Nicaragua : Ce qu'il faut savoir sur l'opposition (3 et fin )
Par Ben Norton
La Prensa, le média dont la directrice de la Fondation Chamorro, Cristiana Chamorro, est vice-présidente, a également reçu de l'argent de l'USAID par l'intermédiaire de la Fondation.
Cela signifie que Cristiana a investi 2 fois l'argent de l'USAID en l'utilisant non seulement pour financer sa Fondation Chamorro mais aussi pour payer sa famille et se payer elle-même.
Ceci représente un conflit d'intérêt évident car en tant que directrice de la Fondation Chamorro, Cristiana contrôlait la quantité d'argent encoyée au journal qu'elle aidait à diriger.
NicaLeaks a obtenu un autre document de l'USAID qui montre que l'agence approuve l'envoi de l'argent de l'USAID par la Fondation à La Prensa. Cela signifie que le Gouvernement des Etats-Unis savait que Cristiana utilisait les dollars des contribuabes étasuniens pour s'enrichir et enrichir les membres de sa famille et n'a pas pris de mesures pour empêcher cette corruption.
Etant donné ses affaires financières troubles, le fait que la Fondation Chamorro fasse l'objet d'une enquête pour blanchiment d'argent présumé ne devrait pas surprendre.
Washington affirme que son soutien aux médias au Nicaragua est un moyen de soutenir le « journalisme indépendant » et la liberté de la presse. En réalité, les registres montrent clairement que les Etats-Unis cherchent à déstabiliser le Gouvernement sandiniste en pariant sur les principaux appareils politiques de droite du pays et en faisant leur promotion.
L'USAID a formé et financé des dirigeants de l'opposition nicaraguayenne en organisant des réunions en personne pour se coordonner avec les médias.
Même si on trouve des détails précis sur le Programme de Renforcement des Médias de l'USAID de 9 400 000 $ grâce à la Fondation Chamorro, un coup d'oeil sur une série d'opérations de l'USAID qui soutiennent les groupes d'opposition au Nicaragua peut apporter un regard critique sur les activités de la Fondation.
Entre 2013 et 2018, l'USAID a supervisé en même temps une opération destinée à soutenir les groupes anti-sandinistes au Nicaragua en destinant plus de 6 000 000 de $ aux fonds de développement de formations pour la défense de la société civile (CBCSA). Le partenaire de l'USAID pour ce programme était Dexis Consulting Group qui, à son tour, a sous-traité le travail à Chemonics.
Chemonics est une entreprise à but lucratif qui a des contrats avec des agences gouvernementales des Etats-Unis dans des domaines sensibles du monde entier et est spécialisée dans des opérations de déstabilisation et de renseignement. Le fondateur de la firme a admis ouvertement qu'il l'avait créée pour « avoir sa propre CIA. »
Grayzone a montré comment Chemonics a été utilisée pour fournir des millions de $ de fonds du Gouvernement des Etats-Unis à des Casques Blancs en Syrie tout en aidant à déstabiliser le Gouvernement du président socialiste d'Equateur, Rafael Correa.
Les données publiques disponibles montrent que l'USAID a donné à Dexis / Chemonics au moins 6 117 000 $ pour mettre en œuvre l'initiative de Renforcement des Formations pour la défense de la société civile.
Quand le programme CBCSA s'est terminé en 2018, Dexis / Chemonics a préparé un rapport interne qui résume les succès de cette initiative. Le document disponible publiquement montre comment l'USAID non seulement a financé les dirigeants de l'opposition au Nicaragua mais les a formés dans les méthodes destinées à saper le Gouvernement sandiniste.
L'USAID a dit que l'un des objectifs principaux du programme était « d'améliorer la formation des OSC et des personnes pour les coordonner et travailler de plus en plus en réseau avec le secteur privé et les médias pour promouvoir la conscience, la promotion et l'activisme. » En d'autres termes, CBCSA avait pour but de cultiver des dirigeants de l'opposition et de construire une alliance anti-sandiniste qui unirait des ONG financées par les Etats-Unis, de puissants intérêts commerciaux et la presse.
