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Amérique latine : La guerre en Ukraine et ses effets sur l’Amérique latine et des Caraïbes

24 Mars 2022, 19:12pm

Publié par Bolivar Infos

Par Obsal

 

La pandémie et maintenant la guerre en Europe frappe les économies les plus inégales du sud du monde parmi lesquels celles d’Amérique latine. Comment réagissent les Gouvernements de la région et quels effets y a-t-il sur ses économies ?

 

Le 24 février a débuté la guerre en Ukraine après l’invasion de l’armée russe. Le conflit a des impacts globalement sur un système international multipolaire, hyper connecté et en état critique qui traverse un processus de transition hégémonique de l’Occident vers l’Orient.

 

Le conflit militaire adopte de nouvelles configurations, ce qu’Ignacio Ramonet appelle « la guerre d’un nouveau type » en adoptant la forme d’une guerre économique, médiatique, culturelle, politique, etc… Aux propres effets économiques du conflit militaire s’ajoute l’impact mondial des sanctions imposées par les États-Unis et leurs alliés à l’exportation de produits de la fédération de Russie. L’onde de choc de la guerre se fera sentir dans le monde entier. Une guerre, on sait comment elle commence mais pas quand elle s’achève et ses conséquences sur une région en permanent mouvement comme l’Amérique latine et les Caraïbes sont incertaines.

 

De la pandémie à la guerre

 

La structure sociale et économique de l’Amérique latine et des Caraïbes s’est vue secouée par les conséquences de la pandémie de COVID-19. Le renforcement des inégalités, la concentration de la richesse, l’augmentation de la pauvreté, les crises alimentaires, migratoires, sanitaires et environnementales, la contraction des PIB et l’augmentation de l’endettement des pays ont été les principales conséquences de la pandémie.

 

Selon le rapport du Panorama Social de L’Amérique latine 2021 de la CEPAL, les indicateurs sociaux sont encore pires qu’avant l’éclatement du coronavirus. En 2019, en Amérique latine, 3 500 000 personnes vivaient dans la pauvreté et 11 400 000 autres vivaient dans la pauvreté extrême. En 2021, 32 100 000 personnes se trouvent en situation de pauvreté et 13 800 000 en situation d’extrême pauvreté dans la région.

 

Mais comme si ce n’était pas assez, après la pandémie on a vu une importante hausse du prix international des aliments, ce qui se répercute énormément sur les populations des pays alors que quelques rares entreprises des oligopoles ont bénéficié de l’augmentation de la valeur des matières premières grâce aux exportations.

 

Dans ce cadre, la Russie et l’Ukraine sont d’important producteurs de pétrole et de gaz, ce qui portera atteinte à la fourniture de l’énergie et à son prix au niveau mondial . Elles possèdent aussi plusieurs métaux qui sont importés par de nombreux pays comme l’aluminium, le cuivre, le fer, le titane, entre autres. Et aussi des aliments comme le blé, l’huile de tournesols et le maïs.

 

Selon les estimations du rapport de mars 2022 de l’OCDE intitulé « Economic and Social Impacts and Policy Implications of the War in Ukraine, » depuis le début de la guerre, les prix internationaux du pétrole ont augmenté de 33 % et les prix du charbon de 80 %. Les prix du gaz ont augmenté de 85 % en Europe, de 10 % en Amérique du Nord est de 20 % dans le reste du monde. Les prix des métaux ont augmenté de 11 %, le prix des engrais a augmenté de 30 % et les aliments ont augmenté en moyenne de 6 % alors que le prix du blé a augmenté de 90 %. L’Ukraine et la Russie représentent 30 % des exportations mondiales de blé.

 

L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), dans son rapport sur la crise alimentaire, a alerté sur les conséquences de la guerre: « Les interruptions éventuelles des activités agricoles de ces deux principaux exportateurs de produits de base pourraient augmenter gravement l’insécurité alimentaire au niveau mondial car les prix internationaux des aliments et des matières premières sont déjà hauts et volatiles. »

 

Le prix des produits alimentaires ne dépend pas seulement de la valeur des matières premières mais est aussi affecté par la hausse du combustible et surtout des engrais puisque la production russe représente 15 % du commerce mondial d’engrais à base de nitrates et 17 % des engrais à base de potasse.

 

De plus, le conflit aura un impact sur le tourisme de la région des Caraïbes, surtout de Cuba et de la République Dominicaine qui étaient des destinations prisées par les touristes russes. Un autre des secteurs qui se sont vus affectés par le contexte économique international est l’industrie technologique, par exemple la production de puces et d’automobiles, cette dernière ayant une certaine importance dans la création d’emplois et dans les revenus de beaucoup de pays d’Amérique latine.

