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Venezuela : Que peut-on attendre du dialogue avec l'opposition ?

18 Août 2021, 16:44pm

Publié par Bolivar Infos

Par Franco Vielma

 

Depuis ce vendredi 13 août, une nouvelle étape du dialogue entre le Gouvernement du Venezuela et au moins 2 secteurs de l'opposition s'est engagée et elle a commencé du bon pied avec la signature d'un memorandum d'entente entre ces secteurs.

 

Cet événement s'est déroulé sous les auspices du Mexique mais avec la médiation du royaume de Norvège et l'accompagnement du royaume des Pays Bas et de la Fédération de Russie.

 

Jorge Rodríguez est à la tête de la délégation du Gouvernement du Venezuela et Gerardo Blyde de celle des 2 tendances d'opposition présentes (le groupe de Juan Guaidó et le groupe d'Henrique Capriles).

 

Cette nouvelle étape de dialogue se déroule à un moment crucial pour le Venezuela car c'est un processus de négociation très attendu. Les raisons sont évidentes et résident dans l'échec de l'ordre du jour qui avait été instauré pour destituer le Gouvernement du Venezuela par les pressions, la coercition, l'ingérence et le blocus économique et diplomatique.

 

L'échec de ces stratégies a provoqué progressivement un consensus politique autour du blocus du pays et du soutien au faux Gouvernement de Juan Guaidó, formulé sur la même feuille de route pour détrôner le chavisme. Les circonstances n'y ayant pas été favorables, l'option de pression a perdu de sa force et progressivement, aussi bien l'Union Européenne (UE) que le Gouvernement des Etats-Unis lui-même, les principaux organisateurs du siège, ont prévu un « changement de stratégie » et ont dû soutenir et approuver les dialogues entre ces acteurs.

 

La première chose importante dans ces dialogue est leur réalisation même. C'est le chavisme qui les a proposés et maintenant, les oppositions sont dans l'arène, capitulant, en fait, sur des points essentiels comme « la fin de l'usurpation » et « le Gouvernement de transition. »

 

Le document nomme les parties « Gouvernement de la République Bolivarienne du Venezuela » et « Plateforme Unitaire du Venezuela. »

 

Cela dit textuellement et dans un accord observé et avalisé au niveau international qu'il n'y a qu'un Gouvernement au Venezuela, celui qui estprésent au Mexique et est représenté parle chavisme et que, finalement, le « Gouvernement intérimaire » fabriqué de toutes pièces n'existe pas. Pratiquement et en termes de langage, le faux Gouvernement a signé une déclaration qui le qualifie d'inexistant.

 

Le memorandum d'entente signé

 

L'intention de ce dialogue a été établie dans un super-objectif : « Arriver à un accord grâce à une négociation intense, totale, croissante et pacifique pour établir des règles claires de coexistence politique et sociale dans le respect absolu de la Constitution du pays, » dit le memorandum qui a été signé.

 

Selon ce document, la négociation portera sur des points fixés par les acteurs :

 

1 Des droits politiques pour tous, 

2 des garanties électorales pour tous 

3 levée des sanctions, 

4 respect de l’État constitutionnel 

5 coexistence politique et sociale

6 protection de l'économie nationale

7 garantie de mise en place, de suivi et de vérification de ce qui a été décidé.

 

La première chose qu'il faut prendre en compte à propos de ce mémorandum d’entente, c'est qu'il établit une feuille de route, une méthode et des sujets importants. Ce n'estpas un accord définitif.

 

Il est clair que l'ordre du jour des discussions expose les objectifs essentiels de chacune des parties et sont présentés sans ordre d'importance ni d'exécution bien que pour chacune des parties, certains points puissent être prioritaires. En fait, ces points sont les sujets qui doivent être débattus.

 

Une chose très importante : ce document dit que les accords qui seront obtenus doivent être strictement conformes à la Constitution du pays. Ce n'est pas un détail formel, c'est, en réalité, un problème de fond. Les négociations ne peuvent déboucher sur des accords qui porteraient atteinte à la Constitution du pays, bien que les intentions et les pressions de l'une des parties puissent aller dans ce sens et que certains considèrent que violer la Constitution est une possibilité pour accréditer l'un des 7 points.

 

Il est très important aussi que la Constitution du pays soit le document désigné comme carte de navigation et comme cadre normatif destiné à régir les demandes qui ont provoqué ces dialogues.

 

Le document parle d'une négociation intense, totale et croissante. Cela implique que ce dialogue va durer longtemps sans qu'on sache combien de temps. Les conditions ne sont pas réunies pour qu'on puisse penser que ce dialogue aura des résultats totaux et instantanés.

 

D'autre part, le texte dit : « La négociation se déroulera sous le principe que rien n'est décidé tant que tout ne l'est pas » mais que « les parties pourront célébrer des accords partiels si elles considèrent que les sujets sur lesquels ils portent ont été suffisamment discutés et si leur mise en œuvre est urgente, nécessaire ou au moins vérifiable avant le terme des négociations. »

 

Le memorandum indique aussi que « les plans partiels précoces seront inclus dans l'accord final et seront irréversibles dès leur émission, sans préjudice de la possibilité de les ajuster aux circonstances ou de les améliorer en appliquant, entre autres, le principe de progressivité. »

 

Cela implique que le mécanisme cherche à être efficace et dynamique dans une négociation dans laquelle chacune des parties aura des présupposés inamovibles. Le document propose une méthode pour créer les conditions pour que, dans le pire des cas, les parties ne repartent pas les mains vides même si le principe que rien ne sera décidé tant que tout ne le sera pas reste en vigueur.