L'USAID s'est attribué le mérite d'avoir créé 126 «alliances et associations » et d'avoir soutenu 224 organisations de la société civile dans le cadre du programme de 5 ans de CBCSA.
En utilisant un acronyme pour parler des organisations de la société civile, l'USAID a dit que « CBCSA a travaillé avec les OSC pour établir des associations avec le secteur privé. »
L'une des principales organisations de la société civile qui a utilisé le programme CBCSA de l'USAID a été la Fondation Chamorro. En utilisant un autre acronyme pour parler de la Fondation Violeta Barrios de Chamorro (FVBCH), l'USAID s'est vantée « d'avoir travaillé avec FVBCH … pour assurer une meilleure diffusion des activités des OSC grâce à des médias indépendants. »
CBCSA a même organisé des réunions trimestrielles de « contacts et de divulgation en personne » au Nicaragua avec des ONG financées par les Etats-Unis et des médias d'opposition pour des sessions sur la façon d'améliorer les messages anti-sandinistes.
L'USAID a déclaré : « Ces réunions ont donné aux OSC l'occasion de se coordonner entre elles et avec les médias. » Elle a ajouté que la plupart des assistants avaient « augmenté la couverture de presse à cause de ces réunions. »
Le rapport signale la Fondation Chamorro comme un groupe quia aidé à « assurer une meilleure diffusion des activités des OSC dans les médias indépendants. »
Dans le rapport de l'USAID, il y avait une photo qui montre des personnalités de l'opposition nicaraguayenne réunies pour partager des tactiques sous la tutelle des Etats-Unis.
En plus de former des activistes d'opposition et de les connecter à des entreprises et à des médias, l'USAID s'est vantée du fait que « CBCSA a conçu des matériels de campagne digitaux et médiatiques, y compris des pancartes, des messages sur Twitter et des pages de Facebook » pour les groupes anti-sandinistes.
En d'autres termes, une façade bien connue de la CIA a aidé à créer et à administrer des comptes sur les réseaux sociaux pour des organisations de l'opposition nicaraguayenne.
Comme couverture de ces opérations anti-sandinistes, l'USAID a exploité cyniquement des sujets comme la violence sexuelle envers les femmes, l'égalité LGBT et les droits des Indigènes. Elle a même aidé à lancer une campagne intitulée « élevon la voix contre l'abus sexuel envers les enfants » pour couvrir les activités de l'opposition.
L'USAID a souligné dans son rapport que le travail de CBCSA pour créer, cultiver, former et financer l'opposition anit-sandiniste a été complété par l'aide de la branche d'Amérique Centrale de la corporation Kellogg et de l'église catholique.
Dans une section involontairement comique qui prouve la totale soumission de l'opposition du Nicaragua à Washington, le rapport signale que « CBCSA a donné une orientation et une formation à RED LOCAL et à FVBCH pour acheter des billets d'avion pour des consultants et du personnel destiné à assurer le respect de la loi Fly America, et à former une extension pour les voyages individuels. RED LOCAL et FVBCH savent comment acheter des voyages financés par les Etats-Unis à l'avenir. »
Cristiana et sa Fondation Chamorro peuvent à présent dormir tranquilles avec la certitude que, quand ils voudront s'envoler vers Miami ou Washington, l'Oncle Sam les couvriront.
Le « Programme de Renforcement des Médias du Nicaragua» de l'USAID et l'initiative de renforcement des formations pour la défense de la Société Civile ne sont que 2 des nombreuses opérations de l'agence destinées à attaquer le Gouvernement de gauche du Nicaragua.
De 2010 à 2013, l'USAID a exécuté un projet très similaire intitulé Programmes concernant les Médias du Nicaragua, un programme sur 3 ans dirigé par un sous-traitant du nom de Family Health International (FHI) 360.
