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Amérique latine : Le déclin des États-Unis dans la région provoque les opérations du commandement sud

3 Avril 2022, 17:29pm

Publié par Bolivar Infos

Le Commandement Sud des États-Unis s’est mobilisé dans plusieurs domaines de sa guerre de basse intensité en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. Depuis le début de l’opération militaire spéciale de la fédération russe en Ukraine, l’aile du Pentagone pour la région a donné des preuves qu’il continue à vouloir l’hégémonie sur ce qu’il considère comme son « arrière-cour. »

 

Il faut prendre en compte le fait qu’il n’y a pas de rejet général dans la région de l’opération russe si nous regardons les déclarations des chancelleries et les votes à l’assemblée générale des Nations Unies à ce sujet. En effet, la Russie a des liens de coopération importants dans l’hémisphère occidental avec des pays que les États-Unis ont dans leur ligne d’influence, par exemple l’Argentine, le Brésil et le Mexique.

 

La générale Laura Richardson, chef de ce centre de commandement militaire, a manifesté son inquiétude à propos des liens qui se resserrent entre le tandem Chine-Russie allié stratégique complet et beaucoup de pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Sa position à ce sujet s’est exprimée dans ses deux derniers témoignages devant le comité des services armées du Sénat des États-Unis, au mois de mars.

 

Le 8 mars 2022, elle a exprimé sa préoccupation pour le fait que « la République Populaire de Chine, notre adversaire stratégique à long terme continue sa marche implacable pour étendre son influence économique, diplomatique, technologique, dans le domaine de l’information et militaire en Amérique latine et dans les Caraïbes et défie l’influence des États-Unis dans tous ces domaines » et elle compare la région avec l’influence (« négative » selon l’argot étasunien ) qu’a Pékin en Afrique.

 

« Pendant ce temps, la Russie, une menace plus immédiate, est en train d’augmenter ses engagements dans l’hémisphère tandis que Poutine cherche à maintenir ses options ouvertes et à garder des relations dans notre étranger proche. En janvier, le vice-ministre des affaires étrangères de la Russie a dit qu’il ne pouvait ni affirmer ni exclure que la Russie envoie des militaires à Cuba ou au Venezuela. Quelques jours avant l’invasion de l’Ukraine non provoquée par la Russie, le vice premier ministre russe s’est rendu au Nicaragua, à Cuba et au Venezuela, des pays qui ont des liens étroits avec la Russie et offrent à Poutine un point d’appui dans notre hémisphère, » a dit Richardson devant le comité du Sénat.

 

Selon le Commandement Sud, les « organisations criminelles transnationales » qui opèrent sous un manteau de « corruption et de violence » ont « permis à la République Populaire de Chine et à la Russie d’exploiter ces pays. » Selon le récit du département d’État, le Nicaragua, Cuba et le Venezuela ont permis à ces « organisations » de se renforcer sur leur territoire à condition que ce ne soit pas leurs Gouvernements respectifs qui soient les acteurs de ce renforcement.

 

C’est pourquoi Richardson déclare:« Nous devons utiliser tous les moyens disponibles pour renforcer nos alliances avec les 28 démocraties proches de nous par les idées de cet hémisphère qui comprennent le pouvoir de travailler ensemble pour contrecarrer ces menaces partagés. »

 

Le bras latino-caribéen du Pentagone est préoccupé par le fait que la Chine soit en train d’investir (ils appellent cela « extraire ») l’équivalent de quelques 35 000 000 000 de dollars disséminés dans des infrastructures et des productions énergétiques en Argentine, en Colombie, à Cuba, en Jamaïque, au Panama et au Pérou.

 

Selon le rapport de la commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) de 2021 concernant les investissements étrangers directs, la Chine continue à être le troisième investisseur le plus important derrière l’Union Européenne et les États-Unis mais ces deux entités on réduit leur participation par rapport aux années précédentes.

 

Lors de l’audience de Richardson devant le comité du Sénat du 24 mars 2022, elle a déclaré qu’elle était préoccupée par la présence économique chinoise dans la région puisque 21 des 31 pays qui la composent sont en train de signer ou en déjà signé l’initiative de la Frange et de la Route.

