Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pérou : La droite parlementaire cherche à destituer Pedro Castillo

28 Mars 2022, 17:18pm

Publié par Bolivar Infos

Par Carlos Aznárez

 

Nous parlons avec notre collègue péruvien Roger Taboada, le directeur du journal « El Puka» l’un des rares qui dit et qui dénonce ce que les autres médias taisent. Avec Taboada, nous abordons la crise actuelle que vit le Gouvernement de Pedro Castillo qui ce lundi devra se rendre au Parlement pour faire face à une nouvelle tentative de la droite fujimoriste de le destituer c’est-à-dire de le chasser de la présidence.

 

–Les parlementaires de droite continuent à insister pour déstabiliser le Gouvernement et maintenant ils veulent directement à la tête de Pedro Castillo. Pourront-ils l’obtenir ?

 

–L’extrême droite a réussi à avoir assez de voix pour convoquer une session au Congrès de la République pour discuter de la destitution de Pedro Castillo. Cette discussion aura lieu lundi 28 mars. La semaine dernière, un nouveau cabinet ministériel a été investi et le Congrès lui a accordé sa confiance comme il doit le faire dans un délai de 30 jours et il y a eu suffisamment de voix pour que la confiance soit accordée et que le cabinet ministériel puisse rester en place. Mais l’extrême droite a changé de tactique et elle ne va plus remettre en question le cabinet au complet, elle le fait ministre par le ministre. Jeudi dernier, ils ont présenté une motion de censure contre le ministre de la santé Hernan Condori et il y a d’autres ministres qui ont été remis en question comme celui de l’Energie et des Mines et celui des Transports. Pour sa part, le ministre de l’Agriculture est sérieusement remis en question pour être impliqué dans deux homicides.

 

–Au-delà du jeu que joue la droite, il est évident que le fait de désigner des personnes faciles à attaquer se répète.

 

–C’est comme ça, il y a des personnes du cabinet qui sont discutables et cela donne du grain à moudre à l’opposition justement, ce sont des erreurs que commet Pedro Castillo. Alors le problème est celui-ci : pour obtenir sa destitution, il faut 87 voix et il leur manquerait 11 voix, par conséquent nous ne savons pas ce qui peut arriver. La droite travaille intensément, il y a eu des mobilisations. Même si leurs marches sont minuscules et si des gens engagés y participent, ils sont actifs. Une grande partie de la censure du ministre Condori s’inscrit dans la perspective de cette campagne qu’ils sont en train de faire pour la destitution du président.

 

– Que se passe-t-il avec les autres parlementaires, comme ceux de Pérou Libre ? Y a-t-il des divisions ou y a-t-il une unité pour défendre Pedro Castillo ?

 

–Il y a l’unanimité pour défendre Pedro Castillo. A Pérou Libre, il y a deux options : l’aile du parti proprement dit et ceux qui composent avec Pedro Castillo le Parti Populaire qui n’a pas réussi à s’inscrire faute des signatures nécessaires. Les deux font partie d’un seul groupe : Pérou Libre. Et ce sont eux qui affrontent la droite avec certains alliés comme Nous Sommes le Pérou, Action Populaire » ou l’Alliance pour le Progrès mais il est impossible de prévoir ce qui pourrait arriver lundi puisque les secteurs d’Alliance pour le Progrès que dirige ce plagiaire de César Acuña Peralta (parce qu’il a plagié une thèse de doctorat de l’université Complutense de Madrid). Il est spécialiste dans la gestion de versions contradictoires : avec le Gouvernement précédent, le matin il a dit qu’il n’allait pas voter la destitution du président Vizcarra et le soir il a fini par la voter. Il n’est pas fiable et le parti Morado, le groupe Podemos ou Nous Sommes le Pérou participent à ce même plan et certains d’entre eux sont des alliés potentiels du Gouvernement.

 

Dans le cas de Pérou Libre et d’Ensemble pour le Pérou qui est le groupe de Véronica Mendoza, il y a un seul critère et si l’unité se maintient avec eux plus certains alliés dont Nous Sommes le Pérou et d’autres, la destitution pourrait être évitée. Dans le cas contraire, le départ du président Pedro Castillo du pouvoir exécutif serait imminent.

 

–Depuis que ce Gouvernement s’est installé nous avons craint ce qui se passe aujourd’hui. À une fragilité s’est ajoutée une autre et évidemment le Gouvernement de Pedro Castillo n’a pas su et n’a pas pu ou la combinaison des deux, braver la tempête et avancer dans ce que d’une certaine manière il avait promis aux gens qui l’ont élu.

