment, en ont même indiqué d'autres.

 

Cela fait de la lutte contre la corruption un processus constant et donc, bien qu'on affirme qu’elle est inévitable, les institutiosn de justice doivent continuer à se renforcer pour poursuivre son engagement éthique de lutter contre ce monstre, de châtier les crimes impardonnables.

 

Mais la tâche de la Révolution Bolivarienne en tant que telle est depenser et de concevoir notre socialisme, un système nouveau qui nous implique tous et nous affirmons que la corruption est inacceptable et même impensable parce que précisément, nous participons tous à la construction d'un nouveau modèle de société et qu'elle porte atteinte au bien commun.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/05/21/venezuela-el-mito-de-la-corrupcion-roja-rojita/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/05/venezuela-le-mythe-de-la-corruption-chaviste.html