 

De plus, elle insiste sur le fait qu’il faut plus investir pour la coopération dans la sécurité dans trois domaines clés : L’information et la capacité des armées et des corps de sécurité dans la « protection des frontières », la « sécurité intérieure » des pays qui coopèrent avec le Commandement, l’exportation de la formation « d’autres pays en Amérique latine et aussi dans des « opérations de maintien de la paix dans le monde entier. »

 

De cette manière, on peut entrevoir le fait que la vision du Commandement Sud s’élargit vers les autres latitudes dans le reste du monde avec la Chine et la Russie en ligne de mire principale en tant qu’adversaires et menaces pour l’hégémonie étasunienne en déclin évident dans tous les points de la planète, excepté un Europe et dans le spectre occidental.

 

Le général de la force aérienne Glen D. VanHerck, Commandant du commandement de défense aérospatiale de l’Amérique du Nord et du Commandement Nord des États-Unis, a déclaré ce même 24 mars devant le Sénat : « la Russie et la Chine sont en train de diffuser de la désinformation, de semer activement la division et la discorde intérieure dans l’intention de saper les ciments de notre nation, de notre démocratie et des démocraties du monde entier. »

 

Richardson a ajouté : « l’Iran a élargi sa coopération économique et sa coopération dans le domaine de la sécurité avec le Venezuela, Cuba et la Bolivie grâce à des transferts de combustible, du troc d’aliments de base et à l’assistance militaire, réduisant ainsi les effets des sanctions des États-Unis, la république islamique étant une autre menace que représente l’initiative multipolaire dont le noyau se situe un Eurasie.

 

La stratégie : balkaniser le continent

 

En 2019, le Commandement Sud a publié sa stratégie pour la région et il parle déjà d’identifier directement les 6 acteurs auxquels ils allaient s’opposer de façon plus agressive et qui ont été mentionnés dans cet article. Le haut commandement dit :

 

« La Chine et la Russie veulent former un monde en accord avec leur ordre autoritaire et ils sont en train d’affaiblir les principes de la démocratie, de la souveraineté, les droits de l’homme et l’Etat de droit. La Chine emploie son influence économique nuisible, la Russie propage de la désinformation pour semer la discorde et l’Iran a exporté le terrorisme soutenu par l’État vers cet hémisphère. Cuba, le Venezuela et le Nicaragua –encouragés par le soutien de la Chine et de la Russie– déstabilisent encore plus l’hémisphère et menacent la gouvernabilité démocratique.»

Ces trois pays latino-caribéens étant ceux qui attirent le plus l’attention du Pentagone dans la région pour exécuter des opération « dans tous les domaines, comprenant des opérations spéciales, cybernétiques, des opérations d’information » (Laura Richardson dixit) dans le but de balkaniser les relations de ces pays entre eux et avec les puissances euro-asiatiques. Nous devons noter les activités qu’ont mené à bien le Commandement Sud et ses « Gouvernements amis » sur les frontières de ces 3 États car ces activités se sont développées de manière accélérée.

 

Le fait que sur les frontières avec le Venezuela, il y ait des opérations plus importantes, en particulier 2 d’importance dont une en relation avec un événement violent de fort impact en Colombie attire l’attention.

 

Près de Bogotá, Le samedi 26 mars dans la soirée, il y a eu une explosion au commandement d’attention immédiate d’Arborizada Alta, à Ciudad Bolivar, un acte qui a été qualifié par le président sortant Ivan Duque « d’ attentat terroriste. » Immédiatement, la maire uribiste de la capitale colombienne, Claudia López a demandé « au Gouvernement du Venezuela d’identifier, de capturer et d’extrader tout membre du groupe résiduel Front 33 des FARC dissidentes pour qu’il réponde de cette attentat lâche et criminel.» Ce groupe de guérilleros ne s’est pas attribué la paternité de ce fait et les autorités colombiennes n’ont pas donné de preuves fiables que le Gouvernement du président Nicolas Maduro protège des groupes de guérilleros en territoire vénézuélien.

 

Presque immédiatement, ce 28 mars, la chef du commandement Sud a reçu le commandant général des forces militaires de Colombie, le général Luis Navarro. La note de presse de l’unité de commandement dit : « Richardson et Navarro ont parlé de la coopération en matière de défense entre les États-Unis et la Colombie. Navarro a également rencontré d’autres hauts dirigeants du Commandement Sud et s’est informé sur la mission du Commandement et la coopération avec les forces armées de Colombie. Pendant de nombreuses décennies, les forces étasuniennes et colombiennes on travaillé ensemble pendant des exercices, des missions d’assistance humanitaire, des échanges professionnels et des opérations de sécurité pour contrecarrer les menaces transnationales. » Par « Menaces transnationales, » nous le savons, ils parlent , entre autres, des Gouvernements de Nicolas Maduro, de Miguel Diaz-Canel et de Daniel Ortega et des dirigeants euro-asiatiques.

