Argentine : La force de déploiement rapide, une création du Commandement Sud
Par Stella Calloni
Le Gouvernement de l’ancien président de droite Mauricio Macri n’a jamais caché avoir agi activement contre le Gouvernement du président Nicolás Maduro en Venezuela depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2015 et maintenant, cette action a été mise en évidence par un article du journaliste Horacio Verbitskiy publié sur son site El Cohete a la Luna dans lequel il évoque la manœuvre militaire Puma de l’armée argentine, entre autres événements qui se sont produits avec les Etats-Unis entre avril et juillet 2019, dont l’objectif était sans aucun doute le Venezuela. A la tête de ces manœuvres se trouvait le général Juan Martín Paleo, chef des opérations de déploiement rapide ( crées ici par le Commandement Sud des Etats-Unis en 2018) et depuis le mois de mars 2020, chef de l’État Major conjoint des Forces Armées.
Selon le journaliste, qui s’est basé sur une série de documents secrets de la Direction Générale du Renseignement des Forces Armées argentines, l’engagement du président argentin à impliquer les Forces Armées argentines dans une éventuelle intervention militaire des Etats-Unis au Venezuela est évident.
Cette participation aurait compris l’envoi de militaires argentins de ce bataillon sous le commandement des forces d’invasion étasuniennes en utilisant 3 corridors : le corridor maritime de la Mer d’Argos, le front nord de la Mer des Caraïbes, le corridor de la frontière Febo pour une incursion terrestre depuis la Colombie et le corridor de la frontière de Ceres, pour une attaque partant du Brésil.
Le plan s’est concrétisé par des manœuvres intitulées « Puma » sous le commandement du général Paleo, entre avril et juillet 2019. La manœuvre « Puma » comprenait l’invasion du Venezuela et « a été exécutée en 7 sessions à la garnison du Champ de Mai et par visioconférence avec la brigade de parachutistes de Córdoba, la brigade mécanisée X de La Pampa et les commandos de la Force d’Opérations Spéciales également de Córdoba ainsi qu’avec des unités de la Marine et de l’Aviation.
En réalité, la même chose s’est passée avec la Bolivie parce que le bataillon de déploiement rapide que le Commandement Sud des Etats-Unis a entraîné en Argentine et dont le ministre de la défense de l’époque, Oscar Aguad, a annoncé publiquement la création en 2018, a été créé pour qu’en cas d’invasion, des Etats puissent y participer, ce qui aurait servi à Washington à affirmer que les armées d’Amérique Latine le soutenaient, comme nous l’avions déjà dénoncé dans le journal la Jornada à ce moment-là.
Il n’est pas étonnant que le général Paleo soit à sa tête ni même qu’il ait dirigé des manœuvres comme « Puma » ou comme Vicuña del Horizonte dont la cible était la Bolivie et d’autres manœuvres qui ses ont déroulées entre 2018 et 2019 à Jujuy et Salta, des provinces du nord-ouest de l’Argentine.
En effet, Macri avait reconnu immédiatement l’ancien député de l’Assemblée Nationale du Venezuela Juan Guaidó quand celui-ci s’était proclamé dans la rue « Président désigné » (par personne) en violant toutes les règles internationales. Le chancelier de Macri, Jorge Faurie, également impliqué dans le coup d’État contre Evo Morales comme l’ancien président argentin et ses collègues brésiliens et chiliens, Jair Bolsonaro et Sebastián Pïñera, avait reconnu comme ambassadrice de Guaidó en Argentine Elisa Trotta, une vénézuélienne-argentine qui travaillait avec le gouverneur macriste de la province de Buenos Aires María Eugenia Vidal.
Trotta confirmait le 8 avril 2019 que le Gouvernement argentin avait envoyé «29 tonnes d’aliments et de produits d’hygiène qu’ils enverraient par la frontière (de Cúcuta) du Venezuela avec la Colombie» et demandait que cette « aide humanitaire » puisse traverser la frontière sans problèmes.
