Venezuela : Pourquoi les CLAP sont attaqués
Par Clara Sánchez
En 2014, dans un livre qui rassemble les documents déclassifiés disponibles en provenance de divers secteurs du Gouvernement des Etats-Unis, ils ont fait connaître publiquement comment a opéré le Département d'Etat au Chili entre 1969 et 1973, reconnaissant ainsi leur participation au coup d'Etat contre Salvador Allende. En outre, Jack Devine, un agent secret de la CIA, a expliqué quarante ans plus tard, quel avait été son rôle dans le récit des médias, et en particulier d'El Mercurio.
La CIA a donné « environ 2 000 000 de $ en 2 ans à ce média pour lui permettre de continuer à publier » des histoires sur les nationalisations, les actions violentes et la crise économique qui favorisaient, à l'époque, la déstabilisation politique du pays.
De plus, Devine était également impliqué dans l'agitation politique et reconnaît que la CIA y a participé. C'est de cette façon qu'il récupérait, parmi ses sources, des femmes de la classe moyenne. A l'une d'elles, il a remis 100$ pour organiser des manifestations avec des casseroles vides pour protester contre la pénurie d'aliments. Il considérait au début que c'était « une bonne idée qui justifiait au moins un petit investissement » et c'est finalement devenu la première « marche des casseroles » contre Unité Populaire.
Dans le cas du Venezuela, il ne sera pas nécessaire que les Etats-Unis déclassifient des documents 40 ans plus tard pour savoir qu'ils ont participé à la politique de siège du pays pour stimuler le « changement de régime » contre le président Nicolás Maduro et que des acteurs internes et étrangers étaient aussi impliqués dans celle-ci.
Au Chili, on peut identifier des agents comme El Mercurio ou les femmes de la classe moyenne qui ont opéré en particulier dans le système agro-alimentaire et ensuite sur la population, 2 composantes du pouvoir national, pour lui porter atteinte, l'affaiblir ou le réduire pour faire s'effondrer le Gouvernement et provoquer la paralysie du pays et atteindre ainsi les buts poursuivis par les Etats-Unis.
De la «Marcha des casseroles vides » à « la dernière queue »
Le secteur que ces opérateurs ont attaqué constamment au Venezuela depuis 2014 est celui ses aliments. Cela a commencé quand ils ont voulu répéter, au milieu des «guarimbas», « la Marcha des casseroles vides » sans aucune justification car, cette année-là, la population vénézuélienne jouissait encore d'indicateurs alimentaires au plus haut niveau.
Des indicateurs qui se sont maintenus en 2015, même au milieu de la guerre économique, de la pénurie induite, des longues queues pour acheter des aliments de base et même du phénomène du “bachaqueo1” en particulier vers la Colombie. Une réalité qui a été rapportée par la BBC : « Celui qui regarde du dehors peut penser que parce qu'il y a pénurie de produits de première nécessité, le Vénézuélien a faim (…) Mais on sera surpris de voir que, dans la plupart des maisons, riches ou pauvres, beaucoup de ces produits sont dans les réfrigérateurs, dans les placards et sur la table. »
Cette année-là, la « dernière queue » fut le slogan que l'opposition a utilisé pour conquérir l'Assemblée Nationale qui a ensuite donné son aval aux « sanctions » des Etats-Unis qui ont été appliquées au pays de 2016 à 2020.
Cette Assemblée Nationale est immédiatement devenue le bras agissant des politiques des Etats-Unis contre le Venezuela à l'intérieur du pays et à l'étranger et l'est restée jusqu'à ses derniers jours. Et c'est de cet endroit qu'a été structurée l'attaque du programme d'aliments subventionnés en porte à porte connu sous le nom de Comités Locaux d'Approvisionnement et de Production (CLAP), créé en 2016.
Et les queues pour acheter des aliments de base, sur lesquelles les médias s'appuyaient pour garder le Venezuela à l'ordre du jour et l'Assemblée Nationale d'opposition (2016 – 2020) prenait position ont commencé à disparaître à mesure que les CLAP se sont étendus dans tout le pays et que les produits alimentaires sont arrivés librement à la porte des maisons des familles vénézuéliennes. Le chaos a commencé à se diluer et il était impératif pour les Etats-Unis, et ça l'est encore, d'empêcher le Gouvernement vénézuélien d'avoir une plus grande liberté d'action dans ce domaine.
