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Honduras : Une occasion pour les Etats-Unis de corriger leurs erreurs

15 Mars 2022, 18:11pm

Publié par Bolivar Infos

Par Lisa Haugaard,

 

La présidence de Xiomara Castro au Honduras offre au Gouvernement du président Biden des occasions de collaboration pour aborder les causes essentielles de la migration avec un partenaire qui, pour l’instant, semble beaucoup plus fiable que le Salvador ou le Guatemala. Parmi ces occasions, celle de commencer à réparer les dommages que les Gouvernements successifs des Etats-Unis ont causés au peuple hondurien en acceptant le coup d’État de 2009 et en soutenant des présidents corrompus qui ont abusé de leur pouvoir pendant ces 12 dernières années. A travers son soutien aux dirigeants corrompus et répressifs qui ont gouverné le Honduras depuis 2009, les Etats-Unis ont aidé à créer et à intensifier la crise des droits de l’homme au Honduras. Maintenant, le Gouvernement Biden a l’occasion, s’il veut la saisir, de commencer à corriger cette erreur.

 

Les actions du Gouvernement Biden depuis les élections, y compris la reconnaissance rapide de la victoire de Castro et la présence de la vice-présidente Harris à son investiture, montrent qu’il est prêt à travailler avec cette nouvelle partenaire. Sans doute, les Etats-Unis encourageront-ils et soutiendront-ils la présidente Castro dans sa recherche du soutien des Nations Unies pour créer une mission contre la corruption. L’USAID cherchera également à soutenir des initiatives concernant la pauvreté et les causes fondamentales de la migration.

 

Jusque là, tout va bien mais le Gouvernement Biden doit aller plus loin.

 

Premièrement, le Gouvernement étasunien doit encourager et soutenir la présidente Castro comme le promet sa plateforme de campagne, il s’agit de protéger l’espace civique et la liberté d’association au Honduras. Cela conduit à éventrer le précis de lois qui rendent difficile les poursuites contre le blanchiment d’argent et la corruption qui impose, en outre, de dures peines aux défenseurs et aux journalistes qui enquêtent, protestent et s’organisent contre la corruption et les violations des des droits de l’homme. Cela signifie aussi encourager le Gouvernement à trouver des façons de mettre fin à la criminalisation des activistes qui défendent l’environnement et les droits territoriaux. Biden doit aller plus loin que le simple soutien à un ordre du jour contre la corruption au Honduras. Il doit soutenir et encourager la protection de ceux qui sont en première ligne pour défendre leurs droits. 

 

Les Etats-Unis doivent soutenir les efforts destinés à créer la transparence au Gouvernement, un autre aspect qui donnerait plus de pouvoir aux citoyens honduriens. Xiomara Castro a promis de travailler en ce sens et cela avance avec l’abrogation par le Congrès de ce qu’on appelle la « loi des secrets. »

 

Deuxièmement, le Gouvernement des Etats-Unis doit soutenir les initiatives économiques inclusives du Gouvernement de Castro destinées à donner plsu de pouvoir aux plus vulnérables et à les servir. Cela signifie que la coopération doit dépasser le seul soutien à certains programmes sociaux positifs. Cela inclut le soutien aux efforts pour abroger la loi sur l’investissement dans les ZEDES, qui crée des zones où le droit du travail et le droit environnemental ne sont pas respectés et ne pas s’opposer aux efforts destinés à réguler les industries d’extraction. Cela signifie aussi s’assurer que l’investissement privé patronné le Gouvernement des Etats-Unis ne viole pas les droits des communautés indigènes, afrodescendantes, paysannes ou urbaines pauvres. Les investissements qui sonnent bien, comme investir dans les énergies renouvelables, peuvent finir par causer des dommages si on ne consulte pas les communautés qui habitent ces territoires et même par les déplacer. L’appel de la vice-présidente Harris à l’action encourage les promesses d’investissement des Etats-Unis, de la Corporation Financière de Développement (U.S. International Development Finance Corporation, DFC) ainsi que les programmes de l’USAID et les prêts d’institutions financières internationales. Ceux-ci doivent être strictement évalués pour garantir que tout investissement soutenu, financé, voté ou encouragé par le Gouvernement des Etats-Unis protège les droits des travailleurs reconnus au niveau international, n’implique pas d’acteurs corrompus et garantit le consentement libre, préalable et en toute connaissance de cause des communautés et le respect des projets économiques. A partir de tous ces changements dans la politique des Etats-Unis envers le Honduras, arriver à ce que le Gouvernement Biden soutienne des initiatives économiques inclusives grâce à une politique de coopération et d’investissement va être le plus gros défi. Cela va nécessiter des pressions de la part des membres progressistes du Congrès étasunien et des organisations de la société civile au Honduras et aux Etats-Unis.

