Brésil : la réponse à Bolsonaro
Après les manifestations clairement putschistes dirigées par Jair Bolsonaro mardi dernier, mercredi la tension a persisté à Brasilia et dans plusieurs provinces brésiliennes.
Des camionneurs, obéissant à leur patron, de grands patrons de l’agroalimentaire, ont barré des routes dans au moins six provinces et à Brasilia, ils ont essayé de s'approcher, de façon clairement agressive, aussi bien du Congrès que du Tribunal Suprême Fédéral, la plus haute instance de la Justice, très durement attaqué par le Président d’extrême droite dans ses déclarations.
Bolsonaristes
Comme on s’y attendait, la réaction des politiciens oscillé entre demandes d’ouverture d’un procès en destitution à la chambre des députés et des commentaires discrets de ses alliés les plus proches qui ont reconnu deux choses : la première, que les manifestations ont beaucoup moins mobilisé que ce à quoi on s’attendait et la seconde que le président d’extrême-droite tire d eplus en plus sur la corde qui est sur le point de se rompre.
Ils ont reconnu, de plus, qu'en définitive, Bolsonaro n'écoute personne d'autre que les démons intérieurs qui le tourmentent.
Au Congrès
Comme on s’y attendait , la réaction d’Arthur Lira, président de la Chambre des Députés dans le bureau de qui reposent plus d’une centaine de demandes d’ouverture d’un tel procès, a été tiède.
Dirigeant d’un groupe de partis de droite traditionnellement soumis à tous les présidents, ils ont été avec tous y compris Lula, a été ambigüe. Il a essayé de montrer de la rigueur, a lancé un « ça suffit ! » à l’adresse de l’escalade d’agression du Président mais il est resté à des milliers de kilomètres de distance de faire pression sur Bolsonaro en disant qu’il pourrait accepter une plainte pour crime de responsabilité suite à l’annonce du Président qu’il ne pensait pas obéir à la sentence de la Cour Suprême.
Déjà le Procureur Général de la République à qui il revient, selon la Constitution, de dénoncer les crimes commis par les autorités dont le président, a opté pour glisser une certaine dureté dans ses déclarations mais est resté soumis au président putschiste.
Aux tribunaux
Il a mentionné des problèmes survenus lors d’une « fête civique » en oubliant qu’en réalité ce qui s’est passé a été une incitation à la rupture entre les trois pouvoirs c’est-à-dire un coup d’Etat.
La réaction la plus dure et la plus ferme est venue de Luiz Fux, président du Tribunal Suprême Fédéral.
En laissant de côté son langage retors et plein de manifestations de son très grand savoir juridique, Fux a été clair dans ses critiques.
Il a dénoncé le fait que les menaces du président envers les tribunaux sont un acte « antidémocratique, illégal, intolérable » et que ne pas obéir à une sentence de membres de la Cour Suprême constitue « un crime de responsabilité » et sur un ton énergique, il a affirmé que « personne ne fermera » l’institution qu’il préside.
En résumé, il a qualifié ce qui s’est passé mardi comme ce que ça a été : un coup d’Etat.
Il a mentionné la tragique situation du Brésil avec l’inflation, le chômage, la mortalité causée par l’inertie du Gouvernement face à la pandémie, la pénurie d’eau et la menace importante d’une panne d’énergie électrique pour mettre en évidence le fait qu’il n’y a pas de Gouvernement.
Et il a terminé en disant qu’en cas de « crime de responsabilité» c’est-à-dire si Bolsonaro désobéit effectivement à une décision des membres de la Cour Suprême, il reviendra à la Chambre des Députés d’ouvrir la procédure adéquate.
C’est ce qu’effectivement stipule la Constitution. Et c’est ce qu’effectivement le président de la Chambre, le seul autorisé à accepter une demande de procès en destitution, refuse de faire en échange de plus et plus de postes et de budget à distribuer à ses alliés.
Pressions
Sous toutes ses formes, la pression sur Bolsonaro a beaucoup augmenté. Les patrons des différents secteurs ont critiqué durement ses déclarations putschistes. La bourse de Sao Paulo c’était effondrée, le dollar et l’euro ont considérablement monté face au réal.
Rien de cela, en tout cas, ne sera suffisant pour arrêter le délire de Bolsonaro.
On sait qu’on psychopathe de plus en plus harcelé a l’habitude de réagir de plus en plus agressivement.
C’est ce à quoi on s’attend. Et le seul antidote contre cela serait que le président de la chambre et ses alliés proches de Bolsonaro comprennent enfin que ça suffit, qu’ils commencent à perdre leur base électorale.
Renversement
Il n’y a pas d’indices que cela pourrait survenir à court ou à moyen terme.
Ainsi, le pays continuera à être écrasé par Bolsonaro et l'aile la plus fanatique de ses partisans qui représente environ 15 % des 210 000 000 de Brésiliens.
Tous les autres continueront à souffrir, sans défense, des effets de plus en plus importants de l’effondrement du pays.
(extrait de Página 12)
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
Source en espagnol :
http://www.cubadebate.cu/opinion/2021/09/08/brasil-la-respuesta-a-jair-bolsonaro/#boletin20210908
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/09/bresil-la-reponse-a-bolsonaro.html