C'est pour cela qu'on a mis en place une combinaison de terrorisme économique et médiatique et de « sanctions économiques. »
Terrorisme économique parce qu'on a persécuté d'une façon ou d'une autre des chefs d'entreprises vénézuéliens et étrangers et même des entreprises impliquées dans l'approvisionnement des CLAP au Venezuela. Fournir un bien essentiel au Venezuela est devenu un délit non reconnu officiellement et destiné à provoquer un châtiment diffus, masqué, dont la chasse se concentre réellement sur le programme alimentaire, cherche à le discréditer pour le faire rejeter par la population à laquelle il est destiné et au-delà, à discréditer et à faire rejeter n'importe qui qui ose fournir des aliments au Venezuela.
C'est pourquoi à l'Assemblée Nationale s'est constitué un réseau d'acteurs, de personnalités politiques, médiatiques et stratégiques qui fouinent constamment autour des CLAP comme on le fait encore à présent pour tout mouvement qui est fait ou toute trace d'achats d'aliments par le Gouvernement vénézuélien. Le prétexte, toujours soutenu par « d'obscures affaires » qu'ils continuent à avancer sur des suppositions ou des présomptions ou de dire, comme tout récemment, « il a dû » ou « probablement » pour celles qui ont été imputées à Maradona, Le Dix.
L'Assemblée Nationale (2016 – 2020), le bras agissant des Etats-Unis au Venezuela
En 2020, au milieu de la pandémie mondiale, on a appris que les entreprises mexicaines Libre Abordo et Schlager Business Group et leurs patrons avaient été « sanctionnés » par les Etats-Unis pour avoir échangé du pétrole contre de la nourriture avec le Venezuela.
Mais ce n'était pas la première affaire. Depuis 2017, la chasse aux CLAP s'est aggravée dans le domaine médiatique et politique grâce au patron Samark López qui a déposé, pour l'Assemblée Nationale, bras agissant des Etats-Unis au Venezuela, sa première plainte après avoir rejeté leur lancement en 2016.
On accusait le patron d'avoir vendu des aliments au Venezuela pour le programme alimentaire avec des sur-prix depuis le Mexique et en même temps d'être le prête-nom du vice-président de la République Bolivarienne du Venezuela de l'époque, Tareck El Aissami. Celui-ci était aussi accusé de s'être enrichi avec les aliments avant que les Etats-Unis l'accusent d'avoir « des liens présumés avec le trafic de drogues » et de ne pas respecter les « sanctions » du Département du Trésor. La Maison Blanche a fini par promettre une récompense de 10 000 000 de $ à qui « dirait où il est. » Tous 2 ont été « sanctionnés » début 2017.
En 2020, les Etats-Unis ont mis à prix la tête de López pour 5 000 000 de $. Un mois après avoir appris que l'informateur grâce à qui on les avait accusés tous 2 avait menti et avait volé 140 000 $ aux fédéraux étasuniens qui les transportait, mettant ainsi l'affaire en danger et mettant en évidence le fait qu'aux Etats-Unis, on utilisait de fausses accusations pour obtenir un « changement de régime » au Venezuela.
Ce qui est sûr, c'est qu'en 2017, on a commencé à les accuser d'avoir acheté des aliments pour les CLAP en 2016 et on a fini tout simplement par les accuser d'e ne pas respecter les « sanctions » imposées par les Etats-Unis, raison pour laquelle il fallait les poursuivre « pour protéger les citoyens des Etats-Unis du régime illégitime de Maduro » : comprendre « pour protéger les citoyens étasuniens de Nicolás Maduro, » selon l'ex-secrétaire d'Etat Mike Pompeo.
Un autre cas qui a peut-être été plus connu est évoqué dans « Alex Saab et le blocus des aliments au Venezuela » Parmi les acteurs impliqués qui ont exploité cette affaire se trouvent, évidemment, l'Assemblée Nationale (2016 – 2020), la presse « indépendante » financée par la NED, l'USAID et Foreign & Commonwealth Office, entre autres, et un autre personnage ainsi que Luisa Ortega Díaz, l'ex-procureur général de la République, récemment destituée à cette époque qui, au milieu de journalistes, au Brésil, lisait gauchement un morceau de papier qu'on lui avait donné et qui portait le nom d’une entreprise pour accuser, cette fois, le président Nicolás Maduro en personne de s'être enrichi directement grâce aux CLAP. Luisa Ortega Díaz qui, actuellement, est accusée aux Etats-Unis d'avoir donné 1 000 000 de $ de pot-de-vin à un patron vénézuélien.
