Cuba : Comment est financé le déficit budgétaire
Quand dans notre économie domestique, les dépenses dépassent les rentrées, nous n'avons pas d'autre possibilité que de demander un prêt sinon, nous ne pouvons pas payer ce qu'il faut ou ce que nous devons. En d'autres termes, il nous faudrait diminuer ou différer nos achats. En ce qui concerne le budget de l'Etat, il se passe exactement la même chose et l'absence d'argent s'appelle « déficit fiscal. »
Dans le cas de Cuba, quelles possibilités y a-t-il quand les rentrées sont plus faibles que les dépenses ? De qui le budget du pays reçoit-il des prêts ?
Pour 2021, l'Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire a approuvé un déficit de 86 744 500 000 pesos, qui représentent 18% du PIB, un gros pourcentage si on tient compte qu'il est recommandé de ne pas dépasser 3%. Mais, dit-on officiellement, c'était une somme nécessaire pour, entre autres choses, couvrir la réforme salariale tant attendue.
En plus de ce déficit, après avoir enlevé les dépenses (374 846 100 000) moins les revenus nets (288 101 600 000) planifiés, le budget de l'Etat doit « obtenir » d'autres sommes incluses dans la dette publique.
Selon Berta Iris Rojas Gattorno, directrice de politique financière du Ministère des Finances et des Prix (MFP), la dette publique est la somme du déficit fiscal de l'année plus les garanties activées pendant ces 12 derniers mois (parce que le budget de l'Etat est le garant de certaines opérations économiques et d'investissements dans des secteurs prioritaires) et des amortissements des dettes antérieures provenant des bons qui sont arrivés à échéance jusqu'en 2020.
Et avant d'expliquer ce que sont ces bons, il faut préciser que cette année, la dette a compris « la différence entre le taux de change des dettes arrivées envers l'étranger à échéance suite à la remise en ordre du système monétaire et financier » qu'il faut payer dans le calendrier présent, peut-on lire dans l'article 48 de la loi 137 du budget de l'Etat .
Mais comment finance-t-on le déficit budgétaire ? Grâce à des bons souverains de la République de Cuba émis par le MFP qui, jusqu'à présent, ont été acquis par le système bancaire national, explique Rojas Gattorno.
La banque d'Investissements est « l'agent qui structure, » c'est à dire celui qui est chargé de placer, d'émettre, et d'enregistrer l'émission. « Le MFP lui demande d'émettre des bons et celle-ci les place dans le système bancaire et chaque bon commercial (Banque de Crédit et de Commerce, Populaire d'Epargne et Métropolitaine) achète ce qu'elle peut, » explique la spécialiste.
Et elle précise que si les banques n'ont pas assez de liquidités pour couvrir totalement les bons, la Banque Centrale de Cuba intervient en émettant de nouveaux billets.
« Jusqu'en 2013, le déficit n'était financé que de cette façon (avec l’émission de monnaie par la BCC) mais à cause de l'inflation que provoque l'excès de monnaie en circulation, on a utilisé les bons souverains et on cherche toujours à ce que la participation de la BCC ne soit qu'un ultime recours paece que c'est dfe l'argent qui est mis en circulation sans qu'il soit soutenu par la production. »
« Les bons, poursuit la spécialiste, sont obtenus par les banques qui les ont financés au moment où ils ont été placés mais après « elles ont la possibilité de les céder comme c'est arrivé l'année dernière avec 2 compagnies d'assurances. »
Rojas Gattorno a explqiué qu'actuellement, on travaille sur le marché de la dette publique pour que plus d'entreprises entrent avec des liquidités et achètent, sur le marché secondaire, certains bons déjà arrivés à échéance. « Mais la banque sera toujours le lien. »
Quand émet-on des bons ? Rojas Gattorno dit que la loi sur le budget approuve chaque année la dette publique et pendant l'année, on évalue à quel moment seront émis les bons en tenant compte du recouvrement des recettes du budget. Il peut même y avoir plusieurs émissions dans l'année, tout dépend des recettes. »
Par exemple, la dette publique, cette année, est de 132 542 200 000 pesos, par conséquent, « les bons à émettre iront jusqu'à ce montant, selon le comportement des recettes du budget. »
L'Etat devra payer l'argent prêté dans un délai de 1 à 20 ans, à un taux d'intérêt moyen de 2.5%. Et même si, en termes financiers, c'est un faible taux, cela implique « un coût élevé » parce que « le bon est une dette à venir, c'est à dire que cela signifie endetter les futures générations. C'est pourquoi il s'agit d'en émettre le moins possible et de chercher plus énergiquement des revenus planifiés pour l'année.»
Les bons sont rendus année après année avec les revenus prévus. « C'estpourquyoi il est très important que tous les acteurs économiques, essentiellement les entreprises d'Etat qui sont celles qui apportent le plus au budget, soient plus efficaces et élèvent ainsi leurs contributions financières. »
Le paquet de 15 nouvelles mesures qui ont été prises dans le système des entreprises vise directement à augmenter les bénéfices, surtout la décision concernant l'objet social « qui profite à l'entreprise et au budget. »
Selon la règle, l'objet social continuera à être la mission de l'entreprise et les principales activités marchandes pour lesquelles elle a été créée. Mais on peut, en plus, approuver toute activité licite de production, de commercialisation et de service qui respecte la législation en vigueur ou profiter de toutes les opportunités, ce qui est la même chose.
Rojas Gattorno reconnaît que “ce sont des années difficiles (2020 y 2021) pour les recettes » à cause de la recrudescence du blocus et de la pandémie et de leur impact sur les activités de production. Le tourisme est presque paralysé et les ventes au détail, l'une des principales recettes du budget, ont baissé. »
Une autre recette employée par certains pays pour faire baisser le déficit : les coupes dans les dépenses publiques et l'augmentation des impôts. A Cuba, la distribution des dépenses montre le caractère social du budget qui soutient les prestations de base comme l'éducation et la santé.
C'est pourquoi quand on parle de mesures d’ajustement dans la Tâche de mise en ordre, le Gouvernement envisage la nécessité de les mettre en place « à la loupe » parce que tout changement qui implique de nouvelles dépenses gonflerait la dette publique et, d'autre part, on a déjà dit qu'il n'y aurait pas de « thérapies de choc. »
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/06/cuba-comment-est-finance-le-deficit-budgetaire.html