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Costa Rica : Victoire de l’abstention

10 Février 2022, 18:45pm

Publié par Bolivar Infos

Par Adalberto Santana

 

Des élections qui, paradoxalement, se distinguent pour avoir comme grand vainqueur l’abstention, c’est à dire que 40% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. Aucun des 25 candidats à la présidence n’a obtenu un pourcentage supérieur à celui de l’abstention.

 

 

José María Figueres, du Parti Libération Nationale (PLN) : 27,26% 

Rodrigo Chaves, du Parti Progrès Social Démocratique (PPSD) : 16,70%

Fabricio Alvarado, du Parti Nouvelle République (PNR) : 14,82%

Lineth Saborío, du Parti Unité Sociale Chrétienne (PUSC) : 12,36%

Eliécer Feinzaig, du Parti Libéral Progressiste (PLP) : 12,33%

José María Villalta, du Front Large (FA) 8,70%.

 

Sans aucun doute, cette campagne électorale a mis en évidence l’usure subi par le système de partis politiques de la plus vieille démocratie politique et électorale d’Amérique Latine et des Caraïbes. Sur la scène internationale, le Costa Rica est l’un des pays les plus stables politiquement qui possède la démocratie la plus mûre des pays latino-américains. Économiquement, l’une de ses principales richesses est la conservation et le protection de l’environnement dont il tire ses ressources économiques car la richesse de sa flore et de sa faune attire les touristes de tous les pays du monde. C’est une société en grande partie démilitarisée qui possède une classe moyenne importante mais ces derniers temps, dans sa structure sociale et économique se sont révélés de gros problèmes provoqués par le modèle néolibéral qui a prédominé pendant ces dernières décennies dans le pays. Dans notre livre « Le Costa Rica au début du XXIème siècle » (UNAM, 2008 et Université Nationale, Costa Rica, 2013), nous disons : « Au Costa Rica, ce qu’on appelle le modèle néolibéral a aussi eu un effet significatif à cause du rôle qu’il a joué dans l’orientation de la structure économique et sociale du pays. Les politiques d’ajustement structurel ont créé un nouveau schéma, très différent du modèle traditionnel de ce qu’on appelle le « bien-être social. » Pour la Banque Mondiale, la situation du Costa Rica a les caractéristiques suivantes : « Malgré le solide système de santé du Costa Rica et la bonne réponse qu’il a apporté à la crise, la pandémie a eu un fort impact sur son économie. Le Produit Intérieur Brut (PIB) a baissé à 4,1 % en 2020. C’est la plus forte baisse en 40 ans. Elle a été provoquée par une baisse des investissements et de la consommation privés. 1 travailleur sur 5 était au chômage au quatrième trimestre 2021. (…) Malgré les gros efforts faits pour freiner cette baisse, les revenus de 40 % de la population ont diminué de 15 % l’année dernière et on estime que 124 000 personnes sont tombées dans la pauvreté, ce qui a porté le taux de pauvreté à 13 % en 2020. »

 

De sorte que ce pays a affronté la crise d’un prétendu Etat de bine-être ou Etat bienfaiteur. Le développement actuel de l’économie costaricienne montre un fort déficit fiscal, une propagation de plus en plus évidente de la corruption, une augmentation de la pauvreté, du chômage, un fort indice d’inégalités et une croissance constante de la délinquance organisée. Mais récemment, les dommages à l’environnement et les problèmes le concernant ont également augmenté.

 

Cette situation a sans doute affaibli la crédibilité du système de partis politiques pour de grands groupes de citoyens. Avec une population qui dépasse les 5 200 000 habitants, seule une minorité de citoyens costariciens a décidé de qui va aller au second tour au mois d’avril. Ce sont les candidats de 2 partis conservateurs : José María Figueres (PLN) y Rodrigo Chaves (PPSD). La gauche, représentée par le Front Large, à la différence de celle d’autres pays d’Amérique Latine comme l’Argentine, la Bolivie, le Chili, Cuba, le Honduras, le Mexique, le Nicaragua, le Pérou, Saint Vincent et les Grenadines et le Venezuela, n’a pas eu la capacité de capitaliser le mécontentement de la grande majorité du peuple et de se présenter comme uen alternative réelle pour la transformation sociale et économique du pays. 

 

De sorte que ce qui semble se profiler à l’horizon politique de ce pays de Notre Amérique, c’est la poursuite du modèle néolibéral et un enlisement du développement social et économique du pays. La tendance est qu’au second tour, l’abstention continue à prévaloir. Sans doute, on peut penser que la faible crédibilité des partis politiques et de leurs candidats augmentera. On peut penser qu’à moyen terme, il y aura sans doute plus de mécontentement contre la classe politique et qu’à un moment donné, la rébellion des larges secteurs populaires face à la détérioration économique et sociale du pays éclatera.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

NOTE de la traductrice:

1Le cernier chiffre manque… Ce doit être 0 ou 1...Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/02/09/costa-rica-triunfo-el-abstencionismo/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/02/costa-rica-victoire-de-l-abstention.html