A la fin du projet en 2013, l'USAID a élaboré un rapport final d'évaluation du travail qui disait clairement, en utilisant un acronyme pour en parler, que « le NMP était destiné à promouvoir les 2 800 000 $, conçu « pour promouvoir les intérêts des Etats-Unis. »
Le document signalait que le programme de l'USAID avait été mis sur pied par l'ambassadeur des Etats-Unis de l'époque, Robert J. Callahan, et il ajoutait : « La large diffusion des messages de l'USAID a servi à promouvoir la présence du Gouvernement des Etats-Unis (USG) [au Nicaragua] ».
Le rapport a révélé que le Programmes concernant les Médias du Nicaragua a finalement accordé 45 subventions qui vont de 10 000 $ à 15 000 $ chacun à des médias anti-sandinistes pour un total de 2 800 000 $ pendant 3 ans.
C'est beaucoup d'argent dans une région où le salaire minimum est d'environ 200 $ par mois.
Ce programme a mené à bien des opérations dans 12 villes et 2 régions autonomes au Nicaragua.
L'USAID admet dans son rapport que parmi l'un des principaux objectifs de ce programme était de « promouvoir la croissance économique avec l'équité dans la croissance stimulée par le secteur privé et l'agriculture stimulée par le marché. » En d'autres termes, plaider pour des réformes économiques néolibérales.
Un autre objectif que l'USAID reconnaît ouvertement était de « mettre en place le Traité de Libre Commerce entre la République Dominicaine, l'Amérique Centrale et les Etats-Unis (CAFTA-DR)». Cela oppose directement ce programme à l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique, ALBA, que le président Daniel Ortega a rejointe lorsqu'il est revenu au pouvoir en 2007, un bloc économique qui unit le Nicaragua à d'autres Gouvernements de gauche comme ceux du Venezuela, de Cuba, de la Bolivie et de l'Equateur.
L'une des pierres angulaires de la politique étrangère des Etats-Unis en Amérique Latine après a la création de l'ALBA en 2004, a été d'obliger les pays à abandonner l'Alliance . L'ex-président de gauche du de Honduras, Manuel Zelaya, a expliqué à Grayzone que le Gouvernement des Etats-Unis l'avait menacé et averti que le Honduras ne pourrait pas rejoindre l'ALBA et quand il l'a fait, il a rapidement été renversé par un coup d'Etat militaire patronné par Washington.
De nombreux médias d'opposition financés par le Programmes concernant les Médias du Nicaragua ont reçu de multiples subventions et le rapport et en avant que « le financement de NMP a aidé plusieurs médias à continuer de fonctionner. »
Le rapport a enquêté sur les bénéficiaires et a trouvé que «75% des bénéficiaires interrogés pensent que le soutien de NMP était essentiel pour qu'ils puissent rester dans les affaires. »
L'une des caractéristiques surprenantes de cette évaluation est que l'USAID a fait une liste des utilisateurs de Twitter influents au Nicaragua. Beaucoup de ceux qui s'y trouvent sont des bénéficiaires des fonds du Gouvernement des Etats-Unis et presque tous sont des partisans de l'opposition.
Cette liste est un peu vieille étant donné que le rapport a été publié en 2013 mais c'est une preuve que le Gouvernement des Etats-Unis surveille les voix étrangères influentes sur les réseaux sociaux.
L'USAID a aussi fait une liste de personnes influentes dans les médias nicaraguayens en général, ce qui montre le contrôle minutieux de l'agence sur la presse du pays et qu'elle identifie ceux qui servent le mieux les intérêts des Etats-Unis.
Sur ces 2 listes, on note que presque tous les influenceurs identifiés à ce moment-là étaient des partisans de l'opposition. L'USAID n'est évidemment pas intéressée par les influenceurs pro-sandinistes, la seule chose qui l'intéresse, c'est d'amplifier les voix anti-sandinistes.
Le sous-traitant qui a dirigé le programme concernant les Médias du Nicaragua pour l'USAID, FHI 360, se vante sur son site web de n'avoir pas exécuté que ce projet pour l'agence.
