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Honduras : Un accord met fin à la crise à l’Assemblée Nationale

8 Février 2022, 19:53pm

Publié par Bolivar Infos

Par Rodil Rivera Rodil

 

La crise au Congrès était politique et s’est résolue politiquement. Elle n’a jamais été juridique ni constitutionnelle, la Cour Suprême l’a reconnu en rejetant les recours déposés contre les directions de Redondo et de Cálix. La solution est venue de la corrélation des forces favorables au premier. Le poids de l’éclatante victoire aux élections, le soutien massif des citoyens à l’alliance plus celui du Pouvoir Exécutif a été insurmontable pour les forces des groupes nationaliste et libéral.

 

Les nationalistes ont agi par pur opportunisme politique : une opportunité s’est présentée pour compenser un peu l’humiliante défaite, ils l’ont saisie, alors que les libéraux ont agi pour des raisons politiques et mercantiles en échange de magistrats à la Cour Suprême de Justice puisque le faible nombre de députés qu’ils ont obtenu ne leur permettait d’en avoir aucun et que, selon des sources proches de ce parti, ils avaient besoin d’en avoir plusieurs à cause des milliers de procès qu’ils ont en cours.

 

Déjà, la solution à la crise de 1985, sous le gouvernement du docteur Suazo Córdova, une crise beaucoup plus grave que la crise actuelle, était venue du fameux « plan B, » un bizarre mélange d’élections primaires et générales, strictement politique, si bien que personne n’a dit qu’elle était anticonstitutionnelle, qui a conduit au paradoxe que le candidat qui a eu le plus de voix aux élections Rafael Leonardo Callejas, les a perdues et que le second, Simón Azcona del Hoyo, fut déclaré vainqueur.

 

Dans le cas présent, la solution est venue d’une voie différente mais toujours politique. La possession de l’immeuble du Pouvoir Judiciaire par l’alliance, l’abandon de Cálix par les députés nationalistes et libéraux plus le soutien du Pouvoir Exécutif ont donné à la direction de Luis Redondo une légitimité plus que suffisante pour qu’elle soit reconnue définitivement. Il n’y a plus « d’autre Congrès » comme on disait. Ce qui se discute entre LIBRE et les 17 dissidents, c’est seulement les conditions de leur retour au parti et au Congrès.

 

Mais une campagne contre la direction de Redondo persiste et elle est si virulente qu’elle me rappelle celle qui avait été déchaînée contre Mel Zelaya pour préparer le coup d’État de 2009. Il est vrai que parmi ceux qui protestent se trouvent des professionnels et des organismes qui agissent de bonne foi bien que d’autres soient tombés dans la naïveté comme le CNA qui, à présent, fait des déclarations conjointes avec le COHEP. Allons-y ! Les Saints et les pécheurs contre Redondo.

 

Même si le CNA ne le reconnaît pas, les attaques féroces contre la direction du Congrès et ses actions ont leur origine, pas tellement dans la loi d’amnistie pour les victimes du coup d’État dont la rédaction peut être améliorée ni dans le choix d’un procureur et d’un sous-procureur qui n’étaient pas notaires comme l’exige la Constitution, ce qui peut être corrigé, mais dans le projet de loi qu’on pense que le SAR tient prêt, destiné à supprimer les franchises, qui a provoqué la panique parmi les patrons, dont les patrons de médias, qui pourraient cesser de percevoir des millions de millions de lempiras.

 

D’autre part, on voit maintenant clairement que l’ultime raison de la crise était la lutte classique entre les forces du changement et les forces conservatrices, d’une part l’alliance qui souhaite imposer des réformes assez profondes pour sortir de la calamité que nous a laissé la dictature néolibérale et corrompue qui s’est imposée après le coup d’État, et de l’autre, la force vaincue qui veut à tout prix préserver l’état de choses qu’a JOH et que dirigent les patrons qui furent ses complices et dont l’intérêt est de défendre le Parti National et ce qu’on appelle le côté obscur du Parti Libéral qui, pendant ces 12 ans, a foait fonction d’allié de second ordre du premier.