 

À cause de tout cela, nous observons trois dynamiques ou effets immédiats qui se répercuteront sur l’Amérique latine: l’augmentation des prix ou les restrictions d’accès aux produits importés, l’ouverture de nouveaux marchés pour des pays de la région exportateurs d’aliments et d’hydrocarbures et l’augmentation des prix internationaux du pétrole, du gaz et des aliments, ce qui provoquera une augmentation des prix de l’énergie et des aliments sur le marché intérieur. Selon la façon dont se croiseront ces variables et les politique que mettront en place les Gouvernements, on verra comment cela affecte l’économie des pays et leur population.

 

Le dilemme des Gouvernements de latino-américains

 

Les pays du continent n’ont pas un rôle important dans la dispute géopolitique déchaînée par le conflit en Ukraine. Même si la majorité des Gouvernements se sont déclarés contre l’invasion russe en Ukraine et d’autres ont opté pour ne pas prendre parti, le plus intéressant est d’analyser des débats et les politiques qui devraient être mises en place pour affronter le nouveau contexte économique qui commence à se configurer avec la guerre qui, comme nous l’avons déjà dit, dans certains cas, sont la continuité des tendances présentes avec la pandémie.

 

Les prix internationaux sont dans la ligne de mire et la préoccupation est centrée sur l’escalade de l’inflation qui peut en découler. L’augmentation du tarif de l’énergie, du transport, des combustible et des produits alimentaires de première nécessité tirent la sonnette d’alarme des Gouvernements.

 

Comment arrêter l’escalade des prix et découpler les prix internationaux des prix intérieurs est la première ligne du débat puisque les États devront discuter avec les secteurs concentrés de l’économie. L’augmentation du prix de la farine de blé et d’autres matières premières ont une incidence directe sur le prix du pain dans plusieurs pays. Un exemple, le cas du Brésil qui importe plus de la moitié du blé qu’il consomme. En ce qui concerne le combustible, on a détecté des augmentations importantes ces derniers jours au Mexique, au Brésil, en Argentine et en Uruguay entre entres pays.

 

En Argentine, la guerre touche déjà le porte-monnaie

 

En Argentine, le Gouvernement a annoncé des mesures destinées à freiner l’escalade de l’inflation : l’augmentation du stockage de la farine et de l’huile de soja et la création d’un fonds de stabilisation du blé pour atténuer l’impact de l’augmentation du prix international et garantir la satisfaction de la demande intérieure. Ces politiques ont été mises en place après des tensions avec la chambre de commerce de l’agriculture.

 

En ce qui concerne les combustibles, la présidente du Honduras, Xiomara Castro, a appelé le ministère des finances à absorber 50 % de l’augmentation du diesel pour atténuer l’escalade des prix. Ce qui se passe au Brésil est très différent. Depuis le Gouvernement de Temer, en 2016, la politique du prix des combustibles suit le prix international du baril de pétrole. Cela s’est aggravée à cause du conflit en Ukraine et a eu un impact sur l’augmentation des prix du combustible.

 

Bolsonaro et Paul Guedes (Ministre de l’économie) n’ont pas changé la politique intérieure des prix, ils ont seulement supprimé une partie des impôts sur les combustibles ce qui a un impact très faible face aux augmentation du prix des produits. 

 

Le Venezuela pour sa part, attaqué par les sanctions coercitives des États-Unis, résiste à l’augmentation des prix des aliments et sa production de pétrole a augmenté ces derniers jours. La recherche du produit vénézuélien tendra à augmenter si le conflit continue.

 

Conclusion

 

Les effets socio-économiques négatifs d’une guerre comme celle qui se déroule en Ukraine se renforcent pour les pays latino-américains. Ce qui aggrave les choses pour ces pays, c’est que ce conflit survient au milieu de la pandémie de COVID-19, c’est-à-dire que la guerre se déroule à un moment de fragilité sociale et économique dans lequel le niveau de chômage, de faim, de pauvreté et de pauvreté extrême est très élevé.

 

Au milieu de tant de problèmes socio-économiques, les défis de Notre Amérique sont énormes mais toute crise implique aussi une occasion de renforcer les débats et de créer des politiques qui orientent les pays vers l’auto suffisance d’énergie et les font aller vers la souveraineté alimentaire. C’est pourquoi l’intégration régionale est urgente et nécessaire.

 

Pour que les travailleurs d’Amérique latine et des Caraïbes ne paient pas le prix de la crise, les Gouvernements devraient prendre des mesures fortes et le dilemme entre être complaisant envers 1 % ou favoriser les 99 % de la population devra pencher vers la grande majorité. Sur un continent en mouvement permanent, tout est possible.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos 

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/03/23/nuestramerica-la-guerra-en-ucrania-y-sus-efectos-en-america-latina-y-el-caribe/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/03/amerique-latine-la-guerre-en-ukraine-et-ses-effets-sur-l-amerique-latine-et-des-caraibes.html