FHI 360 avait un autre contrat avec l'USAID pour une initiative néolibérale intitulée « Opportunités basées sur le marché pour la conservation et le tourisme soutenable au Nicaragua. » L'un des jeunes entrepreneurs « montants » nicaraguayens qui a été formé par ce programme de l'USAID et dont la firme a fait publiquement la promotion, Néstor Bonilla, est une figure acharnée de l'opposition anti-sandiniste qui vit actuellement au Panamá.
L'USAID, la Fondation Chamorro et les corporations nicaraguayennes exploitent les femmes pour stimuler l'opposition anti-sandiniste.
Avant de lancer le Programme de Renforcement des Médias en 2013, l'USAID avait réalisé une autre opération au Nicaragua grâce à la Fondation Chamorro en exploitant le thème des droits de la femme pour renforcer l'opposition.
En 2009, l'USAID a intégré le pays dans un projet international de pouvoir doux plus important en lançant ce qu'elle a appelé les Voix Vitales Nicaragua ou Vital Voices Nicaragua.
Voix Vitales Nicaragua était la manifestation locale du programme Vital Voices créé par le Gouvernement des Etats-Unis sous le mandat de Bill Clinton. La première dame de l'époque, Hillary Clinton, et la secrétaire d'Etat Madeleine Albright ont utilisé cette initiative pour soutenir les femmes dirigeantes d'opposition dans des pays choisis pour un changement de régime et pour stimuler des politiques économiques néolibérales qui profiteraient aux corporations étasuniennes sous prétexte de renforcer le pouvoir des femmes.
Au Nicaragua, le projet a été dirigé par la Fondation Chamorro, l'option inévitable pour toute initiative néolibérale des Etats-Unis, avec Cristiana Chamorro parmi ses dirigeantes.
En plus du financement que la Fondation Chamorro a reçu de l'USAID pour ce programme, elle a reçu des centaines de milliers de $ de grandes corporations comme CitiBank.
Le programme Vital Voices dirigé par Clinton explique clairement sur son site que son objectif est de « promouvoir l'avancée de la femme en tant qu'objectif de la politique étrangère des Etats-Unis. »
L'USAID livre une guerre hybride à coup de millions au Gouvernement sandiniste
Les programmes que nous avons décrits représentent seulement le niveau superficiel de la guerre non conventionnelle que Washington a livrée au Gouvernement sandiniste du Nicaragua. On ne connaît pas les plus petits détails de ces programmes parce que les détails sont rédigés mais les données qu'on trouve sur le site de l'agence montrent qu'on a investi des dizaines de millions de $ de plus pour soutenir les groupes d'opposition.
L'un des projets les plus importants exécutés par le Gouvernement des Etats-Unis au Nicaragua est le Programme de Gouvernance Municipale qui a reçu la bagatelle de 29.999.763 $ de l'USAID entre 2010 et 2020.
Le Programme de Gouvernance Municipale de l'USAID au Nicaragua a été dirigé par l'ONG Global Communities qui a son siège aux Etats-Unis et qui indique sur son site qu'en plus de focntionner comme sous-traitant du Gouvernement, elle « est associée » à des corporations comme Chevron, Coca-Cola, Goldman Sachs, IBM et Walmart.
L'USAID dit que ce programme « promeut la participation réelle des citoyens dans les gouvernements municipaux pour influer sur la prise de décisions, exiger la responsabilité et la transparence et améliorer la gestion des ressources publiques en renforçant les réseaux d'organisations clefs de la société civile (OSC) » et en les aidant à « mener à bien un meilleur contrôle des projets financés par le Gouvernement. »
En d'autres termes, le Programme de Gouvernance Municipale de l'USAID est un projet massif de 30 000 000 de $ sur 10 ans destiné à soutenir et à développer des forces anti-sandinistes dans les Gouvernements locaux du Nicaragua pour affaiblir l'autorité du Gouvernement central.