 

Le document fait des affirmations qui ne doivent pas être considérées comme décoratives sur le respect de l'ordre juridique de l'Etat vénézuélien, le renforcement de la démocratie inclusive, le respect des droits de l'homme ainsi que sur les sanctions pour les violations et le rejet de la violence politique contre l'Etat et les institutions.

 

En d'autres termes, ce sont ces détails qui donnent son certificat de décès au faux Gouvernement.

 

Le memorandum a été signé par les 2 parties « étant donné que les sanctions contre le Venezuela doivent être levées, en revendiquant l'indépendance, la liberté, la souveraineté, l'immunité, l'intégrité du territoire et l'autodétermination » en tant que droits fondamentaux de la nation. Ce point, une condition expresse du chavisme, engage les parties à reconnaître le blocus comme un acte préjudiciable d'ingérence étrangère.

 

Que peut-on espérer ?

 

Comme nous l'avons dit, des accords solides ne seront pas obtenus instantanément c'est pourquoi nous pouvons supposer que ce qui sera vraiment difficile, ce sera de négocier mais probablement, le plus difficile a été d'arriver au Mexique car c'est le résultat d'un processus d'évolution entre la mise au point d'ordres du jour et des événements réels ou qui se sont produits sur le terrain. Ce qui a été difficile, dans ce dialogue, c'est la création des conditions qui l'ont permis et ont été coûteuses, embrouillées et longues.

 

Nous considérons également que la rencontre au Mexique est le fruit de négociations en coulisses entre le chavisme et les opposants. Que ces acteurs soient arrivés à cette étape nous laisse supposer qu'il existe des intentions et des limites reconnues par les 2 parties qui se traduiront par la recherche d'objectifs et que des concessions seront faites. Les acteurs savent déjà à peu près ce qu'ils vont obtenir et ce qu'ils vont céder mais ils vont au dialogue devant le monde entier.

 

Il n'est pas possible aux opposants, dans leur situation politique actuelle, qui leur est très défavorable, de proposer « tout ou rien, » c'est à dire que le cadre actuel exige d'eux un pragmatisme inédit pour essayer d'obtenir le plus possible en reconnaissant dès à présent les limites de leurs aspirations.

 

La principale exigence du chavisme, la levée du blocus, ne repose pas sur les épaules des opposants présents qui, à ce propos, sont plus des messagers. C'est au bon vouloir des Etasuniens qui, officiellement, ne sont pas présents au Mexique. Il y a là un vrai problème propre à perturber les dialogues car aucune demande, dans ces négociations, n'est soumise à des facteurs d'intérêts étrangers au Venezuela et au développement de son ordre du jour particulier.

 

C'est le point le plus important sur lequel débouchent les appels de l'opposition à la communauté internationale pour qu'elle « participe activement » aux affaires du Venezuela. C'est à dire qu'en l'absence d'une intervention militaire des Etats-Unis et étant donné l'échec de tant d'autres mécanismes de pression sur Miraflores, les anti-chavistes sont enfoncés par l'Union Européenne et par les Etats-Unis sur un point d'inflexion de l'ordre du jour de destitution parce que celui-ci a échoué.

 

Ces dialogues jouissent d'une grande attention internationale, d'un accompagnement effectif et ils suscitent de grandes attentes. Avec eux s'impose une insistance particulière à rechercher des résultats. Ce sont les opposants qui sont les plus obligés à obtenir des accords car dans le cas contraire, ils seraient affaiblis à l'étranger, seraient moins soutenus soumis à un ostracisme qui est déjà en marche et qui, dans une grande mesure, les enfonce aussi dans ce dialogue.

 

La « communauté internationale » en laquelle ils ont tant confiance ne pourrait leur prêter l'oreille ni céder à leurs demandes constamment. Ce cycle dure déjà depuis longtemps.

 

En d'autres termes, les mêmes acteurs de la « communauté internationale, » ne pourraient soutenir une crise politique profonde et constante qui se déroulerait en boucle au Venezuela et point de vue très important et devrait manoeuvrer dans le Gouvernement inexistant de Guaidó et ses institutions parallèles. L'isolationnisme politique de la République Bolivarienne qui a démontré qu'il existait une fracture dans le cosnensus qui l'a soutenue n'est pas soutenable non plus. 

 

Le chavisme, par contre, a réussi à se renforcer et même à consolider son pouvoir politique en 2017, de façon totalement impréue, alors que le blocus était mis en place officiellement. Bine que la levée des « sanctions » soit urgente pour le rétablissement de l'économie du pays, le chavisme continue à conserver son centre de gravité politique. Il est même présent à nouveau présent à l'étranger.

 

Si on considère que les opposants ont une véritable intention de surmonter leur naufrage politique dans ces dialogues, il est évident que les circonstances vont leur dmeander de résister à de nombreuses pressions de diverses origines.

 

Pour sa part, le chavisme qa face à lui le long bras de l'ingérence étasunienne qui continue à exercer des pressions économiques et politiques et à utiliser, comme l'a dit le membre du Congrès des Etats-Unis Jim McGovern, la situation de la population vénézuélienne comme « monnaie d'échange. »

 

Les 2 parties impliquées dans ce dialogue n'ont pas la même nécessité d'obtenir des « résultats définitifs » mais il existe des intérês communs très clairs et plusierus d'entre eux sont très viables.

 

Les 2 secteurs sont conscients qu'il existe un échec politique à surmonter et que tel point est plus coûteux à la longue. Mais tout reste à voir.

 

Traduction Françoise Lopes pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/08/16/venezuela-sobre-el-memorandum-de-entendimiento-que-esperar-del-dialogo-chavismo-oposiciones/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/08/venezuela-que-peut-on-attendre-du-dialogue-avec-l-opposition.html