L'arrestation illégale d'Alex Saab: de l'Assemblée Nationale à la « presse indépendante »
Tout ceux-là se battaient pour obtenir la reconnaissance des Etats-Unis qui faisaient pression pour qu'Alex Saab soit extradé du Cap Vert. Une fois arrêté illégalement en 2020 dans ce pays grâce à la justification d'une alerte rouge d'INTERPOL qui n'existait pas, et pire encore, avec un mandat diplomatique d'envoyé spécial depuis 2018, en violant son immunité. Tandis qu'il réalisait une escale technique au cours d'un voyage vers la République Islamique d'Iran pour représenter le Venezuela dans « des démarches destinées à garantir la fourniture humanitaire de produits de grande nécessité pour le pays pendant la pandémie de COVID-19 (…) en plus des habituelles pour la fourniture d'aliments et de médicaments, » peut-on lire dans une notification du Ministère des Relations Extérieures du 1er avril 2020 qui a été rendue publique.
La « presse indépendants » a consacré de longs reportages à Saab à partir de 2017 tant et si bien qu'elle est devenue la protagoniste de l'histoire et, bien sûr, les Etats-Unis ont consacré une attention particulière à leurs publications.
Les journalistes ont commencé à accuser et à condamner Saab pour avoir fourni des aliments pour les CLAP mais c'est un an et demi plus tard, en octobre 2018, que le Gouvernement Trump annonçait le début d'une enquête contre ce patron qui, au mois d'avril de la même année, et pas par hasard, avait été accrédité comme envoyé spécial de la République Bolivarienne du Venezuela pour qu'il « fasse des démarches avec de larges pouvoirs (…) pour trouver des solutions pratiques aux situations complexes qui affectent la République (…) suite au blocus commercial et financier auquel elle est soumise depuis 2015».
En juillet 2019, il est « sanctionnée » par le Département du Trésor, le jour-même où il est officiellement accusé dans les district de Floride des Etats-Unis de blanchiment d'argent présumé datant de 2011 à 2015 mais les accusations, les « sanctions » et les communiqués étasuniens n’évoquent que ses relations avec le président Nicolás Maduro et les CLAP. En septembre de cette même année, les Etats-Unis annonçaient l'augmentation de la pression sur celui-ci pour les mêmes raisons.
En février 2021, alors qu'il était toujours emprisonné illégalement, le Gouvernement Biden examine les personnes impliquées dans l'enquête et des porte-parole qui ont aidé à dévoiler ce que les Etats-Unis qualifient « d'utilisation corrompue du programme d'aliments subventionnés au Venezuela par le régime de Maduro » et, évidemment, reconnaît le travail réalisé par l'Assemblée Nationale d'opposition un mois avant que le procureur suisse annonce la clôture de l'enquête ouverte en 2018 contre Alex Saab pour blanchiment d'argent présumé pour absence de preuves permettant de poursuivre l'affaire initiée en 2020.
Ainsi, une chose qui ne peut être cachée dans les médias et les déclarations des porte-parole des Etats-Unis, c'est qu'Alex Saab a aidé et, semble-t-il continue à aider à échapper aux « sanctions » que la Maison Blanche impose au Venezuela, c'est à dire à échapper au blocus.
Ces 3 cas ne sont pas uniques, il y a plusieurs entreprises accusées, surtout par les médias appartenant à la « presse indépendante, » de fournir des aliments au Venezuela depuis 2018.
Le Groupe de Lima et l'ACNUR contre les CLAP
En octobre 2018, une opération plus médiatique et politique a été organisée au Mexique dans les derniers jours du gouvernement de Peña Nieto.
Du Mexique, on annonçait le démantèlement d'un réseau qui s'enrichissait avec des provisions vénézuéliennes » ce qui signifiait avec les CLAP. De cette action, on n'a plus rien su après ce jour-là jusqu'à ce qu'apparaisse de nouveau le journalisme qui se qualifie lui-même « d'indépendant. »
Ce qui ressort de cette affaire est que Lira Salas, l'ancien sous-procureur général de la République mexicaine qui avait fait cette annonce, affirmait que les produits des CLAP, en fait, étaient revendus à la population vénézuélienne à un prix 112% supérieur au prix réel auquel ils avaient été acquis au Mexique en oubliant que ceux-ci faisaient partie d'un programme subventionné que même maintenant, les familles reçoivent à un prix dérisoire comparé à celui des aliments qu'on trouve sur les gondoles des supermarchés au Venezuela et à l'inflation dont souffre encore le pays.