Mais la chancellerie avait aussi fait connaître l’envoi d’un avion avec un groupe de casques blancs à Cúcuta dès la fin de 2018, tous de soi-disant « volontaires » argentins dont certains étrangers inconnus ici pour installer des centres de soins sur cette frontière chaude et prendre soin des Vénézuéliens qui « fuyaient la dictature » de Maduro en passant en Colombie.
« Le soutien que l’ Argentine a apporté au Venezuela a été essentiel non seulement pour commencer à réclamer la démocratie mais aussi pour recevoir le peuple vénézuélien, pour apporter l’aide humanitaire si nécessaire à nos compatriotes qui se concrétisera dans les prochains jours en passant la frontière avec la Colombie, » a dit Trotta, qui est toujours « diplomate » mais n’a jamais pu exercer sa charge sauf en apparaissant aux côtés de Macri ou de ses fonctionnaires dans un crique qui s’est poursuivi jusqu’au départ de ce Gouvernement de Macri le 10 décembre 2019…
Et cela bien que l’ambassade du Venezuela et les fonctionnaires du Gouvernement de Maduro soient restés en Argentine et aient continué à fournir les passeports et à réaliser toutes actions diplomatiques normalement. C’est pourquoi elle a été victime de plusieurs tentatives d’attaques de la part des partisans de Guaidó, protégés par la police métropolitaine de Macri et des militants de Cambiemos, pour y installer Trotta. Mais ils n’y sont pas parvenus car les organisations sociales et politiques d’Argentine sont rapide venus la défendre.
La manœuvre militaire « Puma » avait pour but de former ces forces de déploiement rapide pour une éventuelle intervention décidée par les Etats-Unis sous prétexte de défendre les droits de l’homme et la démocratie en décrivant minutieusement la situation géographique du Venezuela.
Cet aspect « a été exécuté en 7 sessions à la garnison du Champ de Mai et par visioconférence avec la brigade de parachutistes de Córdoba, la brigade mécanisée X de La Pampa et les commandos de la Force d’Opérations Spéciales également de Córdoba ainsi qu’avec des unités de la Marine et de l’Aviation. Le général Paleo les dirigeait.
L’article ajoute que « cet exercice a coïncidé avec l’escalade des Etats-Unis contre le président Nicolás Maduro qui comprenait la reconnaissance comme « Président désigné » ou « en charge » de l’ancien député Juan Guaidó. La première session dirigée par Paleo a eu lieu le 15 avril 2019. Le 30, Guaidó était à la tête d’un soulèvement militaire intitulé « Opération Liberté. » Un groupe de militaires ont fait sortir de son domicile où il était assigné à résidence le politicien d’opposition Leopoldo López qu’il a conduit sur une base militaire sur laquelle ils ont pris leurs quartiers en attendant que d’autres unités se prononcent pour répéter le coup d’État de 2002 mais cela a échoué.
En réalité, c’étaient des soldats argentions et d’autres pays d’Amérique Latine qui essayaient de mettre en pratique un vieux projet de Washington : aligner sous son commandement les armées latino-américaines pour son projet de recolonisation du continent. Les Etats-Unis ont aussi travaillé activement à infiltrer les forces de sécurité de la région.
Pour notre part, nous ajouterons que le général Juan Martín Paleo était en charge de toutes les manœuvres sur la frontière avec la Bolivie et que, de Córdoba, le chemin de fer de Carga Belgrano, suspendu depuis plus de 30 ans, a été rétabli pour envoyer « des armes, du matériel et des troupes » pour les manœuvres exécutées dans le nord de l’Argentine. Comme on le sait maintenant, des armes pour les putschistes boliviens en provenance aussi bien du Chili que d’Argentine sont entrées pendant ces manœuvres … Mais aussi des mercenaires et des troupes spéciales étasuniennes qui se faissaient passer pour des touristes en utilisant de faux papiers.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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