La description qu'en fait l'USAID suggère aussi que son programme avait pour but de renforcer les ONG d'opposition dans leur activisme contre les projets d'infrastructures du Gouvernement sandiniste. Et tout en haut de la liste de projets d'infrastructures que Washington a travaillé à saboter se trouve la construction tant attendue d'un canal inter-océanique qui pourrait défier le monopole du Canal de Panamá créé par les Etats-Unis.
Des fonctionnaires du gouvernement nicaraguayen ont dit qu'ils pensaient que le projet du canal qui était en train d'être construit avec l'aide d'entreprises chinoises a été l'une des raisons principales de la violente tentative de coup d'Etat de 2018. Ce projet est actuellement en suspens.
Une autre énorme opération sur 10 ans dirigé par le Gouvernement des Etats-Unis au Nicaragua s'intitule « Programme de Développement de Dirigeants Démocratiques. » Cette initiative, techniquement, n'est pas dirigée par l'USAID mais par un autre bras du changement de régime des Etats-Unis, l'Institut National Démocrate (NDI).
Le NDI est l'une des branches principales de la Fondation Nationale pour la Démocratie, une façade de la CIA. L'USAID supervise les 2 équipes qu'en dernière instance, la NED finance grâce à un budget du Département d'Etat approuvé par le Congrès.
Les registres publics de l'USAID comprennent les sommes dépensées pour les projets du NDI. Ils montrent que pendant ces 10 dernières années, de 2010 à fin 2019, le NDI a dépensé plus de 21 000 000 de $ pour son « Programme de Développement de Dirigeants Démocratiques (DLDP) au Nicaragua.»
Il n'y a presque aucune information publique sur le Programme de Développement de Dirigeants Démocratiques. Le site de l'USAID en fait un bref résumé qui dit qu'il « réunit des institutions et des experts nicaraguayens et internationaux respectés pour soutenir les processus politiques démocratiques grâce au renforcement des dirigeants démocratiques de la jeunesse » et « soutien tle développement d'un groupe central de jeunes dirigeants politiques qui fomentent une société participative et démocratique. »
Cette description montre clairement que ce programme avait pour but de créer, de former, de cultiver des dirigeants de l'opposition anti-sandiniste au Nicaragua. Cette interprétation est confortée par l'un des rares sites sur internet qui mentionne le Programme de Développement de Dirigeants Démocratiques : le profil sur LinkedIn de l'ex-directeur du NDI pour le Nicaragua, Julian Quibell.
Son site montre que Quibell, selon ses propres mots, « a supervisé la conception et la mise ne place d'un projet de démocratie et de gouvernance de l'USAID de 22 900 000 de $ sur 10 ans centré sur les jeunes dirigeants et la participation citoyenne dans un environnement stimulant avec un espace politique de plus en plus fermé. » On peut comprendre cela comme une preuve évidente que le NDI formait des jeunes dirigeants anti-sandinistes pour saper le Gouvernement de gauche.
Au cas où il n'aurait pas été évident que le travail du NDI au Nicaragua était un travail explicitement partisan, Quibell révèle qu'il gérait « les relations avec les médias de la société civile et les dirigeants des partis politiques, du secteur privé, la coopération internationale et le corps diplomatique. »
Cet énorme programme du NDI a aidé à préparer le terrain pour le coup d'Etat de 2018. Et peu après l'échec de la violente opération de changement de régime au Nicaragua, Quibell a déménagé en Equateur où il est devenu le directeur de l'opération du NDI pour ce pays.
Grayzone a prouvé comment le NDI a été utilisé pour former et financer des partis et des dirigeants d'opposition au mouvement fondé par le président Rafael Correa en Equateur. Le fait que Quibell se soit déplacé en Equateur en 2020 est significatif parce que ces forces, cultivées par le NDI ont été essentielles pour que le banquier de droite Guillermo Lasso gagne les élections présidentielles de 2021.