 

Le Commandement Sud des forces navales et la quatrième flotte des États-Unis ont mené à bien un exercice naval « d’entraînement de guerre sous-marine » avec la marine colombienne en mer des Caraïbes du 27 au 28 février qui comprenait le sous-marin d’attaque rapide de classe Virginia USS Minnesota (SSN 783) et le bateau de combat littoral de variantes Freedom URSS Billings (LSC 15). Au Minnesota et au Billings se sont joints le sous-marin de la marine colombienne ARC Pijao (SSK 28), les frégate ARC indépendante (FM 54) et ARC amiral Padilla (FM 51), des hélicoptères et des avions de patrouille maritime colombiens. Une note de presse du commandement Sud dit : « Cet exercice a servi d’exercice conjoint avec la Colombie, dans lequel les deux pays ont échangé des connaissances pour optimiser la communication et la compréhension des tactiques et des procédures partagées par chacun pour faciliter la réalisation d’opérations navales contre les menaces émergentes dans la région. »

 

Le Minnesota est en train de changer de port d’attache de Groton (Connecticut) à Pearl Harbor (Hawaï). Mais l’alerte a sonné, surtout, parce qu’il s’agit d’un sous-marin armé avec capacité nucléaire, une unité qui pour la première fois prend part à des exercices militaires navals dans les eaux des Caraïbes conjointement avec un pays signataire (la Colombie) du traité de Tlatelolco qui « Interdit le développement, l’acquisition, l’essai et le stationnement d’armes nucléaires dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes » et dont la zone d’application « est l’ensemble de tous les territoires des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. » De sorte que l’État colombien a violé un traité qui a été négocié pendant les années de la Guerre Froide car « les Etats latino-américains et caribéens pensaient que la possible intromission d’armes nucléaires ferait de la région la cible d’éventuelles attaques nucléaires et provoquerait fatalement un développement ruineux de l’armement. »

 

Dans les pays frontaliers de Cuba et du Nicaragua, les activités du Commandement Sud ont également été intenses bien que moins importantes en terme d’intimidation et même de violation des accords régionaux.

 

Surtout au Honduras. Depuis que Xiomara Castro a pris les rênes de la présidence, le Commandement Sud a resserré ses liens de coopération avec l’armée hondurienne grâce à différents programmes, la générale Laura Richardson a rencontré la présidente, les hauts commandants militaires du Honduras et des États-Unis ont signé un accord bilatéral dans le cadre du groupe de travail de l’Amérique centrale, une force de tâche conjointe, a établi des engagements avec des O.N.G. honduriennes et organisé des exercices de formation avec des pompiers de l’escadron de la base aérienne Soto Cano.

 

La relation de dépendance militaire de certains pays de la région envers le Pentagone se renforce à un moment où l’hégémonie étasunienne perd des espaces dans le domaine économique, financier et commercial mais aussi politique, sous d’autres latitudes du monde. Les décisions politiques du Gouvernement de Joe Biden pour essayer de saper la Russie et la Chine s’étendent non seulement en Europe et en Asie mais aussi en Amérique latine et dans les Caraïbes.

 

Sous ce parapluie, le Venezuela, le Nicaragua et Cuba sont dans la ligne de mire des différentes opérations que le Commandement Sud mène à bien aussi bien officiellement que de façon secrète, en particulier en ce qui concerne la République Bolivarienne qui a démantelé des campement, de la logistique et du financement des Groupes Terroristes Armés Trafiquants de drogue Colombiens (TANCOL) dans les états frontaliers d’Apure et de Zulia.

 

Dans le fond de la stratégie États-Unis se trouve la balkanisation de toute la région car la force des États-Unis réside dans la division des pays qui la composent car ainsi ils ont plus de marge de manœuvre pour influencer la région grâce au chaos. C’est pourquoi les principaux pivots de l’intégration latino-américaine ont été attaqués, encore plus avec le renforcement des alliances de la « troïkas de la tyrannie » (comme les appelle le belliciste John Bolton) avec les pouvoirs émergeant du monde multipolaire naissant.

 

Traduction de Françoise Lopez pour Bolivar infos 

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/04/02/nuestramerica-el-declive-de-ee-uu-en-la-region-provocar-las-operaciones-del-comando-sur/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/04/amerique-latine-le-declin-des-etats-unis-dans-la-region-provoque-les-operations-du-commandement-sud.html