 

Pour ceux qui aiment les classifications idéologiques, le Parti National se situe dans la frange d’extrême-droite, Parti Libéral ou, pour mieux dire, son côté obscur, dans une droite « mobile » encline à aller de l’un ou de l’autre côté selon la direction des vents, le PSH de Nasralla, est clairement au centre-droite et LIBRE dans une gauche modérée. i laissé. A celui qui me dirait que son programme est radical ou communiste, je conseille de réviser ses connaissances politiques.

 

Bien que l’affrontement entre ces forces ait été inévitable, nous avons vu que le mal-être provoqué par les députés dissidents de LIBRE à cause du non respect de l’accord avec Nasralla a été une occasion pour les conservateurs de s’assurer du contrôle de la Cour Suprême de Justice, de faire avancer la contre-réforme avant que commencent les réformes et pour empêcher l’alliance de gouverner.

 

Ainsi, avec ce fatras de buts, le Parti Libéral a jeté par-dessus bord tous les principes qu’il voulait et en proposant 4 ou 5 magistrats, a joué sa dernière carte et s’est mis à la tête de la conspiration. Et maintenant, le plan ayant échoué, les nationalistes ont intégré le Congrès comme si de rien n’était pendant que les députés libéraux piquaient une colère : « Nous revenons mais seulement dans nos bureaux, jusqu’à ce qu’on élise de nouveau l’équipe de direction de Redondo. » Comme qui dirait, nous viendrons seulement toucher notre salaire jusqu’à ce qu’on satisfasse notre caprice.

 

La crise est finie, c’est vrai mais elle a amené avec elle la réorganisation des forces au Congrès. Le Parti Libéral étant hors jeu, ses députés se sont divisés au moins en 3 groupes : un qui restera fidèlement du côté obscur mais toujours mobile, l’autre, avec des principes et des désirs de réformes qui soutient l’alliance et un troisième dont les membres pont voté en toute occasion selon leurs intérêts personnels.

 

En conséquence, l’alliance est obligée de revoir sa stratégie avec le pragmatisme de circonstance. Dans la sorte de bipartisme qui s’est formé, celle-ci et le Parti National deviennent les principaux protagonistes au Congrès et accumulent plus de 80 % des députés. C’est pourquoi il ne peut pas être plus évident que les négociations concernant les réformes constitutionnelles et la sélection des charges dans les institutions se feront, à la base, entre les 2 partis.

 

Et ce sera, justement avec le nouvelle Cour Suprême de Justice où l’alliance a la majorité et qu’il vaudrait mieux choisir rapidement, entre autres raisons, à cause du discrédit dans lequel elle est tombée à cause de ses liens condamnables avec JOH. Pour le Parti National, il est impératif que ce soit cette année parce qu’ainsi, il pourrait garantir un quota de pouvoir avant que ce soit son tour d’affronter sa propre crise interne qui a débuté avec le désastre retentissant qu’il a subi, qui ne tardera pas à faire surface et qui pourrait compliquer les choses.

 

Qui vont-ils charger de la responsabilité de la défaite ? Ceux qui va pouvoir aspirer à diriger le parti. Quel rôle jouera son candidat à la présidence que, soit dit en passant, on n’a vu d’aucun côté pendant la crise au Congrès ? Quel sera le destin de JOH et quel rôle pourra-t-il jouer, lui ou ses partisans, dans l’avenir du parti ? Et le principal restera peut-être à l’extrême-droite néolibérale ou reverra son programme pour l’adapter à l’époque que nous vivons comme il l’a fait il y a quelques années quand il a pris des positions plus progressistes que le Parti Libéral. 

