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Chili : Boric et le soutient de Bachelet

19 Décembre 2021, 18:30pm

Publié par Bolivar Infos

Par Ignacio Parra

 

A moins d’une semaine du second tour des élections présidentielles où s’affronteront Boric et Kast, Michelle Bachelet a fait une vidéo dans laquelle elle appelle à voter pour Boric. Quelles sont les implications du tournant vers le centre du programme de Boric et la revendication explicite de l’héritage de la Concertation?

 

L’une des lectures après le débat d’Anatel de ce lundi fut que les « 30 ans » avaient gagné, une allusion aux divers clins d’oeil au centre politique faits par Boric et Kast. Tous deux ont mis en avant le rôle de la Concertation, dans le cas de Boric, le gouvernement de Bachelet qui lui a finalement apporté son soutien mardi grâce à une vidéo. Ce dimanche, on décidera enfin de qui sera le président.

 

Le soutien de l’actuelle haute commissaire aux droits de l’homme de l’ONU était l’une des choses les plus importantes dans la campagne pour le candidat de « J’approuve la dignité » à cause de la forte popularité de Bachelet. Même si ce geste pouvait être déduit, il a des implications de fond après le débat de ce lundi où Boric a confirmé son tournant « vers le centre politique » (néolibéral) en mettant explicitement en avant le le rôle de la Concertation dans le débat d’Anatel.

 

Ce n’est pas seulement un tournant opportuniste pour obtenir des voix, c’est une ligne consciente de diminution des attentes et du programme, une sorte de « réalisme sans renoncement » avant d’être un Gouvernement. Boric modifie son programme vers le centre en diminuant la profondeur des réformes qu’il proposait et en incorporant des enseignants de la Concertation avec le centre dans le domaine économique. Des enseignants qui se sont consacrés à gérer le néolibéralisme au Chili et qui, dans le cadre de cette trajectoire, ont fixé 2 aspects clefs de l’engagement pour l’année prochaine : 1) assurer le respect du budget d’ajustement présenté par Piñera et 2) respecter ce qu’on appelle la « responsabilité fiscale. »

 

Ces engagements montrent que la stratégie de Boric et de « J’approuve la dignité » sera de se soumettre à la composition du Parlement qui sera élu et d’utiliser cette situation comme argument pour ajuster leurs propositions de réformes. Si au début « J’approuve la dignité » était vu comme une coalition anti-néolibérale et si son programme répondait aux revendications de la rébellion d’octobre 2019, aujourd’hui, le programme de Boric se propose à peine de faire certaines « transformations » qui ne changent pas le rôle secondaire de l’État et qui conserve certains piliers du néolibéralisme. Le candidat de la coalition a même envisagé de ne pas être « intransigeant » sur l’élimination des administrateurs de fonds de pensions (AFP), c’est à dire que les AFP détestées, créées par José Piñera pendant la dictature, pourraient même être maintenues.

 

Les implications du réalisme sans renoncement de Bachelet

 

Même si en quelques lignes, nous ne pouvons pas faire une analyse exhaustive des réformes du second mandat de Bachelet, nous pouvons dire que c’est le premier Gouvernement de transition où la classe dominante a eu une politique destinée à répondre (dans le néolibéralisme) aux revendications « de la rue. » Il s’agissait de donner une réponse aux mobilisations de masse contre le modèle d’éducation de marché dirigées par les lycéens (2006) et les étudiants (2011). Les mobilisations des secturs du mouvement ouvrier comme les sous-traitants du cuivre (2007), les employés des ports (2013), les enseignants (2015) et la mobilisation contre les AFP détestées (2016).

 

Ainsi, Bachelet a mis en place une réforme fiscale dans laquelle on a négocié avec l’association des banques et le grand patronat pour limer ses aspects les plus irritants. De cette négociation est sorti e concept de la cuisine » pour définir des négociations à huis clos car al réforme a été décidée dans la cuisine du président de l’association des banques.

 

En ce qui concerne la réforme du travail, dans beaucoup de cas, elle a limité le droit de grève avec ce qu’ona ppelle le « service minimum » et dans la pratique, n’a pas supprimé plusieurs aspects essentiels du Code du Travail de al dictature (en effet, on n’a pas touché au livre III de ce code). Dans le cas de la réforme de l’éducation, même si on a mis en place la « bourse gratuité » qui attribue des ressources à des milliers de jeunes pour qu’ils puissent étudier sans payer, on n’a pas supprimé la subvention à la demande et la réforme a fini par accorder des millions de subventions au privé. En ce qui concerne les services locaux d’éducation, on a fait une municipalisation à moitié et de nouvelles attaques ont été décidées comme la double évaluation des professeurs.

 

Sans toucher aux piliers du modèle

 

Les mesures présentées par la candidat de « J’approuve la dignité » la semaine dernière dans les documents « Accords de mise en œuvre du programme » écrit avec la direction de Provoste (DC) et de ME-O et « une croissance soutenable et équitable à court et moyen terme » écrit par les économistes de la Concertation, montrent clairement les limites mises aux réformes les plus importantes de son programme : réforme fiscale, des retraites et de la santé.

 

Les réformes originelles proposées étaient déjà limitées, par exemple, on ne propose pas de toucher aux grandes entreprises transnationales et chiliennes qui exploitent le cuivre, l’une des grandes richesses du pays dont on fait cadeau à ces entreprises qui envoient des millions de dollars à l’étranger. Dans le cas de la réforme des impôts, la mesure la plus importante est d’éliminer les exemptions et les mesures contre l’évasion fiscale et la fraude, c’est à dire à peine toucher à ce que les patrons évitent de payer et éliminer les millions de privilèges qu’ont divers secteurs patronaux grâce aux exemptions.

 

Le programme de Boric ne répond pas aux urgences sociales de la majorité des ouvriers et du peuple et encore moins aux revendications exprimées lors de al rébellion. C’est pourquoi il faut renforcer une alternative issue des travailleurs avec un programme qui s’oppose à Kast, à la droite et à tous les partis « des 30 ans » et renforce l’auto-organisation et la mobilisation pour conquérir ce pour quoi nous avosn lutté pour enterrer définitivement l’héritage de la dictature dans la perspective d’un gouvernement des travailleurs.

 

Un programme qui aille vers une augmentation générale des salaires, du vrai travail sans précarité, une éducation et une santé publique de qualité au service du peuple, la fin des AFP, un salaire et une retraite d’au moins 600 000 pesos indexés automatiquement sur l’inflation, un logement digne pour tous en mettant fin aux affaires des banques et aux affaires immobilières. Pour la libération des prisonniers politiques, pour que les oppresseurs soient jugés et condamnés et la dissolution de la police.

 

Pour affronter l’ordre du jour et la criminalisation avec de larges campagnes pour la démilitarisation du Wallmapu et enfin pour la restitution de leurs terres ancestrales au peuple mapuche. Pour les droits des femmes comme le droit à l’avortement légal, libre, sûr et gratuit. Pour lutter pour mettre fin au pillage de nos ressources en nationalisant l’eau, le cuivre, le lithium, qu’ils soient gérés par les travailleurs et les communes et pour que les entreprises de gaz et d’électricité privatisées soient récupérées à prix coûtant par les usagers et pour mettre ces ressources au service des besoins de al société et non du profit.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2021/12/16/chile-boric-y-el-apoyo-de-bachelet-en-las-elecciones-chilenas-cual-es-su-significado/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2021/12/chili-boric-et-le-soutient-de-bachelet.html