 

Troisièmement, le Gouvernement Biden doit encourager et soutenir le Gouvernement de Xiomara Castro dans sa recherche de renforcement des droits des femmes et des populations LGBTIQ+ et aborder les graves problèmes de discrimination et de violence de genre. L’USAID doit élargir son soutien aux efforts de la société civile et du Gouvernement pour combattre la discrimination contre les personnes différentes sexuellement et enquêter sur les assassinats de femmes et les crimes de haine à cause de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre.

 

Quatrièmement, même s’il est impossible de recommander que les Etats-Unis donnent une formation en matière de sécurité étant donné la sombre histoire de la coopération des Etats-Unis avec le Honduras en matière de sécurité, le Gouvernement Biden devrait soutenir diplomatiquement la présidente Castro si elle décide d’entreprendre des réformes sérieuses dans le secteur de la sécurité. Celles-ci devraient garantir que les actiosn de la police soient basées sur la protection des droits des citoyens, na pas faire appliquer la loi par les militaires et la Police militaire d’ordre public (PMOP) devrait même être dissoute. Les membres de la PMOP, créée en 2013, ont commis de graves violations des droits de l’homme dont des exécutions extrajudiciaires après les élections de 2017 et beaucoup d’autres abus graves et systématiques.

 

Enfin, les Etats-Unis devront travailler avec le Gouvernement de la présidente Castro pour établir des politiques qui protègent les droits et le bien-être des migrants honduriens, repris et déplacés à l’intérieur. Par exemple, les Etats-Unis pourraient avancer dans la procédure concernant les cas d’enfants migrants non accompagnés grâce au programme Mineurs d’Amérique Centrale (CAM) et soutenir les organisations internationales et de la société civile qui rendent des services aux migrants repris et aux personnes déplacées à l’intérieur (IDP) du Honduras. De plus, le Gouvernement Biden devrait revoir le statut de protection temporaire (TPS) pour les Honduriens qui vivent aux Etats-Unis suite à l’impact des ouragans Eta e Iota. Même si le TPS a été prolongé pour les Honduriens jusqu’en décembre 2022, une révision du TPS devrait accorder aux Honduriens qui vivent aux Etats-Unis la possibilité de vivre et de travailler librement et d’envoyer de l’argent à leur famille pour renforcer l’économie hondurienne et garantir al sécurité migratoire des Honduriens qui vivent aux Etats-Unis.

 

Le Gouvernement étasunien devrait profiter au maximum de ces opportunités en soutenant les éléments de l’ordre du jour de Xiomara Castro concernant la corruption, à cfeux qui donnent plus de pouvoir aux défenseurs des droits de l’homme et les protègent et apportent des bénéfices inclusifs aux citoyens les plus vulnérables du Honduras. Pour être sûrs d’aller dans la bonne direction, les Etats-Unis doivent changer leur façon de faire. Les Gouvernements étasuniens ont systématiquement, pendant ces 12 dernières années, refusé d’couter les Honduriens qui sont en première ligne pour la défense de ces droits. L’ambassade des Etats-Unis doit écouter et s’engager envers une gamme plus large de perspectives de la société. Les programmes de l’USAID doivent être guidés par des consultations périodiques et larges avec des organisations non-gouvernementales et des mouvements sociaux y compris ceux des défenseurs des droits des territoires et de l’environnement, des organisations de femmes et de personnes LGBTIQ+, des organisations défendant les droits de l’homme et le droit du travail .

 

L’avenir du Honduras doit ^petre, évidemment, dans les mains souveraines de ses citoyens mais les Etats-Unis qui ont aidé à créer le cauchemar concernant les droits de l’homme que les Honduriens ont subi depuis 2009, ont maintenant l’obligation morale de corriger leur tir.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/03/08/honduras-la-oportunidad-de-estados-unidos-para-corregir-sus-errores/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/03/honduras-une-occasion-pour-les-etats-unis-de-corriger-leurs-erreurs.html