D'autre part, il oublie le nom des entreprises mexicaines impliquées dans ce soi-disant réseau en leur attribuant un « accord de réparation » destiné à ce que ces entreprises ne soient pas sanctionnées. La première exigence a été de remettre 3 000 000 de $ au Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés (ACNUR) Filipo Grandi, qui, à l'époque, avait réalisé une tournée au Pérou, en Colombie et en Equateur pour s'occuper de la situation des migrants vénézuéliens dans ces pays.
La seconde exigence a été d'exiger des entreprises mexicaines non mentionnées qu'elles s'engagent à ne plus réaliser directement ou indirectement de transactions commerciales avec le Gouvernement vénézuélien ou des pays tiers à travers le programme des CLAP même pour l'acquisition de médicaments.
Et enfin, aussi bien l'ancien sous-procureur que l'ancien sous-secrétaire de la chancellerie mexicaine pour l'Amérique Latine et les Caraïbes, Luis Alfonso De Alva, disent clairement que cet exemple contre le « délit » faisait partie d'une action combinée de croisement d'informations, essentiellement avec la Colombie conformément à l'engagement du Mexique à ce moment-là dans le Groupe de Lima.
L'année suivante, début 2019, des journalistes de México qui s'attribuaient la collecte d'informations sur la soi-disant fraude dans le programme des CLAP reconnaissaient qu'il n'existait plus de rapports des autorités mexicaines sur cette affaire. Jusqu'à ce qu'en 2020, les mêmes journalistes, dans un autre reportage, selon des informations fournies par l'Unité de Renseignement Financier du Mexique, admettent que le ministère de la Justice du Gouvernement de Peña Nieto avait signé un « pacte illégal avec les fournisseurs des CLAP » en 2018 et que l'amende imposée devait être déposée à la Trésorerie et non remise directement à l'ACNUR.
En effet, ils ont précisé que les patrons d'El Sardinero ont assuré au site Excelsior, qu'avec Armando.info, ils se sont appropriés tous les reportages sur les CLAP, qu'ils ont respecté « l'accord de réparation, » « ont payé leur part » de 750 000 $ à l'époque, « ont arrêté leurs affaires avec le Venezuela » et ont remis les aliments qui ont été saisis à la chancellerie du Gouvernement de Peña Nieto.
Mais il n'y a pas eu qu' El Sardinero, il y a eu 3 autres entreprises et ensuite, d'autres s'y sont ajoutées. Toutes ont eu des amendes payables à l'ACNUR.
Dans ce cas, ce n'est pas seulement le Mexique qui a agi contre les CLAP et les aliments subventionnés pour la population vénézuélienne. C'était une opération conjointe du Groupe de Lima, de l'Assemblée Nationale (2016 -2020) et du « journalisme indépendant » dans une action combinée de pression sur ceux qui fournissaient des aliments au Venezuela en 2018.
L'objectif final : limiter les envois et le commerce avec le Venezuela mais savoir si l'ACNUR avait reçu ou non l'amende payée illégalement par les entreprises n'intéressait personne.
Le « journalisme indépendant » et les CLAP
Le « journalisme indépendant,» depuis 2017, a constamment fait leur travail contre les CLAP et n'ont épargné ni une liste de patrons, leurs entreprises et leurs fonctionnaires ni même le Président de la République Bolivarienne de Venezuela Nicolás Maduro en personne.
Le fil conducteur part toujours d'une « enquête indépendante » journalistique qui est ensuite répercutée dans le monde entier par les médias de masse grâce à des reportages et à des articles d'opinion écrits par les mêmes journalistes sans aucune distinction dans le New York Times, El País, Excelsior, Semana, Infobae ou tout autre média pour mettre en place la postvérité et même dicter la sentence sur la culpabilité présumée de ceux qui y sont impliqués.
Ensuite, la défunte Assemblée Nationale entre en jeu, dénonce, et les Etats-Unis parlent de terrorisme et appliquent les « sanctions » économiques, donnant ainsi le coup d'envoi à la chasse aux sorcières.
