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Argentine : L’accord avec le FMI et la crise politique

20 Mars 2022, 18:14pm

Publié par Bolivar Infos

Par Fernando Rosso

 

Une des causes de l’échec retentissant du Gouvernement de Mauricio Macri a été l’impossibilité de créer les conditions politiques qui lui auraient permis de mener au bout son programme d’ajustements. Quand il gouvernait pratiquement avec un secteur du péronisme, il avait opté pour la voie « graduelle » parce qu’il pensait qu’il avait tout son temps et qu’il allait rester longtemps. Et quand il a donné un coup de gouvernail vers le « réformisme permanent » (réforme du travail, réforme fiscale et de la sécurité sociale », il a perdu sa musculature politique, l’aval de la société et a commencé sa chute vers l’abîme.

 

Cela prouve que les Gouvernements faibles, en général, ont de nombreuses limites pour appliquer des ajustements profonds. Précisément comme celui qu’a imposé le FMI dans cet accord et qu’il veut mettre en pratique dans la réalité. Non seulement parce que c’est un ajustement mais parce que c’est un ajustement sur l’ajustement. Dans ce cadre, l’approbation de l’accord avec le Fonds par plus de 200 voix à la Chambre des députés (qui seront probablement obtenu au Sénat) fait croire à un aval très large et majoritaire. Mais il n’est pas sans importance que 76 députés du Front de Tous aient voté pour, 28 contre et que 13 se soient abstenus. C’est-à-dire que plus de 40 s’y sont opposés et maintenant il faut voir le résultat final au Sénat.

 

La plus grande quantité de voix, c’est l’opposition du macrisme et le radicalisme (en plus des groupes « fédéraux ») qui l’a donnée. Nous savons déjà et nous l’avons déjà dit que les membres du parti au pouvoir qui ont voté contre ou se sont abstenus l’ont fait en prenant bien soin de ne pas porter atteinte à la démarche finale c’est-à-dire à l’approbation. Mais cela ne nie pas le fait qu’une fraction considérable de la coalition au pouvoir s’est opposée à cet accord. C’est plus. La Campora a émis un document contenant des remises en question très dures et de grave dénonciations contre son propre Gouvernement. Il dit que c’est un plan typique du FMI qui met en place un ajustement classique, qui cède la souveraineté, et que dire qu’il ne propose pas de réformes structurelles est un mensonge parce qu’il ils envisage la révision du système de sécurité sociale, que ce plan n’est pas soutenable et qu’il met un terme à la croissance.

 

De plus, il dit que l’équipe de négociateurs du Gouvernement a utilisé une stratégie « d’amabilité », « de secret», « d’hermétisme », « de confusion » et « de désinformation. » Est-ce que cela a eu une influence sur l’approbation de l’accord ? Clairement oui mais un tel document parle aussi de la fragilité (et presque de la rupture) de la coalition au gouvernement. Ces deux faits font partie d’une réalité qui, en général, est plus complexe que ce que nous pensons. En terme institutionnels, c’est une discussion à ciel ouvert entre celui qui préside le parti justicialiste au niveau national (Alberto Fernandez ) et celui qui est à la tête du parti dans ce qui est le centre de gravité du parti justicialiste : la province de Buenos Aires (Maximo Kirchner) et la partenaire majoritaire (si elle continue à être majoritaire) qui a conçu la coalition, c’est-à-dire Christina Kirchner.

 

Ensemble pour le Changement, au-delà de célébrer ce vote comme une victoire personnelle (et il a certainement des raisons ) n’a même pas résolu sa crise de direction entre Macri et Patricia Bullrich qui voulait piétiner le tableau et d’autres comme Rodriguez Larreta ou Gerardo Morales qui ont milité et garanti leurs voix à ce pacte. C’est-à-dire que, jusqu’à un certain point, c’est un fait que cet accord a été obtenu non par une relation déterminée entre les forces mais par une « relation de faiblesses. » Un autre signe de cette faiblesse se trouve dans la tendance du président à se replier sur ses référents les plus proches ou les plus intimes , un cercle de plus en plus réduit. Un phénomène très typique des Gouvernements en crise : c’est arrivé au dernier Gouvernement de Christina, au dernier Gouvernement Macri. Ou l’apparition « extraordinaire » de Sergio Massa (le président de la chambre des députés et chef du « troisième secteur » de la coalition officielle).

 

Massa dit qu’il a réussi à obtenir beaucoup de voix pour cette accord entre le péronisme fédéral et Ensemble pour le Changement grâce a ses « relations personnelles.» Et bon, il se place déjà dans la carrière présidentielle et a commencé un raid médiatique en pensant aux élections de l’année qui vient. Cela n’apporte aucune nouveauté à propos de Sergio Massa qui se place toujours dans tout mais là, il parle de la situation d’Alberto Fernandez . Tout cela a lieu alors que le pays est sur le point de sceller sa soumission au FMI avec une inflation débridée, avec une feuille de route très orthodoxe et sous le coup d’un défaut tous les trois mois au moment des révisions du Fonds . Une telle situation, mesurée à sa propre aune, réclame « du volume politique » et des décisions, tout le contraire du panorama que je viens de décrire . À quoi sert tout cela ? Bon, ce sera leur problème de voir comment ils les règlent ( s’ils le règlent ) leurs problèmes internes, leurs divisions, leurs problèmes.

 

Pour ceux d’entre nous qui nous opposons à cet accord et surtout aux conséquences qu’il a déjà, il est important de connaître la situation dans laquelle sont ceux qui doivent faire avancer ce plan, un système politique qui a ses caractéristiques et dans lequel la possibilité de signer sur le papier ne se traduit pas nécessairement par la capacité de mener à bien. Loin de fermer la crise politique, la signature de cet accord et le débat parlementaire n’ont fait que l’ouvrir.

 

Traduction Francoise Lopez pour Bolivar infos 

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/03/18/argentina-el-acuerdo-con-el-fondo-y-la-crisis-politica/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/03/argentine-l-accord-avec-le-fmi-et-la-crise-politique.html