Colombie : Ne pas tout mettre sur le dos de Montoya
Après l'annonce du procureur général Francisco Barbosa de l'accusation de l'ex-commandant de l'Armée Nationale Mario Montoya, plusieurs organisations de défense des droits de l'homme qui représentent les victimes des mal nommés « faux positifs » ont demandé que le général à la retraite réponde devant la justice ordinaire des opérations militaires réalisées dans la Commune 13 de Medellín et des morts présentés comme tombés au combat sous son commandement.
Mais d'autres organisations se sont prononcées pour « démontoyaliser » les « faux positifs » et rechercher les véritables raisons du procureur général. Ce jeudi 5 août, la Corporation Juridique Liberté a déclaré qu'il est étrange qu'en ce moment, avec un procureur « proche du projet politique du parti au Gouvernement, » on ouvre la voie à une accusation et plus encore alors que ce même parti montre « une absence évidente de volonté d'éclaircir les graves violations des droits de l'homme qui ont eu lieu dans le cadre de lapolitique de sécurité démocratique. »
Lors d'une interview accordée à Contagio Radio, l'avocat de la Corporation Juridique Liberté et du Mouvement des Victimes de Crimes d'Etat (MOVICE), Sergio Arboleda, a affirmé que les exécutions extra-judiciaires ne peuvent être attribuées seulement à Mario Montoya Uribe mais qu'elles doivent aussi être attribuées à d'autres chefs militaires et même à des présidents qui ont encouragé les reconnaissances des morts présentées.
« Mario Montoya a eu une position négationniste face à sa responsabilité dans les exécutions extra-judiciaires, ce n'est pas une position nouvelle et elle a été exprimée aussi bien devant la justice de transition que devant la justice ordinaire. Cela nous fait penser qu'alors que le procureur parle de déterminant, cela met Mario Montoya au sommet de la commission de ces crimes. C'est à dire qu'il n'y a pas eu d'autres personnes, pour el procureur, c'est uniquement Mario Montoya. »
L'accusation du procureur let en danger la vérité concernant les « faux positifs »
Pour Sergio Arboleda, il peut y avoir un danger que la vérité complète sorte au grand jour et qu'il n'y ait pas de justice pour les victimes parce qu'il est accusé par le procureur et non de la JEP. Selon l'avocat, bien que Mario Montoya soit responsable des exécutions extra-judiciaires, beaucoup d'autres personnes y sont impliquées : « Les exécutions extra-judiciaires dans l'Armée étaient une politique d'Etat qui avait besoin d'une structure et Mario Montoya ne pouvait pas le faire tout seul. »
Et il a affirmé qu'Óscar Enrique González Peña, qui a remplacé Montoya à la Brigade IV doit également répondre des morts illégitimes présentés comme « tombés au combat. »
« Le procureur a mis en place la directive 300 pour l'accusation dans laquelle le gouvernement dit à l'Armée de ne pas mesurer les résultats avec les morts et les sentences condamnant les militaires sous le commandement de Mario Montoya.Même s'il y a eu quantité de cas, un nombre important d'exécutions extra-judiciaires sans jugement, le procureur ne les considère pas comme des exécutions et nous réaffirme l'impunité dans le pays. »
des organisations qui défendent les droits de l'homme et même la Juridiction spéciale de Paix ont déterminé que les gouvernements qui ont mis en place la Sécurité Démocratique sont également responsables pour avoir encouragé la présentation de morts au combat. Sergio Arboleda a également déclaré que le procureur montre Mario Montoya comme un militaire qui a désobéi au Gouvernement en disant qu'il a connaissance de la directive 300 de 2007 mais ne la respecte pas.
« Ces schémas criminels et la responsabilité pénale allaient au-delà de la directive et le Gouvernement était responsable de la commission de ces violations des droits de l'homme (…) Dire que Mario Montoya a désobéi aux directives du Gouvernement signifie qu'ils veulent occulter la responsabilité du Gouvernement. Le ministre de la Défense et l'ex-président Álvaro Uribe Vélez doivent répondre de ces crimes ainsi que la chaîne de commandement de l'Armée.
Selon le registre de la Corporation Juridique Liberté, plus de 2 400 cas d'exécutions extra-judiciaires sont rapportés sous le commandement de de Mario Montoya à la Brigade IV, à la Première Division et au Commandement Conjoint Caraïbes. « Quand il commandait une unité, il laissait toujours des exécutions extra-judiciaires en relation avec ses troupes. »
On lui a aussi attribué des disparitions forcées, des tortures, des traitements cruels et inhumains et des assassinats dans le cadre des opérations Mariscal qui a eu lieu le 21 mai 2002 et Orión, le 16 octobre 2002 dans la Commune 13 de Medellín. Pour Sergio Arboleda, le procureur écarte les actions réalisées depuis le territoire par Mario Montoya et ses relations avec le para-militarisme.
Le représentant des 80 familles victimes de Mario Montoya a aussi affirmé que l'ex-commandant était un homme de confiance d' Álvaro Uribe Vélez et il a conclu qu'il ne faisait rien de contraire à celui-ci qui a été l'organisateur de la Sécurité Démocratique.
Bien que l'accusation du procureur ne prenne pas en considération le rôle d'Uribe Vélez dans les « faux positifs », pour Sergio Arboleda, il doit répondre de ces crimes en tant que commandant suprême de l'Armée et cette affaire doit être éclaircie.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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