Certains éléments sont coordonnés : par exemple, 3 jours avant l'action que le Mexique a exécutée en fait contre ses propres entreprises productrices d’aliments en 2018, on pouvait lire, dans le New York Times, un article d'opinion sur la faim au Venezuela et le « réseau de corruption » dans les CLAP dont le point culminant a été le moment où le Gouvernement de Peña Nieto a agi pour le Groupe de Lima en exploitant le scénario mis en place uniquement pour que l'Assemblée Nationale joue son rôle.
Un autre exemple dans lequel le « journalisme indépendant » revient dans l'arène,en 2019, contre les mêmes entreprises mexicaines qui avaient bénéficié de « l'accord de réparation » en 2018.
A cette occasion, dans El País, ces mêmes « journalistes indépendants » ont publié les noms d'El Sardinero, Rice&Beans et La Cosmopolitana en les accusant de « tirer profit de la vente des provisions au Venezuela » 3 mois après que, le 22 mai 2019, les Etats-Unis aient annoncé qu'ils appliqueraient des « sanctions » contre tous ceux qui sont impliqués dans le programme d'aliments CLAP.
Dans la ligne de mire, en particulier l'entreprise El Sardinero, accusée par le Nuevo Herald « d'aider le régime de Maduro. » On a même publié dans les médias que l'entreprise était « surveillée par les autorités étasuniennes pour sa participation présumée au réseau de corruption lié au programme vénézuélien d'importation d'aliments connu sous le nom de CLAP. »
Et on ajoutait que le Gouvernement étasunien avait mis en place des « sanctions » interdisant à ses entreprises mais aussi aux entreprises étrangères de faire des affaires avec le Venezuela et bien que l'achat de nourriture en soit soi-disant exclu, cette interdiction mettait en danger les fournisseurs s'ils participaient à ce qui concernait les CLAP, ce que faisait El Sardinero, « et une poignée de fournisseurs mexicains. »
Et, évidemment, dans cette publication du Nuevo Herald qui citait l'enquête publiée dans El País d'Espagne quelques jours auparavant, on n'accusait pas seulement l'entreprise El Sardinero de faire du commerce d'aliments avec le Venezuela, ce qui était son seul péché, on nommait aussi les entreprises que celle-ci avait utilisées pour fournir les aliments aux CLAP: La Costeña, Aurrerá, Maseca, Minsa, La Merced, Abeto, La Ribereña, Clemente Jacques et Arroz Morelos.
En réponse à cette attaque, le 26 septembre de 2019, El Sardinero a envoyé une lettre au Nuevo Herald précisant que sa participation « à la fabrication de provisions pour une entreprise qui, à son tour, avait pour client le Gouvernement du Venezuela a été réalisée dans le strict respect des lois mexicaines et a respecté à tout moment les plus hauts standards de qualité » mais la postvérité était déjà en marche.
En plus, il ajoutait : « El Sardinero n'a pas fabriqué les produits et n'était pas en charge du transport des provisions, il était seulement chargé d'acheter et de confectionner ce qu'on appelle les caisses des CLAP qui comprennent des produits des fabricants les plus prestigieux du pays. »
Pour cette publication en août 2019 dans El País, les journalistes d'Armando.info et Excelsior, les sites qui se sont attribué le démontage du soi-disant réseau de corruption «Derrière les CLAP» de 2017, ont été primés par l'Institut Technologique de Monterrey et FEMSA. Preuve que ce programme alimentaire du Venezuela est d'un grand intérêt pour plusieurs acteurs dans le monde.
A cette occasion, le reportage sur les 3 entreprises mexicaines a reçu le prix « Voix de l'Amérique Latine » pour le journalisme digital qui était attribué pour la première fois, faisant de «Les CLAP» « l'enquête vainqueur. » La récompense a été attribuée par l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID) à travers l'Institut Technologique et d'Etudes Supérieures de Monterrey avec qui elle avait signé un arrangement en 2018 « pour générer des opportunités académiques pour professionnaliser le travail des personnes qui défendent les droits de l'Homme et des journalistes. »
En tout cas, avec ce prix, ils ont obtenu, en plus, une bourse pour le diplômé en « liberté d'expression et défense des droits de l'Homme » dans le cadre du programme en ligne offert par l'Institut Technologique et d'Etudes Supérieures de Monterrey en collaboration avec l'USAID.