 

–Il y a certains faits de façon illégaux de façon criante pour ne pas dire corrompus. Par exemple, l’affaire de Pétropérou et les contrats de 74 000 000 de $ accordés à un patron appelé Samir Abudayeh qui, la semaine dernière, a démissionné de son poste de gérant de Pétropérou, l’entreprise d’Etat de combustible et de minerai non métallique. Là-bas il avait un comportement illégal qui a permis qu’il y’a deux mois, on ne livre pas le combustible qu’on s’était engagé à livrer par un contrat de 74 000 000 de $. Nous avons le l’affaire du pont Tarata, organisée par l’entreprise dont la propriétaire est Karelim Lopez qui aujourd’hui, a décidé de parler mais ne dit pas grand-chose et il s’agit d’un pont de 242 000 000 de sols. Cette sorte de choses et d’autres liées au ministère des Transports et des Communications, pour lesquelles le ministre des Transports a été écarté. Ce sont des faits qui montrent un Gouvernement faible avec une éthique discutable. Le pire de tout, c’est qu’il est en train de renoncer à la proposition « Bicentenaire sans corruption » puisque on parle par exemple de la proposition constituante ou de la négociation du gaz ou de l’exploitation des ressources naturelles ou du cuivre qui est à un prix très élevé sur le marché mondial, même le prix de l’or que continue d’exploiter Yanacocha dans la montagne nord du Pérou. Je parle de la quatrième entreprises de mines d’or du monde et la région dans laquelle on exploite ce minerai est l’une des plus pauvres du Pérou.

 

–Je suppose que dans ce cadre de faiblesses, de renoncements et de pressions, la situation économique et sociale continue d’être très mauvaise.

 

–Regarde, dans 18 des 25 régions, nous avons 43 % des enfants de zéro à cinq ans en état d’anémie chronique et on n’en parle pas parce que nous avons encore le Covid et les salaires les professeurs qui gagnent des salaires de misère et même ceux du travailleur du secteur public n’ont pas augmenté d’un sol. Et la troisième réforme agraire est restée sur le papier parce que il n’y a pas de réforme d’aucune sorte. De plus, une loi de réforme qui permet de réduire les impôts des grandes entreprises agro-exportatrices du Pérou est toujours en vigueur, c’est-à-dire que ces problèmes de non respect des revendications et des propositions du programme du Bicentenaire inscrits dans la corruption laisse sans base sociale le Gouvernement qui aujourd’hui parie sur la négociation avec le Congrès et sur le fait de ne pas appeler le peuple et les organisations sociales à se mobiliser. Pedro Castillo pense : « Je préfère négocier les voix pour éviter la destitution, pour éviter qu’ils me censurent le cabinet ministériel mais je n’appelle pas le peuple qui devrait se mettre en quatre pour donner un peu de stabilité politique et de possibilités de gouverner à ce pays à sortir dans les rues. C’est pourquoi, ce qu’a envisagé l’ancien président Francisco Sagasti lundi dernier en disant qu’il faut collecter 75 000 signatures pour demander qu’ils s’en aillent tous et convoquer des élections générales a créé du désarroi bien que cela doive passer par le Congrès et il est difficile que cela passe par là. Mais cette opinion d’un ancien président du secteur caviar (on appelle ainsi au Pérou la gauche modérée) a provoqué une certaine attente.

 

–Comment va le secteur de la santé, un autre des problèmes clés que Castillo a envisagé d’affronter de façon prioritaire ?

 

–Il n’y a pas de main dure et pratique avec la corruption, en 2018, on a assigné au secteur de la santé plus de 1000 000 000 de sols, nous parlons d’une moyenne de presque 400 000 000 de $, pour les investir dans les soins primaires de santé, ce qui aurait pu éviter en grande partie les morts que nous avons eus. Avec une moyenne de 200 000 morts, le Pérou a le taux le plus important du monde de mortalité pour 100 000 habitants pendant le déroulement de la pandémie de COVID-19. En 2018, on a exécuté seulement 40 000 000 de sols sur les 1000 000 000 de sols et seulement 14 000 000 en conseils et en construction. C’était à la charge des ministres liés au secteur caviar de la gauche qui ont gouverner avec les anciens présidents Vizcarra et Sagasti. Le ministre de la Santé Hernan Condori, je l’ai déjà dénoncé, mais il n’y a pas d’actions concrètes pour ces actes de corruption est ici, le secteur caviar gère toutes tous les conseils et les cabinets de conseil de presque tous les ministères parce que depuis l’an 2000, ils sont rattachés au gouvernement du ministère de la Santé, ils paralysent et ils absorbent une grande partie du budget de la République. Dans le car de la santé, c’est criant parce qu’ils ont dépensé 14 000 000 de sols en conseils et en cabinets de conseils pendant que les gens mouraient et pour cela, il n’y a aucune sorte de sanctions. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de main ferme contre la corruption et il n’y a aucune réforme de la justice qui est un secteur très discrédité au Pérou. Le pouvoir judiciaire a 82 % de désapprobation au Congrès à cause du discrédit et de la corruption qu’il y a dans ses secteurs qui ont fini par accorder la grâce a l’assassin Alberto Fujimori. Alors il n’y a pas de réforme substantielle dont le Gouvernement puisse être fier.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos 

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/03/27/peru-la-derecha-parlamentaria-intenta-vacar-a-pedro-castillo/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/03/perou-la-droite-parlementaire-cherche-a-destituer-pedro-castillo.html