Pérou : A propos de la non démission du ministre du travail
Le ministre du travail et de la promotion de l’emploi a affirmé qu’il n’a présenté « aucune lettre de démission » et dit attendre du président Castillo qu’il « ne donne pas raison à l’extrême droite. »
Des allées et venues ont eu lieu lors de la crise du cabinet après que Guido Bellido, président du Conseil des Ministres, ait demandé à Iber Maraví de démissionner de son poste de ministre du travail, une recommandation qui n’a pas acceptée.
Il a écrit une lettre au chef de l’État, Pedro Castillo, dans laquelle il met sa charge à sa disposition, réfute les dénonciations contre lui pour terrorisme et indique qu’il n’a présenté « aucune lettre de démission. »
Guido Bellido avait affirmé dans une interview qu'il lui avait demandé sa lettre de démission et qu’après cela, le secrétaire général de Pérou Libre, Vladimir Cerron, l'avait salué et avait affirmé que cette décision renforçait son autorité après avoir indiqué que des changements de ministres étaient en cours.
Ensuite, les ministres d'Etat se sont réunis avec le président de la République et le message de Guido Bellido concernant le départ d'Iber Maraví a changé.
« Je précise que même s'il est exact que j'ai recommandé au ministre du Travail de démissionner, cela ne signifie pas qu'il ait démissionné, » a-t-il écrit sur Twitter : la demande est devenue une recommandation.
Le ministre du Travail, quant à lui, a déclaré qu'on lui avait fait cette recommandation mais qu'il ne l'avait pas acceptée.
« Effectivement, [Guido Bellido] m'a recommandé de présenter ma démission mais je n'ai présenté aucune démission de ma charge, mieux encore, ce que j'ai fait, c'est de mettre ma charge à la disposition du président de la République qui, en tant que chef de l'Etat, devra décider de ce qu'il considère comme pertinent. »
Et il a dit que ce qu'on cherchait avec la révélation des rapports de police qui l'accusent d'avoir réalisé des attentats terroristes, « c'était à porter atteinte à l'image du Gouvernement » et il a réaffirmé qu'il n'y a « aucune enquête en cours (contre lui) et même aucune condamnation ferme ni même de jugement non contesté. »
Quelques minutes plus tard, le ministre du Travail a partagé sur Twitter la lettre qu'il a adressée lundi au président Pedro Castillo :
« Je prends cette décision non parce que ma situation est indéfendable mais parce que même si la Loi et la raison sont de mon côté et si j'ai toujours ma haute morale intacte, je ne veux pas que les coups irrationnels que me portent l'extrême-droite et la presse mal intentionnée atteignent le Gouvernement du Peuple dirigé par vous-même, monsieur el Président. »
Motifs et dénonciations
On a demandé à Maraví Olarte de démissionner après qu'El Comercio ait révélé un nouveau rapport de police, cette fois de 2004, dans lequel on l'accuse du délit présumé d'instigation au terrorisme pour un fait qui s'est déroulé en juillet de cette année-là à Huamanga (Ayacucho), lors d'une protestation des enseignants alors qu'il était dirigeant du syndicat des enseignants de cette ville.
“Panorama” a aussi fait connaître dimanche un rapport de police de 1980 qui indique que l’actuel ministre du Travail, Iber Maraví, a participé à un attentat terroriste avec Edith Lagos à Ayacucho.
Selon le document de la Police Nationale du Pérou, Iber Maraví et son oncle Víctor Olarte, ont bénéficié d'un non-lieu après l'attentat qui s'est déroulé dans le cadre de la journée de l'enseignant de cette année-là et pour lequel ont été arrêtées “Edith Lagos et Berlinda Mendoza”.
« Les détenues Edith Lagos et Berlinda Mendoza et ceux qui ont bénéficié d'un non-lieu, Víctor Whasington Olarte, son neveu Iber Maravi Olarte et d'autres ont attaqué à la dynamite la porte principale de la direction régionale de l'Education d'Ayacucho, » peut-on lire dans le document publié par cette émission.
Dimanche, dans un communiqué, le ministre du Travail a affirmé qu'il n'a aucune dette envers la Justice et qu'il n'a aucune procédure en cours « ni aucune sentence qui entache sa trajectoire. »
« En ce qui concerne l'aspect moral, j'ai condamné ouvertement tout acte terroriste et j'ai exprimé ma volonté personnelle de continuer à construire un pays plus juste et digne dans le cadre du respect des institutions et de la démocratie, » a-t-il ajouté.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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