Au-delà du prix, ce qu'il faut souligner, c'est le rôle que l'USAID a joué et joue encore dans le monde quand les Etats-Unis considèrent un pays comme « politiquement instable. » Imaginez s'ils le déclarent « menace inhabituelle et extraordinaire » pour sa sécurité nationale comme le Venezuela !
On en trouve un exemple dans les années de la Guerre Froide, quand l'USAID s'est engagée dans celle-ci en particulier au Vietnam en cherchant la « stabilité et le développement » grâce à des opérations conjointes entre les militaires étasuniens et les agriculteurs de l'USAID qu'elle réalisait depuis 1967 grâce au programme anti-émeutes militaire et civil connu sous le nom de CORDS où elle a détaché la plupart de ses employés jusqu'à cette date.
Une fois dans les maisons et les villages ruraux, ces agriculteurs de l'USAID offraient des techniques de formation et des conseils aux familles de paysans dans leurs communautés pour essayer de neutraliser l'attrait du VietCong. Même la promotion de la Réforme Agraire au Vietnam du sud, en tant qu'initiative gouvernementale basée sur des enquêtes sur le terrain et l'assistance technique était financée par l'USAID pour saper le recrutement du VietCong.
A propos de ces faits reconnus publiquement par l'Agence, l'ex-agent de la CIA a déclaré : « Je suis arrivé trop tard pour changer le cours de la guerre » mais ce modèle de « promotion » appliqué au Vietnam est encore utilisé par l'USAID pour « aider » d'autres pays considérés comme « politiquement instables. »
Maradona et les « choses secrètes pour fournir des aliments au Venezuela
Revenons en 2020. Après l'arrestation illégale de Alex Saab au Cap Vert, la « presse indépendante » montrait clairement qu'elle avait fait son travail et que c'était l'heure de la justice, selon un article publié dans le New York Times. De loin, cela semblait être la fin de la chasse aux sorcières parce que cet événement portait « un coup dur au Président Nicolás Maduro » et donnait enfin la « possibilité » d'un changement de régime que souhaitaient tant les Etats-Unis.
Mais lorsque le monde a eu la surprise d'apprendre la mort de Diego Armando Maradona, Le Dix, El Diego, celui-là même qui disait, à propos de ceux qui le critiquaient pour son soutien ferme à la Révolution Bolivarienne, depuis 2018 : « Ils parlent depuis leur maison et ont leur assiette pleine tous les jours. Et nous, nous nous battons au Venezuela pour que cette assiette se remplisse. » Et il ajoutait : « J'ai le dos bien large pour contenir tout ce qu'ils veulent dire. »
Le Président Nicolás Maduro, dans un petit hommage rendu à Diego après sa mort, a commenté : « Il nous a aidés dans certaines choses secrètes pour amener des aliments au peuple du Venezuela » et il a ajouté que c'était tout ce qu'il pouvait dire à ce moment-là.
Ce commentaire a suffi pour que toute la « presse indépendante » recharge ses batteries contre Maradona à qui elle avait consacré un reportage en juin 2019 bien qu'ils aient reçu leur prix 2 mois plus tard pour avoir attaqué les 3 entreprises mexicaines dans El País. Parce qu'il faut rappeler que de mai à septembre de cette année-là, les États-Unis passaient leur temps à annoncer des « sanctions » contre tout ce qui sentait les CLAP, tandis que les reportages sur le programme alimentaire émergeaient.
A cette première occasion, ils n'ont pas pu accuser directement Maradona ni les patrons impliquées dont le péché était de « profiter » de leur amitié avec la star du football pour vendre des aliments au Venezuela et qui « avaient pratiquement monopolisé la fourniture de maïs » au Venezuela et « le bruit courait » que ces achats avaient été payés avec de l'or vénézuélien.
