Bolivie : Le rapporteur de l’ONU qualifie la gestion d’Añez de tortueuse, autoritaire, persécutrice et sans indépendance de la justice
Dans un article publié par le journal El País de Madrid, le 06 février 2020, Diego García Sayán, rapporteur spécial de l’ONU sur l’indépendance des magistrats et des avocats qui est arrivé aujourd’hui dans le pays pour évaluer la situation de la justice, a déjà pris position sur la gestion de Jeanine Áñez qu’il a qualifiée de « tortueuse, autoritaire, persécutrice et sans indépendance de la justice. »
Dans le texte publié pendant le gouvernement d’Añez et 3 mois après le coup d’État contre Evo Morales, García Sayán critique durement la présidente de fait et regrette que ce qui aurait dû être un processus de transition ait pris un « cours autoritaire. »
« Il y a persécution politique en utilisant la justice, » a dit textuellement García Sayán et il a ajouté que « le Gouvernement de transition de madame Jeanine Áñez devrait avoir concentré ses énergies à organiser des élections transparentes et démocratiques mais ce n’est pas ce qu’elle a fait. »
Il a noté qu’Áñez et son Gouvernement aient provoqué « une alarme internationale en réveillant le souvenir de sombres moments de l’histoire bolivienne qui semblaient appartenir à un passé lointain, » évoquant ainsi clairement les dictatures qui se sont abattues sur le pays dans les années 70 et 80.
« 2 problèmes réveillent aujourd’hui une inquiétude croissante. Premièrement, la candidature à la présidence de quelqu’un qui aurait dû garder une neutralité absolue et une distance totale par rapport à la campagne électorale. Deuxièmement, une succession de plaintes sur des violations des droits démocratiques en tant que signe préoccupant d’une persécution politique, » dit son rapport.
« Contre la parole donnée et l’essence d’un Gouvernement transitoire et d’un ordre du jour qui a plus d’un tour dans son sac, la candidature imprévue à la présidence de madame Áñez a porté atteinte à l’essence même d’une transition lors de laquelle la Gouvernement aurait dû être 100% neutre, » dit aussi le rapporteur.
Et il poursuit en regrettant qu’ Áñez ait mis le fondamentalisme religieux à la tête de la politique de la présidence. »
García Sayán se risque aussi à dire que l’organe électoral devrait contrôler la candidature d’Añez : « L’autorité électorale et la société bolivienne devront surveiller – au millimètre – tout acte, toute parole ou même toute inaction qui pourrait aggraver l’absence ostensible de neutralité du Gouvernement dans le processus électoral et agir. »
C’est pourquoi, en sa qualité de rapporteur de l’ONU dans le domaine judiciaire, il précise : « Dans ce contexte délicat, il y a des raisons de penser que l’indépendance de la justice subit une attaque et que le libre exercice de la profession d’avocat est sérieusement touché. Je continuerai, en tant que rapporteur spécial de l’ONU sur l’indépendance des juges et des avocats, à être attentif à ces affaires dénoncées publiquement et je continuerai à être attentif aux informations qui me parviendront pour déterminer les étapes suivantes et continuer à informer la communauté internationale. »
Et il conclut son texte en appelant qualifiant le gouvernement d’Añez de « transition tortueuse » en raison des multiples preuves de persécution politique contre des dizaines de personnes qui ont été arrêtées et d’autres obligées de s’exiler sous le régime d’Añez.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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