 

Le Parti National doit être conscient qu’il affrontera l’une des pires tempêtes de son histoire, ce qui impliquera des risques de divisions qu’il a déjà connus dans le passé plus les risques inédits qui pourraient survenir. Et sur beaucoup de ses dirigeants, anciens fonctionnaires, députés et anciens députés plane l’ombre de la justice, ce qui devra être pris en compte par les nouveaux acteurs du parti s’ils veulent que celui-ci subisse le moins de dommages possible suite à l’aventure insensée dans laquelle JOH l’a embarqué.

 

La crise a été surmontée, oui, mais l’Alliance et LIBRE en particulier doivent en tirer les leçons. Réparer à l’intérieur ce qu’il faut réparer et avoir présent à l’esprit que la véritable contre-réforme n’a pas encore commencé. Jamais la droite et encor moins l’extrême-droite, n’a accepté les transformations sans faire tout son possible pour les empêcher. Aucun doute que si elles le peuvent, elles n’hésiteront pas à faire un autre coup d’État. Ça a été l’histoire permanente de l’avance de l’humanité. Réforme et contre-réforme, révolution et contre-révolution.

 

Un accord pour sortir de la crise à l’Assemblée Nationale

 

Le coordinateur général du parti LIBRE, l’ancien président du Honduras, Manuel Zelaya, a confirmé lundi la signature d’un accord destiné à mettre fin à a crise à l’Assemblée Nationale avec un groupe de députés en faveur de la stabilité du pays.

 

« Ce qui a été signé est ce qui a été décidé, les députés qui se sont liés au processus, on va les traiter comme les autres et tous ont la possibilité  d’intégrer le Gouvernement, » a-t-il déclaré.

 

Et il a affirmé que les différends ont été résolus grâce au dialogue pacifique. « Cet accord est centré sur la recherche de la stabilité au Congrès (…) L’accord profite à la majorité du peuple. »

 

« Nous devons nous souvenir que les finances de l’État sont en mauvais état, nous avons besoin de nous unir et de faire des accords avec les banques parce que l’argent pour le développement du pays est là, » a souligné Zelaya.

 

A propos des réformes profondes de la Constitution, il a précisé qu’une Assemblée Nationale Constituante fait partie d’un pacte social amis que pour le moment, les conditions ne sont pas réunies pour la mettre en place.

 

Avec la signature de ce pacte, le député dissident Jorge Cálix quitte la présidence de l’Assemblée Nationale et siège à nouveau dans les sessions présidées par le député Luis Redondo. Les députés dissidents réintègrent également l’organisation politique du parti LIBRE.

 

« Je fais un pas de côté dans les prétentions et je m’engage à assister aux réunions des députés dans l’hémicycle, je m’y joins comme un député de plus, » a déclaré Cálix. 

 

Le document souligne la refondation du Parti Libéral, du Parti Sauveur du Honduras et du parti LIBRE, celui-ci étant représenté directement par la présidente Xiomara Castro.

 

En même temps, le document explique que maintenant, Luis Redondo présidera l’Assemblée Nationale pour revenir à la légalité et que les partis politiques et reviennent dans la coalition en confirmant leur soutien à la présidente Castro.

 

« Je continue à penser que le parti LIBRE devrait présider le Congrès mais je reconnais aussi l’autorité de notre présidente Xiomara Castro et je dois la soutenir, » a déclaré le député Jorge Cálix.

 

Ainsi s’achève une crise politique qui avait débuté le 20 janvier dernier, le jour où 20 députés ne se sont pas présentés à une réunion organisée par la présidente Castro pour choisir la nouvelle équipe de direction de l’Assemblée.

 

A ce moment-là, il y avait un accord disant que Luis Redondo du Parti Sauveur du Honduras présiderait le Congrès mais 20 députés de LIBRE ne le voulaient pas. Le 23 janvier, après le vote destiné à élire la direction, les députés dissidents ont voté pour Jorge Cálix, ce qui a provoqué une crise parlementaire et, à cemoment-là, les 20 députés ont été exclus de l’organisation politique. 

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/02/07/honduras-la-crisis-del-congreso/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/02/honduras-un-accord-met-fin-a-la-crise-a-l-assemblee-nationale.html