Après janvier 2021, la « presse indépendante » coordonnée entre Bogotá et Buenos Aires est revenue pour accuser Maradona qui n'était plus là avec son dos large pour contenir tout ce qu'ils veulent dire d'avoir été un « commissionnaire » et un « lobbyiste. »
Cette fois, elle ne disait plus que des patrons profitaient de de leur amitié avec Diego, non, cette fois, ils disaient que Diego faisait partie « de nouvelles sombres affaires » de la Révolution Bolivarienne pour acheter des aliments et enfin, qu'il fallait révéler « ce que Maradona avait emporté du Venezuela » avec des estimations et des calculs sortis de reportages qui, selon elle, « révélaient les commissions de plusieurs millions que le joueur recevait. »
Ensuite, toujours très loin de ce qui était crédible, Maradona « devait » finir par recevoir sa commission. Elle ne pouvait même pas dire « si c'était en or ou en argent » mais « il devait » la recevoir pour la vente des aliments et, évidemment, elle n'a pas cessé d'accuser le Gouvernement vénézuélien de signer des contrats avec des gens recommandés par Maradona « sans savoir si ces contrats convenaient au Venezuela et si les prix auxquels les aliments étaient achetés à ces entreprises étaient les bons » et comme ils n'étaient pas bons, il faut s'attendre à ce que « probablement, ses héritiers finissent par bénéficier de ces affaires avec le Venezuela. »
Et enfin, on a parlé d'enregistrements audio qui confirmaient les affaires « troubles » de Maradona avec les aliments pour le Venezuela. La seule chose dont on a la preuve, c'est que Maradona a aidé à fournir des aliments au pays pendant le siège parce que « la modalité de paiement est entrée en crise à partir du blocage des comptes bancaires par les États-Unis et plusieurs pays européens » grâce auquel « tous les comptes ont été bloqués, » ce qui a « rendu le sujet du blocus très compliqué. »
Conclusion
En définitive, pour la « presse indépendante, » l'Assemblée Nationale 2016 – 2020 et les États-Unis, qui que ce soit qui vende des aliments au Venezuela pendant le blocus économique, financier et commercial auquel il est soumis, ne peut faire que des affaires troubles et par conséquent, s'enrichir sur la faim de la population à laquelle il vaut mieux, avant tout, ne pas fournir d'aliments que de permettre à Nicolás Maduro de rester au pouvoir.
Autour des CLAP depuis 2017, 2018, 2019 et 2020, il y a toujours derrière l'action des médias l'action politique que finalement les États-Unis traduisent par des « sanctions » évidemment sous prétexte de « justice » et les exemples que nous avons donnés ne sont pas exhaustifs.
A présent, il ne manque plus que les États-Unis imposent des « sanctions » à Maradona mais comme il n'est plus, ce sera à ses héritiers qui, selon la « presse indépendante, » « probablement » continuent à bénéficier de ses « affaires » au Venezuela parce qu'en définitive, les aliments ne sont pas un sujet humanitaire mais un sujet de guerre.
Ce que les États-Unis confirmeront dans un certain nombre d'années, c'est si l'opération concernant les CLAP a été considérée, comme au Chili, comme « une bonne idée qui justifiait au moins un petit investissement » de l'USAID et d'autres (selon le point de vue de Yrcia Romero, habitante de la communauté du Conseil Communal Nouveau Monde, située dans le secteur d'El Guarataro, paroisse de San Juan, Caracas), une idée grâce à laquelle on pourrait entraver cette nouvelle forme de distribution d'aliments au Venezuela au milieu d'une guerre économique dans laquelle faire mourir le population vénézuélienne de faim et ne lui redonner à manger que si et seulement si les États-Unis réussissaient leur changement de régime, ne serait qu'un petit dégât collatéral.
A l'intérieur, chercher à avoir un impact négatif sur les CLAP pour provoquer leur rejet et causer plus de souffrance à la population vénézuélienne a fini, au contraire, par provoquer «une meilleure organisation sociale et politique dans les communautés » qui les reçoivent, conscientes que « dans cette situation de guerre économique, c'est un espoir pour toutes les familles » qui même « espèrent produire selon l'espace dont elles disposent, pour saisir toute opportunité qui se présente » (Yrcia Romero dixit), parce que s'il y a quelque chose que le blocus des États-Unis a montré, c'est la nécessité de parier sur la production intérieure. Cela concerne aussi les aliments du programme et ce n'est pas rien parce que cela signifie recomposer le pouvoir national.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
NOTE de la traductrice:
1Achat d'aliments subventionnés qui seront revendus en Colombie à des prix beaucoup plus élevés.
Source en espagnol :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/05/26/venezuela-operacion-detras-de-los-clap/
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/05/venezuela-pourquoi-les-clap-sont-attaques.html