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Venezuela : La renaissance de l’économie vénézuélienne

25 Février 2022, 18:19pm

Publié par Bolivar Infos

Dans son rapport le plus récent sur le Venezuela, le Credit Suisse estime que le produit intérieur brut (PIB) du Venezuela a augmenté à un rythme de 8,5 % en 2021, un chiffre qui dépasse même les estimations du Gouvernement vénézuélien. Mais il y a à peine 4 mois, la Commission Economique pour l’Amérique Latine « C. E. P. A. L. » estimait que, dans une situation dominée par un « effet rebond » qui situe la croissance de la région à 5,9 % en moyenne, l’économie vénézuélienne continuerait de se contracter, pour la septième année consécutive, au rythme de - 4 %.

 

Comment expliquer une telle disparité entre perception et réalité ?

 

L’explication se trouve dans le fait que le récit dominant sur le Venezuela a fini par créer l’idée que ce pays serait incapable de reprendre le chemin de la prospérité économique sans avoir auparavant surmonté le conflit politique et géopolitique dans lequel il s’est vu immergé. Un Venezuela gouverné par le chavisme et qui affronte le Gouvernement étasunien serait, selon cette vision, condamné au déclin.

 

Certaines apôtres de la catastrophe n’ont pas ménagé leurs efforts pour faire de leurs prédictions une prophétie auto réalisée. Ainsi, le Gouvernement des États-Unis a imposé au Venezuela un très dur paquet de sanctions qui a aiguisé la crise sociale et humanitaire la plus grave de l’histoire de l’Amérique Latine. Récemment, la société vénézuélienne a été collectivement et intentionnellement punie au nom d’une politique qui, comme c’était prévisible, n’a pas réussi à imposer un « changement de régime. »

 

En 2019, le Venezuela a été privé pratiquement de tous ses revenus en dollars après que l’entreprise pétrolière nationale , P. D. V. S. A. ait été sanctionnée . En août 2017, les sanctions envers l’État Vénézuélien avait fermé l’accès au financement international aussi bien au Gouvernement qu’au secteur privé et précipité le défaut de la dette souveraine et la chute de la production d’hydrocarbures.

 

Plus récemment, alors que le monde battait des records d’expansion des dépenses et de l’endettement public pour lutter contre les effets de la pandémie, le Venezuela a été tout simplement abandonné à son sort et s’est vu obligé d’affronter l’impact du Covid–19 avec ses coffres vides. Deux ans Après le premier confinement, on continue de refuser au Venezuela à l’accès au financement d’urgence du Fond Monétaire International et aux droits de tirage spéciaux que même des pays en guerre civile comme la Libye ont réussi à recevoir.

 

Déconcertés par l’essor commercial qu’on peut constater dans les principales grandes villes du pays, certains commentateurs ont accrédité l’idée d’une bulle passagère et sans importance. Mais la réalité est très différente car les transformations qui ont remodelé l’économie vénézuélienne récemment travaillent en profondeur. Sans aucun doute, les orientations de la politique macro-économiques suivie par le Gouvernement vénézuélien on fait un tour de 180° qui a commencé à donner des résultats.

 

Un août 2018, le Gouvernement vénézuélien a abrogé la loi qui qui interdisait la libre circulation du dollar dans l’économie du pays et a pris la décision stratégique de réduire progressivement le financement monétaire du déficit fiscal. Ceci était destiné à attaquer à la racine l’obstacle essentiel qui séparait le Venezuela de toute possibilité de croissance : l’hyperinflation.

 

La légalisation du dollar, une monnaie dans laquelle sont intitulés les actifs privés vénézuéliens à l’étranger devrait avoir un effet de choc stabilisateur. Stabilisateur pour le processus de formation des prix grâce auquel le secteur privé du pays a pu de nouveau planifier ses affaires, estimer ses retours sur investissement et surtout les réaliser dans une monnaie stable. De façon spectaculaire, le rythme de l’inflation est passé d’un vertigineux 191,6 % par mois en janvier 2019, quand la politique de « changement de régime » a redoublée, à 7,6 % en décembre 2021, le mois pendant lequel le Venezuela a laissé derrière lui officiellement le cancer de l’hyperinflation.

 

Cela a créé les conditions pour que l’État commence à céder des espaces au secteur privé dans la gestion de l’économie. Selon une information du ministère de l’économie et des finances du Venezuela, en 2019, 75 % des 3 000 000 de tonnes métriques de matières premières et d’aliments qui sont entrés dans le pays ont été importés par le secteur public. Déjà pour 2020, 92 % d’un total beaucoup plus important, 4 000 000 de tonnes, ont été importés par le secteur privé.

 

Par conséquent, l’approvisionnement en aliments est passé de seulement 20 % des besoins du pays en 2017 à 89 % à 2021. Un signe de remise en marche de l’économie : la collecte des impôts de l’État a fait un bond de 53 % entre 2020 et 2021, ce qui a permis une consolidation fiscale progressive puisqu’en novembre de l’année dernière, plus de 90 % de la dépense publique a été couverte avec des revenus fiscaux.

 

Malgré les sanctions, la stabilisation macro fiscale a eu un impact positif sur l’industrie pétrolière où le secteur privé, essentiellement national, a commencé à accomplir des tâches que l’État se voyait empêché de réaliser. C’est le cas de la commercialisation du pétrole vénézuélien. Si la production pétrolière est passée d’un niveau historique de 390 000 barils par jour en juin 2020 à presque 1 000 000 actuellement, c’est parce que les exportateurs privés trouvent des clients à l’étranger prêts à faire des affaires. Selon la CEPAL, les exportations vénézuéliennes, essentiellement pétrolières, ont augmenté de 33 % en 2021 par rapport à l’année précédente, plaçant le Venezuela dans le top 10 de l’Amérique latine pour ce secteur, très au-dessus de la moyenne régionale de 25 %.

 

Malgré les limitations conjoncturelles, le Venezuela n’a pas cessé d’être le plus gros fournisseur de pétrole de la planète, doté de 1/2 trillion de barils de réserve et d’une base industrielle centenaire. Les barils supplémentaires qui sont revenus à une échelle respectable pour l’économie vénézuélienne, ont été le produit d’investissements ponctuels destinés à réactiver des infrastructures existantes plus qu’à de coûteuses campagnes destinées à entreprendre de nouveaux développements.

 

Évidemment, les problèmes et les défis qu’affronte le Venezuela continuent à être immenses car l’économie qui commence à relever la tête aujourd’hui est à peine une fraction de ce qu’elle était il y a une décennie. L’État vénézuélien continue à être privé de services financiers aussi basiques que des comptes bancaires et le « risque lié à la réputation » impose des surcoûts usuraires au secteur privé. Mais, la seule voie vers la récupération du terrain perdu est la croissance économique soutenue et soutenable que la société vénézuélienne a déjà commencé à réaliser par ses propres efforts et par son propre mérite. Il revient maintenant à la communauté internationale et aux États-Unis en premier lieu de cesser leur harcèlement injuste et d’accompagner, pour le bénéfice de tous, la renaissance de l’économie vénézuélienne.

 

(Extrait du Washington Post)

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

source en espagnol :

http://www.cubadebate.cu/especiales/2022/02/23/the-washington-post-el-renacer-de-la-economia-venezolana/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/02/venezuela-la-renaissance-de-l-economie-venezuelienne.html