Avant de travailler au Nicaragua, Quibell fut aussi directeur du NDI pour le Mexique où, dit-il sur LinkedIn, il a « cultivé et maintenu des relations avec des fonctionnaires du Gouvernement mexicain au niveau fédéral, des états et des municipalités ainsi qu'avec des dirigeants civiques et des personnalités politiques importantes. »
L'Institut Républicain International (IRI), une autre façade de la CIA et filiale de la NED, a aussi été actif au Nicaragua.
Les données de l'USAID montrent que l'IRI a dépensé au moins 8 000 000 de $ pour financer des projets au Nicaragua depuis 2013 bien qu'on ne sache pas ce que sont exactement ces programmes parce que l'information est écrite.
Comme l'a montré le journaliste de Grayzone, Max Blumenthal, l'IRI a joué un rôle important dns le coup d'Etat militaire soutenu par les Etats-Unis en 2004 contre le premier président élu démocratiquement en Haïti, le partisan de la Théologie de la Libération de gauche Jean-Bertrand Aristide.
Le propre site de l'USAID montre de façon transparente son rôle en tant que bras du pouvoir politique étasunien dont le but est de promouvoir la gouvernance néolibérale et de détruire tout mouvement ou tout parti politique qui présente un modèle économique alternatif.
En 2019, l'année qui a suivi le coup d'Etat manqué, par exemple, plus de 90% des subventions de l'USAID aux programmes concernant le Nicaragua ont été classés dans le secteur « Gouvernement et société civile » alors que les dépenses concernant la santé publique, l'agriculture et l'environnement étaient pratiquement inexistantes.
Sur les 34 000 000 de $ que l'USAID a assignés aux programmes concernant le Nicaragua, 22 000 000 de $, presque les 2 tiers, ont été classés dans le secteur « Gouvernement et société civile, » 5 200 000 autres, 15%, étaient destinés aux propres dépenses de l'USAID pour ses opérations.
Le fait que l'USAID utilise l'argent qu'elle destine soi-disant à « l'aide » pour soutenir les forces d'opposition de droite au Nicaragua se voit de façon plus évidente dans l'augmentation record de son budget en 2006.
Cette année-là, le président néolibéral Enrique Bolaños a été très impopulaire et les sondages d'opinion ont montré que Daniel Ortega et son Front Sandiniste socialiste étaient sur le point de revenir au pouvoir après être resté 16 ans dns l'opposition.
Washington était désespéré et ne savait comment faire reculer la Marée Rose ou la vague de mouvements progressistes qui étaient en train de gagner les élections en Amérique Latine à ce moment-là. Alors, le Gouvernement des Etats-Unis est revenu à la stratégie qu'il avait utilisée avec la présidente Violeta Chamorro: chercher à suborner le peuple nicaraguayen avec d'énormes offres d'aide.
En 2006, l'USAID a investi l'énorme somme de 260 000 000 de $ en projets au Nicaragua. La majeure partie de ce financement était destiné à un projet d'infrastructure, de développement rural et de transport à travers l’entreprise Millennium Challenge Corporation de Washington.
Mais cette tactique a échoué, Ortega a gagné les élections de 2006 et le Nicaragua a à nouveau viré à gauche. Pour 2009, les dépenses de l'USAID avaient été réduites de 260 000 000 de $ à 45 000 000 de $ et pour 2012 à seulement 34 000 000 de $.
Les propres données de l'USAID montrent clairement que qu'elle n'est pas une entité humanitaire mais un mécanisme d'infiltration politique et de déstabilisation qui cultive et finance l'opposition de droite au Gouvernement sandiniste.
Par conséquent, il n'est pas exagéré de dire que le Gouvernement des Etats-Unis a réellement créé l'opposition politique au Nicaragua et dirige encore ses activités aujourd'hui.
A cause de l'ingérence étrangère, l'opposition du Nicaragua est un véritable cas d'école de l'héritage toxique de Washington dans la région et dans le monde.
Cette enquête a été publiée à l'origine sur le site de The Grayzone le 1er juin 2021.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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