Colombie : Mercenariat et abjection dans le journalisme
par Luis Alfonso Mena S.
Les reporters qui font du journalisme vraiment indépendant en Colombie le font sans en attendre de louanges, sans se vendre, en mettant en danger leur stabilité et leur vie.
A propos de la Journée du Journalisme qu’on célèbre tous les 9 février en Colombie, voici quelques réflexions sur la pratique de ce métier dans notre pays.
En plus de la médiocrité des reportages, l’absence d’attitude critique face au pouvoir tue le journalisme en Colombie.
Le mercenariat et l’abjection devant les riches et les puissants, la soumission de la conscience caractérise la pire presse nationale.
Etre payés pour donner des versions officielles et rédiger des bulletins officiels a transformé beaucoup de journalistes en secrétaires du système, en porte-parole du régime de service.
Le pire journalisme est celui qu’on fait en pensant que l’objectivité, c’est de traiter de la même façon l’oppresseur qui assassine et le citoyen qui proteste et réclame ses droits.
L’engagement du journaliste doit être envers ceux à qui on a porté atteinte, envers les exclus, envers les victimes, pas envers les assassins au pouvoir.
La mission du bon journalisme est non seulement d’informer véritablement mais aussi de dénoncer la tyrannie et l’oppression pour que justice soit faite.
Au lieu de penser comme le patron du média, souvent une extension du pouvoir, parlons avec notre conscience, nous saurons que faire.
Le plus précieux, pour un journaliste, c’est sa liberté de conscience, sa liberté d’expression. Y renoncer, c’est se trahir soi-même, c’est ce qu’il y a de plus indigne.
Heureusement, on ouvre de plsu en plus et avec de plus en plus de force la voie à la communication alternative, d’en-bas, du contrepouvoir, des gens qui font du journalisme populaire sans en demander la permission.
Cela permet de donner une visibilité aux faibles et à ceux qui ont subi des violences, et de lutter contre l’impunité des crimes sociaux, politiques, policiers et militaires du système et du régime qui prévalent.
Merci aux collègues qui, en Colombie, font du journalisme vraiment indépendant, sans attendre de louanges, sans se vendre, au risque de leur stabilité et de leur propre vie.
Comme disait le journaliste Rodolfo Walsh, assassiné par la dictature argentine en 1977 : « Le journalisme est libre ou c’est une farce. »
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
https://www.telesurtv.net/opinion/Mercenarismo-y-abyeccion-en-el-periodismo-20220210-0022.html
URL de cet article :
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